MonstreLePuissant a écrit :En mettant "dorment dans la mort", la WT introduit une notion de durée dans la mort qui n'existe absolument pas. Et comme les TJ pour leur presque totalité ne lisent que la TMN, ils ne voient absolument pas la supercherie.
(...)
Encore une fois, l'expression "dormir dans la mort" ne veut rien dire. La Bible utilise le terme "dormir" dans le sens de mourir. Paul parle de ceux qui sont morts et des vivants au jour de la parousia. Les morts sont ressuscités, les vivants non puisqu'ils sont changés. Ils ne meurent donc pas (pas dans le sens ou ils passent par la mort adamique). Lire 1 Cor. 15:51 : "nous ne mourront pas tous". C'est pourtant clair !
« idou mustêrion humin legô; pantes ou
koimêthêsometha, pantes de allagêsometha »
«
Voici, je vous dis un mystère: Nous ne nous endormirons pas tous, mais nous serons tous changés » - 1 Corinthiens 15:51,
Darby.
La forme
koimêthêsometha est le futur passif de l’indicatif du verbe
koimaô conjugué à la première personne du pluriel. Un ouvrage en donne la définition suivante: «
se mettre au lit, dormir, s’endormir » -
Dictionnaire grec-français du Nouveau Testament, M. Carrez. Employé de manière métaphorique, ce verbe désigne l’action de s’endormir, ou dormir, dans la mort (Jean 11:11; Actes 7:60; 1 Co. 7:39 etc…). C’est, bien entendu, ce dernier sens que revêt
koimaô en 1 Corinthiens 15:51. Toutefois, le futur auquel ce verbe est conjugué dans ce passage peut évoquer
deux idées. A propos du sens que revêt ce temps dans le grec du Nouveau Testament, M. Carrez explique:
«
A certains égards, il y a parenté entre le sens du futur et celui de l’aoriste. Il peut marquer l’idée verbale pure et simple se produisant dans l’avenir, ou bien le commencement d’une action durable » -
Grammaire grecque du Nouveau Testament, p. 142; M. Carrez.
Un autre ouvrage de référence va dans le même sens, en particulier à propos d’1 Corinthiens 15:51. Nous y lisons:
«
Le futur au sens d’un aoriste conçoit l’action comme un simple événement, et affirme qu’elle a lieu dans une époque future. Il peut être indéfini, inchoatif (…) ponctuel, global, collectif »
Puis, soulignant les deux idées évoquées par
koimaô en 1 Corinthiens 15:51, l’auteur poursuit:
«
pantes ou koimêthêsometha, pantes de allagêsometha en atomôi, en rhipêi ofthalmou ; nous ne dormirons pas tous [indéfini global]; ou nous ne nous endormirons pas tous [inchoatif], mais nous serons tous changés, en un instant, en un clin d’œil [indéfini ponctuel]. » -
MOODS AND TENSES OF NEW TESTAMENT GREEK; Ernest De Witt Burton.
Quelle différence existe-t-il entre le sens
inchoatif de l’aoriste et le sens
global ou
gnomique?
L’aoriste
gnomique conçoit l’action comme un simple fait. Il marque «
l’idée verbale pure et simple » sans référence à la progression de l’action. Celle-ci n’est donc pas envisagée comme étant « durable », mais comme un simple événement, dans sa globalité. Si Paul emploie
koimaô dans ce sens, cela signifie qu’il conçoit le fait de « mourir » sous le rapport
évènementiel, comme une « idée verbale pure et simple » en dehors de toute notion de durée ou de progression, ce que plusieurs traductions ont rendu par «
nous ne dormirons pas tous [dans la mort] » ou «
nous ne mourrons pas tous » (voir
Segond ,
Jérusalem,
American Standard Version,
New English Translation etc…). Cette manière de traduire suggère que ceux dont il est question dans ce passage ne connaîtraient tout simplement pas la mort.
D’un autre côté, le sens
inchoatif de l’aoriste envisage l’action sous l’aspect de sa
phase initiale. L’action est alors perçue comme un événement qui
dure dans le temps. Si Paul emploie le futur de
koimaô au sens d’un aoriste
inchoatif, il conçoit le fait de « mourir » dans sa phase initiale, c’est à dire «
s’endormir [dans la mort] », phase suivie d’une période au cours de laquelle le sommeil en lui-même figure l’état dans lequel la personne défunte demeure. Plusieurs traductions ont rendu
koimêthêsometha au sens d’un aoriste
inchoatif, comme c’est le cas de la version
Darby citée plus haut (voir également
Crampon,
P. de Beaumont,
New American Bible, etc…) . Cela signifie que les paroles de Paul revêtent alors le sens suivant:
«
Nous ne nous endormirons pas tous [c'est à dire dans une mort durable],
mais nous serons changés, en un instant, en un clin d’œil ».
L’expression « s’endormir dans la mort » suggère donc le fait de rester dans cet état pendant un certain temps, ce que ne connaîtraient pas ceux dont il est question dans ce passage.
Que voulait donc dire Paul? Que les chrétiens ne ‘ passeraient pas tous par la mort ’ (
Parole Vivante, A. Kuen), c‘est à dire qu‘ils ne mourraient pas purement et simplement? Ou plutôt que certains d’entre eux ‘ ne s’endormiraient pas ’ dans une mort
durable, c‘est à dire qu‘ils ne demeureraient pas dans cet état pendant un certain temps?
Que nous apprennent les Écritures à ce sujet?
En 1 Corinthiens 15:52, Paul situe l’accomplissement de ses paroles à l’époque où «
les morts sont relevés incorruptibles », «
durant la dernière trompette ». Il reprend la même idée dans la lettre qu’il adressa aux Thessaloniciens:
«
Car nous vous disons ceci par la parole du Seigneur: que nous, les vivants, qui demeurons jusqu'à la venue [grec: ’parousian‘] du Seigneur, nous ne devancerons aucunement ceux qui se sont endormis. Car le Seigneur lui-même, avec un cri de commandement, avec une voix d'archange et avec la trompette de Dieu, descendra du ciel; et les morts en Christ ressusciteront premièrement; puis nous, les vivants qui demeurons, nous seront ravis ensemble avec eux dans les nuées à la rencontre du Seigneur, en l'air: et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur. » - 1 Thess. 4:15-17;
Darby.
Paul situe ces évènements à la «
Parousia » ou Présence de Jésus, époque à laquelle il revient pour ressusciter ses fidèles disciples endormis dans la mort. Il semble s’inclure dans ceux qui « demeurent » jusqu’à cette «
Parousia » et qui connaîtront les évènements qu’il décrit. S’attendait-il, en tant que « vivant » à ne pas « passer par la mort », mais à être « changé en un instant » pour être emporté « dans les nuées à la rencontre du Seigneur, en l’air »? Non, si Paul a pu penser , comme de nombreux chrétiens à son époque, que la «
Parousia » surviendrait de son vivant, il n'en demeure pas moins qu'il s'attendait à "passer" par la mort, une mort semblable à celle de Jésus. Il écrit :
«
... pour le connaître, lui, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances, étant rendu conforme à sa mort, si en quelque manière que ce soit je puis parvenir à la résurrection d'entre les morts. » - Philippiens 3:10,11 .
Du reste, en 1 Corinthiens 15:35-53, Paul montre que le changement de la « corruption » à l’ « incorruptibilité » ne peut se faire sans passer par la mort. «
Mais quelqu'un dira: Comment ressuscitent les morts, et avec quel corps viennent-ils? », dit-il selon le verset 35. Puis, il répond: «
Insensé! ce que tu sèmes n'est pas vivifié s'il ne meurt » (verset 36). Paul illustre ensuite la mort et la résurrection par le changement que subit un « grain » semé en terre qui resurgit plus tard sous une autre forme (versets 37,38). Ainsi, il conclut: «
Aussi est la résurrection des morts: il est semé en corruption, il ressuscite en incorruptibilité; il est semé en déshonneur, il ressuscite en gloire; il est semé en faiblesse, il ressuscite en puissance; il est semé corps animal, il ressuscite corps spirituel. S'il y a un corps animal, il y en a aussi un spirituel » (versets 42-44). C’est à ce changement de « corps » qu' il fait allusion ensuite quand il écrit: «
nous serons tous changés: en un instant, en un clin d'oeil, à la dernière trompette, car la trompette sonnera et les morts seront ressuscités incorruptibles, et nous, nous serons changés » (versets 51,52).
Ainsi, à la lumière du contexte d’1 Corinthiens 15:51, ainsi que de Philippiens 3:10,11, Paul ne semble pas vouloir dire que ceux qui vivraient durant la Présence de Christ ne mourraient pas purement et simplement. La mort semble nécessaire pour que s’opère le changement de nature, l’accès à la « nature divine » (1 Co. 15:36; 2 Pierre 1:4). Il semble donc que le verbe
koimêthêsometha soit à prendre au sens d’un aoriste
inchoatif, et non
gnomique. Autrement dit, Paul n’affirmait pas que certains chrétiens ‘ne mourraient pas’, mais plutôt que certains «
ne s’endormiraient pas » dans une mort durable, c’est à dire qu’ils mourraient, certes, mais seraient ressuscités instantanément, changés « en un clin d’œil ». Les Ecritures confirment-elles cette interprétation des paroles de Paul?
L’apôtre Jean reçut en vision des précisions sur la manière dont les évènements se dérouleraient durant la Présence du Christ, en tant que roi régnant (Révélation 1:1). Il avait entendu Jésus promettre à ses fidèles disciples la récompense qu’il leur accorderait à leur résurrection. «
Celui qui vaincra, celui-là sera vêtu de vêtements blancs, et je n'effacerai point son nom du livre de vie, et je confesserai son nom devant mon Père et devant ses anges » (Révélation 3:5). Dans les chapitres 2 et 3 de la Révélation, chaque fois qu'il est question du « vainqueur » , la récompense qui lui est octroyée correspond à ce qu'il reçoit à sa résurrection (Rév. 2:7,11,17; 3:5,12,21). C’est pourquoi Révélation 6:10,11 décrit précisément cet événement. Jean rapporte:
«
Et lorsqu'il ouvrit le cinquième sceau, je vis sous l'autel les âmes de ceux qui avaient été égorgés pour la parole de Dieu et pour le témoignage qu'ils avaient rendu. Et elles criaient à haute voix, disant: Jusques à quand, ô Souverain, saint et véritable, ne juges-tu pas et ne venges-tu pas notre sang sur ceux qui habitent sur la terre? Et il leur fut donné à chacun une longue robe blanche; et il leur fut dit qu'ils se reposassent encore un peu de temps, jusqu'à ce que, et leurs compagnons d'esclavage et leurs frères qui devaient être mis à mort comme eux, fussent au complet »
La «
robe blanche » donnée à ces chrétiens qui avaient été « égorgés pour la parole de Dieu et pour le témoignage qu'ils avaient rendu » figure bien la récompense qu’ils reçoivent à leur résurrection au ciel. Si donc Révélation 6:11 décrit la résurrection qui débute durant la « Présence » du Christ (1 Corinthiens 15:23), cela signifie aussi que ceux qui ‘survivent’ jusqu’à cette période doivent «
être mis à mort » comme le furent leur prédécesseurs, ce qui confirme l’emploi d’un futur
inchoatif en 1 Corinthiens 15:51 par l’apôtre Paul. Il est évident que les chrétiens vivant durant la Présence du Christ ne seraient pas ‘
tués’ au même moment, tous ensemble, mais
tout au long de cette période qu’est la Parousia (Matthieu 24:9). Par conséquent, ils ne seraient pas tous « changés »
au même moment, revêtant ainsi « l’incorruptibilité » et « l’immortalité » (1 Co. 15:50).
Bien cordialement,
Didier