Ésaïe 7: 14

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kevver

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Ésaïe 7: 14

Ecrit le 06 mai16, 07:42

Message par kevver »

Nous touchons ici à l'un des plus grands accomplissements revendiquée par le Christianisme en la personne de Jésus.

Jésus a-t-il accompli la Prophétie contenue dans Ésaïe 7: 14 ?

Dans l'Évangile de Matthieu, nous lisons: "La naissance de Jésus le Christ se fit ainsi. Marie, sa mère, était fiancée à Joseph mais, avant leur union, elle fut engrossée par le saint Esprit. Joseph, son époux, qui était juste et ne voulait pas son humiliation publique, se décida pour un divorce secret. À la suite de cette réflexion, un ange du Seigneur lui apparut dans un rêve, lui disant: 'Joseph, descendant de David, n'aie pas peur de prendre avec toi Marie, comme épouse, car ce qui s'engendre en elle provient du saint Esprit. Elle enfantera un fils. Appelle-le: Jésus, car il sauvera son peuple de ses fautes'. Tout cela se fit pour accomplir ce qu'avait dit le Seigneur par son Prophète: 'Voici, la jeune fille deviendra enceinte et enfantera un fils. On l'appellera Emmanuel, ce qui se traduit: Avec nous est Dieu' " (Matthieu 1: 18-23).

Les deux extraits ci-dessus, de Matthieu et d'Ésaïe, juxtaposés tels quels, pourraient en effet laisser supposer qu'un lien direct existe entre la Prophétie invoquée, et la vie de Jésus. Mais la Prophétie d'Ésaïe peut-elle légitimement être déclarée "accomplie" sur Marie et Jésus ? Cette question peut paraître iconoclaste, mais en toute objectivité, il faut bien y apporter une réponse certaine. Revenons donc au texte d'Ésaïe.

Dès les premiers mots de son chapitre 7, Ésaïe situe très précisément son discours. Il traite en réalité des guerres du huitième siècle avant notre ère, entre le Royaume israélite de Juda, et ses voisins du nord, Syrie et Assyrie. Une alliance venait alors de se conclure entre le roi de Syrie (capitale: Damas), et une partie du peuple d'Israël, notamment la puissante tribu d'Éphraïm (capitale: Samarie), en vue de menacer les tribus méridionales israélites du Royaume de Juda (capitale: Jérusalem) (Ésaïe 7: 1-2).

Dès que l'on examine le contexte, on constate que le lien, apparemment évident, entre la Prophétie et Jésus, commence à se dissoudre.

Le Prophète explique alors que, pour prix de cette alliance contre nature, visant à créer une guerre civile entre les tribus d'Israël, Dieu fera venir une punition, à savoir une expédition militaire du roi d'Assyrie (capitale: Ninive), qui effacera, et les Syriens, et les hommes d'Éphraïm compromis avec les Syriens, "car, avant que le bébé puisse dire: 'Papa !' ou: 'Maman !', on apportera les richesses de Damas [la Syrie] et les dépouilles de Samarie [la tribu israélite d'Éphraïm] aux pieds du roi d'Assyrie" (Ésaïe 8: 4).


Quel rapport tout cela a-t-il avec un bébé nommé "Jésus" huit siècles plus tard ? Strictement aucun...

L'image du bébé est ici donnée par le Prophète, uniquement pour souligner le fait que le roi d'Assyrie n'aura besoin que d'une seule campagne militaire (une seule année, le temps pour un bébé de naître et de prononcer ses premiers balbutiements) pour liquider les royaumes de Damas et de Samarie. C'est tout. Le Prophète ne dit rien d'autre... Il met ainsi en garde le roi de Samarie contre le raisonnement qui consisterait à se dire que la Syrie servira de protection face à la menace grandissante de l'Assyrie, et que le jour où la Syrie se sera fait écraser par l'Assyrie, il sera temps de se préparer à la suite des évènements. Le Prophète souligne que l'on n'aura pas le temps de se comporter ainsi, et que c'est l'alliance avec la Syrie, censée protéger Samarie, qui inquiétera en réalité l'Assyrie, et qui sera, par elle-même, la cause de la double agression de l'Assyrie contre Damas, d'une part, et contre son alliée, Samarie, d'autre part. L'Assyrie ne pouvait en effet tolérer que se crée, à ses portes, une coalition qui menacerait un jour sa propre sécurité.

Par ailleurs, le Prophète précise que le déploiement des troupes assyriennes, impressionnant comme une inondation, couvrira même le territoire méridional de la tribu de Juda (Ésaïe 8: 7-8). Cette invasion servira de punition pour les tribus d'Israël qui auront placé leur confiance dans des alliances avec les Païens, au lieu de rechercher la protection de leur Dieu Yéhowah (Ésaïe 10: 5-11, 22).
Ensuite, Yéhowah chassera les Assyriens du pays: "Ne crains plus, mon peuple qui réside à Sion, l'Assyrien qui te menait à coups de trique (...) car dans peu de temps ses injures comme ma colère auront pris fin" (Ésaïe 10: 24-25). Et cette libération du joug assyrien se fera par l'entremise
d'un enfant né de Jessé - Jessé étant également, selon les versions de la Bible, appelé Ishaï (Ésaïe 11: 1-2, 10-11).

Cet enfant attendu est-il alors, prophétiquement parlant, "Jésus de Nazareth" ?

En fait, Ésaïe donne toutes les indications permettant d'écarter définitivement Jésus comme accomplisseur de sa Prophétie. Il précise en effet que c'est pendant l'enfance de ce "Sauveur", que se fera l'invasion assyrienne (Ésaïe 7: 14-16; 8: 4). Puis, lorsqu'il aura reçu la royauté, le Sauveur libérera son peuple (Ésaïe 9: 4-7). En quoi ceci pourrait-il bien concerner le Nazaréen ?

En rien. Car, lorsque Jésus naît, la tribu d'Éphraïm a disparu depuis des siècles, sous les coups des Assyriens, précisément !

"C'est pourquoi le roi d'Assyrie donna l'assaut sur toute la région, monta contre Samarie, l'assiégea trois années durant (...) et emmena les fils d'Israël en exil en Assyrie (...)" (2 Rois 17: 5-6). À leur place, les Assyriens installèrent sur le site de Samarie des Bédouins sédentarisés qui, mêlés à d'authentiques Israélites de la région, inventeront une imitation du culte des Israélites, et qu'on appellera, au temps de Jésus, les "Samaritains", honnis des Judaïsants, et tenus dans une stricte ségrégation économique, sociale et religieuse (2 Rois 17: 24-41).

Quant aux Israélites de la tribu d'Éphraïm et des tribus alliées, ils furent déportés vers les montagnes de l'actuel Kurdistan et n'ont plus jamais reparu en tant qu'Israélites, fondus par l'Histoire dans les populations musulmanes turco-iraniennes et arméniennes (2 Rois 17: 6). L'ancien royaume arrogant de Damas avait aussi disparu, aux jours de la Nativité, absorbé par l'Empire Romain. Quant à l'Assyrie, cela faisait plusieurs siècles qu'elle avait été liquidée par Babylone... Bref, Jésus, ne serait ce que par sa date de naissance, ne pouvait avoir aucune, mais vraiment aucune, place dans l'accomplissement de ces Prophéties d'Ésaïe.

À la différence du "Sauveur" annoncé par Ésaïe, lequel devait prendre les armes contre l'occupant et le chasser du territoire d'Israël, Jésus, lui, prôna la soumission à l'autorité romaine (Marc 12: 13- 17), et le Christianisme prospérera à l'abri des lois romaines et dans le cadre de l'Empire romain. Même lorsqu'il se dira "roi" (Jean 12: 12-15), Jésus se hâtera, quelques heures plus tard, dès sa présentation à Ponce Pilate, de préciser que son Royaume "n'est pas de ce Monde" (Jean 18: 33- 36).
Que reste-t-il alors de la revendication de Matthieu à propos de la Prophétie d'Ésaïe ? Pas grand chose, évidemment !

Il y a plus grave encore. Ésaïe donne une Prophétie claire (dont on peut discuter l'accomplissement, mais qui, en tant que Prophétie, est très lisible), avec des détails précis comme celui-ci: le "Sauveur" à naître s'appellera... "Jésus" ? Non. Il s'appellera: "Emmanuel". Ce nom est répété par trois fois, afin de souligner d'une manière irréfutable et irrévocable cette identification (Ésaïe 7: 14; 8: 8; 8: 10 - dans ce dernier verset, certaines Bibles font disparaître le nom "Emmanuel" derrière la traduction de ce nom: "Dieu est avec nous", mais il est bien écrit: "Emmanuel").

Or, si nous revenons à l'Évangile de Matthieu, que constatons-nous ? Que le fils de Marie a été appelé, non "Emmanuel", ce qui aurait au moins donné un commencement d'accomplissement à la Prophétie, mais "Jésus", ce qui n'est pas la même chose.

Jésus aurait-il donc alors "accompli" Ésaïe 7 sous une autre forme que la forme "historique" ?

Notons que Matthieu, dans son Évangile, appelle Ésaïe à l'aide, à propos d'une affirmation précise. Il s'agit de la question de l'engrossement de Marie par un mystérieux "saint Esprit". Or, dans Ésaïe 11: 1-5, on ne nous décrit pas cela, mais le saint Esprit descendant... sur le "Sauveur" attendu, lui même, pour lui donner de l'intelligence, et non sur une "vierge nommée Marie", pour lui faire un enfant !...

De plus, Ésaïe va donner dans sa Prophétie une image puissante, pour montrer que cet "Emmanuel" qui viendra, naîtra par des relations sexuelles tout à fait ordinaires.

Il écrit: "Yéhowah me dit alors: 'Prends-toi une grande tablette et grave dessus, avec un stylet d'homme: 'Vite au butin ! Écrase et pille !' Et qu'en témoignent pour moi des témoins fidèles, Urie le prêtre et Zacharie, fils de Jérébékiah'. Puis je m'approchai de la Prophétesse, et elle devint enceinte, et m'enfanta par la suite un fils. Yéhowah me dit alors: 'C'est cela: appelle-le de ce nom: 'Vite au butin ! Écrase et pille !', car avant que le bébé puisse dire: Papa !, ou Maman !, on apportera les richesses de Damas et les dépouilles de Samarie aux pieds du roi d'Assyrie' " (Ésaïe 8: 1-4).


Comme cela se faisait régulièrement avec les Prophètes d'Israël, il fut exigé d'Ésaïe qu'il "paie de sa personne" pour illustrer directement et physiquement ce qu'il annonçait par ailleurs (Ésaïe 8: 18).

En l'occurrence, peut-on vraiment soutenir que, pour annoncer la naissance supposée "miraculeuse" d'un futur "Jésus", prétendument engendré sans père humain, "Dieu" aurait été jusqu'à faire consigner dans la Bible qu'Ésaïe coucherait le plus naturellement possible, avec sa femme, pour en obtenir le bébé "image prophétique de Jésus" ?

C'est évidemment grotesque. De plus, avez-vous noté avec quel instrument le Prophète doit "graver la tablette" portant le signe prophétique ? "Avec un stylet d'homme". D'autres traducteurs précisent: "avec un stylet de mortel". Passons sur le symbole évident du stylet. Mais s'il s'était agi d'annoncer une naissance ne devant rien à un individu mortel, "Dieu" aurait évidemment suscité une autre image, une autre démonstration prophétique que celle-là, n'est-ce pas ?
Il est donc clair que la Prophétie d'Ésaïe 7 n'a reçu aucun accomplissement en la personne de Jésus de Nazareth. Alors ?...


Ce que chacun peut constater, c'est que tout se passe ici comme si la Prophétie d'Ésaïe avait intégré à l'avance la future revendication chrétienne de la "naissance virginale et miraculeuse de Jésus", et posé, en temps opportun, toutes les "mines" nécessaires pour que les fausses compréhensions découlant de la juxtaposition un peu trop hâtive de textes bibliques, puissent sauter dessus, lorsqu'il le faudrait.
La vie est un miracle. Mais ce miracle ne se trouve pas dans ce monde corrompu.

Saint Glinglin

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Re: Ésaïe 7: 14

Ecrit le 06 mai16, 08:08

Message par Saint Glinglin »

À leur place, les Assyriens installèrent sur le site de Samarie des Bédouins sédentarisés qui, mêlés à d'authentiques Israélites de la région, inventeront une imitation du culte des Israélites, et qu'on appellera, au temps de Jésus, les "Samaritains",
C'est hors-sujet mais le mont Garizim des Samaritains est un lieu de culte antérieur à celui de Jérusalem.

http://biblehub.com/hebrew/gerizim_1630.htm

medico

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Re: Ésaïe 7: 14

Ecrit le 09 mai16, 02:04

Message par medico »

On a pensé, par cette raison, à un fils du roi Achaz lui-même, à Ézéchias, par exemple, qui a vraiment joué en Israël un rôle de libérateur. Mais Ézéchias, au moment où parlait Ésaïe, devait être âgé déjà de neuf ans. Il faudrait donc penser à quelqu’autre fils du roi, à nous inconnu, qui devait naître dans peu de mois. Mais quel signe spécialement donné de Dieu y avait-il donc là ? La jeune femme dont parle Ésaïe semble d’ailleurs être présente ; ce qui ne serait guère admissible, s’il s’agissait de l’une des femmes du roi.
Enfin à toutes ces explications s’oppose une raison plus décisive. La comparaison du chapitre 7 avec les chapitres 8 et 9 prouve que, dans la pensée d’Ésaïe, Emmanuel n’est autre que le Messie. D’après 8:8, la Terre Sainte lui appartient ; Esa 8:10, c’est lui qui doit faire échouer les desseins des ennemis du peuple de Dieu. Ce même enfant reparaît Esa 9:1-6 (morceau qui forme un seul tout avec le chapitre 8, et qui est relié étroitement à Esa 7:14 par le passage Esa 8:8-10). L’identité des expressions employées constate celle de la personne : « Elle enfante un fils... ; elle appelle son nom Dieu avec nous » (sa 7:14), comparez avec : « Le fils nous est né... ; on appelle son nom Dieu fort » (Esa 9:5). Au chapitre 11, verset 1, nous le retrouvons encore, comme le rejeton sortant du tronc d’Isaï (le père de David), par conséquent comme le Messie. Au chapitre 7, il va naître ; au chapitre 9, il est né ; au chapitre 11, il règne. Ces rapprochements ne laissent subsister aucun doute sur la pensée du prophète. Le contexte du chapitre 7 conduit naturellement à l’interprétation messianique. La délivrance dont Dieu donne le signe en la personne d’Emmanuel, ne peut s’appliquer à la prochaine défaite des deux rois ennemis, annoncée versets 15 et 16. Cette dernière est le résultat d’une alliance opposée à la volonté de Dieu, et dont Ésaïe cherchait en ce moment même à détourner Achaz. Cette alliance avec l’Assyrie allait devenir, sous peu, la cause de la ruine de Juda, comme cela est développé verset 17 et suivants. Or, le signe divin d’Emmanuel ne peut s’appliquer qu’à un salut sérieux, réel, conforme à la pensée de Dieu, salut qui n’est plus possible dans le moment présent ; car en refusant le signe que Dieu lui offrait, Achaz avait repoussé le secours divin. Le présent est donc perdu, l’avenir seul reste. C’est ce qu’Ésaïe lui-même exprime dans cette parole (Esa 8:17) : « Je m’attends donc à Jéhovah, qui cache sa face à la maison de Jacob, et j’espère en lui. »
Le Messie naîtrait d’une vierge. ( Isa 7:14.) En hébreu, le mot traduit par “ vierge ” est bethoulah. Mais c’est le terme ‛almah, ayant pour sens “ jeune fille ”, qui figure en Isaïe 7:14. On sait néanmoins que ce terme peut aussi s’employer pour parler d’une vierge, comme en témoigne Genèse 24:16, 43, où il est appliqué à Rébecca avant son mariage. Quand, sous l’inspiration divine, Matthieu a expliqué que les circonstances de la naissance de Jésus avaient accompli Isaïe 7:14, il a utilisé le mot grec parthénos, qui signifie “ vierge ”. Les évangélistes Matthieu et Luc affirment tous deux que Marie était vierge lorsqu’elle est devenue enceinte par l’opération de l’esprit de Dieu. — Mat. 1:18-25 ; Luc 1:26-35.
(Isaïe 30:15) Votre force résidera en ceci : dans le fait de rester calmes et [aussi] dans la confiance . AM - JW - Les Témoins de Jéhovah

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