Tout le problème vient de ce mot: "chaste". Qu'est-ce que la chasteté ?
Il me parait très déraisonnable de croire que sortir en bourkah et être chaste sont équivalents.
IL ne faut pas confondre des habitudes vestimentaires liées à des traditions en terre islamique moyenâgeuse et la chasteté qui est une vertu morale d'ordre sexuel.
Le mot vient du latin "
castus" (en français "caste" et "chaste" ont même origine: "
pur ") qui au cours du temps s'est chargé d'acceptions diverses. Cicéron sur un autre sujet ne s'écriait-il pas "O tempora O mores !" à juste titre. En matière morale, il y a donc flexibilité !
Faire croire que les femmes en bourkah seraient plus chastes que d'autres est un leurre, une illusion trompeuse et abusive.
C'est tout au plus le signal vestimentaire d'une femme, d'une certaine culture religieuse, envers la société environnante, et spécialement envers le monde masculin.
Une question cependant se pose.
Personnellement, j'avoue que chacun doit pouvoir s'habiller selon ses propres conceptions pour autant que cela ne pose pas de problème dans la société. Nous vivons dans un monde libre, alors acceptons que des femmes s'habillent de telle façon.
Mais, dans la société multiforme, la bourkah peut poser des problèmes pratiques, voire hygiéniques ou encore limiter la pratique de certains mouvements ou encore l'identification.
Ce qui est inacceptable, c'est bien l'anonymat des femmes en société (puisque la bourkah ne se porte qu'à l'extérieur du cercle familial). Ce vêtement nie volontairement l' identité de la femme "religieuse" au nom d'un présupposé religieux traditionnel contestable, à savoir que tous les hommes "envient" toute femme non couverte.
L'alcoran ne laisse-t-il pas sous-entendre que tous les hommes sont forcément, fatalement soumis à la dictature du sexe et du démon de l'envie ?
Si c'est vrai, je trouve cela pitoyable bien que cela expliquerait en partie au moins (sans excuser ces pratiques d'un autre âge) bien des choses. De toute façon, une chose est certaine: toutes les musulmanes ne font pas la même lecture vestimentaire de l'alcoran. Cela devrait rassurer tous ceux qui s'en inquiètent !
La question que je n'ai pas encore posée est la suivante: c'est celle de la liberté !
On me rétorque bien souvent que les femmes sont libres de porter ou non la bourkah. J'aimerais tant le croire, mais ... !
Personnellement, j'en doute beaucoup et j'en demande la démonstration argumentée.
J'observe que dans la société qui est la mienne, la bourkah s'affiche de plus en plus, et de plus en plus jeune !
Je me souviens que la première fois que j'ai vu des femmes en bourkah , c'était à Genève, des femmes de riches qui se promenaient en groupe sous la surveillance de quelques hommes vêtus légèrement et très à l'aise sous le soleil estival helvétique. Une famille d'Arabie Saoudite.
"L'homme existe, la femme non, c' est un paquet de linges", me suis-je dit sans réfléchir plus. C'était purement anecdotique.
Vingt-cinq ans plus tard, c'est dans les hyper-marchés bruxellois (B) ou lillois (F), c'est encore en province wallonne que je vois ces femmes en noir, et même des enfants !
Il y a deux ou trois ans, j'étais déjà frappé par la multiplication des "tête d'oeuf"... C'est comme cela que les musulmanes turques appellent celles qui enserrent leur tête dans un fichu (comme la photographie de l'avatar de Marie!)
Je me doute que pour une femme actuelle, c'est bien le résultat d'une décision personnelle... mais celle-ci est très certainement liée à une pression familiale (positive ou négative d'ailleurs!), et surtout à un réflexe identitaire et communautaire. Il s'agit bien de montrer aux autres qu'on n'est pas comme eux, qu'on refuse le mode de vie à l'occidentale dans lequel on vit "mieux" que d'où l'on vient et qu'on veut islamiser la société.
Ceci touche également les jeunes hommes qui instruits ici revendiquent eux aussi un habillement "conforme" islamiquement parlant (vêtements amples, bol sur la tête et barbe).
Ceci m'amène alors à penser que le monde politique se doit de légiférer en la matière afin de garder la société "aussi neutre" que possible. D'un côté, il est le garant de nos liberté, mais en même temps il doit limiter les démonstrations envahissantes et se préserver des lieux où l'affichage des convictions est "retenu" voire discret.
L'enseignement par exemple doit être un de ces lieux où les jeunes doivent apprendre à vivre ensemble, avec des convictions diverses qui peuvent s'exprimer, mais pas s'afficher. C'est un espace de questionnement. Un fichu sur la tête est "féminin" sans qu'il soit besoin de l'interdire.
Tous les emplois liés au Service Public doivent impérativement être "neutres".
Les convictions sont personnelles et intériorisées, et non affichées. L'exemple anglo-saxon n'est donc pas à suivre à mes yeux.
Concernant ce qui se passe dans les hôpitaux, j'avoue que la bourkah doit y être proscrite pour des raisons hygiéniques , mais on doit pouvoir respecter cependant les convictions des uns et des autres avec d'autres moyens. Les chambres peuvent être des lieux de grande discrétion. Aujourd'hui, je ne vois pas pourquoi on fabrique encore des chambres à 6 lits. Deux lits pourraient constituer un maximum... et chacun s'y sentirait "chez soi", pouvant exercer sa piété sans être entravé.
Si le politique qui se doit de gérer notre vivre ensemble ne légifère pas, c'est au nom des principes de libertés démocratiques que la société va s'islamiser... Or, une société qui s'islamise est une société qui retourne à des usages médiévaux et est par essence liberticide pour les non-croyants, et limite le champ d'action des chrétiens et des juifs au nom de la dhimmitude... sauf si l'islam se réforme et accepte une lecture historico-critique de ses textes fondateurs ! Mais les mahométans les plus éclairés ne sont pas légions, malheureusement, et beaucoup trop discrets ni aux commandes. Ce sont eux qu'il faut aider et brider les autres...
Salut