Afin de mettre tout le monde d'accord...
Pour clore le bec des sceptiques, le journaliste américain Michael Drosnin, auteur du best seller mondial,
La Bible : le code secret, lance un défi dans le magazine Newsweek : «
Si ceux qui me critiquent arrivent à trouver dans Moby Dick un message codé annonçant la mort d’un premier ministre je les croirai ».
Mais tel est pris qui croyait prendre. Brendan McKay, professeur de mathématiques à l’Université nationale d’Australie, parcourt le texte anglais de Moby Dick et y découvre pas moins de neuf annonces d’assassinat d’un premier ministre… dont celui de Yitzhak Rabin !
Plus impressionnant encore, chacune de ces annonces est accompagnée de mots correspondant à des détails de l’événement. Le clou de décodage de McKay : la mort de Lady Di, codée dans Moby Dick à côté des noms de son amant et du chauffeur du véhicule.

Comment expliquer ce résultat surprenant ?
La probabilité de trouver un mot à partir de lettres disposées au hasard décroît avec la taille du mot de façon exponentielle. S’il y a un peu moins d’une chance sur 10 000 de trouver par hasard un mot de 3 lettres préalablement choisi, il n’y en a qu’une sur 100 millions pour un mot de 6 lettres et une sur 1000 milliards pour un mot de neuf lettres. Rapporté à des textes ayant une centaine de milliers de caractères, on comprend que l’on puisse trouver certains mots de 4 lettres mais plus difficilement des mots de 7 ou 8 lettres.
C’est oublier un peu vite que l’on ne fait pas une seule lecture du texte. Le code cherche à composer des mots à partir de lettres régulièrement espacées. Ces « sauts » de lettres vont de 1 à une fraction de la taille totale du texte (plusieurs milliers de caractères). On fait autant de lectures qu’il y a de sauts possibles : cela multiplie d’autant les chances de trouver un mot. Il n’est donc pas étonnant de trouver dans la Torah ou dans Moby Dick un mot de 6 lettres préalablement choisi !
Eliyahu Rips (élève du rabbin Michael Ben Weissmandel qui mena des recherches sur l’Ancien Testament) et ses collaborateurs se sont trompés en affirmant que des codes élaborés ne se trouvent que dans la Bible. Mais ils n’ont pas nécessairement tort quand ils disent que les noms des sages y sont plus fréquents que la normale. Pour se faire une idée, il faut comparer ce qui est comparable, et donc partir d’un texte en hébreu car cette langue facilite l’apparition de mots codés.
Brendan McKay décide d’étudier avec Dror Bar-Nathan une partie du texte hébreu de Guerre et Paix de Tolstoï contenant autant de caractères que la Genèse. Ils obtiennent des résultats identiques, voire meilleurs que ceux des Israéliens… La raison en est simple : les travaux initiaux de Rips comprennent de nombreuses erreurs méthodologiques et des choix subjectifs qui permettent de grossir les chiffres des probabilités.
Pourquoi est-ce plus facile avec l’hébreu ?
L’hébreu est une langue qui facilite l’apparition des mots quand on en « décode » un texte. Plusieurs raisons à cela :
Tout d’abord, l’alphabet hébraïque compte 22 lettres pour 26 dans l’alphabet roman. Ainsi, à nombre égal de lettres, un mot en hébreu a plus de chance d’apparaître qu’un mot en alphabet roman. Et plus la longueur du mot est importante, plus cela est vrai. Un mot de quatre lettres a par exemple deux fois plus de chance d’apparaître dans un texte aléatoire en hébreu que dans un texte aléatoire en alphabet roman. En effet, il y a 26 x 26 x 26 x 26 = 456 976 combinaisons de 4 lettres romanes pour 22 x 22 x 22 x 22 = 234 256 combinaisons 4 lettres hébraïques (c'est-à-dire environ deux fois moins).
Encore plus intéressant, il n’y a pas de voyelle ou presque en hébreu. La plupart des mots sont composés de consonnes et les voyelles sont à « deviner ». Cela ne pose pas de problème à la lecture car ce sont les consonnes qui donnent sens au mot. Mais cela raccourci grandement la taille des mots et rend donc beaucoup plus probable leur apparition lors d’un procédé de « décodage ».
Dans le même esprit, un grand nombre de mots hébreux ne sont composés que de trois lettres. Et réciproquement : parmi toutes les combinaisons de 3 lettres possibles, 60% correspondent à un mot en hébreu. Cela veut dire que plus de la moitié des mots de 3 lettres décodés dans la Thora ont un sens…
Indépendamment de ces aspects mathématiques, l’hébreu présente aussi l’avantage d’être une langue peu connue du grand public. Nombre des « prédictions décodées » dans la Bible sont encore plus obscures en hébreu (sens approximatif des mots, fausse grammaire, etc.) et ne trouvent de sens que parce que l’on veut bien leur en donner…
Le Pr. Brendan McKay a appliqué à la lettre la méthode de recherche des « codes » dans le texte anglais de Mobby Dick. Il a tout d’abord choisi le mot anglais « OCEANS » et en a recherché toutes les apparitions « codées ». Résultat : 13 905 occurrences !
Il a ensuite cherché d’autre mots à côté de chacune de ces occurrences afin d’obtenir des phrases ayant un sens fort. Dans l’un des 400 premiers tableaux il trouve la phrase « OCEANSHOLDJOY » (« Les océans détiennent la joie »).
Il calcule alors la probabilité que cette phrase soit formée au hasard. Résultat : 1 chance sur 14 millions. À peu de chose près la probabilité de cocher les 6 bons numéros au Loto.
Surprenant ? Ce n’est pourtant que le résultat d’un raisonnement a posteriori.
De la même façon, lancez 30 fois une pièce de monnaie et notez les résultats pile/face. Demandez-vous ensuite (a posteriori) la probabilité d’obtenir un tel tirage. Une chance sur 2 à la puissance 30, soit une chance sur un milliard environ, et ce quelque soit votre résultat. Une chance sur un milliard cela paraît très faible et pourtant tous les lancers réalisables ont cette même probabilité de sortir. La série de pile/face n’est donc qu’une série parmi tant d’autres.
Évaluer une probabilité a posteriori n’a pas plus de ce sens que cela : brandir des chiffres impressionnants à partir d’un résultat banal.
Drosnin affirme dans son livre que « toutes les Bibles en hébreu actuellement disponibles sont concordantes lettres pour lettres ». C’est totalement faux ! Aucun original de la Bible n’est connu, et parmi les nombreux manuscrits qui en contiennent des fragments, de nombreuses différences existent. Rips et ses collaborateurs ont travaillé à partir du « Codex de Leningrad » qui est une copie postérieure à l’an mille...
Or l’existence de tel message trouvé dans la Torah dépend totalement du choix du texte. Comme les « sauts de lettres » sont de longueur constante, enlevez une ou plusieurs lettres et le message codé disparaît !
En partant du même codex, d’autres mathématiciens et statisticiens comme le Dr. James Price ont trouvé dans la Bible, des codes « négatifs » comme « Dieu est détestable », « Haïssez Jésus » mais aussi des codes contradictoires : « Il y a un Dieu » et « Il n’y a pas de Dieu ».
Derrière l’affaire du « code secret » se cache donc l’erreur classique qui consiste à voir de la structure dans le hasard et à en déduire qu’il s’agit là d’une information. L’origine de cette erreur est simple : nous sommes toujours surpris par l’apparition de formes et de figures lors de processus aléatoires. La forme des nuages ou encore les cratères sur la Lune stimulent notre imagination. Si le « code secret » ne peut être pris au sérieux, chacun peut continuer à s’en amuser. À défaut d’avoir révélé à l’homme l’existence de messages mystiques, Rips et son équipe nous ont offert un nouveau jeu où l’imagination est nécessaire et l’étonnement sont au rendez-vous !
http://www.zetetique.org/code_bible.html
On ferait le même constat avec le Coran ou tout autre livre, que ce soit avec des lettres ou avec des nombres... Il n'y a rien de "secret", de "magique" ou de "divin" là-dedans. Encore et toujours des balivernes (pour rester poli) dont le but est de faire approuver ou confirmer malgré tout le bienfondé des dogmes religieux et des religions. Pathétique... 