Dieu face à la science

Science et religion ne sont plus considérées comme incompatibles. The Daily Telegraph, Londres, 26 mai 1999.
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Nickie

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Dieu face à la science

Ecrit le 30 mars04, 20:25

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Société : Dieu face à la science (La Libre Belgique)
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Science et foi



Bénélux


NDLR: Certains propos tenus par l'éminent Professeur de Duve dans `La Libre Belgique´ du 23 octobre étaient de nature à choquer des croyants. Explications. Selon Christian de Duve, les découvertes de la biologie moderne vont obliger les religions à modifier radicalement leur message, qui, après plus de trois mille ans, reste toujours pénétré de l'animisme anthropocentrique qui inspirait ses auteurs bibliques. `La phrase biblique (Dieu a créé l'homme à son image) doit être inversée, écrit-il, c'est l'homme qui a créé Dieu à son image´. Pour de Duve, le message religieux, fondé sur l'argument d'autorité et sur la certitude de détenir la Vérité, avec parfois même la garantie d'infaillibilité, est incompatible avec la démarche scientifique, toujours prête à se remettre en question et à s'incliner devant le verdict des faits. Il prône un nouvel humanisme, débarrassé des mythes, mais non nécessairement de mysticisme. Il se rend compte qu'il pourrait heurter certains catholiques, y compris au sein de son université. `J'ai peut-être utilisé dans mon livre quelques mots un peu trop durs à l'égard de l'Eglise. Ce n'était nullement mon souhait. Je ne veux pas heurter et j'ai toujours été très discret sur mes convictions. Pour un homme qui a été durant toute sa vie à la recherche de la vérité, je ne voulais pas mourir avant d'avoir dit le fond de ma pensée. Celle-ci n'est pas la vérité, mais bien ma vérité´.

droit de réponse par l'Abbé Albert VERMEESCH

Docteur en philosophie et lettres

Rien n'est plus émouvant que la confession d'un homme qui a passé sa vie à la recherche du réel. Surtout lorsqu'il s'agit non seulement de quelqu'un d'attachant mais d'une capacité intellectuelle exceptionnelle. Cédant, comme beaucoup d'autres savants, au désir d'établir des synthèses générales à partir du domaine scientifique auquel il s'est consacré, il s'aventure sur le terrain philosophique et religieux et c'est là que je ferais quelques réserves.

L'évolution

C'est dans ce domaine qu'en tant que chrétien, je le rejoins le plus. Notre Dieu est un Dieu `caché´ et d'une immense discrétion. On entend souvent les hommes récriminer parce que Dieu n'intervient pas dans le monde pour faire cesser l'injustice et la violence. Mais imaginons un instant un monde où Dieu interviendrait continuellement? Ce serait non seulement insupportable, ce serait la `terreur´. Certes, plus personne n'oserait faire le mal. Plus personne ne se risquerait à ne pas croire en Dieu. Mais alors dans ce petit jeu, l'homme perdrait sa liberté, sa dignité. Ce serait un monde de robots comme dans une dictature. Un monde où l'homme, ayant perdu son indépendance, ne serait plus capable de poser un acte d'amour. L'évolution me paraît répondre le mieux à la grandeur et à la discrétion de l'action de Dieu.

Dieu, s'il ne se `montre´ pas, se laisse `deviner´ par l'ensemble des `hasards´ ou plutôt de ce que j'appellerais des `chances´ qui ont conduit l'univers depuis le big-bang jusqu'au vivant et à la personne humaine. Dieu n'a pas eu besoin de donner des `coups de pouce´. Il est l'Etre et rien ne subsisterait sans Lui. Ces `chances´ sont innombrables. On sait actuellement que l'univers est régi par quatre forces: la force nucléaire faible, la force nucléaire forte, la force magnétique et la gravité. Ces forces sont étrangement stables depuis l'origine du Monde. Or, si elles avaient eu une intensité un rien plus grande ou plus faible, la Terre n'aurait pas pu naître, ni la vie non plus. Soit que les planètes n'auraient pas pu se former, soit que l'eau, le carbone et les macromolécules nécessaires à la vie n'auraient pas pu se constituer (1). Le savant bien connu, l'astrophysicien Thuan, recourt à la comparaison suivante: `On pourrait comparer la précision de ce réglage à l'habileté d'un archer qui réussirait à planter sa flèche au milieu d'un carré d'un centimètre de côté, éloigné de quinze milliards d'années-lumière, la taille de l'Univers.´ (2) On pourrait encore ajouter que la vie sur Terre aurait été impossible si son orbite autour du soleil avait été plus proche ou plus éloignée. Si elle avait été plus proche, comme celle de Vénus, on n'y aurait pas trouvé l'eau nécessaire à la vie. Si elle avait été plus éloignée, l'eau se serait congelée comme sur Jupiter et Saturne.

En somme, la précision des forces de l'univers ainsi que le caractère inattendu pour l'homme du développement par lequel la vie s'est répandue sur la Terre posent la question d'un créateur. Le professeur de Duve y a déjà très clairement répondu. Dans une des émissions `Noms de dieux´ de la RTBF, il a notamment expliqué que le passage vers une forme de vie non seulement différente mais plus élaborée ne s'explique pas par la seule adaptation. Il y a une sorte de `mutation´. C'est un peu `demander à une auto de se transformer en avion´ . Ce passage, ajoutait-il, cette `mutation´ restent inexplicables si on ne recourt pas à l'hypothèse de Dieu. Aurait-il changé d'avis à propos du passage de l'inerte à la vie?

Le hasard a bon dos!

Dans l'univers, ce qui surprend, c'est l'ordre et la raison. `Ce qui est incompréhensible, c'est que le monde soit compréhensible´, disait Einstein. Sans ordre, sans structure, non seulement la science serait impossible mais également la vie courante. Or, la structure est le fruit de la raison. Le hasard est tout le contraire, c'est l'incohérence. Il n'existe d'ailleurs pas en lui-même. C'est une étiquette que l'on colle sur un événement fortuit. N'ayant pas d'existence propre, il ne peut pas être considéré comme un facteur scientifique. Il est incapable de fournir une explication. On ne peut pas construire un monde `ordonné´ sur une base aussi incertaine, aveugle et même inexistante.

Prigogine, dans ses propos recueillis par G. Sorman, nous dit: `On sait qu'au niveau des électrons, la physique classique n'est plus valable et que nous entrons dans le monde des incertitudes. Notre monde physique classique n'est plus une horloge, mais un chaos imprévisible.´ Mais à la question: `Quelle est l'attitude du savant face à cette omniprésence du hasard en lieu et place de lois déterministes?´, il répond: `L'étonnement. Le savant est étonné parce que le chaos débouche sur des structures ordonnées.´ (3) C'est tout l'opposé du hasard. On est obligé de recourir à un élément, une force, capables de structurer. Si on admet l'existence d'un `créateur´ discret, la `Providence´ peut très bien convenir. Elle expliquerait d'ailleurs la suite impressionnante des `chances´ qui ont conduit l'univers jusqu'à la naissance de la vie. Pour essayer de reproduire la vie, ne s'est-on pas efforcé de reconstituer les conditions qui régnaient sur la Terre à l'époque de son apparition? Cela a donné certains résultats. Ceci prouve bien qu'il ne s'agit pas de hasard mais d'une `expérience´ qui a été conduite autrefois par ce qui ne peut être qu'une intelligence.

L'âme

Le moi conscient de l'homme lui permet non seulement de faire un `retour´ sur lui-même, une prise de conscience qu'il existe, mais également de prendre ses distances vis-à-vis du monde qui l'entoure. L'animal en est incapable. L'homme, par son intelligence, par son côté `immatériel´, peut se distancer du décor où il vit. Vercors parle de l'homme comme d'un `animal-dénaturé´. Le principe vital de l'homme, son `âme´, échappe à la matière, elle est `immatérielle´. En effet, elle peut saisir le beau, l'amour, le bien. L'homme est libre. Il est créateur. Il domine la nature en la façonnant. Le sculpteur peut faire jaillir de la pierre une idée immatérielle et l'homme de sciences peut réaliser les expériences qu'il a imaginées dans son cerveau. L'esprit de l'homme n'est pas soumis au temps. Il peut voyager dans le passé comme dans l'avenir. L'homme peut imaginer un bonheur infini. Il peut se `projeter´ dans un au-delà qui n'aurait pas de fin même s'il ne peut se faire une idée de ce que serait une éternité.

L'âme échappe à la matière, même si elle est liée à elle. Elle est d'une autre nature, elle peut concevoir l'universel en mathématiques. Si le corps, la matière peuvent se désagréger, en est-il de même pour l'âme? Si l'âme et le corps sont intimement liés, l'âme échappe à la matière parce qu'elle est d'une autre nature et pour cette raison, tout porte à croire qu'elle ne peut pas être la résultante d'une évolution matérielle. Entre la matière et l'âme, il y a un fossé infranchissable.

Bien des savants ont essayé de relier l'âme à l'évolution matérielle. J.C. Eccles, prix Nobel de médecine en 1953 pour ses travaux sur le cerveau, est bien placé pour émettre un jugement. Dans son livre `Evolution du cerveau et création de la conscience´, il se montre farouchement partisan de l'évolution du cerveau mais il s'arrête devant la `conscience´. Il passe au crible les théories qui essaient de montrer que la conscience s'explique par une évolution matérielle pour constater leur impossibilité. Je passe les longues discussions pour en arriver à sa conclusion: `Puisque les solutions matérialistes sont incapables d'expliquer notre expérience d'unicité, je me sens contraint d'attribuer l'unicité du moi (ou de l'âme) à une création spirituelle d'ordre surnaturel. Pour m'exprimer en termes théologiques: chaque âme est une création divine nouvelle implantée dans le foetus à un moment donné entre la conception et la naissance. C'est la certitude de l'existence d'un noyau d'individualité unique qui rend nécessaire l'idée de cette création divine. Je prétends qu'aucune autre explication ne tient. Ni l'unicité génétique avec sa loterie fantastiquement impossible ni les différenciations dues à l'environnement, lesquelles ne déterminent pas l'unicité du moi, mais ne font que la modifier.´ Et d'ajouter: `Cette conclusion est d'une importance théologique inestimable. Elle renforce notre foi en l'âme humaine et en son origine miraculeuse par création divine.´ (4)

L'image de Dieu

Le professeur de Duve nous dit que ce n'est pas l'homme qui a été créé à l'image de Dieu mais bien Dieu à l'image de l'homme. Hegel, il y a deux siècles, pensait de même, mais Hegel était `déiste´ à la mode des philosophes de cette époque, tandis que le professeur, enseignant dans un milieu chrétien, doit bien savoir que Dieu est venu sur Terre pour nous sauver et que par là, il a dû nous révéler son `mystère´. Un `mystère´ que l'homme n'aurait pu ni imaginer ni découvrir par lui-même. Il nous a révélé qu'Il est `Trinité´, qu'Il est Père, Fils et Esprit et que ces trois `entités´ ne font qu'Un par l'amour. Le commandement d'amour que le Christ nous a laissé nous `dépasse´. C'est, entre autres, de présenter la joue droite à celui qui nous frappe la gauche. L'incarnation, la mort honteuse du Christ, dépasse le bon sens de l'homme. C'est saint Paul qui, en toute franchise, ose nous dire que le christianisme est un scandale pour les juifs et une folie pour les Grecs. L'homme, laissé à lui-même, a imaginé des dieux violents et jaloux. Jamais, il n'aurait pu soupçonner le sommet de grandeur et de bonheur qu'il aura la joie de partager un jour.

(La Libre Belgique) ajouté le 2002-11-20

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