"Hier, le diable est venu ici et ce lieu sent encore le soufre", a lancé le président Chavez, en faisant allusion au discours de M. Bush mardi devant les dirigeants du monde entier réunis à New York.
Alliant le geste à la parole, le bouillant chef d'Etat a fait un signe de croix en levant les yeux au ciel, semblant implorer la protection divine contre le président américain, qu'il a encore qualifié de "menteur" et de "tyran".

"Il est venu ici comme s'il était le propriétaire du monde", a-t-il ajouté dans une harangue haute en couleur, qui tranchait avec la monotonie des discours de la plupart des dirigeants mondiaux qui se succèdent depuis mardi à la tribune onusienne.
La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, interrogée sur ce discours, a répliqué sèchement: "Je ne vais pas m'attarder sur ces commentaires. Ils ne sont pas dignes d'un chef d'Etat".
L'ambassadeur américain à l'ONU, John Bolton, a accusé M. Chavez d'avoir une "vision de bande dessinée des affaires internationales".
Chaleureusement applaudi par une grande partie des délégués, le président du Venezuela a tenu à se montrer à la hauteur de sa réputation de pourfendeur infatigable de "l'hégémonie" américaine.
"Nous ne pouvons pas permettre à la dictature mondiale de se renforcer", a-t-il dit, affirmant que "l'impérialisme" américain était "une menace pour la survie de l'humanité".
Eclectique, il a invoqué successivement l'intellectuel de gauche américain Noam Chomsky -dont il a brandi le livre dénonçant la politique américaine dans le monde-, le philosophe grec Aristote et le cinéaste Alfred Hitchcock.
Selon lui, George W. Bush, qu'il a souvent accusé de comploter pour le renverser, répand "une fausse démocratie de l'élite" et "une démocratie des bombes".
Dans un conférence de presse, il a également souhaité que le président américain "soit traduit devant un tribunal international pour génocide" à cause de la guerre en Irak.
Hugo Chavez se veut le porte-drapeau d'une révolution socialiste et "bolivarienne" (du nom du père de l'indépendance sud américaine Simon Bolivar), et fait campagne pour un siège de non-permanent au Conseil de sécurité de l'ONU.
Il est la bête noire des Etats-Unis qui estiment qu'il a une influence déstabilisatrice en Amérique latine et qu'il entretient des relations suspectes avec d'autres régimes anti-américains.
Présenté par le président cubain Fidel Castro comme son "fils spirituel", M. Chavez soutient également l'Iran dans son bras-de-fer avec Washington au sujet de son programme nucléaire.
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad lui avait d'ailleurs rendu visite à Caracas juste avant de se rendre à l'ONU pour se livrer lui aussi, mardi soir, à une attaque en règle contre les Etats-Unis