Nous allons expliquer tout ça à travers quelques exemples.

1/ Vous décidez d’inviter un ami pour séjourner chez vous pendant un mois. Un mois, c’est long, vous êtes aussi appelé à quitter votre domicile et votre femme finira, par la force des choses, par se dévoiler à votre ami et même demeurer seule en tête-à-tête avec lui, ce qui est religieusement illicite. Vous soumettez alors le problème à votre Moufti.
Il faut savoir dès maintenant, c’est très important, qu’un Moufti n’est pas n’importe qui. Ce n’est pas un parent ou un ami ou quelqu’un de bon conseil à qui vous demandez conseil. Non, un Moufti c’est un Moufti.
Alors que fait le Moufti une fois saisi de la question ? D’abord le Moufti ne peut pas vous déconseiller l’hospitalité ou de recevoir votre ami, ça ne se fait pas, et ce n’est pas ses oignons. Le Moufti commence par consulter le Saint Livre à la recherche d’une prescription en rapport avec votre problème, puis consulte les hadiths dans le même but, puis cherche s’il n’y a pas eu déjà une fatwa précédente émise par un autre Moufti comme lui ou plus grand que lui. Armé de cette documentation, il réfléchit, infère, déduit, induit et enfin conclut pour vous dire que votre femme doit allaiter votre ami pour en faire un proche parent devant lequel elle peut se dévoiler sans problème. Son boulot s’arrête là. C’est fini. Ce qui peut se passer après, ce n’est pas son affaire. Si, en donnant le sein, votre femme s’excite et/ou excite votre ami et décident de s’envoyer en l’air une fois que vous avez le dos tourné, le Moufti s’en fiche, ce n’est pas son problème. Il ne va pas venir surveiller votre femme ou assumer la responsabilité des fautes que commettent les autres. Il ne faut donc pas lui en vouloir au Moufti ou le traiter d’idiot.

2/ Vous avez vu dans un dessin animé un comique faire des choses. Vous saisissez alors votre Moufti. Votre Moufti procède comme indiqué précédemment. Dans cette documentation, il ne trouve aucune distinction entre êtres fictifs et êtres réelle, alors il poursuit son étude, il infère, induit, déduit et conclut : le comique doit être mis à mort. Comment exécuter la sentence, ça ne le regarde pas, c’est pas son problème. Vous n’avez qu’à vous débrouiller, après tout c’est vous qui l’avez consulté. Et il ne faut surtout pas le traiter d’idiot, car lui il a fait correctement son boulot de Moufti.

3/ Le Moufti peut aussi s’autosaisir. Au fil de ses lectures, il tombe sur quelque chose qui dit qu’il faut rester accroché à la barbe du prophète. Dans ce cas aussi, il procède comme déjà indiqué et il conclut : il ne faut rien changer, le prophète étant du moyen âge, il faut vite retourner au moyen-âge et s’y fixer. Et c’est fini, pour lui ça s’arrête là. Comment le faire…les conséquences, etc…c’est pas son problème. C’est Dieu et/ou son prophète qui en ont ainsi décidé et ils sont assez grands pour savoir ce qu’ils disent et ce qu’ils font. Le reste, ça ne le regarde pas. Lui, il est Moufti et rien de plus. Il n’est responsable de rien, d’autant que c’est Dieu lui-même qui l’aide dans son jugement. Alors il s’en lave les mains.
Voilà ! J’espère qu’on a compris qu’il ne faut jamais faire de reproches à un Moufti.
