Il y a seulement besoin du processus de la repentance qui comporte de reconnaître ses péchés, de regretter, de réparer, de confesser si ces péchés sont graves, de ne pas recommencer, de demander pardon aux hommes et à Dieu, de recevoir l'indicible assurance que Dieu nous a pardonner.
Le problème, c'est que ce type de repentance n'est pas la repentance. Car reconnaître ses péchés, c'est déjà discriminer le bien et le mal, donc cela leur donne existence. Avoir du regret, vouloir réparer, ne se conçoivent que si on poursuit le jugement par une sorte de sentence. Vouloir ne pas recommencer, cela oblige à continuer à juger. Bref, comment se repentir en continuant le principe de la faute originelle ? C'est cela que je vous demande de m'expliquer.
Les premiers chrétiens se réunissaient pour célébrer leur réconciliation avec Dieu. Il confessaient globalement leur faute et surtout leur tendance à la faute. En effet, il est très difficile dans un monde accessible à nos sens dualistes de ne pas faire de discrimination. Mais l'accompagner par un jugement de valeur entre le bien et le mal, est alors la trame du jugement et le jugement entraîne la sentence. Lorsque la confession a été instituée, elle visait ceux qui présentaient un remord intense, en leur évitant de les entraîner dans des comportements extrêmes. Mais sa généralisation, comme un acte ordinaire, oblige chacun des disciples à se juger constamment afin de relever le mal qu'il a fait sans en avoir nécessairement conscience sur le moment, mais après coup pour la confession. De ce fait, la confession n'est plus dans l'axe de la repentance, mais bien dans la continuation de la faute.
Dans le christianisme, nous demandons à Dieu la faculté de ne plus fauter et de nous pardonner cette tendance à la vision dualiste. Mais ce n'est pas en s'exerçant au jugement qu'on peut s'en préserver. Il est quasi impossible de vivre une existence terrestre sans jamais relever en soi ce que l'on peut repprocher aux autres. Aussi l'assurance que Dieu nous a pardonné ne peut-elle s'établir que si l'on se sent progresser vers le non-jugement de soi et des autres. Ne pas juger, c'est là la véritable repentance, la seule qui soit contraire de l'enfoncement dans la dualité et dans la discrimination fautive.