Le débat sur l'efficacité du vaccin me parait être un faux débat, je considère que l'efficacité du vaccin est réelle mais modeste (le vaccin est inefficace contre le transmission et réduit mais n'évite pas les formes graves, 40 % de vaccinés en soins critiques, reconnaissons qu'il a évité une aggravation de la situation sanitaire ... dans quelle mesure ???).
Les questions du libre consentement (éclairé), du choix et de la liberté qui sont le fondement de notre médecine me paraissent être le point essentiel. La réduction des risques sanitaires peut-il justifier une atteinte grave à la liberté ???
Un article :
S’il est certain qu’en cas de crise majeure les pouvoirs publics seraient conduits à imposer, le cas échéant par la force publique, des décisions restreignant les libertés, la question se pose, dans une société qui a fait de la réduction des risques une priorité politique, du champ d’application de tels pouvoirs d’exception. L’émergence du principe de précaution environnemental comme
la consécration d’une obligation de précaution sur le champ de la santé ne doivent pas servir d’alibi à
l’hypertrophie du Léviathan sanitaire évoqué en introduction. Une politique de précaution exclusivement mue par le refus du risque peut conduire à un contrôle généralisé de la société. Comme l’écrit Didier Sicard : « Plus la peur se nourrit de science et d’information, plus elle engendre une réponse sécuritaire qui, au cœur de la société, fait l’objet d’un consensus social, plus elle entrave la liberté individuelle, plus elle réduit les choix, et plus elle éloigne l’homme de lui-même et le dépossède de son humanité . »
Santé et recommandation : la liberté conditionnée
Si les politiques de santé publique ont souvent emprunté les voies de la police sanitaire, force est également de constater qu’elles ont depuis un demi-siècle développé une approche incitative et participative de plus en plus affirmée. La promotion de la santé, objectif majeur de l’Oms depuis la Charte d’Ottawa de 1986, repose sur l’information et l’éducation à la santé des populations et sur leur adhésion aux programmes de santé. Tout aussi éclairante a été la réponse de la communauté mondiale à la
pandémie de sida, qui a refusé la contrainte et privilégié une démarche volontaire des individus. Le refus de tout
dépistage obligatoire a même conduit à parler de l’« exceptionnalisme » du sida . Dans le même temps, l’information sur les risques est devenue le ressort premier des politiques de prévention ou de nutrition.
Cette transformation pourrait, en corollaire, affecter les fondements mêmes de l’assurance maladie. Jusqu’à présent, la protection contre la maladie a été placée sous le signe de la fatalité. L’ensemble de la population cotise pour prendre en charge, pour l’essentiel, les frais de santé des personnes frappées par un accident ou une maladie grave. Et ces événements sont regardés comme essentiellement aléatoires. Les développements de la médecine prédictive ou diagnostique pourraient inciter les assureurs santé, soumis à des pressions économiques croissantes, à conditionner certaines prestations au respect de normes médicales ou comportementales. L’information précoce sur les risques encourus par une personne lui imposerait, au regard de sa prise en charge financière, de prendre les mesures permettant d’éviter les pathologies ou de limiter leurs conséquences. À défaut,
l’individu deviendrait partiellement responsable de sa maladie ! On passerait de l’ère de la fatalité à celle de la causalité. Redoutable renversement de perspective.
Aux libertés traditionnelles en matière de santé viendrait s’ajouter un «
devoir de santé » imposant, selon les cas, un régime alimentaire, une activité physique, des traitements médicaux… La liberté serait bien conditionnée par le comportement, du moins pour accéder à des soins remboursés. D’ores et déjà, certains assureurs modulent les cotisations en fonction d’engagements de cette nature pris par l’assuré. Et l’article du code de la sécurité sociale prévoyant la prise en charge à 100 % pour les maladies graves comporte depuis longtemps l’obligation « de s’abstenir de toute activité non autorisée » et « d’accomplir les exercices ou travaux prescrits en vue de favoriser sa rééducation ».
Cette normalisation des comportements face à la santé repose sur un implicite : « Nul homme informé ne peut agir à l’encontre de son intérêt, aussi contraire aux réalités épidémiologiques et sociales que moralisateur dans son principe. La médicalisation de la société porte la menace d’un encadrement des destinées humaines par l’organisation sociale, qui concrétiserait l’inquiétude exprimée par Ivan Illich, dès 1975, de voir : «
la nouvelle politique médicale » transformer « le monde en hôpital pour des patients à vie » !
Entre le leitmotiv de la « responsabilisation » du patient et l’alibi de l’information du consommateur, la santé publique peut se diluer dans une démarche incantatoire et moralisante laissant se développer une médecine non remboursée, notamment en matière préventive ou prédictive, et des clivages de plus en plus accentués entre les modes de vie des différents groupes sociaux. Afin d’éviter cette dérive, la santé doit s’imposer comme l’un des débats politiques majeurs des prochaines décennies. C’est, en démocratie, le cadre dans lequel doit être établi
l’équilibre entre les droits et les obligations mais aussi être fixées les limites de la bioéthique, le niveau des prélèvements obligatoires consacrés à la santé ou les règles de protection du secret des informations sur la santé. Or, malgré des tentatives récurrentes, des états généraux de la santé à ceux de l’organisation des soins, les questions de santé restent à l’écart des campagnes électorales où se scellent les choix fondamentaux.
https://www.cairn.info/revue-pouvoirs-2 ... age-97.htm