Ce qu'il me semble important de souligner c'est que toutes les règles de vie enseignés du vivant de Jésus, par lui-même, prennent toutes appui sur l'agapè (l'amour oblatif, l'amour pour Dieu), sur des valeurs altruistes d'acceptation.
L'enseignement de Jésus à ceci de particulier, qu'il met en valeur cette singularité de l'être humain ainsi que le caractère universel de la dignité humaine.
Dans les évangiles, Jésus montre qu'il y a plusieurs manières d'aimer, plusieurs sortes d'amour (cf. agapé/philen).
Tout va dépendre de quel niveau d'être cet amour est éprouvé puisque c'est notre degré de conscience qui fait la qualité de l'amour que l'on offre.
La traduction grecque agapan qui correspond à l'amour de Jésus est un amour bienveillant-accueillant qui me semble oblatif et inconditionnel, il correspond à l'amour agamaï (agamaï à l'accusatif, datif ou génitif désigne l'admiration spirituelle, la louange ou encore la fraîcheur d'un émerveillement), tandis que le terme grec philein désigne un amour-attachement électif relatif à une personne ou à une chose. Il est à rapprocher de l'amour possessif, l'amour le plus banal qui soit, conditionné.
Dans le passage où Jésus demande à Pierre s'il l'aime, le texte illustre le changement de niveau dans cette qualité d'être : on passe de philein (cet amour émotionnel) fonction d'un moi séparé et dépendant, c'est-à-dire manifestant un penchant assez subjectif d'attirance, à celui d'agapan.
Face au chemin de croix qui nous habite, qu'on pourrait articuler dans la perspective plus vaste de la théologie de la croix, l'enseignement christique a permis de donner un sens à la souffrance qui nous traverse (comme l'ont d'ailleurs montré d'autres maîtres de sagesse). Le vécu de Jésus face à sa propre mort également : il n'y renonce pas par peur, puisqu'il a aimé jusqu'à l'acceptation de la douleur et de la mort.
Paul louait l'amour comme la plus haute des vertus de l'homme (il dit ceci "quel que soit la tâche qui me retienne, si je n'ai pas l'amour je ne suis rien"), comme d'autres louent l'humilité, d'autres le détachement, d'autres la vigilance, d'autres la simplicité et d'autres encore l'esprit. Mais bien souvent on tombe dans le piège de l'idéalisme philosophique et dialectique.
Je me demande s'il ne vaudrait pas mieux ni louer l'esprit en particulier, ni l'amour en général mais être en paix, tranquille en notre nature réelle, cela même lorsque nous sommes traversés de plein fouet par des événements difficiles. Une paix de l'esprit et du coeur qui nous meut sans aucune direction quelconque, sans aucune préférence particulière, qui nous meut dans l'art de l'écoute et du receuillement intérieur n'était-ce pas aussi cela le message de Jésus ?
Tout ce que nous connaissons à un point de référence, nous est connu au travers de nos comparaisons.
Qu'en est-il de notre être ? On ne peut comparer à rien notre être réel.
Par conséquent, si nous n'avons jamais réellement et profondément goûté la racine de notre être, qu'expérimentons-nous chaque jour ?
L'être - n'étant pas objet de quelque chose - ne peut pas se connaître au travers de comparaisons avec d'autres choses, ni ne peut se connaître comme on connaît autre chose. L'être est connaissance, non relative à un savoir quelconque, ni même multiple.
En tant que tel, n'est-ce pas par l'écoute de soi que l'on découvre cette profondeur qui nous habite ?
Un peu à la manière du musicien qui vit la musique en la vivant, il apprend à l'écouter en l'écoutant. Aucune technique, ni discipline ne peut se substituer à cette écoute car l'écoute n'est pas un processus cérébral, ce n'est pas non plus une fonction, ni une attitude de l'esprit, c'est un état d'ouverture libre de toute anticipation et de tout accomplissement, entièrement inconditionné.
Dans cette écoute intérieure, libre des interférences mentales, on comprend que ce qui nous pousse à chercher, c'est le désir de nous trouver. Trouver notre profonde nature, tranquille, sans tensions, agapé, qui nous attire sans même qu'on s'en rende compte.
Il me semble ainsi qu'en s'installant dans cette écoute de soi, on réalise l'esprit d'amour qui rend bienveillant, heureux et aimant.
J'arrête là ma littérature, je voulais vous partager ceci.
Quelques précisions étymologiques trouvé sur le net :
Bien à vous,Dans l’Écriture Sainte, deux mots sont utilisés pour « aimer » : agapao et phileo.
Dans le Nouveau Testament c’est en général le verbe agapao qui est utilisé, tandis que phileo ne se trouve que rarement.
Dire que agapao décrit un amour divin et phileo un amour seulement humain n’est pas seulement imprécis, mais c’est surtout inexact. Ainsi les pharisiens aimaient (agapao) avoir les premières places dans les synagogues (Luc 11:43) ; pareillement un serviteur hait son maître tandis qu’un autre l’aime (agapao, Luc 16:13), et le Seigneur Jésus dit en Jean 3:19 que les hommes ont mieux aimé (agapao) les ténèbres que la lumière. Ces exemples peuvent suffire à montrer que agapao ne traduit absolument pas le seul amour divin, ou comme certains le nomment, l’amour respectueux.
Inversement, le Père aime (phileo) le Fils (Jean 5:20 ; différent de Jean 3:35 qui a agapao) — et ce n’est certainement pas un amour « humain » ou « plus faible » ; ceux qui n’aiment pas (phileo) le Seigneur Jésus sont maudits (1 Cor. 16:22) ; à la fin de l’épître à Tite, l’apôtre Paul salue ceux qui nous aiment (phileo) dans la foi. Également la parole du Seigneur en Apoc. 3:19 : « Moi, je reprends et je châtie tous ceux que j’aime (phileo) » montre clairement que phileo ne désigne pas seulement l’amour humain ou l’amour entre amis.
Nous voulons donc tout de suite commencer par établir que les deux mots n’indiquent pas une différence dans la force ou l’intensité ou le degré, mais une différence dans le caractère ou le domaine de l’amour.
On a longtemps cru que le mot agape = amour, dérivé du verbe agapao, ne se trouvait pas dans la littérature profane, et qu’en conséquence Dieu réservait ce mot pour décrire Son amour dans l’Écriture. Mais non seulement on a pu documenter le mot agape en dehors de l’Écriture, mais le texte même des Septante (version en grec de l’Ancien Testament hébreu) utilise ce mot pour l’amour humain. Ainsi nous lisons que la haine d’Amnon contre Tamar fut plus grande que l’amour (agape) dont il l’avait aimée (agapao) (2 Sam. 13:15). Il est vrai que dans le Nouveau Testament, le mot principal agape désigne toujours l’amour divin ou produit divinement.
La signification originale d’agapao en grec classique en rapport avec des personnes, est « souhaiter la bienvenue ». Ce mot est maintenant un mot générique pour « amour », et peut s’appliquer à tous les domaines et toutes les directions : Aux supérieurs, aux inférieurs et aux gens de même rang. Il est utilisé aussi bien pour l’amour de Dieu envers le monde (Jean 3:16) qu’envers Son peuple (1 Jean 4:10), et aussi pour l’amour de l’homme envers Dieu (Matt. 22:37 ; Rom. 8:28 ; 1 Cor. 2:9). C’est l’amour de Christ pour les Siens (Jean 13:1) et il concerne aussi bien des individus (Gal. 2:20) que l’assemblée (Éph. 5:25). Le Saint Esprit utilise ce mot pour exprimer la souveraineté de l’amour de Dieu. Dieu aime parce qu’Il est amour, et Son amour est indépendant des mérites de son objet.
La signification de phileo (de philos = cher) est plus restreinte. Ce mot décrit l’intimité de l’amour, il parle d’inclination, d’affection, de tendresse personnelles ; c’est pourquoi il signifie parfois « embrasser / donner un baiser ». Phileo désigne donc davantage un amour impliquant des sentiments et qui trouve quelque chose d’attirant chez son objet. On comprend donc bien que, quand il s’agit d’exhortations à s’aimer l’un l’autre ou à aimer Dieu, ce ne soit jamais phileo, mais toujours agapao qui soit utilisé.
http://www.cite-catholique.org/viewtopic.php?p=182406
Bonne journée
Ase