Qui était David Olère ? Quelqu’un qui eut la triple malchance :
1 - d’être juif en Europe occupée par les nazis en 1940,
2 - d’avoir été raflé et déporté à Auschwitz,
3 - d’avoir été, une fois sur place, sélectionné pour travailler dans le pire des commandos possibles : les Sonderkommandos.
Deux particularités (entre autres) font de lui un être remarquable : 1 – il a survécu, 2 – c’était un artiste peintre.
Il avait également une mémoire exceptionnelle, quasi-photographique, qui lui a permis à son retour de captivité de retranscrire par le dessin et la peinture tout ce qu’il a vu et enduré. De fait, en faisant partie par son vécu du noyau le plus proche du cœur du drame, ses œuvres ont pu témoigner de façon précise et saisissante de la catastrophe inédite qui s’est joué en ce lieu.
David Olère, juif d’origine polonaise, est déporté en mars 1943 à Auschwitz. A son arrivée sur la rampe de Birkenau, par le fait du hasard du moment, il est désigné pour intégrer les commandos spéciaux (les Sonderkommandos), soit les prisonniers chargés de brûler les corps des personnes mises à mort dans les chambres à gaz. Il l’a vu, il l’a peint tel quel.
Ainsi, David Olère a reproduit dans leur moindre détail les fours crématoires qu’il a connu et pratiqué, ceux-là mêmes qui ont été dynamités par les allemands à leur départ en janvier 1945. On a comparé les dessins de l’artiste à des photos de ces fours retrouvées après la guerre chez des SS ou aux plans des fabricants allemands de ce matériel (la firme Topf en l’occurrence), ils sont rigoureusement exacts.


Dans le dessin ci-dessous on voit les bâtiments renfermant l’installation de la solution finale, le KIII (crématoire 3). Les personnes valides et non sélectionnées y venaient à pieds après la descente des trains, les autres (vieillards, malades, femmes enceintes…) étaient transportées en camions (comme celui que l’on voit au fond, à droite). Le dessin correspond aux rares photos prises par quelque SS.



De nombreux dessins ou toiles montrent également l’expérience dramatique vécu par les déportés dans cet enfer : les regards des arrivants où se lit une terreur hallucinée, l’incroyable condition d’automate à laquelle étaient réduits les humains de ce lieu, les punitions et conditions de vie atroces au quotidien. Tout cela dans un environnement d’outre-tombe, de fin des temps, sous le regard d’acier des SS qui visiblement sont dans leur élément et abusent de leur toute puissance sadique.
David Olère réussit grâce à ses talents de peintre à échapper aux divers renouvellements des effectifs des Sonderkommandos qui étaient régulièrement éliminés et parvient en janvier 1945 à quitter Auschwitz en participant aux terribles « Marches de la mort ». Elles consistaient, sous surveillance des SS, à évacuer le camp en marchant dans la neige pendant des dizaines de kilomètres, sans nourriture et avec ce qui avait pu être trouvé dans le camp pour se protéger du froid, le tout par des température allant jusqu’à - 20°. Ceux qui ne marchaient pas étaient abattus sur place. Le chemin menait d’un camp à un autre où souvent la mort était encore au rendez-vous. L’ironie du sort a fait que ceux qui étaient trop faibles pour quitter Auschwitz, comme Primo Levi alors atteint du typhus, ont été libérés et sauvés par l’armée Rouge une semaine ou 10 jours plus tard, alors que des milliers de personnes ont pensé survivre dans la fuite (pensant que ceux qui restaient seraient exterminés) mais sont mortes lors de ces marches hallucinantes ou bien à leur arrivée dans les camps de leur destination surpeuplés où régnaient d’énormes épidémies.
Voici ce que peignait Olère avant la guerre : affiche de film.
Après il s’est principalement consacré à peindre et témoigner de ce qu’il a vu et vécu en ce lieu oublié de Dieu.
Pour plus d'infos sur les Sonderkommandos, ce site leur est intégralement consacré : http://www.sonderkommando.info/index.php