L'humanisme peut-il être athée ?

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Erriep

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L'humanisme peut-il être athée ?

Ecrit le 18 avr.06, 21:53

Message par Erriep »

Bonjour à tous. Voici le compte-rendu d'une conférence fort intéressante sur l'humanisme. En dépit du titre, je pense qu'elle concerne tout le monde, y compris les tenants des traditions monothéistes. C'est pour cela que je l'ai posté sur ce salon. C'est un peu long, mais ça en vaut vraiment la peine.
Qu'en pensez-vous ?



L'humanisme peut-il être athée ?

Joël ROMAN - 7 avril 2001

Les pages précédentes ont traité de la place faite à l'humanisme par les grandes religions du livre : judaïsme, islam, christianisme (catholicisme, protestantisme, orthodoxie). L'un après l'autre, les intervenants ont confronté chacune de ces traditions religieuses à une vision philosophique, celle de l'humanisme. A partir de là, en refaisant la démarche en sens inverse, la question à se poser maintenant pourrait être de se demander comment, ou dans quelle mesure, une religion peut véritablement se dire humaniste.

Historiquement, en effet, la perspective humaniste, si l'on se réfère à sa dimension philosophique la plus affirmée, a plutôt été défendue par ceux que l'on qualifiait d'athées ou, du moins, dont la ferveur religieuse était des plus relative. Pour quelle raison ? parce que, si l'on prend, d'une manière ou d'une autre, une perspective qui consiste à mesurer l'homme par rapport à Dieu, ou à évaluer l'homme à partir d'une transcendance, c'est toujours une façon de plus ou moins "relativiser" l'homme, alors que précisément l'humanisme se donne l'homme comme centre, comme point de départ.

De l'homme, mesure de toutes choses ....

Prenons la proposition qui est au cœur de la pensée de Protagoras, l'un des grands sophistes de l'antiquité, que Platon met en scène dans le dialogue du même nom. Elle consiste en l'affirmation que l'homme est la mesure de toutes choses, tout à la fois de l'être et du non-être. Or cette idée que l'homme est la mesure de toutes choses est au fond la proposition centrale de tout humanisme ; et c'est une proposition qui, si on la prend littéralement, est évidemment incompatible avec quelque point de vue religieux que ce soit, puisqu'elle fait de l'homme une référence absolue. Non qu'il s'agisse, en soi, d'une affirmation d'athéisme ; mais c'est d'abord une affirmation de la primauté de l'homme qui entraîne une espèce de "secondarisation" du point de vue religieux, ou encore de relativisme par rapport au religieux.

On retrouve là, pour sa plus grande part, la tradition humaniste, telle qu'a pu notamment la rappeler Pierre-Henri Tavoillot dans la conférence inaugurale de ce cycle, quand il a rappelé les grandes étapes de la construction de l'humanisme : le point de vue critique qui commence avec la Renaissance, le rationalisme classique avec l'émergence de la philosophie du sujet, puis le rationalisme des Lumières. C'est une construction progressive d'une image de l'homme comme être autonome, capable de se déterminer lui-même et, au-delà, capable de se rendre maître et possesseur de la nature, comme le disait Descartes. Toute cette tradition, à vrai dire, n'est pas à proprement parler athée : il y a un Dieu de Descartes. Mais c'est un Dieu philosophique, ce n'est pas vraiment le Dieu de la Révélation biblique, ce n'est pas le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. On le trouverait plutôt chez Pascal, mais il faudrait voir de près quel est le rapport de Pascal à l'humanisme. Il est peut-être difficile de faire rentrer Pascal dans un point de vue strictement humaniste ; il est probablement au contraire l'un des plus résistants à l'idée classique de l'humanisme (cf. la conférence du Père Valadier).

On a donc bien, au point de départ, comme une inversion de la question posée. Non pas "Comment l'humanisme peut-il être athée ?" mais "Comment l'humanisme pourrait-il être religieux ?". Cela fut même pendant très longtemps, semble-t-il, l'une des questions qui faisait que les religions, et notamment le catholicisme, se sont trouvées en lutte avec le point de vue humaniste, parfois de façon extrêmement polémique.

.....à la défense des valeurs d'humanité

Toutefois, dans les périodes les plus récentes, il y a eu une évolution, une sorte de glissement. L'humanisme en est venu à désigner moins une posture philosophique fondamentale, plus ou moins radicale, qu'un point de vue moral, l'idée qu'il y a des valeurs d'humanité, des valeurs communes à l'humanité qu'il s'agit de défendre. On a identifié cette forme d'humanisme à une morale que l'on pourrait dire en gros la morale évangélique - "aimez-vous les uns les autres" - cette morale qui, d'une manière générale, essaie de faire sa part à une certaine qualité de l'être humain.

Tout normalement, dans cette perspective, le christianisme est apparu comme l'un des tenants de cet humanisme moral. A partir de ce moment-là, notre question semble bien alors pouvoir revenir à la forme dans laquelle on l'a posée : "Comment l'humanisme peut-il être athée ?".

Car, face à cette évolution, s'est exprimée une inquiétude au regard de l'athéisme. L'athéisme, se demandait-on, ne serait-il pas un nihilisme et ce nihilisme athée ne ruinerait-il pas la possibilité de construire une morale ? Ne ruinerait-t-il pas les valeurs d'humanité que nous voulons défendre ?

C'est sous cet angle-là que nous allons nous interroger sur la possibilité d'un humanisme athée, non plus alors à partir d'une vision générale de l'homme, qui serait héritée de Protagoras, mais plutôt à partir des conséquences morales d'une perspective athée dont on soupçonne, ou redoute, qu'elle soit nihiliste. Nous le ferons en interrogeant un certain nombre de courants philosophiques dont on a pu penser qu'ils mettaient gravement l'humanisme en question. Chemin faisant, nous nous apercevrons que, peut-être, la question n'est plus tellement aujourd'hui de savoir si l'humanisme peut être athée, mais bien de savoir si, athée ou non, on se range dans le camp humaniste. En conclusion nous essaierons de voir comment, au-delà de toutes les critiques dont il a pu faire l'objet, un humanisme pourrait être refondé pour le siècle qui commence.

L'existentialisme de Jean-Paul Sartre

Le premier grand débat se noua autour du mouvement philosophique dont J.-P. Sartre fut la figure emblématique, une philosophie qui essaie de se passer radicalement de l'hypothèse de Dieu, et qui affirme un immanentisme fondamental. Nous verrons un peu plus loin quelles formes cela prend et les questions que cela pose, mais il faut souligner que cette façon de voir fut exprimée d'emblée de la façon la plus nette et qu'elle s'est trouvée en butte, dans le débat public, à un soupçon très fort de ruiner la morale. Il y a des phrases de Sartre, célèbres (et difficiles !) qui sont caractéristiques :

"Chaque réalité humaine est à la fois projet direct de métamorphoser son propre pour-soi en en-soi pour-soi et projet d'appropriation du monde comme totalité d'être en-soi sous les espèces d'une qualité fondamentale. Toute réalité humaine est une passion en ce qu'elle projette de se perdre pour fonder l'être et pour constituer de même coup l'en-soi qui échappe à la contingence en étant son propre fondement, ens causa sui que les religions nomment Dieu. Ainsi la passion de l'homme est-elle inverse de celle du Christ, car l'homme se perd en tant qu'homme pour que Dieu naisse. Mais l'idée de Dieu est contradictoire et nous nous perdons en vain : l'homme est une passion inutile".

Ce texte de Sartre, très célèbre, apparaît comme à la fois concentrant l'athéisme de Sartre et le danger que ferait peser cet athéisme sur une perspective humaniste puisqu'il débouche sur l'affirmation que l'homme est une passion inutile. S'il en est ainsi, on ne voit pas très bien quel humanisme peut-être construit.

Reprenons ce texte difficile et essayons d'en éclaircir le sens. Dans ce texte Sartre reformule un certain nombre de choses dans un vocabulaire emprunté en partie à Hegel. L'idée est la suivante : l'existence humaine est décrite comme étant sans arrêt cette dimension de projet, de liberté, selon laquelle l'homme ne se définit pas tant comme ce qu'il est (comme extériorité) mais comme ce mouvement par lequel il s'arrache à ce qu'il est. C'est là une description phénoménologique qui est au cœur de l'approche existentialiste de Sartre, cette idée que l'homme est cet arrachement. Cet arrachement, ce projet, c'est ce qu'il appelle le pour-soi, le moment du pour-soi, le moment de l'en-soi étant au contraire celui où l'on retombe en soi et où l'on se retrouve dans des déterminations objectives, des définitions que l'on peut donner de l'extérieur, quelque chose qui peut être décrit et assigné à une place donnée. Or, nous dit Sartre, la difficulté est d'être à la fois en-soi et pour-soi ; si on n'est que le projet, si je ne suis que ce que je ne suis pas encore, toujours en avant de moi-même vers ce que je cherche à être, je "flotte" hors de la réalité ; d'un autre côté, si je retombe en permanence dans ce que je suis, dans ce que les autres disent ou voient de moi, je perds ma spontanéité, ma liberté, ma capacité d'échapper à moi-même qui caractérise l'homme. D'où la difficulté et la tension que vit tout être humain. Au fond l'idée de Sartre est que l'homme cherche à se réaliser comme homme et que précisément il y a là une contradiction fondamentale: je cherche à être en-soi ce que je suis pour-soi. Je cherche à réaliser cette totalité, l'en-soi pour-soi, qui, nous dit Sartre est impossible et reviendrait à être Dieu. D'où cette idée que la passion de l'homme est l'inverse de la passion du Christ.

C'est là le noyau dur de la philosophie de Sartre. Nous sommes au cœur de sa manière de prendre les choses. On voit bien que, à partir de là, on peut tout à fait définir Sartre comme quelqu'un qui n'est pas un humaniste, au sens philosophique du terme. Cette description ne fait pas de l'homme la mesure de toutes choses puisque l'homme n'affirme jamais son être que par la façon dont il s'échappe de lui-même, dont il se projette en dehors de lui-même. D'ailleurs, si pour Sartre il n'y a pas de transcendance, on pourrait presque dire aussi qu'il n'y a pas non plus d'immanence. Chaque homme est pour lui en transcendance perpétuelle par rapport à lui-même. Il n'y a pas une transcendance au-dessus de l'homme, c'est l'être humain lui-même qui est un mouvement de transcendance. Reste qu'une telle perspective peut être qualifiée, au moins sur le plan philosophique, d'anti-humaniste.

Mais du même coup, Sartre va susciter ce reproche que l'on évoquait plus haut, ce soupçon de nihilisme et de destruction de toute perspective morale. D'où des débats extrêmement vifs à l'époque (c'était vers 1945) autour de l'existentialisme sartrien. C'est à ce moment-là que, pour se défendre contre ce soupçon, Sartre a prononcé sa fameuse conférence L'existentialisme est un humanisme où il ne se situe pas sur le terrain de la technicité philosophique mais bien sur le terrain de la façon ordinaire de comprendre le mot humanisme, à savoir comme un humanisme moral. Du point de vue de la morale, dit-il, l'existentialisme que je défends est bien un humanisme. Mais il prend soin de préciser : mon humanisme n'est pas l'humanisme de ceux qui pensent, avec Cocteau, que "l'homme est épatant"; mon humanisme, c'est de dire que la responsabilité de l'homme est au cœur de toutes choses et au cœur de sa dimension morale. La dimension morale consiste à affronter sa propre liberté et sa propre responsabilité. Voilà à partir de quoi je construis un humanisme.

Une telle perspective montre bien qu'il y aura sans cesse chez Sartre une tension entre, d'un côté, une perspective philosophique radicale et critique à l'égard de la philosophie humaniste et de l'autre côté une perspective plus morale et, pourrait-on dire, pédagogique où il s'affirme davantage humaniste, peut-être alors au sens le plus faible du terme.

Les positions de Heidegger

Si nous continuons à suivre cette question dans l'évolution de la pensée contemporaine, on va la retrouver dans un autre débat et dans une autre querelle, celle de la position prise par Heidegger sur l'humanisme après 1945, dans sa fameuse Lettre sur l'humanisme.

On connaît le contexte. Un des disciples et traducteurs de Heidegger en France, le philosophe résistant Jean Beauffret, écrit à Heidegger juste après la deuxième guerre mondiale et le questionne sur la possibilité de restaurer un humanisme dans cette Europe ravagée par la guerre et par le nazisme. Heidegger répond, dans une longue lettre, en fait un opuscule connu sous le nom de Lettre sur l'humanisme : "je ne crois pas que le problème soit de restaurer l'humanisme, je ne crois pas qu'il faille restaurer l'humanisme". Et il ajoute : "parce que l'humanisme est plutôt ce qui est la cause de nos maux. Nous confondons les choses en voulant parler d'humanisme".

Que voulait-il dire par là ? Quand il écrit cela, Heidegger a en vue l'humanisme au sens du relativisme de Protagoras : l'homme est la mesure de toutes choses. Or si, effectivement, l'homme est la mesure de toutes choses, il n'y a aucun point de vue extérieur auquel accrocher un univers de valeurs, un univers de significations relativement stables. Les choses changent à tout moment, selon ce que les hommes disent qu'elles sont et selon aussi ce qui se passe dans les sociétés humaines. Qu'est-ce qui nous permet de condamner radicalement le mal ou du moins ce que nous percevons comme mal ? c'est bien l'idée qu'il pourrait exister quelque part une échelle de valeurs, sinon intangible, du moins extérieure à nous-mêmes, une référence à laquelle nous pourrions mesurer les actions humaines, à laquelle nous pourrions mesurer notre être et nos pensées. Si nous sommes dans une perspective totalement relativiste, il semble bien que nous ne disposions plus de cette possibilité de référence. Ce serait là, selon Heidegger, le risque, l'écueil et même l'échec de l'humanisme.

Au delà de ce point de vue moral, Heidegger vise d'ailleurs encore davantage un certain style d'échec du grand rationalisme classique, du rationalisme de la philosophie du sujet, tel qu'il commence avec Descartes et se prolonge magnifiquement avec Kant. C'est ce type de pensée-là que Heidegger vise dans sa Lettre sur l'humanisme en disant : ces gens-là ont raté quelque chose ; ce qu'ils ont raté, au-delà de cette vision qu'ils nous proposent de l'humanisme, de l'autonomie de l'homme, de l'autonomie du sujet, c'est précisément le fait que l'homme ne peut être le dernier mot. Le dernier mot c'est l'Etre. Selon une des formules les plus connues de Heidegger, "l'homme est le berger de l'être", l'homme doit veiller à quelque chose qui le dépasse et qui est ce qu'il appelle l'Etre.

Ouvrons une parenthèse : on voit bien comment cette pensée-là de Heidegger a pu, par la suite, influer et pénétrer toute la pensée contemporaine et avoir toute une série de prolongements et de résonances dans de nombreux domaines. Cette idée que l'homme est le berger de l'Etre, qu'il faut rompre avec une posture trop centrée sur les pouvoirs de l'homme, on va la retrouver dans toutes les critiques de la modernité technologique, du prométhéisme de la domination de l'homme sur la nature, critiques qui nous disent : attention, nous ne sommes peut-être que les gardiens et pas simplement ses maîtres et possesseurs de la nature. Il y a donc comme une descendance écologiste de la pensée de Heidegger.

Mais il y a d'autre résonances qui seront davantage théologiques. Même si Heidegger n'est pas explicitement chrétien, un certain nombre de théologiens vont s'emparer de ses positions pour dire : qu'Heidegger aille donc jusqu'au bout de sa pensée et qu'à la place de ce qu'il appelle l'Etre, il installe, en la nommant par son nom, la transcendance divine.

Le structuralisme

Il s'agit d'une autre postérité heideggerienne qui est plus paradoxale et plus surprenante encore que les précédentes.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, les structuralistes, qui vont essayer d'analyser davantage en termes scientifiques, en termes de connaissance, les éléments qui constituent l'être humain, peuvent tout à fait, en arrière-fond, être animés par l'idée qu'il y a de la transcendance. Mais une transcendance qui se situerait à un niveau beaucoup plus fondamental, de sorte que l'on pourrait, par ailleurs et indépendamment, analyser la constitution de l'être humain.

Quelques mots sur le structuralisme qui fut très important dans les années 60-70 et qui joua un grand rôle dans le débat sur l'humanisme. En gros, le thème commun aux différents penseurs du structuralisme, c'est, précisément, de critiquer l'humanisme. Il y aura de nouvelles querelles de l'humanisme avec un certain nombre de textes tout à fait marquants, notamment les textes de Lévi-Strauss qui va violemment contester les perspectives humanistes, en particulier le finale de L'homme nu, qui est le quatrième tome de sa série des Mythologiques. Dans ce finale, Lévi-Strauss, prenant l'homme tel qu'il est, dans sa nudité, exprime sa critique fondamentale de l'humanisme, en montrant que notre vision de l'homme et notre perspective humaniste ne sont qu'une sorte de construction intellectuelle mais qu'en réalité l'homme n'est que le produit d'un certain nombre de jeux de structures, sociales ou symboliques, qui nous représentent comme tels.

Althusser et le marxisme


Même mouvement et même geste, au sein du marxisme, chez Althusser qui , dans un livre appelé Pour Marx, s'en prend violemment à l'idée que le marxisme pourrait être un humanisme. Il martèle "le marxisme n'est pas un humanisme".

Dans le débat sur l'humanisme, en effet, l'autre grand acteur, ou plutôt l'autre grand courant, c'est le marxisme, qui va apparaître, dans les années 50-60, comme le grand challenger du christianisme et qui le fait précisément autour de cet enjeu de l'humanisme. Il y aura toute une série de philosophes marxistes qui vont écrire à longueur de page que le véritable humanisme, c'est l'humanisme marxiste, précisément parce qu'il met l'homme au travail et l'homme en train de se libérer au centre de sa pensée et de sa philosophie.

D'où la vive réaction d'Althusser qui critique cette perspective en montrant qu'à ses yeux, le marxisme n'est pas du tout une philosophie qui prétend mettre l'homme au centre ; que le marxisme ne fait pas de l'homme le sujet de l'histoire ni son principal acteur ; qu'il ne construit pas une pensée selon laquelle l'homme, aliéné dans ses conditions de travail, de vie et d'existence politique, devrait, par la lutte collective, parvenir à son émancipation à la fois individuelle et collective (c'est en gros la "vulgate" marxiste de l'époque). Au contraire, pour le marxisme, souligne Althusser, ce sont les masses qui font l'histoire, et non l'homme. Mais qui sont les masses ?

Or il faut bien voir que, derrière cette contestation, on a chez Althusser une pensée très proche de celle des structuralistes. On a finalement cette idée que l' "homme" est une fiction et que si l'on croit à cette fiction, à ce moment-là on se cache les véritables mécanismes qui sont à l'œuvre dans l'histoire, les forces productives, les rapports de production, les groupes sociaux, qui agissent en réalité sans qu'aucune figure unifiée de l' "homme" transcende le mouvement de l'histoire.

Structuralisme, agnosticisme : le déplacement de la question posée

La charge d'Althusser, on le voit, est tout à fait semblable à celle de Lévi-Strauss et on peut penser aussi à d'autres auteurs venant d'autres horizons, comme Piaget, par exemple, dans le champ de la psychologie. Tous construisent cette configuration générale qu'on appellera le structuralisme et qui s'en prendra violemment aux perspectives humanistes et à l'idée de l'unité de l'humanité et d'une définition originelle et spécifique de l'homme. Avec, au bout de cette contestation de l'humanisme, l'idée que ce dernier ne peut avoir le dernier mot, parce que ce qui doit avoir le dernier mot c'est l'analyse de ce qui constitue l'homme comme tel, l'homme n'étant pas au principe mais étant le résultat, parmi d'autres, de la combinaison possible d'un certain nombre de structures mentales, sociales et autres et de moments de l'histoire.

A ce point de notre exposé, force nous est de constater qu'il y a là un déplacement complet de notre question de départ. Le problème n'est plus de savoir s'il peut y avoir ou non un humanisme athée. Le problème est de savoir, que l'on soit chrétien ou athée, si on est ou non humaniste ou anti-humaniste. Car le structuralisme, s'il est anti-humaniste, est aussi d'un agnosticisme radical sur le plan des fins dernières. Je peux croire en ce que je veux. Il y a dissociation entre d'un côté ce qui est de l'ordre la connaissance scientifique de l'homme et des outils que l'on peut mettre en œuvre dans ce but ; et de l'autre, les points de vue philosophiques, divers, que l'on peut prendre.

Dissociation qui a une double conséquence : elle autorise tous les points de vue philosophiques, y compris les points de vue d'inspiration religieuse, chrétienne par exemple ; et d'autre part elle relativise tous ces points de vue. Ce n'est qu'une affaire de choix philosophique et de conscience ou de conviction individuelle et cela n'a pas de signification en terme de connaissance de l'être humain. Cette connaissance de l'être humain se situe sur un plan où il n'y a pas d'exception pour l'homme au regard du reste de la nature et de l'univers et où l'on ne découvre pas de fondement possible pour un humanisme quelconque ; mais par ailleurs je peux croire ce qui emporte ma conviction.

D'où, d'ailleurs, l'accueil relativement favorable que recevront un certain nombre de thèses structuralistes dans certains milieux chrétiens, dans la mesure, au fond, où elles sauvegardaient une place pour la croyance. Or c'était déjà le projet de Kant dans la Critique de la raison pure : limiter les prétentions de la connaissance pour sauver une place pour la croyance. Ici, sans être dans une perspective néo-kantienne, nous sommes dans une vision qui ressemble à celle de Kant, en ce sens qu'elle laisse une petite place pour la croyance. Certains s'en satisferont, d'autres non.

Mais, quoi qu'il en soit, ce qu'il est intéressant de montrer, c'est que, dans ce contexte-là, la question de l'humanisme athée est une question qui se dissout. La vraie question devient humanisme ou pas, humanisme ou anti-humanisme. Athées ou chrétiens peuvent se trouver d'un côté comme de l'autre. On n'est plus dans la ligne de clivage de 1950 avec Sartre. La question de l'humanisme athée devient en quelque sorte secondaire.

Le retour de Nietzsche

Cela est d'autant plus vrai que, dans la foulée du structuralisme, une pensée va connaître un rebondissement, celle de Nietzsche. Le nietzschéisme contemporain, celui de Deleuze par exemple, va aller bien au-delà de la perspective structuraliste. Cette dernière, on vient de le voir, sépare les divers plans : elle est anti-humaniste en théorie et, quant au reste, agnostique et indifférente, notamment du point de vue moral. La perspective nietzschéenne, au contraire, va prendre la morale comme centre et s'attaquer très violemment et directement à l'idée d'une morale humaniste.

S'il y a quelque part un point de vue qui récuse fondamentalement l'humanisme, c'est bien celui de Nietzsche et de ses différents épigones. Pour Nietzsche, l'humanisme est une morale qui n'a de sens que polémique. La pratique de Nietzsche, en effet, c'est de s'interroger, chaque fois qu'on est en présence d'un énoncé, et peut-être tout particulièrement en présence d'un énoncé qui a une prétention morale (définir une échelle de valeurs, indiquer des règles de conduite, promouvoir un idéal), s'interroger non pas tellement sur la validité de cet énoncé mais sur ce que veut l'auteur de cet énoncé, quelle est son intention cachée, quelle est sa stratégie. La réponse de Nietzsche est presque toujours que, derrière un énoncé apparemment moral et qui prétend promouvoir des valeurs, il y a une stratégie de pouvoir et de domination. Avec une double conséquence : à une stratégie de pouvoir, de domination, d'abord, on ne peut opposer qu'une autre stratégie ; quand on est dans un univers de pensée stratégique, on ne peut s'en échapper, on ne peut que rechercher le but, avoué ou non, poursuivi par l'interlocuteur, et non parler de morale. Et ensuite, à celui qui ne veut pas entrer dans ce jeu, on va opposer une stratégie de déconstruction, de critique des valeurs et de la morale.

Il est évident que ce soupçon nietzschéen va retentir très profondément sur l'énoncé des programmes ou des perspectives humanistes. On ne peut pas faire comme si ce soupçon n'existait pas et se laisser prendre au piège de ses propres discours humanistes.

Quand Nietzsche articule cette critique, ce qu'il dit c'est qu'au fond l'humanisme universalise un point de vue qui n'est jamais qu'un point de vue particulier. Et pourquoi ce point de vue particulier peut-il être universalisé ? parce que c'est le point de vue des plus faibles, de ceux qui n'arrivent pas à s'affirmer eux-mêmes et qui donc construisent, non pas une philosophie de l'individu, mais une philosophie de l'homme en général, une philosophie moyenne, une philosophie d'esclaves, une "morale d'esclaves" dira Nietzsche. De son point de vue - Nietzsche est tout à fait explicite sur ce point - le christianisme est une morale d'esclaves mais les variantes issues du christianisme et de la modernité, même si elles se sont profondément opposées au christianisme, le scientisme, le culte du progrès, la morale rationaliste, relèvent de la même catégorie ; ce sont toutes des morales d'esclaves. Il y a chez lui cette idée que la religion n'est rien d'autre que l'expression d'une espèce d'insuffisance à assumer pleinement sa propre liberté et une soumission plus ou moins volontaire, une aliénation en faveur d'un système de domination.

Or, à l'inverse, pour Nietzsche, ce qui compte c'est la capacité d'affirmation des individus. C'est la force affirmative de celui qui a en lui un ressort suffisamment tendu pour être pleinement lui-même.

La conséquence de cette critique nietzschéenne, c'est d'abord un relativisme radical sur les propositions philosophiques et morales, sur leur contenu (il peut-être vrai, il peut-être faux), et l'accent mis sur la posture de celui qui les énonce. Il y a là un individualisme radical : il n'y a que des individualités, des individualités qui ont suffisamment de force pour l'emporter.

On sait - inutile de le développer - l'ensemble des critiques que peut soulever une telle position. Elle a pourtant le mérite de souligner cette idée que le monde des valeurs n'est pas un monde qui existerait "en l'air", avec des valeurs dans un sens et dans un autre, qui pourraient se combattre ou se contre-balancer et existeraient par elles-mêmes ; les valeurs n'existent que si elles sont portées par des gens qui y croient. D'une certaine façon il y a quelque chose de très profond dans l'intuition de Nietzsche : ce qui fait la valeur d'une valeur ce n'est pas tellement ce qu'elle dit, mais l'énergie et la conviction, la foi diront certains, de celui qui la porte. Même si cela conduit à un individualisme radical.

On peut d'ailleurs constater que du point de vue de l'humanisme et de la situation de l'humanisme - et pour sortir du champ philosophique - notre société en est sans doute là aujourd'hui. Nous vivons dans une espèce de nietzschéisme, un peu abâtardi peut-être, mais généralisé. La posture la plus fréquente dans notre société est celle d'un individualisme radical qui, certes, affirme des grandes valeurs mais sans beaucoup de conséquences pratiques, chacun, pour le reste, conduisant son existence morale à partir du choix d'être soi-même. Il y a, dans notre culture actuelle, comme une injonction morale latente selon laquelle ce qui compte avant tout pour être moral, c'est d'être soi-même. Pour les uns ce sera d'être acteur dans l'économie, pour d'autres de jouer un rôle sur la scène politique, pour d'autres encore ce sera d'être artiste, avec les diverses formes possibles d'engagement artistique. Chacun a sa propre vérité, et, d'une certaine façon, il n'y a pas lieu d'en débattre ou, tout au moins, cela n'a pas forcément de sens ou d'intérêt.

Cette vision des choses paraît profondément marquer la modernité et c'est probablement la plus répandue. Elle correspond assez bien, finalement, à une forme de nietzschéisme et c'est sans doute cela qui paraît aujourd'hui menacer le plus radicalement toute forme d'humanisme. Ce ne sont pas tellement des critiques de l'humanisme ou des perspectives anti-humanistes ou encore moins l'idée de l'athéisme, qui seraient une menace. C'est plutôt cette idée qu'après tout, on peut bien être humaniste ou ne pas l'être, mais que ce qui compte, en dernière analyse, ce qui est le critère ultime auquel rapporter la signification de ce genre de proposition, c'est l'adéquation à soi-même de celui qui parle, sa sincérité, son authenticité, sa conviction. Il y a certes là un relativisme radical. Mais il y a là, également, le souci d'une affirmation de la dimension irréductible de chacun. Paradoxalement, on peut aussi mettre cette affirmation au crédit de l'humanisme.

Comment refonder un humanisme aujourd'hui ?

Il nous semble que l'on peut chercher dans trois directions.

- La première serait de passer du plan strict de la philosophie à celui du droit ; et notamment de prendre en compte les droits de l'homme, en les considérant avant tout du point de vue de leur signification juridique et politique, et non d'abord du point de vue de leur signification philosophique.

On veut dire par là que l'un des fondements de l'humanisme aujourd'hui, c'est l'idée que tout individu humain est, en tant que tel, titulaire de droits et que ces droits doivent valoir dans tout contexte, quels que soient les circonstances, les moments, les lieux, les situations ; et qu'il y a là une affirmation qui n'exige pas d'être fondée philosophiquement ou moralement de manière identique pour les une ou pour les autres. C'est plutôt un impératif politico-juridique qui peut s'accomoder de fondements extrêmement différents (pour les uns une morale évangélique, pour d'autres un fondement sans référence à cette morale ...) ou même se passer de fondements. La question des fondements devient secondaire.

Il s'agit d'un impératif politico-juridique qui est premier et qui permet de fonder un humanisme pratique, uniquement pratique, et que l'on pourrait qualifier, sur le plan moral ou philosophique, de "négatif". On ne sait pas ce qu'est l'homme, on renonce à partir d'une idée de l'homme. On part des droits de l'homme et des situations dans lesquelles il est en péril. Si on ne sait pas ce qu'est l'homme, on sait ce qui le menace. On ne le définit pas de l'intérieur en disant voilà ce qu'est l'homme pleinement accompli, mais on sait ce qui est inhumain. On part de l'inhumain pour, de l'extérieur, circonscrire les frontières de l'humain.

Une telle démarche fonde un humanisme en quelque sorte minimal. On n'est pas d'accord sur ce qu'est l'homme, sur ce qu'il doit être et ce qu'il peut faire ; mais on s'entend assez bien sur ce qui le menace.

- Poursuivons notre réflexion dans une deuxième direction. Nous revenons au plan philosophique et moral pour tenter de refonder un humanisme, en suivant Emmanuel Lévinas et notamment son texte L'humanisme de l'autre homme. L'idée centrale de Lévinas est que la transcendance qui fonde l'humanisme c'est d'abord la transcendance de l'autre, c'est d'abord l'appel de l'autre. D'ou l'extrême force, à la fois éthique et philosophique, des pages de Lévinas où il décrit le visage d'autrui comme appel, comme une injonction.

Ce qui caractérise l'homme, nous dit Lévinas, ce n'est pas d'abord une certaine configuration de la liberté (pour parler comme Sartre, par exemple) ni une certaine forme d'inscription dans l'histoire, ni une certaine conformité à un univers de valeurs quel qu'il soit ; c'est d'abord une capacité d'être affecté par l'autre. C'est une posture de fragilité et non de maîtrise, une posture de faiblesse, de dépendance même. L'humanité de l'homme se constitue et se caractérise dans cette dimension où l'homme est celui qui, d'une façon ou d'une autre, est tributaire de l'autre pour pouvoir exister comme homme, et cela à un double niveau, puisqu'il sera à la fois celui qui peut faire injonction à l'autre de lui répondre et celui qui doit être en posture de répondre à une telle injonction. En tout état de cause, il faut en passer par l'autre.

On voit bien comment cette pensée de Lévinas n'est pas sans rapport avec la tradition biblique, la tradition juive de l'interpellation par la Loi. Lévinas tisse ce rapport-là et montre bien que ce qu'il construit comme interpellation de l'autre prend son origine dans cette idée de la Loi biblique. Mais il en fait une élaboration proprement philosophique, dans le champ de la philosophie contemporaine. Il y a là quelque chose qui prolonge, en quelque sorte, ce qu'on disait il y a un instant sur les droits de l'homme, en les prenant, dans un deuxième temps, sur un plan plus philosophique. Mais on est toujours dans cette construction de l'homme à partir de sa périphérie, à partir de l'extérieur.

- La troisième direction dans laquelle nous voyons un prolongement de l'idée de l'humanisme, ce serait de faire retentir l'interrogation de Lévinas autour de ce qu'elle dessine comme visage de ce qu'est l'humanité. A ce moment là, on s'aperçoit que l'humanité est essentiellement composée d'êtres humains, ce qui n'est pas une tautologie, mais veut dire que la première caractéristique de l'humanité, ce n'est pas d'abord un certain nombre de définitions, ce n'est pas une catégorie générale qui serait la catégorie "homme" ; c'est d'abord une pluralité d'individus, une collection, c'est une multiplicité de personnes qui sont chaque fois singulières. Cela ne veut pas dire qu'elles n'ont rien en commun ; mais elles ont d'abord en commun de pouvoir entrer dans cette sorte de rapport mutuel d'interpellation.

Il y a, dans cette manière de voir, l'idée, reprise de Hannah Arendt, que ce qui caractérise l'humanité, c'est la pluralité. La pluralité est un des traits fondamentaux de l'humanité, plus important peut-être encore que ceux qu'on avait cru voir dans les différentes figures historiques qu'a pu prendre la représentation de l'humanisme. Quand Hannah Arendt dit pluralité, elle veut dire que cela oblige les hommes "à faire avec". Il leur faut accepter la diversité, la diversité des sexes, la diversité des âges, la diversité des expériences, des cultures, des formes d'existence politique (la pensée d'Arendt est fondamentalement une pensée du politique).

Il faut faire retentir cette question de la pluralité dans l'idée qu'il y a, dans l'expérience humaine, quelque chose d'irréductible qui est précisément l'expérience de la pluralité. C'est-à-dire que nous sommes plusieurs à partager un même lieu, un même espace, un même univers symbolique et que cette pluralité-là induit nécessairement à la fois un respect de l'irréductibilité de chacun, ce que l'on peut décrire, et que l'on a décrit, comme une forme d'individualisme ; mais aussi nécessairement une forme de prise en compte de la nécessité d'échanger, d'être dans ce mouvement de l'interpellation mutuelle.

La perspective humaniste que nous aurions tendance à valoriser s'articulerait donc autour de cette triple dimension : droits de l'homme, interpellation par l'autre et pluralité humaine, ce qui nous paraît pouvoir redessiner un espace qui n'est pas humaniste au sens plein du terme - on ne décline pas les qualités de l'homme - mais on essaie de cerner la manière dont quelque chose comme un humanisme peut être progressivement dessiné, en partant de l'extérieur.

Cela ne préjuge pas de la question athée ou non athée. Ce point de vue là, il est tout autant possible de l'adopter si l'on se dit athée ou si l'on se dit chrétien ou musulman ou juif, pénétré d'une des grandes traditions monothéistes. Chacun de nous est en revanche nécessairement, dans l'un comme dans l'autre cas, conduit à mettre au cœur de son expérience et de ses préoccupations le fait qu'il existe d'autres traditions que la sienne. L'athéisme n'est pas le devenir des traditions religieuses, mais n'est pas non plus une voie dans laquelle se seraient égarés ceux qui n'ont pas vu la lumière. On peut dire la même chose pour chacune des traditions religieuses l'une par rapport à l'autre.

Autrement dit, la question de la pluralité vient retentir sur l'expérience religieuse. Qu'est-ce que c'est qu'une expérience religieuse que je peux vivre comme authentique mais qui en même temps peut être relativisée, ou plutôt confrontée à l'expérience de la pluralité que je dois admettre ? Qu'est-ce que l'affirmation d'athéisme lorsqu'il rencontre l'interpellation d'expériences religieuses qu'il doit reconnaître ?
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Falenn

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Ecrit le 19 avr.06, 02:10

Message par Falenn »

J'ai lu en diagonale (trop long à mont goût). :oops:
Qu'est-ce que c'est qu'une expérience religieuse que je peux vivre comme authentique mais qui en même temps peut être relativisée, ou plutôt confrontée à l'expérience de la pluralité que je dois admettre ? Qu'est-ce que l'affirmation d'athéisme lorsqu'il rencontre l'interpellation d'expériences religieuses qu'il doit reconnaître ?
La tolérance.

Avoir conscience que ce qu'on vit/pense/ressent n'est vrai que pour soi et que la vérité des autres ne rend pas fausse notre vérité car, au-delà de l'erreur intellectuelle, ce n'est qu'une question de regard, de perception, d'identité.

PS : Tout ça pour débattre d'humanisme ?! Sont fous, ces intellos !!! :shock:

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Ecrit le 19 avr.06, 03:03

Message par Invité »

on peut faire porter aux mots le poids qu'on veut.

Alors voici la définition du mot humanisme que pour ma part j'ai adopté.

"position philosophique qui reconnaît l'homme comme valeur suprême".

Si dieu est au centre des religions, l’homme est au centre de l’humanisme.
Comment dès lors parler de « religion humaniste » ? Soit c'est l'homme qui est la valeur suprême, soit c'est dieu.

L'humanisme ne peut se définir que comme un mouvement de libération de l'homme. Or comment concilier libération de l’Homme et soumission à dieu ?

La conception de l'homme et du monde, de l’Homme au centre du monde, ne peut être compatible avec les conceptions des grandes religions révélées qui place dieu au centre du monde. Comment peut il y avoir 2 centres ?.

La religion c’est l’attachement à la Tradition ou aux Rites. L’Humanisme c’est l’attachement à L’Homme.

Toutefois, il est possible, et cela a été fait par des penseurs comme Erasme, de trouver dans les évangiles la source d’un humanisme chrétien, prenant sa source dans Platon ou Cicéron… se poursuivant dans St augustin et plus tard dans le lunatique Pic de la Mirandole. Mais il s’agit plus d’un courant de pensées que d’une réalité.


ps: Le dieu de Descartes n’est pas le dieu des religions. En plus je me demande si Descartes ne se déclare pas comme croyant en dieu dans le seul but de conserver sa tête sur ses épaules…. N’oublions pas qu’il vivait à une époque de guerres de religion, où les papistes et les huguenots s’entre déchiraient à qui mieux mieux… chacun des 2 camps aussi intolérants que les mollahs iraniens d’aujourd’hui.
Si Descartes avait un Dieu, c’était un dieu conceptuel, une image, un modèle bien plus qu’un être.

diogene

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Ecrit le 19 avr.06, 03:22

Message par Falenn »

Anonymous a écrit :on peut faire porter aux mots le poids qu'on veut.

Alors voici la définition du mot humanisme que pour ma part j'ai adopté.
"position philosophique qui reconnaît l'homme comme valeur suprême".
En effet.
Je donne à l'humanisme, le sens d'altruisme (ce qui n'est pas incompatible avec les religions).

Trésor de la langue française : HUMANISME

A. Mouvement intellectuel se développant en Europe à la Renaissance et qui, renouant avec la civilisation gréco-latine, manifeste un vif appétit critique de savoir, visant l'épanouissement de l'homme rendu ainsi plus humain par la culture.
P. anal. Type de culture, résultat d'une formation qui embrasse la culture littéraire, fondée essentiellement sur les œuvres grecques et latines, et la culture scientifique.

B. Attitude philosophique qui tient l'homme pour la valeur suprême et revendique pour chaque homme la possibilité d'épanouir librement son humanité, ses facultés proprement humaines.
P. anal. Altruisme, amour des hommes.

Anonymous a écrit :Si dieu est au centre des religions, l’homme est au centre de l’humanisme.
Comment dès lors parler de « religion humaniste » ? Soit c'est l'homme qui est la valeur suprême, soit c'est dieu.
Et si une religion prétend que pour un dieu, l'humain est la valeur suprême, alors ce dieu est humaniste et ses adeptes devraient l'être aussi ...

Aubépine

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Ecrit le 19 avr.06, 03:42

Message par Aubépine »

Moi j'ai trouvé ça passionnant et je te remercie Erriep pour ce post.
Quant à savoir ce que j'en pense, on voit ici qu'il est déjà nécessaire de définir l'humanisme. Je pensais que la notion morale était prédominante. Je découvre que non et, en fait, toutes les positions se défendent. Il en ressort une liberté individuelle qui n'est pas pour me déplaire. En tout cas, si j'osais faire une réponse béotienne, je dirais que l'humanisme (en gardant une valeur morale) n'appartient pas plus à l'athéisme qu'aux religions.

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Ecrit le 19 avr.06, 05:03

Message par Invité »

Et si une religion prétend que pour un dieu, l'humain est la valeur suprême, alors ce dieu est humaniste et ses adeptes devraient l'être aussi ...
Il y a donc un humanisme moral . J'accepte cette définition pour l'instant.

Reste à trouver quel dieu et quelle religion pourrais synthétiser cet humanisme moral.

Pour dieu... il est possible, et je l'ai déjà dit, de trouver dans les évangiles les preuves de cette affirmation.
Dans le discours que l'on fait tenir à jesus, il y a un bon nombre de références humanistes. AIMEZ-VOUS LES UNS LES AUTRES... etc... etc... cela, je le pense, est à la base de l'humanisme classique et de celui des lumières, il en est une des sources essentielles..

Pour la religion... je suis déjà plus sceptique. et je demande à ce qu'on me le démontre.
Est-ce la religion des inquisiteurs, celle de Torquemada? celle des jésuites qui firent assassiner Henry IV? celles des moines qui décimèrent les indiens du nouveau continent avec des couvertures infectées?
ou alors celle des tueurs de cathares? celle des égorgeurs papistes de la st barthélémy? celle des égorgeurs huguenots de la michelade de nimes?..

Mettaient ils l'homme en premier, lorsqu'ils s'appretaient à allumer leurs bûchers, pour le bien de leur dieu?

Je pense donc, que si le dieu des évangiles a pu être décrit comme un dieu humaniste... ceux qui le servaient auraient du mal à passer pour tel.

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Ecrit le 19 avr.06, 10:20

Message par Erriep »

Bonjour Aubépine
Ca fait du bien de sortir un peu des fils de polémique inter-religieuse et des batailles rangées !

Personnellement, j'ai tendance à considérer que l'humanisme dans sa visée morale est bien résumé par ces deux citations très classiques :
- "L'homme est la mesure de toute chose, pour celles qui sont, de leur existence; pour celles qui ne sont pas, de leur non-existence." de Protagoras (citée partiellement plus haut), sophiste grec
- "Je suis homme, et rien de ce qui est humain ne m’est étranger.", de Térence, poète et dramaturge romain d'origine carthaginoise

Je me reconnais assez bien dans ce passage : "Il y a dissociation entre d'un côté ce qui est de l'ordre la connaissance scientifique de l'homme et des outils que l'on peut mettre en œuvre dans ce but ; et de l'autre, les points de vue philosophiques, divers, que l'on peut prendre."
A titre personnel, les valeurs humanistes me paraissent réellement former un point de convergence possible avec une partie des croyants, et notamment des chrétiens, cela en dépit de l'inconciliabilité de nos options philosophiques fondamentales. Ce regard critique sur les connaissances considérées comme "acquises" ou "révélées", cette foi en l'épanouissement possible de l'humain, cette volonté d'aller vers l'Autre dans le respect de la pluralité inhérente à l'humanité sans abolir pour autant ses propres convictions morales, tout cela me semble d'une grande richesse et d'une grande fécondité.
Je partagerais donc volontiers le constat que tu dresses : l'humanisme est une richesse commune, qui transcende (ou devrait transcender) les différentes appartenances religieuses ou irréligieuses.
Aubépine a écrit :Moi j'ai trouvé ça passionnant et je te remercie Erriep pour ce post.
Quant à savoir ce que j'en pense, on voit ici qu'il est déjà nécessaire de définir l'humanisme. Je pensais que la notion morale était prédominante. Je découvre que non et, en fait, toutes les positions se défendent. Il en ressort une liberté individuelle qui n'est pas pour me déplaire. En tout cas, si j'osais faire une réponse béotienne, je dirais que l'humanisme (en gardant une valeur morale) n'appartient pas plus à l'athéisme qu'aux religions.

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Ecrit le 19 avr.06, 10:53

Message par patlek »

Pour moi, l' humanisme, c' est trés simple a définir, et il ne peut etre qu' athée.

C' est considerer qu' il n' y a que la vie, c' est a dire aucun "au delà fantasmagorique, dés lors: tout découle de çà.

La vie est donc une expérience UNIQUE, une parenthese qui devrait etre la plus belle possible , dont tout le monde devrait pouvoir profiter de cette expérience, dans les meilleures conditions possible. Malheureusement, c' est trés trés loin d' etre le cas.

Aubépine

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Ecrit le 19 avr.06, 22:20

Message par Aubépine »

diogene a écrit :on peut faire porter aux mots le poids qu'on veut.

Alors voici la définition du mot humanisme que pour ma part j'ai adopté.

"position philosophique qui reconnaît l'homme comme valeur suprême".

Si dieu est au centre des religions, l’homme est au centre de l’humanisme.
Comment dès lors parler de « religion humaniste » ? Soit c'est l'homme qui est la valeur suprême, soit c'est dieu.

L'humanisme ne peut se définir que comme un mouvement de libération de l'homme. Or comment concilier libération de l’Homme et soumission à dieu ?
Oui Erriep, je suis d'accord avec toi, ça fait vraiment du bien d'élever un peu (beaucoup) le débat !
Pour répondre à Diogène, je suis également en accord avec sa définition. Mais je ne pense pas qu'elle soit en contradiction avec le fait religieux. Je suis bien d'accord que les exemples contraires foisonnent, là n'est pas la question. Ce qui me paraît important, c'est que le principe fondamental du christiannisme est que Dieu (s'il existe...) nous veut libre. Il n'est pas question de soumission mais d'adhésion à son projet. Or, son projet, est bel et bien d'amener l'homme au niveau de la valeur suprême et donc de partager le statut de Dieu.
Un chrétien ne saurait se "contenter" d'aimer Dieu sans aimer les hommes (tous les hommes). En cela, on peut lui accorder le qualificatif d'humaniste sans paraître excessif, non ?
Maintenant, l'athée a tout autant droit au plus grand des respects quand il prône des valeurs humanistes.
A partir du moment où tolérance, respect de l'autre, capacité d'écoute et de dialogue sont partagés par les différents protagonistes, il n'y a aucune raison de ne pas vivre en symbiose. Les conflits, inhérents à la nature humaine, apparaissent dès que l'une ou l'autre de ces qualités sont absentes, ça peut être le fait autant de chrétiens (malheureusement car vraiment en opposition avec des valeurs revendiquées) que d'athées... :cry:

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Ecrit le 20 avr.06, 01:33

Message par Invité »

Un chrétien ne saurait se "contenter" d'aimer Dieu sans aimer les hommes (tous les hommes). En cela, on peut lui accorder le qualificatif d'humaniste sans paraître excessif, non ?
Maintenant, l'athée a tout autant droit au plus grand des respects quand il prône des valeurs humanistes.
A partir du moment où tolérance, respect de l'autre, capacité d'écoute et de dialogue sont partagés par les différents protagonistes, il n'y a aucune raison de ne pas vivre en symbiose. Les conflits, inhérents à la nature humaine, apparaissent dès que l'une ou l'autre de ces qualités sont absentes, ça peut être le fait autant de chrétiens (malheureusement car vraiment en opposition avec des valeurs revendiquées) que d'athées...
Aubépine,

J'accepte ceci comme base de la discussion.

En te lisant, je me demande si il n'est pas nécessaire de distinguer les deux : Humanisme athée et humanisme religieux.

Et d'abord il faut définir le sens du mot athée.
Est il " celui qui nie l'existence de Dieu" ? ou " celui qui refuse de rendre des cultes et de vénérer dieu"?

Si l'on nie l'existence même de dieu, comme Sartres et les existentialistes, par exemple, alors on est athée. Dans ce cas, si nous adoptons des valeurs dites "humanistes" c'est un choix d'homme face à sa conscience, à la conscience de l'autre en tant que "singulière similitude" de soi. On est "sans dieu".

Si on refuse la vénération et toute forme de culte de dieu, on est dit "athée", et si nous adoptons un humanisme comme valeur, c'est que notre foi est dans l'homme. On est sans religion.

L'humanisme, qu'il soit athée ou religieux, repose sur une base de valeurs communes : respect de la personne humaine, appartenance commune à la race des hommes, attachement à l'égalité et à la fraternité, exigences de la solidarité ... Nous pouvons trouver chacune de ces valeurs dans les évangiles comme chez la plupart des athées.

Cependant, la tolérance devant les opinions des autres, le juste usage de la raison, le respect de la vie démocratique, la liberté de conscience, l'attachement à la liberté individuelle... sont , de mon point de vue, des valeurs humanistes que l'on ne trouve pas dans les religions.

L'amour du prochain, ne suffit pas, pour moi, à définir l'humanisme.

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Ecrit le 20 avr.06, 03:11

Message par Aubépine »

Anonymous a écrit :En te lisant, je me demande si il n'est pas nécessaire de distinguer les deux : Humanisme athée et humanisme religieux.

Et d'abord il faut définir le sens du mot athée.
Est il " celui qui nie l'existence de Dieu" ? ou " celui qui refuse de rendre des cultes et de vénérer dieu"?

Si l'on nie l'existence même de dieu, comme Sartres et les existentialistes, par exemple, alors on est athée. Dans ce cas, si nous adoptons des valeurs dites "humanistes" c'est un choix d'homme face à sa conscience, à la conscience de l'autre en tant que "singulière similitude" de soi. On est "sans dieu".

Si on refuse la vénération et toute forme de culte de dieu, on est dit "athée", et si nous adoptons un humanisme comme valeur, c'est que notre foi est dans l'homme. On est sans religion.

L'humanisme, qu'il soit athée ou religieux, repose sur une base de valeurs communes : respect de la personne humaine, appartenance commune à la race des hommes, attachement à l'égalité et à la fraternité, exigences de la solidarité ... Nous pouvons trouver chacune de ces valeurs dans les évangiles comme chez la plupart des athées.

Cependant, la tolérance devant les opinions des autres, le juste usage de la raison, le respect de la vie démocratique, la liberté de conscience, l'attachement à la liberté individuelle... sont , de mon point de vue, des valeurs humanistes que l'on ne trouve pas dans les religions.

L'amour du prochain, ne suffit pas, pour moi, à définir l'humanisme.
D'où la difficulté de communiquer... Tu as raison, après la définition de l'humanisme, il faut se pencher sur celle de l'athée et pour être complet, on pourrait également comparer nos définitions du "chrétien", je ne serais pas surpris qu'elles divergent !
Pour moi athée = nier l'existence de tout Dieu. Refuser la "vénération" (mot à prendre avec des pincettes) de Dieu ou toute forme de culte donc sous-entendu si je comprends bien, croire éventuellement en un Dieu mais pas celui proposé par les différentes religions connues ou reconnues définit le déiste ou l'agnostique (qui sont un peu différents l'un de l'autre).

Le paragraphe qui coince Cependant, la tolérance devant les opin ... religions. est celui là, tu t'en doutes. Je reconnais que l'homme religieux ne respecte pas toujours ces valeurs, l'athée non plus d'ailleurs. Mais en ce qui concerne la religion chrétienne, toutes ces valeurs sont fondamentales, y compris la liberté individuelle. Je t'accorde que ça peut ne pas toujours paraître clair au regard de l'histoire, pourtant, c'est bel et bien le cas.
Pour ta dernière phrase, j'aurais tendance à penser le contraire, l'amour du prochain impliquant pour moi, le respect, la tolérance, etc. donc toutes les valeurs humanistes au sens morale du terme.

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Ecrit le 20 avr.06, 03:59

Message par Troubaadour »

Bonjour,

Bon je n'ai pas encore pris le temps de lire le copier/coller d'erriep mais je le ferais car le titre de son post m'intrigue fortement.

Je me suis contenté de lire vos reactions et je dois avouer que la derniere intervention d'aubépine m'a énormément surpris.

Si je comprends bien ta démarche aubépine tu remets en question 2000 ans de comportement chrétien ainsi que certains ecrits pour soutenir que ta religion est humaniste. Tu occultes , entre autre, les notions d'excommunication et de déïcide.

Pour moi un religieux ne serait etre humaniste qu'au travers de dieu. Il ne pourra aimer les hommes qu'en fonction de dieu et de ses désirs et non pour ce qu'ils sont. L'humaniste aime (ou respecte) l'homme pour ce qu'il est, le religieux pour ses interets vis à vis de dieu...

Il es bien entendu que le concept d'humanisme ne s'applique qu'à une population à un ensemble d'individu et non à une personne isolée.

Il ne saurait etre question de renier des comportements passés ou de les qualifier d'anti-religieux pour s'accaparer les valeurs humanistes issues de la renaissance du siecle des lumiere et des droits de l'homme.

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Message par Aubépine »

Troubaadour a écrit :Bonjour,

Bon je n'ai pas encore pris le temps de lire le copier/coller d'erriep mais je le ferais car le titre de son post m'intrigue fortement.

Je me suis contenté de lire vos reactions et je dois avouer que la derniere intervention d'aubépine m'a énormément surpris.

Si je comprends bien ta démarche aubépine tu remets en question 2000 ans de comportement chrétien ainsi que certains ecrits pour soutenir que ta religion est humaniste. Tu occultes , entre autre, les notions d'excommunication et de déïcide.

Pour moi un religieux ne serait etre humaniste qu'au travers de dieu. Il ne pourra aimer les hommes qu'en fonction de dieu et de ses désirs et non pour ce qu'ils sont. L'humaniste aime (ou respecte) l'homme pour ce qu'il est, le religieux pour ses interets vis à vis de dieu...

Il es bien entendu que le concept d'humanisme ne s'applique qu'à une population à un ensemble d'individu et non à une personne isolée.

Il ne saurait etre question de renier des comportements passés ou de les qualifier d'anti-religieux pour s'accaparer les valeurs humanistes issues de la renaissance du siecle des lumiere et des droits de l'homme.
Prends le temps de le lire car c'est très intéressant !
Pour te répondre, je suppose que quand tu écris que mon intervention t'a énormément surprise, tu sous-entends que pour toi, les chrétiens (je suppose que tu parles d'eux d'après les 2000 ans) n'ont fait la preuve que de leur inhumanité.
Je ferai quelques remarques :
- la question initiale parle d'humanisme et athéisme. Ton intervention ramène à humanisme et religions. Mais ça n'est certainement pas un hasard.
-il ne s'agit pas pour moi de ne pas assumer ces 200 ans d'histoires. Je ne nie pas que le fait de se revendiquer chrétien ne suffit pas à l'être.
-un peu bizarrement, vous remarquerez que l'athéisme ne prête pas le flanc à cette critique de "manquer d'humanisme". En fait, dans le texte proposé par Erriep, on voit que Sartre avait quand même dû "rectifier" le tir par rapport à l'existentialisme. Or, je ne pense pas que le fait de se revendiquer "athée" soit également un gage d'humanisme. En revanche, je t'accorde qu'il est choquant de se revendiquer chrétien et de ne pas être humaniste. Mais alors, c'est implicitement reconnaître que le christiannisme devrait impliquer la notion d'humanisme (au moins morale).
-je crois pouvoir te dire (pour ne pas dire t'affirmer) que ton idée que le religieux ne saurait être humaniste qu'au travers de Dieu, pour son seul propre intérêt et qu'il n'aime les hommes qu'en fonction de Dieu et de ses désirs est tout simplement fausse et est le fait d'une ignorance du fait religieux. Ce n'est pas une critique mais je peux t'assurer que si tu te penchais réellement sur les fondements de la foi chrétienne (qu'elle soit catho, protestante, orthodoxe ou anglicane), tu verrais que c'est inexact.
-je crois qu'il est clair qu'il n'est pas question pour moi de "m'accaparer", en tant que chrétien, des valeurs humanistes. Mais, en parlant du fait qu'elles soient issues du siècle des lumières, tu prends option sur une définition de l'humanisme. Si l'on s'en tient à la dimension morale de l'humanisme, le chrétien fait, par définition, référence au message du Christ. Pour autant, je crois que nous sommes tous d'accord pour dire que ça ne lui donne pas l'exclusivité de l'humanisme. De là à lui en oter tout droit, je ne suis pas d'accord...

jack.2b

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Ecrit le 20 avr.06, 05:25

Message par jack.2b »

patlek a écrit :Pour moi, l' humanisme, c' est trés simple a définir, et il ne peut etre qu' athée.

C' est considerer qu' il n' y a que la vie, c' est a dire aucun "au delà fantasmagorique, dés lors: tout découle de çà.

La vie est donc une expérience UNIQUE, une parenthese qui devrait etre la plus belle possible , dont tout le monde devrait pouvoir profiter de cette expérience, dans les meilleures conditions possible. Malheureusement, c' est trés trés loin d' etre le cas.
c'est quoi l'humanisme?
:D :D :D

Al Kali

Al Kali

Ecrit le 20 avr.06, 05:38

Message par Al Kali »

Bonjour à tous,

Comme on peut le voir ici, l'humanisme apparaît comme un concept recouvrant des réalités très diverses.

A la Renaissance, l'humanisme c'est avant tout un retour aux sources antiques . Il est une façon de contester les diverses autorités. Il rejette l'autorité des cultes et lui préfère la relecture des textes anciens.
Les humanistes de cette époque ont voulu juger des choses par eux-mêmes, être indépendant de tous les dogmes, et préférer le jugement fondé sur la raison de l'homme, la liberté de conscience.

Au siècle des Lumières, la philosophie humaniste défend l'entière autonomie du sujet, elle placera l'homme au centre de toutes préoccupations, elle fait toute confiance aux capacités de progrès des hommes.

Pour certains philosophe, l'humanisme déclare placer l'homme au-dessus de tout. L'homme est au centre, relié aux autres par la seule raison.

Dans la pensée juive, l'homme, en tant qu'homme, se définit par la succession des générations. En cela, l'homme est plus que lui-même, il est une mémoire.

Pour un catholique, la réalité humaine dans son ensemble, (aussi bien en tant qu'homme isolé, que dans les relations de cet homme avec l'autre et avec le cosmos), est une valeur centrale et même une valeur absolue, qui ne peut se concevoir en tant qu'individu autonome.

Pour les protestants, l'homme est un être conscient de ses responsabilités, muni d'une vocation à mener une vie digne, au sein de la société des hommes. L'homme est donc cet individu autonome, relié aux autres par un sens partagé du bien commun.

Pour d'autres orthodoxie encore, l'homme est fondamentalement libre, mais il n'est pas seul. Il est, par la volonté éternelle de dieu, au centre de la création.

De tous ces humanismes, il ressort que chacun vit "son" humanisme selon son propre courant.

Lorsque ces différents courants trouvent des points communs sur lesquels s'entendre, une société humaniste est possible.

Je dirais donc, que l'homme religieux peut très bien être humaniste au sens des lumières, mais que la religion, elle ne peut en aucun cas le devenir.

Al Kali

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