Vos réactions me ravissent!
Y a pas de quoi , les votres également
Un lobby très puissant : le lobby antisectes
Extrait de « Lettre ouverte à la "secte des adversaires des sectes"», de Anne Morelli
On peut certes comprendre que des drames familiaux comme celui que vécut Roger Ikor à travers la mort de son fils aient engendré des associations antisectes (dans son cas, le C.C.M.M., Centre de documentation, d'éducation et d'action Contre les Manipulations Mentales, aussi appelé "Centre Roger Ikor"). Mais il me semble suspect que, à travers le monde, des milliers de personnes liées entre elles par un réseau international aux multiples ramifications vivent pour et par la chasse aux sectes.
Leurs méthodes sont partout semblables : jeter le discrédit sur tous les groupes religieux en dehors des grandes religions classiques et semer à ce sujet la désinformation. La "secte des adversaires des sectes" tenaille donc particulièrement les médias et le monde politique, mais ne néglige pas non plus l'approche du monde de la recherche universitaire. En France, deux associations se partagent ce "marché", correspondant aux deux options fondamentales de la société française : l'une est laïque (C.C.M.M.) et l'autre est catholique (U.N.A.D.F.I.).
En Belgique, ce lobby international est également représenté par des associations liées à nos « piliers» traditionnels. Le C.I.G.S. (Contacts et informations sur les groupes sectaires) est d'obédience catholique et a essaimé en province des « Associations de soutien aux familles victimes des sectes». De l'autre côté, l'A.D.I.F. (Association de Défense des Intérêts des Familles) est liée à l'association laïque fondée en France par Roger Ikor, à un homologue luxembourgeois (C.D.F.I. Luxembourg) et à l'A.D.C.A.M. (Association de Défense Contre les Agressions Mentales).
Une Fédération européenne de ce business antisectes est par ailleurs installée également à Bruxelles (FECRIS-Belgique). Du côté néerlandophone, la V.V.P.G. (Verdediging Van Persoon en Gezin) est une instance semi-officielle, en contact avec l'A.D.I.F. Cette dernière recherche, à la faveur de la récente commission parlementaire, une reconnaissance officielle, le droit d'ester en justice au nom des victimes réelles ou supposées et - si possible ! - des subsides en conséquence. Elle a déjà réussi à établir des relations privilégiées avec de nombreux journalistes et a infiltré le milieu politique bruxellois. Ainsi, le dépliant « Sectes à visage découvert», publié par l'échevine des affaires sociales de Bruxelles, Carine Vyghen, avec le sous-titre avenant de «Une prison sans barreau» et la photo d'un rapace menaçant, conseille-t-il, ni plus ni moins, de s'adresser en cas de «problème» à l'A.D.I.F. ! Le pas fatal supplémentaire serait évidemment de reconnaître ce lobby et de le soutenir avec l'argent des contribuables !
Une autre pratique de désinformation menée par la « secte des adversaires des sectes» est de gonfler les chiffres des adhérents à ces religions minoritaires. Ces chiffres, après douze années d'enquêtes dans ces milieux, je suis plus que jamais incapable de les préciser. En 1981, j'avais - péché de jeunesse - lancé le chiffre de 80.000, mais au fur et à mesure de nos travaux, mes certitudes se sont envolées. Le chiffre, lui, a souvent été repris. Dans chaque groupe religieux, on a tendance à les gonfler (cela donne du poids à la communauté et à ses croyances), mais curieusement, les adversaires des sectes aussi les gonflent, car la pertinence de leur « lutte» (et donc les moyens qu'ils réclament) est évidemment liée au danger potentiel que représente un groupe. Les médias aussi, pour que leur sujet apparaisse important, participent à cette surévaluation du phénomène. Or, si certaines communautés religieuses sont nombreuses, d'autres ont 10, 5 voire 3 membres. Révéler ce nombre infime serait très dévalorisant pour la "secte des adversaires des sectes".
Les lobbies antisectes insistent aussi sur un aspect « captation de notre belle jeunesse» , qui ne correspond guère à la réalité que nous avons pu vérifier lors de nos enquêtes de terrain. Certes, il y a des jeunes dans ces groupes, mais pas de manière « anormale» , et certains groupes sont plutôt formés de jeunes couples, de familles, de vieux soixante-huitard ou même de personnes du troisième âge qui forment une excellente « cible» lorsqu'elles ont à partager du temps, du dévouement et - ce qui ne gâche rien - un peu d'argent. Mais la vieille recette a fait ses preuves : les nouvelles religions ou philosophies doivent toujours être présentées comme les captatrices de la jeunesse. Déjà dans l'Antiquité, lors de l'affirmation du Christianisme, les auteurs païens lui reprochaient essentiellement de détourner la jeunesse de la religion traditionnelle...
Lorsqu'un journaliste ne se soumet pas au schéma classique antisecte, il est aussitôt accusé de complaisance. Ainsi, les auteurs de deux documentaires Arte consacrés aux mormons sont-ils vivement critiqués par « Le Monde» . Ils auraient présenté cette religion avec trop de sympathie... Les auditeurs belges, habitués à entendre l'actualité religieuse commentée par la douce voix de l'abbé Armand Pirard, croient rêver en entendant ces reproches. Ils imaginent mal qu'à l'occasion, par exemple, de la bénédiction pascale ou d'un voyage du pape, un de ses mièvres commentaires se mette à investiguer à propos des finances du Vatican et de ses opérations douteuses, ou des effets catastrophiques de sa diplomatie pro-croate. Mais évidemment, il est des monopoles à ne pas traiter sans « complaisance» et des rivaux qu'il est bon d'enfoncer. On comprend dès lors pourquoi les « sectes» voient rarement avec plaisir débarquer en leurs murs des journalistes, chargés dès le départ de ramener des « informations» croustillantes, sensationnelles et surtout inquiétantes...