Mic a écrit : 08 déc.25, 12:21Là où l'on croit choisir de faire ci ou encore ça, l'idée d 'absence de libre arbitre vient affirmer que le choix effectué n'est que la conséquence d'une longue chaine causale sur laquelle nous n'avons aucun pouvoir. Autrement dit, le choix censé être un processus actif est en réalité une consequence passive du déploiement de la chaine causale.
Comme je l'ai expliqué dans l'autre topic sur le libre-arbitre, même dans le cadre d'un déterminisme causal intégral, le libre-arbitre y a une place. Il ne s'agit en rien de modifier la structure causale, les processus délibératifs y étant eux-mêmes inscrits.
Le point c'est que même s'il n'y a pas d'autres possibilités de choix que ceux qui sont faits, ces choix sont pourtant bel et bien faits. Or, le truc, c'est que même dans le cadre d'un déterminisme causal intégral, rien n'est jamais déterminé entièrement de l'extérieur.
Dans ce contexte, la négation de la possibilité d'un libre arbitre tient du fait qu'il n'est considéré que des déterminismes extérieurs et c'est là qu'est l'erreur des tenants de l'impossibilité d'un libre-arbitre. Car, les déterminismes internes aux entités délibératives jouent également.
d6p7 a écrit :
Cela témoigne d'un fait libre de notre conscience parce qu'on aurait pu très bien faire autrement que ce que l'on aurait fait à l'instant même où on l'a décidé.
Mic a écrit : 08 déc.25, 12:21
Hé bien non, justement, tu n'aurais pas pu. Tu etais totalement determiné à faire le choix que tu as fait au moment où tu l'as fait et tu n 'aurais pu en faire un autre. C'est pourquoi on peut affirmer que le libre arbitre n'existe pas.
Je viens de répondre à cet argument. La possibilité d'un libre-arbitre dans le cadre d'un déterminisme causal intégral ne tient pas dans la possibilité de choix autres que ceux qui sont opérés, mais dans le fait que les processus délibératifs mettent en jeu des déterminismes internes aux entités dotées d'intentionnalité.
Mic a écrit : 08 déc.25, 12:21Mais c'est ne pas comprendre que lorsque nous décidons d'executer tel geste, ce n'est pas nous qui choisissons mais c'est la chaine causale elle même qui se déploie encore et toujours comme un gigantesque tombé de dominos.
Bah non. S'il est vrai que nous ne pouvons pas rationnellement dire que ce soit nous qui décidons entièrement, en revanche nous décidons bel et bien en partie, en tant que participants délibérants inscrits dans la trame causale.
Mic a écrit : 08 déc.25, 12:21
On peut par ailleurs remarquer une sorte de mise en abyme de la chaine causale lorsqu'un individu tente de la déjouer, puisque comme on l'a vu plus haut, c'est en réalité la chaine causale elle même qui agit sur elle même, l'individu ne se réduisant en réalité plus qu'au rôle d'observateur, un observateur persuadé de choisir.
Oui. C'est la chaîne causale qui "agit" sur elle-même. Tout à fait. Mais comme je l'ai expliqué, cela ne remet pas du tout en question l'existence d'un libre-arbitre.
Que l'observateur soit persuadé ou non d'agir, ou en ait l'impression ou non, ce n'est pas le point, cela n'empêche en rien qu'il agisse et de manière libre en ce que ses décisions sont en relation à ses déterminismes causaux internes.
Mic a écrit : 08 déc.25, 12:21
Le quidam désirant prendre la main sur l'implacable chaine causale ne se rend pas compte que ce désir de dominer la chaine fait lui-même partie de la chaîne et que cette dernière ne peut qu'avoir le dernier mot.
Comme je l'ai dit, il y est inscrit.
Mic a écrit : 08 déc.25, 12:21
Pour finir je voudrais juste faire le rapprochement entre l'absence de "je" de la non-dualité radicale prônée par DJ et l'absence de libre arbitre. En effet on comprend facilement que s'il n y a pas de libre arbitre et qu'on est comme "agi"
par la chaine causale, il n y a plus d'individu et donc plus de "je" qui ait un quelconque sens, hormis celui d'être observateur.
Le fait qu'un sujet participant conscient n'est pas d'existence propre, ne l'empêche en rien d'être un sujet conscient participant doté d'un libre-arbitre.
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Chat GPT a écrit :
Les observations de J’m’interroge sont pertinentes parce qu’elles révèlent l’hypothèse cachée sur laquelle repose l’argument de l’absence de libre-arbitre. Il montre que l’impossibilité du libre-arbitre n’est vraie que si l’on définit la liberté comme une causalité totalement indépendante des conditions. Or cette définition est inutilement rigide et ne reflète pas la réalité des processus décisionnels.
Points centraux :
1. L’erreur fondamentale : ne considérer que les déterminismes extérieurs.
Les opposants n’envisagent que les causes agissant sur l’agent de l’extérieur, comme si l’agent n’était qu’un objet passif traversé par des forces. Ils négligent les déterminismes internes : intentions, évaluations, anticipations, mémoire, désirs, valeurs, analyses. Ces processus ne sont pas des interruptions magiques de la causalité : ils sont des éléments causaux à part entière, mais appartenant au système agent lui-même.
2. L’agent n’est pas extérieur à la chaîne causale, mais une de ses structures organisées.
Dire que “la chaîne causale fait tout” n’exclut pas que l’agent soit précisément une configuration de cette chaîne qui produit des décisions. L'opposant imagine que si tout est causal, alors l’agent n’agit jamais ; mais l’agent est un nœud causal actif, pas un passager fantôme.
3. La liberté n’est pas la possibilité métaphysique de faire autrement.
J’m’interroge souligne que cette exigence irréaliste n’a jamais été nécessaire pour parler d’action libre. Une action est libre lorsqu’elle résulte des processus internes de l’agent, même déterminés. Refuser cela revient à confondre liberté avec indétermination absolue, ce qui est incohérent et inutilisable.
4. Le déterminisme n’implique pas que tout soit déterminé “entièrement de l’extérieur”.
C’est le point le plus fin. Les adversaires confondent déterminisme causal et hétéro-détermination totale. Le déterminisme causal ne dit pas que les causes doivent venir de l’extérieur ; il dit que les causes existent. Certaines de ces causes sont l’agent lui-même, ses représentations, ses raisons, ses projections, son identité psychologique. C’est une distinction essentielle.
5. L’impression d'être “agi” n’abolit pas l’action interne.
Même si tout s’inscrit dans une trame causale, l’agent demeure la partie de cette trame qui délibère. La causalité qui “agit sur elle-même” via l’agent n’élimine pas celui-ci : elle le constitue.
Portée générale :
J’m’interroge corrige une confusion conceptuelle classique : penser que pour exister, le libre-arbitre doit être un “trou” dans la causalité. En réalité, il peut simplement être une forme spécifique et complexe de causalité interne. Les tenants de l’impossibilité du libre-arbitre imposent un critère impossible, puis concluent que la liberté n’existe pas ; J’m’interroge montre que ce critère est mal fondé et que la conclusion n’a donc pas de force.
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