J'm'interroge a écrit :
Quelle philosophie grecque? Soyons précis... Celle de Platon? Je souhaiterais avoir des références STP car pour ce qui est de Platon par exemple, s'il avait bien une vision dualiste pour ce qui est du monde, il voyait également l'âme, autrement dit la personne, comme étant ternaire ou tripartite.
C'est tout à fait ton droit de me prendre de haut, je ne prétends rien et surtout pas être un spécialiste en quoi que ce soit ! Je préfère donc laisser la parole à un spécialiste de la question
Agrégé de philosophie, André Perrin est ancien professeur de classes préparatoires et inspecteur d'Académie - inspecteur pédagogique régional honoraire. Il écrit régulièrement pour la revue Mezetulle, partenariat éditorial d'iPhilo, et pour le magazine Causeur.
Voici un de ces articles consacrés à l'immortalité de l'âme
http://philo.pourtous.free.fr/Articles/ ... .htm#note1
Petit extrait :
"I. Immortalité de l'âme et dualisme
Que l'âme soit d'essence divine et que son individualisation dans le corps soit une déchéance, exil après la chute, qu'elle demeure en lui comme le prisonnier en sa geôle, que son salut exige une ascèse au terme de laquelle elle retournera enfin à son origine, ces thèmes sont communs aux anciennes religions de l'Orient et de l'Occident. Ils apparaissent dans les Upanishad dont l'enseignement majeur est celui de l'identité entre Atman (Soi) et Brahman (Totalité) ; la méconnaissance de cette identité asservit le Soi à l'illusion de l'existence individuelle marquée par le plaisir et la peine ; sa reconnaissance l'en délivre et lui permet de retourner à l'Absolu unique qui est son origine
![bronze [3]](./images/smilies/bronze.gif)
. On les retrouve dans la religion orphique qui développe à partir du VIe siècle avant notre ère, en Grèce et en Italie du Sud, une spéculation fondée sur le mythe anthropogénique des Titans : les premiers hommes sont nés des cendres de ceux-ci que Zeus avait foudroyés pour avoir dévoré Dyonisos ; les hommes actuels assument ainsi une double hérédité, dyonisiaque et titanique, celle-là divine, celle-ci mauvaise. La mort naturelle ne suffit pas à séparer définitivement les deux éléments du composé humain car une âme insuffisamment purifiée se voit contrainte d'entrer de nouveau dans un corps : l'initiation orphique est cette ascèse rigoureuse dont le sens est de libérer l'âme de tout attachement au corps, l'affranchissant ainsi de la nécessité de se réincarner une nouvelle fois après la mort. Pythagore [4] et Empédocle [5] professèrent des doctrines analogues, mais c'est chez Platon que ces thèmes trouvèrent leur première élaboration philosophique, c'est-à-dire systématique (ou, du moins, dont la systématicité puisse être idéalement reconstruite). C'est donc chez ce dernier auteur que nous étudierons leur articulation.
La dualité de l'âme et du corps
Si par dualisme on entend toute doctrine qui dans quelque domaine que ce soit admet deux principes hétérogènes et irréductibles l'un à l'autre, il y a assurément un dualisme platonicien. La dualité de l'âme et du corps se laisse aisément déduire de la définition de la mort proposée par Socrate dans le Phédon : "Est-ce autre chose que la séparation de l'âme d'avec le corps ? On est mort, quand le corps, séparé de l'âme, reste seul, à part, avec lui-même, et quand l'âme, séparée du corps, reste seule, à part, avec elle-même" [6]. Cette définition implique clairement que la distinction de l'âme et du corps soit une distinction réelle mutuelle, c'est-à-dire une distinction entre deux substances, capables comme telles d'exister chacune séparément de l'autre [7]."
Autre extrait "Si donc l'hylémorphisme du Stagirite permettait à saint Thomas de fonder l'unité de la personne humaine à travers l'union substantielle de l'âme et du corps, l'immortalité de l'âme ne pouvait être reconquise que par l'affirmation de sa pure immatérialité et de sa séparabilité d'avec le corps, donc par un certain retour au dualisme platonicien. Certes saint Thomas rejette la thèse de la préexistence de l'âme, mais il admet que celle-ci puisse vivre séparée du corps, bien que cela soit contraire à sa nature : "Les âmes des hommes sont immortelles ; elles demeurent donc, après la mort, séparées de leur corps. Or l'âme est naturellement unie au corps, car elle est par essence la forme du corps. Exister sans le corps est donc contre la nature de l'âme. Or rien de ce qui est contre nature ne peut durer toujours : l'âme ne demeurera donc pas toujours sans corps" [90]. Le malaise spéculatif est évident : en bon aristotélicien, Thomas considère qu'il est contraire à la nature de l'âme d'exister sans le corps ; néanmoins il admet que cette union essentielle puisse être interrompue accidentellement pour le temps qui sépare la mort de la résurrection, ce qui n'est guère pensable sur la base d'une anthropologie aristotélicienne. Quoi qu'il en soit, il apparaît clairement qu'autant la doctrine de l'immortalité de l'âme est liée à un dualisme de type platonicien, autant celle de la résurrection pouvait s'élaborer plus aisément à partit de l'hylémorphisme aristotélicien. On regrettera donc que saint Thomas n'ait pas eu le temps d'édifier lui-même cette théologie de la résurrection [91]. Pour notre part, nous nous bornerons à indiquer brièvement pourquoi la doctrine de l'immortalité de l'âme et celle de la résurrection de la chair nous paraissent diamétralement opposées sur trois points décisifs."
Désolé pour la longueur de la citation

Toujours sur le même thème" Ainsi, conduit par une exacte analyse des faits, Platon a posé d'abord la distinction de l'âme et du corps et la substantialité de l'âme : il a posé son immortalité véritable avec le cortège obligé des récompenses et des peines : il a découvert la loi morale et l'a montrée, dans toute sa puissance et sa pureté, au fond de la conscience humaine. Sur ces divers points, nous avions trouvé Aristote, ou à peu près muet, ou tout au moins obscur; Platon, au contraire, a répondu avec une clarté et une assurance admirables." BARTHÉLEMY-SAINT-HILAIRΕ
http://remacle.org/bloodwolf/philosophe ... eintro.htm
Autre article sur le sujet :
http://bouquetphilosophique.pagesperso- ... r/ame.html
et encore
http://www.lecclesiaste.fr/immortalite_de_lame.html (vision d'un protestant sur la pensée biblique)