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Eyah / Yehua(w) / Yahvé

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Le christianisme est une religion monothéiste et abrahamique, issue d'apôtres célébrant la vie et les enseignements de Jésus. Les chrétiens croient que Jésus de Nazareth est le Messie que prophétisait l'Ancien Testament, et, hormis quelques minorités, Fils de Dieu, ou Dieu incarner, néanmoins Prophete.
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Ase

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Eyah / Yehua(w) / Yahvé

Ecrit le 21 oct.16, 00:01

Message par Ase »

On a retrouvé dans une des colonnes du temple d’Amun à Soleb, époque d’Amenophis III (1391-1353 avant notre ère) une gravure, qui dépeint des captifs étrangers en Égypte les mains liées derrière leur dos.

Image

Sur l'écusson, on y lit le hiéroglyphe : t3 s3 sw w / y h w3 (w) qui se lit "ta sasûw yehûa(w)" et se traduit en "le pays des shasus (bédouins au nord du Sinaï), ceux de Yehua(w)". Pour les mots d’origine étrangère les Égyptiens utilisaient une sorte d’alphabet standard avec des “matres lectionis” (semi-consonnes utilisées comme voyelles, dans ce système on prononce : “3” = “a”; w = u; ÿ = i)

http://jhwhn.info/fr/archeologie/soleb.htm

Ce qui pourrait attester que lorsque Moïse était chez les bédouins Madianites de Jethro (en exil dans la région de Séïr), il ai appris ce Nom. On sait que chez les Madianites, Yehua(w) / Yahvé était un dieu de l'orage, il est donc possible qu'un compromis religieux ait été établi entre les Lévites (sorties d’Égypte) et les Madianites. Yahvé devenant ainsi le nom principal de l'Elohîm de Moïse.

Peut-on remonter encore plus en amont ?
En Mésopotamie par exemple, de quelle prononciation se rapproche Yehua(w) ?

Si on prend en compte les évolutions culturelles et linguistiques, on pourrait peut-être faire remonter Yehua(w) d'une prononciation plus primitive encore, celle d'Eyah qui était la prononciation du Dieu Ea chez les akkadiens "Maître du temple de l'Eau" (aussi connue sous le nom Enki chez les sumériens). Si cette hypothèse est exacte, Yahvé / Yehua(w) ne serait pas seulement un Dieu local à propre à la région de Séïr, mais aurait été connu en Mésopotamie comme un Dieu titulaire (voir Triade sumérienne).

Cependant, Enki-Ea chez les sumériens est un maître des abysses et de la sagesse qui règne sur les eaux souterraines, son sanctuaire "aquatique" (entouré d'eau) symbolisant les "eaux primordiales" portait le nom d'E-Abzu ("la demeure de l'Abzu" ) qu'on appelait également "le monde souterrain", l'Engur d'Enki-Ea. Il est vrai que chez les anciens hébreux, la notion d'immense mer souterraine qui sert de source à toutes les rivières ne leur était pas étrangère.

D'autre part, l'Ancien testament évoque à plusieurs reprises une assemblée des dieux, présidé par El-Elyon ("le Dieu Très Haut") qui n'était pas identifié à Yahvé à une certaine époque. Or les textes de Mésopotamie évoquent que l'assemblée des dieux ("Annuna") avaient lieux dans la demeure d'Anu (Ciel se dit "An"). Il existe quelques représentations de la porte d'Anu de la demeure des cieux sur Internet.

Je vous transmet celle-ci :

Image

Cette demeure était gardé par deux êtres aux têtes d'aigles (hybrides), des Abgals (Apkallu), considérés comme des sages envoyés par le Dieu Enki/Ea. Sur cette photographie, ils entourent l'arbre de vie planté dans le Jardin d'Ea et tiennent dans leur main droite le fruit de la vie et dans leur main gauche l'eau de la vie. Je crois aussi me souvenir que les apkallus ont une fonction civilisatrice également, et qu'ils sont au nombre de sept.

Cordialement,
Ase

jipe

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Re: Eyah / Yehua(w) / Yahvé

Ecrit le 21 oct.16, 00:53

Message par jipe »

merci pour ce texte Ase
peut on considérer qu'à cette époque et dans ce coin de l'Afrique il y a eu plusieurs dieux qui se partagent le territoire
et donc une multitude de noms où chacun réclament son unique authenticité ?
d'où un tétragramme pour certain et avec une impossibilité de donner un nom exact

pauline.px

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Re: Eyah / Yehua(w) / Yahvé

Ecrit le 21 oct.16, 01:39

Message par pauline.px »

Bonjour Ase, bonjour Jipe,
jipe a écrit :merci pour ce texte Ase
peut on considérer qu'à cette époque et dans ce coin de l'Afrique il y a eu plusieurs dieux qui se partagent le territoire
et donc une multitude de noms où chacun réclament son unique authenticité ?
d'où un tétragramme pour certain et avec une impossibilité de donner un nom exact
Tout le travail de Thomas Römer, professeur au Collège de France, porte du moins en ce moment sur la lente construction du monothéisme Juif.
Par exemple, on peut avoir le sentiment que YHWH n'est que le dieu tutélaire des Hébreux quand on lit :
Deutéronome 32, 8 Quand le Très-Haut (Elyôn) donna un héritage aux nations, Quand il sépara les enfants des hommes, Il fixa les limites des peuples d’après le nombre des enfants d’Israël, 9 Car la portion de YHWH, c’est son peuple, Jacob est la part de son héritage.

Notons que le d.ieu Très-Haut (El elyôn) est celui auquel Melchisedek sacrifie.

Il est facile de constater que la Bible hébraïque utilise plusieurs noms pour désigner le divin, or plusieurs de ces noms ne sont pas des noms communs ni des épithètes mais des noms de divinités des peuples alentours. Il n'est pas assuré non plus qu'au début du premier millénaire avant JC, YHWH soit un dieu unique puisque nous trouvons sur des poteries des énumérations du genre "YHWH de Téman, YHWH du Sinaï". La lente évolution vers le monothéisme est donc passée par l'unification des tous les YHWH notamment en interdisant les sanctuaires locaux hors du Temple, puis vers l'affirmation que YHWH est le plus fort de tous les dieux, puis qu'Il est le seul d.ieu.

Pour ce qui est de l'imprononçabilité de YHWH elle semble, elle aussi, récente puisque nous avons des transcriptions d'origine égyptiennes en langue grecque en Yaho ou Yahê corroborées par des témoignages plus tardifs.

Mais l'Évolution n'est-elle pas une réalité incontournable ?
Il est vrai que cela peut décevoir tous ceux qui accordent prioritairement leur confiance en ce qui est immémorial, mais je crois que l'Humanité progresse vers la Vérité par ce lent travail de purification des représentations naïves. L'authentique Livre Saint s'écrit lentement.

Très cordialement
votre sœur
pauline

Ase

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Re: Eyah / Yehua(w) / Yahvé

Ecrit le 21 oct.16, 05:31

Message par Ase »

Bonjour Pauline,

Je t'avoue que tu n'es pas la seule à m'avoir parlé de Thomas Römer. Il faudra qu'à l'occasion je lise davantage ses travaux.
Quand j'aurai un peu plus de temps. En tout cas, merci pour la référence. Si je peut me permettre à mon tour de te donner une référence, c'est celle de Jacques Bernard (https://www.referen-ciel.com/references ... ernard.htm) qui par ses travaux cherche à mieux faire comprendre l'Ancien Testament (que j'aime appeler le Premier Testament) et la construction lente et progressive du Monothéisme "Juif".

Par exemple, on peut avoir le sentiment que YHWH n'est que le dieu tutélaire des Hébreux quand on lit :
Deutéronome 32, 8 Quand le Très-Haut (Elyôn) donna un héritage aux nations, Quand il sépara les enfants des hommes, Il fixa les limites des peuples d’après le nombre des enfants d’Israël, 9 Car la portion de YHWH, c’est son peuple, Jacob est la part de son héritage.
Je tiens tout d'abord à te remercier pour nous avoir évoqué le passage de Deutéronome 32, 8-9 dans la traduction que tu utilises.
Je remet cet extrait ici avec la traduction de la Septante (plus fiable) que j'ai et son contexte :

8 Quand le Très-haut (Elyôn) partageait l’héritage aux nations, quand il séparait les fils d’Adam, il établit les limites des peuples selon le nombre des fils de Dieu (El) (version originale retrouvée à Qumran et dans la Septante). 9 Car la portion de l’Éternel (Yahweh), c’est son peuple ; Jacob (Israël) est la part de son héritage. 10 Il le trouva dans un pays désert et dans la désolation des hurlements d’une solitude ; il le conduisit çà et là ; il prit soin de lui, il le garda comme la prunelle de son œil. 11 Comme l’aigle éveille son nid, plane au-dessus de ses petits, étend ses ailes, les prend, les porte sur ses plumes, 12 L’Éternel (Yahweh) seul l’a conduit, et il n’y a point eu avec lui de dieu étranger. 13 Il l’a fait passer à cheval sur les lieux hauts de la terre ; et il a mangé le produit des champs, et il lui a fait sucer le miel du rocher, et l’huile du roc dur ; 14 Le caillé des vaches, et le lait des brebis, et la graisse des agneaux et des béliers de la race de Basan, et des boucs, avec la fine graisse du froment ; et tu as bu le vin pur, le sang du raisin. 15 Mais Jeshurun s’est engraissé, et a regimbé : tu es devenu gras, gros, replet ; et il a abandonné le Dieu (Eloha) qui l’a fait, et il a méprisé le Rocher de son salut. 16 Ils l’ont ému à jalousie par des dieux étrangers ; ils l’ont provoqué à colère par des abominations. 17 Ils ont sacrifié aux démons qui ne sont point Dieu (Eloha), à des dieux qu’ils ne connaissaient pas, dieux nouveaux, venus depuis peu, que vos pères n’ont pas révérés.

Une autre traduction donne ceci :
"Lorsque Elyôn départagea les nations, lorsqu'il répartit les hommes, il fixa les frontières des peuples selon le nombre des fils de El. La part de Yahweh fut son peuple Jacob, sont héritage fut Israël."

Comme on peut le lire, le texte dit que Jacob revient par héritage à Yahweh. A l'origine le texte ne parlait pas de la terre promise partagée entre les tribus d’Israël mais des peuples partagés entre les "fils de Dieu". Et Yahweh apparaît être l'un de ces "fils de Dieu", son père apparaît être le Dieu Très-Haut (El-Elyôn) qui dirige une cours céleste de dieux (probablement il s'agit du reste d'une ancienne mythologie et qui à été ensuite complètement effacée dans le texte massorétique et les traductions qui ont suivis).

L'Elohîm Yahweh n'est donc pas le Dieu Suprême (El-Elyôn), et comme tu le soulignes, il semble n'être que le Dieu titulaire des anciens hébreux, d'une région locale, au sens de ce que l'on peut lire dans le premier des dix paroles "Anohi Hachem Elohéha" ou encore au sens d'une puissance comme le relate les psaumes de David.

Quand à l'Elohîm tel qu'il est utilisé dans la Torah (hébreu biblique), les traductions sont réalisés en fonction de la cohérence du contexte, ainsi parfois on trouvera que les Juges sont appelés Elohim, Moïse aussi est appelé Elohim et David évoque son Elohim en Dieu, manifestant par là l'idée de puissance, de force ou de direction.
A ce sujet, un rabbin m'avait un jour expliqué que dans certains cas, un peu plus métaphysiques, l'Elohîm pouvait être traduit par l'idée d'un "ciel du ciel", d'un "ciel au dessus du ciel", lorsqu'Elohim s'accompagne d'El-Elyôn et non d'El-Shaddaï (dans la Torah "Shaddaï" s'applique a Yahweh et non pas à Elyôn).

Parmi les autres allusions à Elohîm que l'on retrouve dans la Torah :
Genèse 3, 5 "Vos yeux se dessilleront et vous serez comme des Elohîm"
Genèse 3, 22 "Voici que l’homme est devenu comme l’un de nous (ou l’un d’entre nous)"
Genèse 6, 2-4 "Les fils des Elohîm"
Genèse 27, 22 "Tu ne blasphémeras pas contre les Elohîm, et tu ne maudiras pas le souverain de ton peuple"
Genèse 28, 2 "Des Elohîm qui montent et qui descendent"
Genèse 35, 7 "Il bâtit un autel et il appela l’endroit Dieu de Béthel, car là s’étaient révélés à lui les Elohîm alors qu’il fuyait devant son frère"
Exode 15, 11 "Qui est comme toi parmi les Elohîm ?"
Psaume 82, 1 "Elohîm se poste au concile d’El (assemblée des dieux) au milieu des Elohîm, il juge"
Psaume 89, 7 "Qui dans les nuées est comparable à YHVH ? Qui est pareil à YHVH parmi les fils des dieux ?"

(Je n'ai pas eu le temps de vérifier les versets)

Il est donc fait question d'une cour céleste, d'une assemblée de dieux qui préside du haut du ciel.
Cette assemblée peut possiblement s'inspirer de mythes cananéens, phéniciens et hittites (à une certaine époque Yahweh était assimilé à Baal/Hadad dieux de l'orage, quant à El-Elyon, il est possible qu'à l'origine il soit deux dieux différents connus sous El et Elioun chez les Phéniciens ou Anu et Alalu chez les Hourrites et Hittites) ou peut-être encore mésopotamiens (si mon hypothèse là haut s'avère exacte).


Notons que le d.ieu Très-Haut (El elyôn) est celui auquel Melchisedek sacrifie.
En effet, si l'on cite le livre de la Genèse 14, 18-20 "Et le Maître de Justice (en hébreu Morey ha Zédek), roi de Schalem (en hébreu roi d'un règne complet), fit sortir (du) pain et (du) vin, et lui prêtre pour El-Elyôn (du Dieu Très-Haut). [NDLR : qui alla au-devant d’Abraham lorsqu’il revenait de la défaite des rois] Et il le bénit et dit : Béni (soit) Abraham par El-Elyôn, possédant cieux et terre, et béni (soit) El-Elyôn, qui a livré tes ennemis dans ta main".
Il semblerait donc bien que ce roi-prêtre / maître de Justice et de l'Unité serve un Dieu nommé El-Elyôn, mais nous ignorons formellement son identité. On ne sait pas grand chose de lui, si ce n'est que la communauté des Esséniens de Qumrân fondé au IIème siècle av. J.-C. faisait de lui leur prophète, leur fondateur et qu'il était membre de la famille sacerdotale de Gemûl. Les textes de Qumrâm font également référence à une ancienne communauté du Yahad (en hébreu Unité ou Alliance) qui étaient dans l'attente d'un Messie de Justice (Machia'h ha-Tsedeq, 4Q252) ou Maître de l'Unité (Moreh ha-Yahid, Document de Damas 20, 1) proclamant le Royaume de Dieu...

Je trouve que le texte de wikipédia est bien fait : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ma%C3%AEtre_de_Justice


Il est facile de constater que la Bible hébraïque utilise plusieurs noms pour désigner le divin, or plusieurs de ces noms ne sont pas des noms communs ni des épithètes mais des noms de divinités des peuples alentours. Il n'est pas assuré non plus qu'au début du premier millénaire avant JC, YHWH soit un dieu unique puisque nous trouvons sur des poteries des énumérations du genre "YHWH de Téman, YHWH du Sinaï". La lente évolution vers le monothéisme est donc passée par l'unification des tous les YHWH notamment en interdisant les sanctuaires locaux hors du Temple, puis vers l'affirmation que YHWH est le plus fort de tous les dieux, puis qu'Il est le seul d.ieu.
Pour ce qui est de l'imprononçabilité de YHWH elle semble, elle aussi, récente puisque nous avons des transcriptions d'origine égyptiennes en langue grecque en Yaho ou Yahê corroborées par des témoignages plus tardifs.
Oui tout à fait :)
J'avais à une époque relevé quelques noms :
Yah : la manifestation de l'Ain Sof.
YHVH Sabaoth : YHVH des armées célestes (c'est-à-dire des étoiles).
Elohi Israël : Elohi de Yacob.
El-Elyôn : El très haut.
Elohim h'ayim oumelek'h olam : Elohim le vivant et roi de l'univers.
El Shaddaï : El le puissant (maître des shedim).

Vivement les prochaines découvertes archéologiques ;)

Bien cordialement,
Ase

Trotmany

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Re: Eyah / Yehua(w) / Yahvé

Ecrit le 06 nov.16, 02:25

Message par Trotmany »

Salut Ase ! :Bye:
Ase a écrit :Sur l'écusson, on y lit le hiéroglyphe : t3 s3 sw w / y h w3 (w) qui se lit "ta sasûw yehûa(w)" et se traduit en "le pays des shasus (bédouins au nord du Sinaï), ceux de Yehua(w)".
Peut-on envisager que "Moïse" soit venu réclamer la sortie de Shasous à un pharaon Hyksôs, parent de Yaqoub-Har ?

Sur le thème de ton sujet, je te propose deux extraits du Dictionnaire universel Dieux déesses démons des éditions du Seuil.
Son nom (YHVH) apparaît dans les textes égyptiens dès le XIVe siècle av. J.-C. dans la formule ta shasou-ou yehûa-ou : "le [pays] des Shashous de Yehûa [Yahvé]" (inscription de Soleb) où Shasous désigne des nomades et Yahûa, un territoire sans doute voisin du mont Séir, à moins qu'il ne s'agisse d'une abréviation de Bayît Yehûa : "temple/maison de Yahvé".

Comme ces Shashous avaient pour principale activité l'exploitation des mines de cuivre, Yahvé était sûrement un dieu de la métalurgie, peut-être même le premier. En effet, c'est dans cette région qu'ont été inventée, à la fin du néolithique, les techniques permettant la réduction du minerai, sa purification et les premiers alliages. On retrouve une trace de la culture métallurgiste dans les trois "signes" donnés à Moïse avant son retour en Égypte (Ex 4,1-9). Ces signes s'apparentent à des énigmes conçues par un bronzier à l'intention de ses pairs.

- Le premier est le bâton que Moïse doit jeter à terre et qui se transforme en serpent. Il s'agit évidemment d'une image de la fonte du bronze, dont le nom hébreu, nehoset, ressemble au féminin du mot "serpent" (hébreu nahas : "serpent", nahasat : "serpente"). Un pareil jeu de mots se retrouve dans le nom même du buisson ardent qui brûle sans se consumer, comme le métal. Le buisson se dit senèh en hébreu, un homophone de l'assyrien sinnu, "bronze".
- Le deuxième signe, qui consiste pour Moïse à placer sa main dans la poche de sa tunique, de l'en ressortir lépreuse "blanche comme neige" avant de lui rendre sa carnation par un second passage par la poche, est une description des effets de la chaleur sur un bronze "malade" couvert de sulfates corrosifs qui blanchissent en séchant et pour lequel la refonte est nécessaire.
- Le troisième signe, selon lequel Moïse doit verser de l'eau du Nil sur de la "terre sèche" pour la transformer en sang, décrit certainement un moyen d'évaluer la présence de cuprite dans un filon en mouillant la poussière. La cuprite est le meilleur des minerais et elle est d'un rouge sanguin à l'inverse des dioxydes verts, comme la malachite, plus longs à réduire.

Ce n'est donc pas un hasard si le peuple d'Israël fait son entrée sur la scène historique vers 1210 av. J.-C., à l'époque du pharaon Merenptah. À cette époque, le royaume d'Alashyia (Chypre), principal producteur de cuivre, est sous la menace grandissante des "Peuples de la mer", envahisseurs belliqueux venus du nord. Merenptah doit impérativement trouver une autre source de métal pour ses armées en guerre. En se vouant à Ptah-Tatenen, dieu métallurgiste, et en déplaçant sa capitale à Memphis, capitale des bronziers, il espère se concilier les Shashous de l'Arabah. L'exploitation de smines de cuivre "édomite" de Punôn (Feynan), du Wadi abu Kusheiba et de Timna est alors relancée. Mais le joug de l'Égypte est mal vécu par les locaux, et une révolte de grande ampleur éclate. Elle constitue probablement le pivot historique autour duquel s'articulera le récit de l'Exode. Le temple égyptien de Timna est saccagé et une tente polychrome, qui ressemble beaucoup au tabernacle décrit dans la Bible, y est dressée.

On peut supposer que Yahvé joue un rôle central dans cette rébellion. Sans doute permet-il de fédérer, autour d'un noyau "qénite", les tribus de Canaan bientôt connues sous le nom d'Israël. Chez les Édomites, les successeurs des Qénites, Yahvé prendra le nom de Qôs. Au moins deux arguments permettent d'affirmer que Yahvé et Qôs sont un seul et même dieu.

Le premier est l'absence de mention biblique du dieu édomite alors que les dieux nationaux des peuples voisins d'Israël sont toujours cités. Le second est d'ordre archéologique. Une inscription découverte à Kuntillet Ajrub dans le Néguev, qui était un caravansérail appartenant au royaume d'Israël au VIIIe siècle av. J.-C., mentionne à côté du "Yahvé de Samarie" un "Yahvé de Téman" où Téman désigne le Sud (Édom et l'Arabie du Nord-Ouest).

Qôs était ainsi le dieu des montagnes cuprifères dont la plus importante était probablement le mont Séïr/Sinaï (peut-être le Djebbel Haroun, à l'est de la dépression de l'Araba) et que les Nabatéens appelleraient Shara des siècles plus tard. Ils lui donneraient quant à eux le nom de Dushara, "celui du Shara", formule identique au Zé Sinaï "celui du Sinaï" de la Bible.

kaboo

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Re: Eyah / Yehua(w) / Yahvé

Ecrit le 11 nov.16, 10:24

Message par kaboo »

Bonjour.

Je sais qu'un lien devrait être accompagné d'un descriptif mais, je pense que celui-ci pourrait être utile à ce sujet.
http://www.yhwh.fr/hebreux-egypte

A priori, les Juifs seraient issus des Egyptiens.
Désolé. C'est très long à lire mais la piste Egyptienne est intéressante.

Les principaux personnages de l'AT et du NT ne sont-ils pas liés à l'Egypte ?
Matthieu 2:13
Lorsqu'ils furent partis, voici, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, et dit: Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, fuis en Egypte, et restes-y jusqu'à ce que je te parle; car Hérode cherchera le petit enfant pour le faire périr. Joseph se leva, prit de nuit le petit enfant et sa mère, et se retira en Egypte.
Exode 2:1
Un homme de la maison de Lévi avait pris pour femme une fille de Lévi. Cette femme devint enceinte et enfanta un fils. Elle vit qu'il était beau, et elle le cacha pendant trois mois. Ne pouvant plus le cacher, elle prit une caisse de jonc, qu'elle enduisit de bitume et de poix; elle y mit l'enfant, et le déposa parmi les roseaux, sur le bord du fleuve. La soeur de l'enfant se tint à quelque distance, pour savoir ce qui lui arriverait.
La fille de Pharaon descendit au fleuve pour se baigner, et ses compagnes se promenèrent le long du fleuve. Elle aperçut la caisse au milieu des roseaux, et elle envoya sa servante pour la prendre. Elle l'ouvrit, et vit l'enfant: c'était un petit garçon qui pleurait. Elle en eut pitié, et elle dit: C'est un enfant des Hébreux! Alors la soeur de l'enfant dit à la fille de Pharaon: Veux-tu que j'aille te chercher une nourrice parmi les femmes des Hébreux, pour allaiter cet enfant? Va, lui répondit la fille de Pharaon. Et la jeune fille alla chercher la mère de l'enfant. La fille de Pharaon lui dit: Emporte cet enfant, et allaite-le-moi; je te donnerai ton salaire. La femme prit l'enfant, et l'allaita. Quand il eut grandi, elle l'amena à la fille de Pharaon, et il fut pour elle comme un fils. Elle lui donna le nom de Moïse, car, dit-elle, je l'ai retiré des eaux.
Genèse 12:14
Lorsque Abram fut arrivé en Egypte, les Egyptiens virent que la femme était fort belle. Les grands de Pharaon la virent aussi et la vantèrent à Pharaon; et la femme fut emmenée dans la maison de Pharaon. Il traita bien Abram à cause d'elle; et Abram reçut des brebis, des boeufs, des ânes, des serviteurs et des servantes, des ânesses, et des chameaux.
Pourquoi toutes ces références à l'Egypte ?

Cordialement. :hi:

PS : Voir aussi ce lien ==> https://books.google.fr/books?id=c2SZAw ... eu&f=false
Sortez de mon ordi Image

pauline.px

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Re: Eyah / Yehua(w) / Yahvé

Ecrit le 18 nov.16, 22:10

Message par pauline.px »

Bonjour Kaboo,
kaboo a écrit :Je sais qu'un lien devrait être accompagné d'un descriptif mais, je pense que celui-ci pourrait être utile à ce sujet.
http://www.yhwh.fr/hebreux-egypte
Je respecte Fabre d'Olivet mais il est décédé en 1825, j'imagine que les thèses scientifiques actuelles sont mieux étayées.
L'alphabet hébreu est davantage lié à celui des Phéniciens qu'aux idéogrammes égyptiens.
kaboo a écrit : A priori, les Juifs seraient issus des Egyptiens.
Désolé. C'est très long à lire mais la piste Egyptienne est intéressante.
Intéressante surtout parce qu'elle reste très énigmatique.
Les Coptes et les Sémites sont des ethnies différentes et leurs langues n'appartiennent pas à la même famille,
Les Hyksos sont certes des sémites mais ils sont très antérieurs à la présence supposée des descendants de Jacob,
Moïse est sûrement un patronyme égyptien mais il n'y a pas de traces archéologiques de l'Exode.
Le Nom Yahvé semble plutôt d'origine édomique voire arabe.
etc.

Ce qui est sûr c'est que très longtemps l'Égypte a dominé Canaan et que les Lagides contrôlaient encore cette région au IVème siècle, et que l'Égypte en tant que région agricole très prospère a toujours constitué un refuge en cas de crise en Canaan.

Alors d'où sort le mythe de l'Exode ? Pourquoi a-t-il surgi ? Quelle est sa fonction ?
Une hypothèse est que ce mythe a servi à légitimer l'autorité des exilés de Babylone qui ont imposé leur pouvoir contre les Hébreux restés en Canaan.

Très cordialement
votre sœur
pauline

Trotmany

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Re: Eyah / Yehua(w) / Yahvé

Ecrit le 18 nov.16, 22:55

Message par Trotmany »

pauline.px a écrit :Les Hyksos sont certes des sémites mais ils sont très antérieurs à la présence supposée des descendants de Jacob,
Bonjour Madame,

Pourriez-vous étayer ce point ?
C'est effectivement l'avis général. Je me demande sur quels éléments est basée cette datation supposée. Est-il inconcevable d'interpréter les événements de l'exode comme un fait beaucoup plus ancien ? Je pose cette question car le site d'Har Karkom est extrêmement séduisant pour situer géographiquement le mont Sinaï. Mais cette attribution situerait l'Exode à mille ans avant ce que l'on estimait précédemment.

Aussi, si cette datation coïncide avec la présence hyksos en Égypte, voir avec le règne de Yaqoub-Har (que certains traduisent par fils de Yacob), on pourrait au minimum supposer que le récit de l'Exode s'inspire fortement de ces faits historiques.

Bien à vous,
Trotmany


Un autel à sacrifice ?

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Une menorah ?

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Un serpent d'airain ?

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pauline.px

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Re: Eyah / Yehua(w) / Yahvé

Ecrit le 20 nov.16, 02:07

Message par pauline.px »

Bonjour Trotmany
Trotmany a écrit :Pourriez-vous étayer ce point ?
Je ne suis pas archéologue ni chercheuse universitaire je n'ai donc que des arguments de seconde main.

Pour fixer une datation crédible de l'Exode, il faudrait déjà pouvoir démontrer son historicité.

Si l'on admet que l'Exode repose sur un seul épisode historique alors la seule source disponible est le Testament Premier.
L'évocation de certains noms propres comme Ramsès ou Pithom... suggère une datation qui ne remonte pas avant Ramsès 1er, disons pour simplifier -1300 à - 1100.

Puis, la présence en Égypte des Hyksos se situe environ entre -1700 et -1500

Enfin le site archéologique de Har Karkom semble déserté de -1900 à -1000.


On se retrouve donc, dans l'état actuel de nos connaissances, à trois plages de datation très distinctes (au moins deux siècles d'écart entre deux plages consécutives) et, en définitive, incompatibles entre la plus haute et la plus basse.
Alors certes comme pour les innombrables hypothèses du même genre on peut balayer ces objections avec divers arguments subtils.
Mais il reste que le consensus scientifique ne valide guère cette thèse, les critiques sont mêmes acerbes.

Pour moi, ou bien la Bible nous informe à sa façon sur un épisode historique, avec une part naturelle d'exagération et de distorsion, je peine à imaginer que cet épisode puisse se situer très longtemps avant les premières traces archéologiques du peuple Hébreux ou des Shasous ou des Apirous. Mais je veux bien admettre que certains faits historiques comme l'expulsion des Hyksos ou de telle ou telle communauté ont pu servir de base au récit de l'Exode.

Par contre il est possible que la Bible ait formulé un mythe à partir d'éléments épars et alors il n'est nullement nécessaire de placer la montagne de la Révélation en Égypte, ou dans le Sinaï ou n'importe où ailleurs.

Mon sentiment est que parallèlement aux diverses hypothèses de localisation ou de datation il faut avoir en tête aussi l'hypothèse que l'Exode n'a guère de valeur historique. La rigueur historique des Écritures hébraïques est-elle si importante pour notre foi ?

Très cordialement
votre sœur
pauline

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