psycha a écrit :oui on est toujours l'histrion de quelqu'un...
Toi, par exemple, de qui l'es-tu ?
psycha a écrit :bien... un nourrisson symbolise t'il ?
et qu'est ce que la fonction du dieu en psychanalyse ? y compris pour l'age préhistorique des personnes ?
Je n'ai absolument rien contre la psychanalyse, au contraire. Il m'arrive souvent de la défendre face à ses détracteurs qui l'enterrent trop vite au vu des progrès des sciences de l'esprit.
Ces derniers oublient deux choses importantes : premièrement les sciences empiriques, si elles n'expliquent guère, ont le mérite de fonctionner malgré tout (c'est tout de même un comble que la psychanalyse, l'ostéopathie et d'autres pratiques similaires soient encore traitées de nos jours par les pouvoirs publics comme des médecines comparables à l'homéopathie ou le maraboutage), secondement les intuitions de ses pères fondateurs, celles de Freud en premier chef, étaient déroutantes d'acuité pour l'époque. On commence à peine à se rendre compte à quel point ils avaient raison sur certains points (même si la réalité nous apparaît maintenant un peu plus complexe).
Toutefois tenter une approche psychanalytique du problème constitue selon moi un dévoiement de la finalité de la discipline. Lire à ce propos
La psychanalyse excentrée de Prokhoris Sabine (Paris, PUF, 2008).
La manière que tu as d'aborder le problème va créer nécessairement un artéfact épistémologique : en demandant quelle est la fonction du dieu, tu renverses l'orientation téléonomique du concept.
Il faut plutôt se poser la question : pourquoi croit-on ? pourquoi de cette façon ? qu'y a-t-il de commun à toutes les croyances dans toutes les cultures ? quelles en sont les raisons psychocognitives ?
C'est l'approche de Sperber, Houseman, Martin, Wiggs, etc. Parmi eux, je recommande la synthèse faite par Pascal Boyer avec
Et l'homme créa les dieux (Paris, Gallimard, 2001).
Comme je le disais un peu plus haut, la combinaison de multiples systèmes d'inférences (que l'évolution a produit pour des raisons qui n'ont rien à voir avec les croyances) peut produire des artéfacts (les croyances) lesquels, au sein d'une communauté, peuvent acquérir des caractéristiques mémétiques (pour citer Dawkins). (Ta comparaison à une base de données montre que tu n'as pas complètement saisi à quel niveau les choses se passent. Attention : peut-être prêtes-tu à la psychanalyse des compétences qu'elle n'a pas — et qu'elle n'a jamais revendiquées, d'ailleurs.)
Ce que je dis n'est pas une affirmation en l'air : c'est la réalité du fonctionnement de l'esprit tel qu'il semble bien qu'elle émerge de ces vingt dernières années de recherches en sciences de l'esprit (donc environ un siècle après la psychanalyse).
Citer ici une bibliographie complète serait peut-être un peu déplacé, mais je ne résiste pas à vous renvoyer sur ces deux publications :
- Ruth Garrett Millikan, « A common structure for concepts of individuals, stuffs and real kinds »,
Behavioral & Brain Sciences, n°21, 1998, p.55-100.
- Justin Barrett, « Exploring the natural foundations of religion »,
Trends in Cognitive Science, 4:1, p.29-34.