
c'est tout
(1.1) Loué et glorifié sois-tu, ô Seigneur, mon Dieu ! Mais comment saurais-je parler de toi, alors qu'il n'est point de langue, quelque profonde qu'en soit la sagesse, capable de magnifier dignement ton nom, ni de coeur qui puisse espérer s'élever, si ardente que soit vers toi son aspiration, jusqu'au ciel de ta science et de ta majesté ?
(1.2) Si je te représente, ô mon Dieu, comme Celui qui perçoit toutes choses, je me trouve contraint d'admettre que ceux qui sont les plus hautes incarnations de la perception ont été créés par la vertu de ton ordre. Et si je t'exalte comme Celui qui est le très-Sage, je me vois aussi forcé de reconnaître que les sources mêmes de la sagesse furent engendrées par l'opération de ta volonté. Et si je proclame que tu es l'Incomparable, je découvre bientôt que ceux qui sont la plus pure essence de l'unité furent envoyés par toi et ne sont que les manifestations de ton oeuvre. Et si je t'acclame comme l'Omniscient, je dois confesser que ceux qui sont la quintessence du savoir ne sont eux-mêmes que la création et les instruments de ta Providence.
(1.3) Exalté es-tu, exalté au-delà de toute mesure, au-dessus des efforts de l'homme pour pénétrer ton mystère, pour décrire ta gloire ou seulement faire allusion à la nature de ton essence. Car ces efforts, étant les fruits de ton oeuvre, et donc suscités par ton décret, quoi qu'ils puissent accomplir, ils ne pourraient donner de résultats dépassant les limites que tu as assignées à tes créatures.
(1.4) Les plus hauts sentiments que les plus saints parmi les saints puissent exprimer à ta louange, la plus profonde sagesse qu'aient exercée pour comprendre ta nature les plus savants des hommes, tout cela gravite autour de ce centre qui est entièrement soumis à ta souveraineté, qui adore ta beauté et que ta plume anime de son propre mouvement.
(1.5) Et surtout ne permets pas, ô mon Dieu, que mes paroles puissent paraître nécessairement impliquer l'existence de quelque relation directe entre la plume de ta révélation et l'essence des choses créées. Loin, bien loin d'une telle conception de leurs rapports avec toi sont ceux qui précisément te sont unis !
(1.6) Toute comparaison est impuissante à rendre justice à l'arbre de ta révélation, et toute voie est barrée qui pourrait conduire à la compréhension de ta manifestation et de l'aurore de ta beauté.
(1.7) Loin, que loin de ta gloire est ce que l'homme peut affirmer de toi, ou t'attribuer, ou dire à ta louange! Le devoir que tu as prescrit à tes serviteurs d'exalter à l'infini ta gloire et ta majesté n'est qu'un gage de ta grâce à leur endroit, afin de les rendre capables de s'élever à cet état de la connaissance de soi-même accordé à leur être le plus secret.
(1.8) Nul autre que toi n'a jamais pu approfondir ton mystère ni exalter convenablement ta grandeur. Impénétrable et infiniment au-dessus de la louange des hommes tu resteras à jamais. Il n'y a d'autre Dieu que toi, l'Inaccessible, l'Omnipotent, l'Omniscient, le Saint des saints.