Retour en Mésopotamie, les joyaux de Nimrod

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Nickie

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Retour en Mésopotamie, les joyaux de Nimrod

Ecrit le 30 mars04, 09:08

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Archéologie: Retour en Mésopotamie, berceau du monde, pour les joyaux de Nimrod (Le Figaro)
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Trésors d'Irak Tandis qu'à New York le Metropolitan Museum expose «L'Art des premières cités», Bagdad retrouve les joyaux de Nimrod cachés depuis 14 ans

«Qu'ils construisent de nombreuses cités... Qu'ils posent les briques de nombreuses cités en des lieux purs, qu'ils établissent les sanctuaires en des lieux purs, et... Moi (Enki, dieu des eaux fraîches), je ferai régner là le bien-être», promet la Légende sumérienne de la crue.

Cette incantation peut servir de fil d'Ariane à la vaste exposition du Metropolitan Museum de New York, L'Art des premières cités (1), qui entend faire voyager le visiteur moderne à travers tout «le troisième millénaire avant J.-C., de la Méditerranée à l'In dus» (2). En ces temps meurtris d'après-guerre, il est plus doux - et plus diplo mate - de parler de la Mésopotamie (du grec «la terre entre les rivières», soit le Tigre et l'Euphrate) et de ses peuples fondateurs pour l'humanité par leurs hautes tablettes cunéiformes, leur art de l'irrigation, leurs maisons en roseaux tressés, la délicatesse de leurs bijoux d'or de cornaline (la coiffe de la reine Puabi) que d'Irak, synonyme de bombes, de dictature, d'hégémonie internationale, de géopolitique désincarnée et de musée pillé.

L'entrée de cette exposition héroïque est bleu sombre, comme la nuit des temps. Ce temps de l'histoire, les conservateurs de tous les musées du monde l'auscultent comme un oracle riche en miracles.

Près de sept ans que ce projet universel et pacifiste résiste au mauvais sort. Il a pris corps au pire de l'actualité, au coeur même de l'Amérique belligérante, grâce aux prêts de 54 musées internationaux (y compris Ouzbékistan, Bahreïn et l'Ermitage) qui ont souvent confié leurs trésors au vénérable Met, le roi du Museum Mile de Manhattan. Du British Museum qui, sir Leonard Wooley inventeur d'Ur oblige, a laissé partir de Londres la somptueuse Bannière d'Ur, scène royale et champêtre racontée en coquillage, lapis-lazuli et calcaire rouge comme les Évangiles sur une chasse du Moyen Age. Au Musée du Louvre, qui a envoyé la science d'Akkad, la ville mystérieuse d'Agadé, dans le petit sceau-cylin- dre merveilleusement gravé d'Ibni-sharrum, le scribe du roi Shar-kali-sharri, avec ses buffles d'eau, ses animaux exotiques venus de la vallée de l'Indus et son texte en glyptique qui a comblé Pierre Amiet, 81 ans, conservateur en chef honoraire du Département des antiquités orientales.

L'union de l'Occident et de l'Orient ? Elle apporte le plus spectaculaire de cette promenade dans la Grande Mésopotamie qui va des montagnes de Turquie orientale aux plateaux de Jazira, dans l'Est syrien et le Nord irakien, jusqu'aux plaines alluviales qui touchent, au-delà du Tigre, l'Elam, chère aux décodeurs des échanges artistiques, au Sud-Ouest de l'Iran (plus on s'éloigne du berceau mésopotamien, plus l'exposition campe le décor naturel par de gigantesques photographies qui valent tous les discours). Une promenade somp tueuse, vu les pièces historiques réunies, fascinante comme cette démone lionne qui se tient debout comme un humain (merveilleuse sculpture de magnésite haute de 8,8 cm, à la torsion si puissante qui induit la menace, vers 3000-2800 avant J.-C.), pédagogique comme une synthèse réussie d'historien, sans que le béotien, l'espèce la plus tardive, ne souffre de ce formidable savoir.

Du Museum of Archaeology and Anthropology de Philadelphie, particulièrement prodigue de ses produits de fouilles légendaires, à commencer par la Grande Lyre à tête de taureau, museau d'or et barbe tressée de lapis-lazuli, trouvée dans le tombeau du roi d'Ur, et l'incroyable chèvre au «kaunakès» en écailles de coquillage, aux cornes torsadées de lapis-lazuli, dressée sur ses pattes d'or pour brouter une feuille immortelle, toute la poésie du cimetière royal d'Ur (vers 2550-2400 avant J.-C.).

Au Musée de Damas en Syrie qui, in extremis, a envoyé trois chefs-d'oeuvre qui illustrent les voyages de l'art de ce IIIe millénaire, dont le pendentif en forme d'aigle (corps et ailes en un bloc de lapis-lazuli) à tête de lion (or) aux petites oreilles dressées et aux yeux fantomatiques de bitume qui fait défaillir par sa beauté et sa rareté les collectionneurs d'arts d'Orient.

Mais sans les merveilles de «Sumer, Assur, Babylone» qui ont fait la gloire du musée de Bagdad, présentés successivement à Stockholm, à Oslo, en Autriche, en Allemagne et au Petit-Palais, en 1981. Sans cette saisissante statue d'orant en gypse, à la bouche petite noyée dans la barbe sculptée, aux yeux énormes écarquillés, à la ligne de sourcils continue si moderne («Temple Carré» du dieu Abu à Eshnunna, l'actuel Tell Asmar), placée sous la protection de l'aigle Azu, génie personnifiant le nuage d'orage (vers 2750 avant J.-C.). Sans la tête sculptée en cuivre, grandeur nature, d'un roi de Ninive (peut-être Naram-Sîn, apogée de l'empire d'Agadé, vers 2250 av. J.-C.), avec sa chevelure nattée et disposée en diadème, son chignon et sa longue barbe. Privées de sortie depuis 1991 pour cause d'embargo. Désormais portées disparues pour faits de guerre. Leur absence est délicatement évoquée par des tirages en noir et blanc, sorte de veillée funèbre qui rappelle que l'art est sans frontières.

(1) Sous la direction du Dr Joan Aruz, conservateur en chef du département de Ancient Near Eastern Art au Met, avec le mécénat de Dorothy & Lewis B. Cullman et le support de The Hagop Kevorkian Fund : exposition jusqu'au 17 août, les samedis, dimanches, jeudis, de 9 h 30 à 17 h 30, les vendredis et samedis de 9 h 30 à 21 heures (fermé le lundi). Renseignements au 00 1 (212) 535 7710 ou sur Internet (www.metmuseum.org)

(2) Le choix du IIIe millénaire pour cette exposition correspond à l'apogée des cités sumériennes, mais les premières d'entre elles Ur, Uruk, Eridu, ont vu le jour bien plus tôt, au IVe millénaire.


(Le Figaro) ajouté le 2003-06-10

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