Le défi islamiste
Le royaume n'échappe pas au retour du religieux. Plus que de l'islamisme politique, c'est la manifestation d'une crispation identitaire, qui pourrait bien se traduire dans les urnes lors des élections de septembre 2007.
De notre envoyée spéciale Mireille Duteil
« Les Marocaines entre hidjab et Bikini », titrait en septembre le premier numéro de Nichane, la version arabe de l'hebdomadaire Tel Quel, un des plus importants news magazine du royaume. Le titre accompagnait une photo de une montrant une jeune femme de dos, en maillot de bain deux pièces. Un costume de bains très décent à l'aune européenne. Pourtant, la photo a fait scandale, au moins dans une partie de la population marocaine. Dans les kiosques à journaux, nombre de vendeurs ont refusé de mettre en vente l'hebdomadaire, dont les exemplaires ont été renvoyés au distributeur.
La pruderie est dans l'air du temps dans le royaume. Elle accompagne un évident réveil de la religiosité. Lors du dernier ramadan qui, cette année, s'est terminé en octobre, les mosquées étaient chaque jour pleines à craquer. Est-on en présence d'une poussée islamiste irrésistible ? Pas nécessairement. Mais cela y ressemble suffisamment pour que chacun soit désormais convaincu qu'à l'automne prochain, lors des élections législatives, le Parti de la justice et du développement (PJD), une formation islamiste légaliste, aura toutes les chances de devenir le premier parti du pays. Il dispose actuellement de seulement 42 des 325 sièges du Parlement.
Sauf véritable séisme politique, encore jugé improbable à dix mois du scrutin, on ne devrait pas assister à un raz de marée. Selon les pronostics, le PJD ne devrait pas obtenir la majorité des suffrages, mais faire cependant son entrée au gouvernement.
Son patron, le très BCBG Saad Eddine el-Othmani, pourrait-il être appelé par le roi Mohammed VI à occuper le poste de Premier ministre ? « Cette éventualité est peu probable », affirme l'intéressé, qui ne semble pas du tout la souhaiter. Une attitude tactique ? Pas seulement.
C'est dans une grande maison cachée au fond d'une petite impasse du quartier des Orangers, un ensemble de rues résidentielles et calmes de Rabat où les villas blanches s'enfouissent sous des jardins fleuris, que le PJD a élu domicile. Son secrétaire général reçoit volontiers. Brun, mince, de taille moyenne, un visage fin et allongé, le cheveu court, le sourire facile et une petite barbe poivre et sel, ce médecin psychiatre - il a recommencé à exercer, une fois par semaine, dans un hôpital privé de Rabat - est d'un abord ouvert et chaleureux. On est loin de l'image du barbu en tunique blanche - le qamis - et coiffé d'une calotte qui refuse de serrer la main des femmes. Saad Eddine el-Othmani, c'est l'islamiste en costume-cravate. Son discours vise à rassurer. Pas question d'effrayer la presse, l'étranger, le pouvoir, les Marocains modernistes... qui vivent un pied de chaque côté de la Méditerranée, avec des propos rigoristes.
Pour le patron du PJD, marié et père de trois enfants, ce n'est manifestement pas qu'une attitude politique. Il ne regarde ni vers l'Arabie saoudite ni vers les partis sunnites fondamentalistes -même si le PJD a eu, hier, des affinités idéologiques avec les Frères musulmans. Son modèle à lui, c'est la Turquie. Il se verrait bien la version marocaine de Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre turc, qui, tout islamiste qu'il soit, rêve de faire entrer son pays dans l'Union européenne et prend soin de ne pas heurter une armée turque farouchement laïque.
« Il n'est pas question de singer l'expérience turque, mais nous sommes allés les voir pour nous en inspirer », confie-t-il. Comme l'AKP, le parti islamiste moderniste turc, le PJD souhaite participer au pouvoir. « Après les élections, ce sera au roi et aux instances du parti de déterminer si nous entrons au gouvernement ou devenons le principal parti d'opposition », dit-il.
Le royaume n'échappe pas à l'air du temps : le retour au religieux. A Rabat, même dans les beaux quartiers, les mosquées aux prédicateurs réputés ont été prises d'assaut durant le ramadan. Au Souissi, un des quartiers ultrachics de la capitale, les rues avoisinant la mosquée Cheikh Zayed, du nom de l'ancien chef d'Etat des Emirats qui a financé sa construction, étaient, les soirs de prêche, encombrées de grosses cylindrées. Des voitures qui valent une fortune pour un salarié moyen, compte tenu des taxes importantes imposées sur l'importation des véhicules.
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Ecrit le 30 nov.06, 06:11(Isaïe 30:15) Votre force résidera en ceci : dans le fait de rester calmes et [aussi] dans la confiance . AM - JW - Les Témoins de Jéhovah
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