Vicomte a écrit :
En fait, c’est précisément ainsi que fonctionne la science : elle a besoin d’abduire même lorsqu’il s’agit de taxonomie. Ça a été le fondement du travail de Linné, par exemple.
Et il n’y a aucune aberration épistémologique à cela.
Aaaah, si toute conceptualisation fonctionnait comme en taxonomie.
Je suis d’accord pour dire qu’un concept est comme un être vivant qui se développe et mûrit au fil de la relation dialectique qui doit unir le travail intellectuel et l’expérimentation.
Aussi, commençons par le bébé-concept : la notion.
Notre biologiste pressent l’intérêt de la notion d’algue et pour encadrer son travail se dote d’un système expert pour savoir si tel truc est une algue ou pas.
Toi, tu pressens l’intérêt de la notion d’existence et tu sembles considérer que les neurones sont des bons détecteurs d’existence.
Un type comme Galton pressent l’intérêt de la notion d’intelligence et fabrique des tests pour la mesurer, etc...
Dans ces trois cas, on commence au niveau de la notion et on délègue à une autre instance le travail de conceptualisation. Le concept algue est défini par le logiciel expert, le concept d’intelligence est défini comme ce qui mesuré par les tests…
En réalité, cette délégation nous épargne et nous prive du véritable travail de conceptualisation.
Simplement on peut définir l’algue comme ce qui est identifié comme algue par le système expert, l’existence comme ce qui est détecté par le cerveau et l’intelligence parce qui est mesuré par les tests.
Si en taxonomie cela n’a aucune importance car le nom est, le plus souvent, une conséquence de la taxonomie. Le biologiste peut donner le nom d’algue ou n’importe quel autre nom à ce qu’il étudie, il pose qu’une algue est, par définition, un être qui possède une liste close de traits d’objectivation.
En revanche pour tout ce qui échappe à un consensus autour d’une liste de traits d’objectivations il ne faut pas confondre la notion et le concept.
L’existence ou l’intelligence ne relèvent pas de la taxonomie.
Quelle liste de traits d’objectivation permet de savoir si l’intelligence existe ou non ?
D’ailleurs on est tous d’accord pour admettre que la notion d’intelligence n’est pas complètement idiote mais qu’elle résiste assez bien à la conceptualisation.
Le fait de dire que telle démarche permet de détecter et/ou mesurer l’intelligence n’est qu’un vœu pieux qui se figure que la notion et la démarche convergent.
On a la notion d’intelligence comme point de départ.
On a des batteries de tests.
On mesure incontestablement quelque chose, mais quoi ?
On ne peut pas affirmer que tel test mesure l’intelligence car on ne peut affirmer tout au plus qu’il mesure une certaine famille de performances intellectuelles.
Si on est très indulgent, on dira gentiment que tel test mesure une "certaine forme" d’intelligence.
Les plus rigoureux diront que l’intelligence est une notion trop floue pour être conceptualisée et que l’on ne peut conceptualiser que des formes spécifiques d’intelligence.
Alors comment affirmer que les arrangements neuronaux nous offrent un moyen de caractériser l’existence ?
On a la notion de l’existence comme point de départ.
On a les arrangement neuronaux qui existent en terme de notion.
On exploite les arrangement neuronaux pour détecter, distinguer, caractériser l’existence.
On élève au rang de concept ce qui est détecté, distingué, caractérisé par les neurones et on l’appelle existence.
Est-ce l’existence dont on avait la notion ?
On dira gentiment que les neurones détectent une « certaine forme d’existence ».
À ce stade tu as défini un concept d’existence qui n’a pas nécessairement de rapport avec la notion. Au mieux ton concept décrit « une forme d’existence ».
Si tu avais défini l’existence par « existe ce que je peux toucher », tu aurais un concept, mais ce concept n’usurperait-il pas son intitulé : Est-ce vraiment ça exister ?