SAINT NICOLAS

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nouredinezinki

nouredinezinki

SAINT NICOLAS

Ecrit le 16 déc.04, 06:34

Message par nouredinezinki »

Saint Nicolas




S'il est une fête qui attire la sympathie, c'est bien la St Nicolas, la fête des enfants.

Et si certains laïques y ont très légitimement renoncé, soit qu'ils refusent toute fête d'aspect catholique, soit qu'ils refusent d'entretenir la pensée magique des enfants, d'autres choisissent de garder la coutume en la déconfessionnalisant. Car en fait, Nicolas, le saint, n'est qu'un personnage chrétien, qui permit de rendre acceptable par l' Eglise la survivance de coutumes profondément populaires. Et l' Eglise protestante aussi, tout en refusant les saints catholiques, devra composer avec les traditions. Luther lui-même offrait des cadeaux à ses enfants à la St Nicolas de 1535, alors qu'il avait rompu avec Rome dès 1520.

En Hollande, les Calvinistes aussi durent accepter ce saint papiste que leur tradition présentait comme un magicien nordique.
Et lorsqu´en 1626, certains fondèrent la Nouvelle-Amsterdam, ils ignoraient évidemment que leur St Nicolas serait au XXème siècle, à New-York, le motif de "parades for Santa Claus".






Mais quelles coutumes précédaient la St Nicolas ?
A partir du dieu Odin des Vikings, et. de son alter ego le Wotan des Germains, les grandes invasions qui déferlent sur l'Europe de 235 (les Goths) à 890 (les Magyars) vont fixer dans la culture populaire le personnage mythique du " Chasseur sauvage ".Ce roi barbare des armées fantômes hante les forêts et les nuits. Il se nommera Hellequin, avec des variations locales de la Suisse aux Pays-Bas (Harlaque en Wallonie, Hannequin en Normandie).
Personnage menaçant qui échappe aux lois des communautés villageoises (il est anthropophage !), il obtiendra au fil du temps le rôle plus " positif " de faire régner l'ordre moral dans la nuit intellectuelle du Bas-Empire romain et du Haut Moyen-Age (du IVème au XIème siècle). Il personnifie le juge des bons et des méchants qui récompense ou punit.
Ce Hellequin sera le " roi " symbolique des fêtes entourant le solstice d'hiver durant le mois de décembre dans nos régions. Appelées " charivari ", " fête des fous " ou " fête des ânes ", ces fêtes très anciennes permettaient un défoulement dans la période de crainte superstitieuse du solstice, quand le soleil semblait s'arrêter et disparaître, quand l´hiver s´installait pour de longs mois.
La fête souligne la joie et l´espoir de voir reprendre le cours des choses, de voir revivre la communauté sous un soleil renaissant. C'est toujours notre " période des fêtes " actuelle.
Hellequin est le roi d'une bande de " fous " ou " chasseurs " qui, vêtus d'oripeaux et le visage masqué ou noirci à la suie, viennent perturber l'ordre des villages. Ils troublent la messe dès le Xème siècle, chahutent, menacent ou fouettent les " déviants ", et hissent les coupables à l'envers sur un âne à l´envers sur un âne pour les faire défiler devant tous.
C'est que durant l'Antiquité et le Moyen-Age, le fichu caractère de l'âne en fait le symbole de l'insoumission et des tendances sataniques. Le bonnet d'âne de l'ignorant vient de loin! Déjà à Delphes, en -500, l'âne des forces maléfiques était surmonté par les symboles de Dionysos : " Je suis l'âne qui porte les "mystères " ( Aristophane) ".



Nicolas de Myre
Né vers 270, dans un Proche-Orient qui est déjà un vrai bouillon de cultures et de sectes, Nicolas fut d'abord un ermite, un ascète vivant dans la solitude du désert. Comparables aux sectes actuelles, de petites communautés avaient pour règle l'obéissance, la renonciation à sa volonté propre, l'abandon entre les mains du supérieur " fuis, tais-toi, reste tranquille " (abbé Arsénios IVème siècle).Une telle morale du christianisme primitif ne pouvaient qu'obtenir le soutien de l'empereur Constantin qui établissait sur l'Empire sa fragile dictature. Sa vie de moine étant exemplaire, on nomma Nicolas comme évêque à Myre (Sud de la Turquie actuelle), l´"évêque " à l´époque étant le dirigeant ou le " sage " de chaque petite communauté chrétienne. Il fut grand confesseur (c'est à dire qu'on lui attribue beaucoup de conversions), combattit les cultes païens et les " hérésies ".
Ainsi Nicolas fit couper les arbres consacrés à Diane, détruisit des idoles et un temple d' Artemis, s'opposa à Arius, prêtre chrétien plus traditionaliste qui contestait l'humanité de Jésus et qui préconisait une Eglise plus mystique détachée des pouvoirs matériels et politiques.
Arius sera condamné comme hérétique, Nicolas deviendra un saint.
Sous les historiettes plus ou moins véridiques qui illustrent la vie de Nicolas de Myrrhe, se devine la récupération chrétienne des thèmes antiques : les "3 Grâces ", symbole hellénistique de la Beauté, deviennent ainsi 3 filles que Nicolas sauva de la prostitution.
Le thème hébraïque des " 3 jeunes hommes dans la fournaise " devient le sauvetage par Nicolas de 3 prisonniers vertueux.
C'est qu´il est impérieux pour une nouvelle croyance de faire pénétrer l'idée que, par elle, on est sauvé de la mort et des périls. " C'est nous, ou le chaos ".
Après sa mort, le 6 décembre 326, Nicolas devient un saint très vénéré. Ses conversions et ses voyages le destinent à devenir le patron des pêcheurs et des marins, ce qui assurera son avenir. Par son culte se répand dans tout l'Empire byzantin et, en temps utile, soutiendra en Sicile ou en Grèce la lutte contre l'Islam, les nouveaux infidèles. Plus tard, il sera le patron de la Russie tsariste et, même chez nous, gardera un aspect de patriarche byzantin.En passant, l'historiette des 3 prisonniers vertueux devient celle plus prestigieuse de 3 princes injustement condamnés.
Que ceux qui n´ont jamais enjolivé une histoire à raconter aux enfants, jettent la première pierre.



L'intégration dans la tradition :
Dans nos régions, le Noël chrétien ne supplantera que progressivement les fêtes solsticiales du mois de décembre et au prix de bien des accommodements. Le brassage de populations dû aux croisades diffusera le personnage de Nicolas dans nos régions au XIème siècle par l´axe du Rhin et par la Normandie qui établit un royaume en Sicile et en Palestine. Ainsi, ce confesseur oriental, juge des bons et des méchants - les baptisés et les païens-, sera le remplaçant idéal de Hellequin. Durant tout le Moyen-Age, St Nicolas sera le patron des fêtes de Noël, et il faudra de longs siècles d´influence chrétienne pour que le Père Noël et St Nicolas se différencient comme personnages dans le calendrier.
Là où Hellequin était très "vivant" dans la coutume, dans l´axe Suisse-Pays-Bas, la fête de St Nicolas, le 6 décembre, récupérera le mythe dévalué.
Mais par contre, dans le Sud de l'Europe où Hellequin n'existe pas, St Nicolas reste le patron des pêcheurs, en Sicile ou en Grèce par exemple. Ce n'est que plus tardivement que l'influence nord-européenne déve1oppera, malgré l'opposition de l'Eglise, un père Noël païen lui aussi. accompagné d'un Père Fouettard.Car cet amalgame avec un HeIlequin ambivalent, effrayant et justicier, fournira un compagnon à St Nicolas. Les enfants pas sages " croqués " par le " chasseur sauvage " seront dorénavant " emmenés " par le Père Fouettard, un homme noir menaçant de son fouet et de son âne.
Qu'il s'appelle Pierre le Noir en Flandre, le More en Hollande, Hans Trapp ou Knecht Ruprecht en Allemagne, jusqu'à nos jours le folklore entretiendra la menace des hommes noirs (Sarrasins, Maures, Ethiopiens ou Nègres) pour évoquer le diable et faire tenir tranquille les gens simples et les enfants. Assurant le côté répressif de Hellequin, il laisse le beau rôle au " bon " St Nicolas de distribuer les cadeaux aux enfants sages.

Cela doit le changer de son ascétisme d´antan.

St Nicolas, Fête des enfants : pourquoi ?

Dans la longue lutte pour le pouvoir qu'est l'Histoire, la contestation et le besoin de liberté purent toujours compter sur la jeunesse face à " l´ordre établi " (celui de l'establishment) où l'ordre moral est maintenu par la complicité de toute Eglise et de tout clergé. De même l'esprit païen de la fête solsticiale des fous sera longtemps entretenu par les jeunes des villages, par les escholiers des villes. On chahute, on ridiculise les autorités, on punit les défauts ou les hypocrisies des bourgeois. Depuis le Moyen-Age, ceux qu'il faut donc convertir et " rendre sages " en nos régions, ce sont les enfants et les jeunes. St Nicolas s'en chargera.

Dès 1150, Robert de Dreux, frère de Louis VII, crée un pensionnat, avec une église, pour les " pauvres écoliers de St Nicolas ". En fin du XIIème siècle. des trouvères actualisent l'historiette des 3 officiers byzantins qui devient la légende des 3 écoliers ressuscités par St Nicolas après avoir été découpés et salés par un boucher anthropophage (!).

Au XIIIème siècle, les rois capétiens calmeront les étudiants turbulents en faisant de St Nicolas le patron des juristes.

C'est peut-être que le droit attirait plus d'étudiants (et plus revendicateurs) que la théologie ?

Et, lors de la rentrée annuelle du Parlement, le président de la confrérie des avocats mènera les évolutions avec un bâton surmonté d'une statue du saint, d'où le terme actuel de " bâtonnier ". Quel chemin depuis Myre !

St Nicolas restera le patron des étudiants sages, le juge des bons élèves et des enfants, personnalisant pour ceux-ci de façon proche, un " dieu le père " mai défini.

Si de nos jours, les "criquets" de St Nicolas rappellent les chahuts d'antan, la fête est encore entretenue par les étudiants des universités catholiques. Pour sa part, l'ULB a aussi gardé la coutume de la fête des fous, mais l'a déplacée au 20 novembre, date de sa fondation.


La St Verhaegen actuelle permet toujours le défoulement et le chahut des étudiants qui s'intègrent dans leur communauté en rançonnant le "bourgeois ".









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