pauline.px a écrit : 19 oct.20, 19:56
Bonjour Disciple Laïc,
1 ) Si vous rencontrez D.ieu, béni soit-Il, et qu'Il ne vous donne pas la réponse que vous souhaitez que faites-vous ?
Que faire si le divin qui existe ne colle pas à nos attentes ?
2 ) Voulez-vous dire que vous ne pouvez aimer qu'un D.ieu, béni soit-Il, qui Se débrouillerait en permanence pour empêcher les péchés en action comme les péchés par omission au lieu de laisser cette tâche aux humains ?
Très cordialement
votre soeur
pauline
J'ai déjà poser la question de la souffrance au Dieu dans lequel je croyais, il y a 20 ans environ. Ce ne fut pas agréable, la réponse ou plutôt l'absence de réponse ou de solution. Expérience mystique ou perturbation chimique dans mon cerveau au moment des faits ? Les 2 explications sont possibles (y avait un contexte médical). Je n'ai compris le sens de cette expérience ou du moins je ne lui ai donné un sens que grâce au Bouddha 10 ans plus tard. Environ. Et ce que j'ai vécu intimement (peut être) et ce que je vois autour de moi et ce qui est confirmé par un prêtre catholique lui-même dans une vidéo (le Père Guggenheim) ne font que confirmé que le Bouddha dit vrai.
Il y a 3 possibilités pour moi :
- 1) le personnage décrit dans la Bible et le Coran sous le non de "Dieu" est une pure invention humaine (et j'estime avoir un nombre d'arguments suffisant pour le penser et le croire, des arguments qui n'ont rien d'originaux, d'autres les ont avancé, déduit, exprimés bien avant moi).
- 2) le personnage de Dieu existe bel et bien, il a de bonne intentions mais il se croit plus que ce qu'il est, il promet ce qu'il ne peut pas tenir, et son caractère, sa psychologie, n'est guère meilleure que la mienne, il a les même problèmes émotionnels que moi, les même limites à ce niveau, il ne peut donc en rien m'aider et aider les hommes même si il le croit lui. Il ne diffère que par la puissance et la longévité, non par la sagesse et la maîtrise de soi. Et dans la Bible "Dieu" n'est pas maître de ses passions, et les conséquences sont désastreuses, beaucoup d'hommes en souffrent. Donc il n'y a rien a craindre d'un tel personnage, il est tout aussi faillible que moi car ses émotions néfastes le guident aussi bien que ses bonnes intentions. Il se laisse aller à la colère, à la haine, à la jalousie, à l'égocentrisme, au besoin de reconnaissance (comme un enfant). D'ailleurs Spinoza l'avait remarqué aussi. (J'ai entendu hier une très belle conférence de Frédéric Lenoir sur Spinoza, je la posterais ici. Et Lenoir est chrétien, je précise, du moins un certain type de chrétien, il admire aussi beaucoup Socrate et le Bouddha et énormément Spinoza). Si ce personnage existe bien, je ne le crains pas.
- 3) le personnage décrit dans la Bible sous le nom de Dieu est vraiment ce qu'il prétend être et dispose vraiment du pouvoir d'infliger autant de terrible souffrance qu'une béatitude extraordinaire mais nous sommes tous ses jouets, et alors nous sommes tous très très mal barrés. Et il faut faire tout son possible pour lui échapper. Car si il est vraiment comme le décrit la Bible au niveau caractère, c'est comme un macaque avec entre les mains le pouvoir de l'atome. Un être très perturbé.
Je trouve les options 1 et 2 plus confortables
J'ai demandé au divin de coller comme vous dites non pas à mes attentes mais à ce qu'il est vendu et présenté dans la Bible, du moins à l'époque je n'avais qu'une connaissance très partielle de la Bible, l'on m'a toujours montré le positif, au pire un peu de culpabilisation mais sans plus. Peut être ai je demandé au divin d'être à la hauteur de ce qu'il prétendait être dans le Nouveau Testament : meilleur que moi. Plus patient, plus doux, capable de m'aider quand j'en avais besoin mieux que je ne m'aidais moi même. De me rassurer, d'être vraiment là, que cela se sente.
Et comme j'ai finis par me désillusionner sans l'avoir cherché d'ailleurs et quelque part grâce ou a cause de l'Eglise et de gens qui s'expriment comme Arké (des juges et non des gens d'amour, de coeur et de paix), et que j'avais toujours mes problèmes, heureusement un autre est arrivé au bon moment sans que je m'y attende et que j'ai rien demandé, et cet autre lui m'aide efficacement a être plus heureux, à moins souffrir, je le sens, il y a un effet, c'est efficace. Il répond à mon besoin et ne me promet pas plus. La douleur fut grande voyez vous quand la Foi en Dieu s'est effondrée. En plus cela coïncidait en gros avec la fameuse "crise de la quarantaine".
Pour votre seconde question je ne sais pas comment y répondre. Mais je suis au moins très conscient que mes capacités d'amour sont très limitées (je ne peux pas dire que j'aime des gens comme Arké, il met ma patience à rude épreuve comme j'éprouve aussi surement la sienne mais au moins il m'apprend a être patient et équanime), j'aurais envie de faire mieux, mais je suis bien obligé de reconnaître que je suis encore loin de l'amour et de la compassion universelle d'un bouddha. Moi au moins j'en suis conscient, cela ne me plait pas, mais je ne prétend pas être ce que je ne suis pas. Je m'efforce d'être un "bon" bouddhiste mais je suis bien conscient d'avoir encore beaucoup de chemin a faire. Heureusement le Bouddha lui ne me juge pas. Je suis mon propre sauveur et mon propre bourreau. Je suis avant tout responsable de mes propres souffrances. C'est très très dure a accepté la totale et entière responsabilité. (Mais pas dans l'optique d'Adam et Eve, de l'Eden etc... nous en parlons déjà ensemble vous et moi).
Dans le Christianisme Dieu juge, c'est une personne, elle demande et offre, son Paradis n'est pas gratuit. Le Bouddha ne me juge pas, ne me condamne pas, la loi du karma est impersonnelle. C'est moi seul qui ai le pouvoir de la comprendre assez bien pour faire avec et ne plus en être victime ou jouet.
En plus comment je pourrais aimer ou ne pas aimer quelque chose qui pour moi a de très forte chances de ne pas exister du tout ? Détester des gens, des humains ça je peux. Une fois même j'ai découvert la haine vis à vis de quelqu'un, et je n'ai pas du tout aimer cela... mais l'on m'avait blessé beaucoup, trahi a mes yeux, quelqu'un qui comptait beaucoup pour moi. C'était il y a longtemps je n'avais pas à l'époque "l'outillage" bouddhique pour m'aider.
Je crois en tout cas que, tel que j'ai compris le personnage du Bouddha, le Bouddha historique, lui avait une compassion et un amour (selon les définitions bouddhiques de l'amour et de la compassion) qui étaient sans limites, donc lui avait le même regard bienveillant et sans haine pour les démons, les esprit affamés, les animaux, les devas et les dieux. Tous. Car il était convaincu que tous souffraient et que tous méritaient sa compassion. Sans exception. Et il n'exigeait rien en échange, aucun culte. Et ne menaçait personne de l'enfer si on ne l'écoutait pas et on ne le croyait pas. Chacun pour lui est responsable de son enfer et de son paradis.
Il y a des récits non canonique qu'on appelle des Jatakas. Ce sont des comptes édifiants, un peu comme des fables morales, plutôt destinées aux enfants. Ou aux gens très peu instruits. Ces récits sont sensés racontées les vies passées de celui qui allait devenir Siddharta Gautama le Bouddha, et au moins dans l'une d'elle il connaît l'Enfer, car il s'est mal conduit, et en souffre beaucoup. Mais parce qu'il fait preuve de compassion dans cet Enfer, il n'y reste qu'un temps et renaît dans un plan d'existence moins pénible. On dit aussi dans les légendes qu'avant de naître celui qui allait devenir le Bouddha attendait dans un "Paradis", un plan d'existence divin. Et c'est de là qu'il est parti pour entrer dans le ventre de sa mère pour devenir Siddharta. Mais évidemment ce sont des légendes bouddhiques, on y croit ou pas. Moi je ne sais pas.
Vous posez l'habituelle question de la l'intervention ou non de Dieu, du respect ou non de la liberté de l'homme et de sa responsabilité. Pour moi ces questions sont très insatisfaisante car aucune réponse n'est satisfaisante.
Soit Dieu est tout puissant et bienveillant dans ce cas il n'a pas d'autre choix que d'intervenir constamment pour nous protéger mais dans ce cas il nous prive de notre liberté et donc de notre responsabilité, de la responsabilité de nos actes et aussi du mérite de nos bonnes actions.
Soit il renonce sciemment a intervenir par respect pour notre liberté et pour nous responsabiliser, mais dans ce cas il tolère le mal, la souffrance, il les laisse se manifester. Et nous souffrons.
C'est toute la question de la Théodicée :
Une théodicée (du grec Θεοũ δίκη, « justice de Dieu ») est une explication de l'apparente contradiction entre l'existence du mal et deux caractéristiques propres à Dieu : sa toute-puissance et sa bonté.
Et a ce que j'en ai lu vite fait tous les arguments avancés par ceux qui pratiquent la théodicée, qui ont essayé d'argumenter en ce sens, depuis Leibniz, sont réfutables.
Assez tôt dans le bouddhisme j'ai lu, on m'a dit, j'ai compris : ne cherchez pas à comprendre le divin, vous n'y arriverez jamais, les dieux sans trop différents, vous perdrez votre temps et de tout façon ils ne peuvent rien pour nous. Occupez vous de ce qui est à votre portée et que vous pouvez faire. Votre propre bien et celui des autres.
Pour moi ces questions théologiques ne peuvent être que pénibles pour un croyant. Car elles sont insolubles. Les réponses insatisfaisantes.
Et le Bouddha recommande d'éviter tout ce qui nous fait souffrir. Possible qu'il me reste un fond de colère contre le Christianisme, ce qu'il est devenu, non pas contre un hypothétique "Dieu" mais contre les hommes qui ont parlé en son nom. Qui de m'on point de vue m'ont menti et on trahi souvent Jésus. J'aime bien Jésus, j'ai de la sympathie pour lui. Un homme bon, et juste et qui a souffert à cause de cela. Et qui est resté en accord avec ses principes il est mort pour ses idées. Ça je respecte. Arké trouve que j'ai trahi Dieu et Jésus ? Pour moi c'est l'Eglise qui a trahi la parole de Jésus et m'a trahi.
Et comme ni Jésus ni Dieu n'ont éviter cela...
J'avais une foi très enfantine je l'admets, nourrie a coup de péplum et de catéchèse donnant une image exclusivement positive de la religion catholique. Un enfant qu'on trahi n'oubli pas. Il peut pardonné mais il n'oubli pas. Et c'est un homme, le Bouddha, au travers d'un maître zen contemporain qui m'a dit : non, ne leur en veut pas, car tu te fais du mal en le faisant. C'est un maître zen vietnamien qui m'a indiqué de ne pas devenir un bourreau de ceux qui m'avaient fait du mal.
Derrière ma "conversion" au bouddhisme ou mon "apostasie" du christianisme il y a une souffrance. Et cette souffrance c'est le Bouddha qui m'aide à la soigner, celle là et d'autre. Voyez vous la loyauté, la trahison... c'est important pour moi.
C'est quelque chose que je peux vous dire a vous car je crois que vous pouvez comprendre et entendre, Arké non. Il est trop dans le blâme et le jugement pas assez dans l'amour et la compassion.
Jésus lui a cherché à guérir bien plus qu'a juger. Enfin je trouve.
Vous comprenez
