principaux réformateurs: Jean CALVIN (1509-1564)

Les Mouvements historique : calvinistes, presbytériens ; luthériens ; anglicans, épiscopaliens ; méthodistes
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principaux réformateurs: Jean CALVIN (1509-1564)

Ecrit le 11 juil.03, 03:41

Message par Forum-Religion »

Jean CALVIN (1509-1564)

Un humaniste français à la recherche de la vérité

Une enfance aisée

Jean CALVIN est né à Noyon en Picardie en 1509 d'un père notaire et conseiller juridique du diocèse de Noyon et d'une mère pieuse. Très jeune, destiné par son père à la prêtrise comme son frère aîné, il est pourvu d'un bénéfice qui le met à l'abri du besoin.

Un juriste qui passe à l'humanisme

Après des études sur place, il est envoyé à Paris au collège de la Marche puis à celui de Montaigu (où il est condisciple d'Ignace de Loyola). A la suite d'un différent entre son père et l'évêque de Noyon, son père décide de faire de son fils un juriste et Jean CALVIN va étudier à Orléans puis à Bourges avant de revenir à Paris.

Ses études de droit terminées, il se tourne vers les lettres et se fait connaître dans le monde des humanistes par un excellent Commentaire du "De clementia" de Sénèque, rédigé en 1532 à l'âge de 23 ans.

Un humaniste gagné à la Réforme

Durant ses études de droit, il est en contact avec de nombreux "luthériens", professeurs ou étudiants. Cependant, dans un premier temps, il ne semble pas que le brillant étudiant qu'est CALVIN se soit intéressé à autre chose qu'à ses études. Ce n'est qu'en 1534 qu'il passe brusquement à la Réforme, résilie son bénéfice et quitte la France après l'affaire dite "des Plaquards".

Sur sa conversion, brusque et définitive, il restera toujours discret quant à la manière dont elle s'est déroulée. Juriste et humaniste, sa soif de vérité est très forte et l'Eglise Catholique de l'époque, en pleine confusion, ne peut guère lui apporter de réponse. C'est finalement dans l'Ecriture qu'il trouvera la vérité qu'il recherche.

Sa seule ambition étant d'écrire, il se retire à Bâle où il publie son premier livre à caractère religieux en 1536 : l'Institution de la Religion Chrétienne, ouvrage qu'il retravaillera tout au long de sa vie au point de le faire passer de 6 chapîtres - en 1536 - à 80 chapîtres - en 1564. Ce livre le fait reconnaître d'emblée comme un brillant théologien de la Réforme.

Le théologien de la Réforme

Homme de la deuxième génération, il n'innove pas particulièrement. Mais ce juriste est un écrivain précis : il construit la théologie de la Réforme. L'Institution de la Religion Chrétienne comporte une théologie d'autant plus claire que c'est un ouvrage adressé à François 1er pour défendre les "évangéliques", "luthériens" et autres "bibliens" persécutés que le roi laisse envoyer au bûcher depuis l'affaire des Plaquards.

Sa théologie - comme celle de ZWINGLI - est enracinée dans une affirmation centrale : la souveraineté de Dieu qui s'exerce partout et sur toute sa création, humains compris.

Sa théologie est également enracinée - comme celle de LUTHER - dans une autre affirmation, corollaire de la première : l'homme n'est sauvé, justifié, que par la seule grâce de Dieu , par le moyen de la foi en Jésus-Christ.

Sa théologie est enfin enracinée dans une troisième affirmation qu'il partage avec LUTHER et ZWINGLI : l'autorité de la Bible est souveraine en matière de foi et de règle de vie. L'autorité de la Bible est placée au dessus de celle de l'Eglise.

Le théologien devient pasteur

Jean CALVIN, au cours d'un déplacement à Genève y est retenu comme pasteur en 1536. Chassé de la ville en 1538 par le magistrat qui ne veut pas accepter la discipline ecclésiastique qu'il propose, CALVIN se retire à Strasbourg où il exercera la charge de pasteur de la paroisse française de 1538 à 1541.
Pasteur de Genève et des réformés français

Rappelé en 1541 à Genève par les Genevois, il restera dans cette ville jusqu'à sa mort en 1564. Peu à peu, il va transformer la ville malgré l'opposition fréquente des magistrats. Il va alors mener de front un prodigieux travail d'écrivain (ouvrages de théologie, d'exégèse, de commentaires bibliques, de correspondances, etc ...), un travail de pasteur et un travail de fondateur d'un nouveau type d'homme : le calviniste.

Tout en assurant sa charge de pasteur de Genève, il va soutenir, par ses conseils, ses livres, ses encouragements, ses exhortations, les réformés français - ses compatriotes - pour lesquels il manifestera continuellement une grande sollicitude.

Un théologien européen

Mis à part le bref séjour de 1510 à Rome, LUTHER n'a jamais quitté l'Allemagne. De même, mis à part un déplacement à Marbourg en 1529, ZWINGLI n'a jamais quitté la Suisse. Jean CALVIN, par contre, a beaucoup voyagé : en plusieurs régions de France, en Suisse, en Italie à Ferrare - auprès de René de France duchesse de Ferrare, en Allemagne également - assistant aux Colloques de Hagueneau, de Worms,ou celui de Ratisbonne tenu entre catholiques et protestants en 1541 à la demande de l'Empereur d'Allemagne.

Cette connaissance qu'a Calvin des principaux pays européens de son temps lui sera précieuse tout au long des nombreuses relations épistolaires avec les autres Réformateurs. En effet, contrairement à ce qu'on pourrait croire, la plupart des Réformateurs du XVI-ième Siècle se connaissaient et s'étaient même rencontrés au moins une fois.

CALVIN n'a bien sûr pas connu ZWINGLI mort avant son passage à la Réforme, et s'il n'a pas eu l'occasion de rencontrer physiquement LUTHER, les deux hommes correspondaient entre eux. Quant aux autres Réformateurs importants de l'époque, CALVIN les a tous rencontrés à l'un ou l'autre colloque.

Un prodigieux écrivain

En traduisant son Institution de la Religion Chrétienne en français dès 1541, CALVIN a contribué à fixer la langue française, alors en pleine évolution. Par ailleurs, cette traduction fait de l'ouvrage le premier livre de théologie systématique traduit en langue vernaculaire et non plus en latin. Incontestablement, il ouvre ainsi une ère nouvelle qui permettra à tous ceux qui savent lire de structurer et développer leur foi à partir de la bible ou d'ouvrages de théologie (et pas seulement de piété, comme auparavant).

Les écrits de CALVIN, ouvrages de théologie, d'exégèse, de commentaires bibliques, de correspondances, etc ... sont très nombreux et font de lui un des écrivains les plus féconds et les plus variés du XVI-ième Siècle.

La mort du réformateur

La fin de sa vie sera attristée par les guerres de religions qui éclatent en France malgré ses avis contraires. Et au moment où il est enfin reconnu à Genève (il n'obtient le droit de bourgeoisie qu'en 1559), cette situation des réformés français le remplit de tristesse. En 1564, il s'éteint à Genève, entouré de ses principaux collaborateurs et amis au nombre desquels figure Théodore de Bèze qui lui succèdera à la tête de l'Eglise de Genève.

franck17360

franck17360

Re: principaux réformateurs: Jean CALVIN (1509-1564)

Ecrit le 03 juin13, 01:17

Message par franck17360 »

Comme quoi, des personnes sincères aident à la diffusion de la Bible...

medico

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Re: principaux réformateurs: Jean CALVIN (1509-1564)

Ecrit le 03 juin13, 01:38

Message par medico »

franck17360 a écrit :Comme quoi, des personnes sincères aident à la diffusion de la Bible...
mais l'autre face il a fit brulé Michel Servet qui lui n'était pas d'accord avec la doctrine de la trinité.
(Isaïe 30:15) Votre force résidera en ceci : dans le fait de rester calmes et [aussi] dans la confiance . AM - JW - Les Témoins de Jéhovah

franck17360

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Re: principaux réformateurs: Jean CALVIN (1509-1564)

Ecrit le 03 juin13, 03:39

Message par franck17360 »

Comme quoi personne n'est parfait...

"Car vous voyez votre appel, frères : qu’il n’y a pas beaucoup de sages+ selon la chair qui ont été appelés+, pas beaucoup de puissants+, pas beaucoup de gens de haute naissance ; 27 mais Dieu a choisi les choses sottes du monde+ pour faire honte aux sages ; et Dieu a choisi les choses faibles du monde pour faire honte aux fortes+ ; 28 et Dieu a choisi les choses sans distinction du monde et celles qu’on méprise, celles qui ne sont pas+, pour réduire à rien+ celles qui sont, 29 afin que nulle chair ne se glorifie+ en présence de Dieu" -- 1 Corinthiens 1:26-29.

medico

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Re: principaux réformateurs: Jean CALVIN (1509-1564)

Ecrit le 03 juin13, 03:42

Message par medico »

franck17360 a écrit :Comme quoi personne n'est parfait...

"Car vous voyez votre appel, frères : qu’il n’y a pas beaucoup de sages+ selon la chair qui ont été appelés+, pas beaucoup de puissants+, pas beaucoup de gens de haute naissance ; 27 mais Dieu a choisi les choses sottes du monde+ pour faire honte aux sages ; et Dieu a choisi les choses faibles du monde pour faire honte aux fortes+ ; 28 et Dieu a choisi les choses sans distinction du monde et celles qu’on méprise, celles qui ne sont pas+, pour réduire à rien+ celles qui sont, 29 afin que nulle chair ne se glorifie+ en présence de Dieu" -- 1 Corinthiens 1:26-29.
C'est le seul point commun qu'il avait avec les catholique.se débarasser de M SERVET.
(Isaïe 30:15) Votre force résidera en ceci : dans le fait de rester calmes et [aussi] dans la confiance . AM - JW - Les Témoins de Jéhovah

franck17360

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Re: principaux réformateurs: Jean CALVIN (1509-1564)

Ecrit le 03 juin13, 03:43

Message par franck17360 »

Le seul, mais important...

Pourtant grâce à lui...

medico

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Ecrit le 03 juin13, 03:57

Message par medico »

franck17360 a écrit :Le seul, mais important...

Pourtant grâce à lui...
a Servet un des premiers qui a ossé tenir tête tant aux protestants que les catholiques concernant la doctrine de la trinité.
(Isaïe 30:15) Votre force résidera en ceci : dans le fait de rester calmes et [aussi] dans la confiance . AM - JW - Les Témoins de Jéhovah

franck17360

franck17360

Re: principaux réformateurs: Jean CALVIN (1509-1564)

Ecrit le 03 juin13, 03:59

Message par franck17360 »

J'ai parlé de SERVET à un pasteur. Il m'a dit que c'est grave ce qu'il lui est arrivé, mais que, grâce à lui, les mentalités ont évolué.

Je lui ai demandé en quel sens, il m'a répondu que la trinité est passé aux oubliettes aujourd'hui, même si certains sont attachés à cette doctrine... Dont acte !

A sa manière, la mort d'Etienne aussi avait fait bougé les choses...

medico

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Re: principaux réformateurs: Jean CALVIN (1509-1564)

Ecrit le 03 juin13, 04:01

Message par medico »

franck17360 a écrit :J'ai parlé de SERVET à un pasteur. Il m'a dit que c'est grave ce qu'il lui est arrivé, mais que, grâce à lui, les mentalités ont évolué.

Je lui ai demandé en quel sens, il m'a répondu que la trinité est passé aux oubliettes aujourd'hui, même si certains sont attachés à cette doctrine... Dont acte !

A sa manière, la mort d'Etienne aussi avait fait bougé les choses...
drôle façon de voir les chose :(
(Isaïe 30:15) Votre force résidera en ceci : dans le fait de rester calmes et [aussi] dans la confiance . AM - JW - Les Témoins de Jéhovah

franck17360

franck17360

Re: principaux réformateurs: Jean CALVIN (1509-1564)

Ecrit le 03 juin13, 04:10

Message par franck17360 »

C'est le monde où l'on vit qui voit les choses de cette manière. Pour se faire entendre aujourd'hui, il faut faire un acte désespéré ou un acte original...

Mais je suis d'accord avec toi, drôle de façon de voir les choses.

Le Christ est bien mort et a fait évolué les choses, même si à la base, cela n'était pas le but, mais quelque chose a démarré suite à sa mort...

franck17360

franck17360

Re: principaux réformateurs: Jean CALVIN (1509-1564)

Ecrit le 03 juin13, 04:12

Message par franck17360 »

La conversion et « l'Institution chrétienne »
Jean CalvinJean Calvin

C'est au cours de son bref séjour charentais qu'il prend la décision de rompre avec les illusions d'un réformisme tranquille, dissimulé sous les apparences extérieures de la fidélité à Rome : très sobrement, il écrira plus tard que ce fut « par une conversion subite » que Dieu « dompta et rangea à docilité [son] cœur ». Profondément humilié d'avoir si longtemps tergiversé avant de se décider, il écrira encore : « Maintenant donc, Seigneur, que reste-t-il à moi, pauvre et misérable, sinon T'offrir pour toutes défenses mon humble supplication que Tu ne veuilles me mettre en compte celui tant horrible abandonnement et éloignement de Ta Parole duquel par Ta bénignité merveilleuse Tu m'as une fois retiré ? » On reconnaît bien là les premiers grands textes de Luther autour de 1515 : c'est au moment où il donne raison à Dieu contre lui-même que l'homme commence à vivre de l'Évangile, n'ayant plus aucune sécurité religieuse et possédant, par contre, la pleine assurance de la grâce du Christ.

Quoi qu'il en soit des circonstances mystérieuses de cette conversion définitive, Calvin s'aperçoit qu'il y a, venant de partout, des gens assoiffés du vrai Évangile, qui lui demandent une nourriture pour leur âme et un enseignement pour leur esprit. Il n'y aura plus désormais chez lui la moindre hésitation ; il se sait appelé à un ministère qui est, pour lui, la forme concrète que doit prendre dans sa vie l'élection au salut éternel : quel qu'en soit le prix, il ne vivra plus désormais que pour cela.

Le 4 mai 1534, il est soudain à Noyon, où il résigne tous ses bénéfices entre les mains des chanoines de la cathédrale. Errant quelque temps, on le voit à Paris, puis à Orléans, rédigeant un premier traité théologique curieusement consacré à une polémique contre les anabaptistes, qui, comme pour Luther, ne tarderont pas à former le second front de son combat, et destiné à prouver un point de doctrine éminemment contestable : « Les âmes veillent et vivent après qu'elles sont sorties des corps. » C'est la Psychopannychia.

Une provocation formidable, l'« affaire des Placards » (nuit du 17 au 18 octobre 1534), oblige François Ier à renoncer à ses extérieurs de roi tolérant : plusieurs exécutions ont lieu. Pour échapper à un sort trop certain, Calvin se réfugie à Bâle, où il arrive en janvier 1535.

Dans cette ville, où la Réforme a été instaurée par Œcolampade, ami de Martin Bucer, Érasme et les grands imprimeurs ont créé une tradition culturelle vivante aujourd'hui encore ; de plus, au carrefour de trois pays, Bâle est traditionnellement un grand lieu de passage et de rencontre des peuples, un creuset où fusionnent doctrines et nouvelles en provenance du monde entier. Calvin, pendant que flambent les bûchers de ses amis, est ulcéré, parce que la propagande française s'efforce à en minimiser l'importance.

« Lors moi, voyant que ces pratiqueurs de cour par leurs déguisements tâchaient de faire non seulement que l'indignité de cette effusion de sang innocent demeurât ensevelie par les faux blâmes et calomnies desquels ils chargeaient les saints martyrs après leur mort, mais aussi que par après il y eût moyen de procéder à toute extrémité de meurtrir les pauvres fidèles sans que personne en pût avoir compassion, il me sembla que, sinon que je m'y opposasse vertueusement en tant qu'en moi était, je ne pouvais m'excuser qu'en me taisant je ne fusse trouvé lâche et déloyal.

« Et ce fut la cause qui m'incita à publier mon Institution de la religion chrétienne […] c'était seulement un petit livret contenant sommairement les principales matières, et non à autre intention sinon afin qu'on fût averti quelle foi tenait ceux lesquels je voyais que ces méchants et déloyaux flatteurs diffamaient vilainement et malheureusement. »

Ce texte est d'une importance capitale : il définit en effet la théologie de Calvin non comme un exercice académique, mais comme un témoignage en situation, comme une réflexion systématique qui rend compte de l'engagement de l'Église confessant sa foi devant les autorités et quoi qu'il en coûte. À la suite de tous les grands auteurs chrétiens, et notamment des écrivains néo-testamentaires, Calvin lie indissolublement théologie et histoire : il n'y a pas de theologia perennis, mais uniquement des tentatives provisoires destinées à nourrir ou à expliciter la vie actuelle de la communauté chrétienne. Par-delà toutes les fixations immuables de l'orthodoxie ou de la pseudo-théologie scientifique, on retrouvera le risque et l'invention théologiques en relation avec un temps et un lieu précis dans l'œuvre de Karl Barth, le plus grand des disciples contemporains de Calvin.

Le « petit livret », c'est le fruit du travail acharné de toute une année, c'est une somme en six chapitres qui, remaniés durant toute la vie de Calvin, reparaîtront à plusieurs reprises, jusqu'à former le gros ouvrage en quatre livres et quatre-vingts chapitres en 1559 ; ce dernier texte latin sera suivi d'une traduction française, rédigée au prix de grandes souffrances par le réformateur malade et terminée peu de temps avant sa mort. À l'origine, donc, six chapitres ; les trois premiers (la Loi, la Foi, la prière) sont directement inspirés des Petit et Grand Catéchismes de Luther, ainsi que de l'Exposition du symbole et de l'Oraison dominicale d'Érasme ; les deux suivants, sur le baptême et la Cène, ont comme arrière-plan le traité luthérien de 1520 : De la captivité de Babylone ; le dernier, sur la liberté chrétienne, est manifestement pénétré de la réflexion et des formules de l'admirable petit livre De la liberté du chrétien, rédigé par Luther en 1520 également.

On voit à quel point la dépendance est étroite à l'égard de la Réforme allemande, et ce n'est pas l'amoindrir que de dire que, à cette époque, Calvin, qui cherche encore son style et son assise théologiques, se sent très attiré par le compagnon de Luther, le doux Philip Melanchthon. Plus tard, les choses se durciront et les points de vue divergeront : tandis que les luthériens auront tendance à voir dans l'autorité scripturaire un principe central laissant une large frange de liberté à l'égard de tout ce qui n'est pas défendu, Calvin y trouvera un cadre impérativement strict ; tout ce que l'Écriture ne prescrit pas expressément lui paraîtra interdit.

À côté des luthériens, c'est aussi Zwingli qui marque fortement Calvin et à qui il emprunte son idée d'une union étroite entre Providence et prédestination. Quant à Bucer, il subira aussi cette influence, non seulement sur le plan liturgique et en ce qui concerne l'organisation de l'Église locale, mais aussi et surtout en reprenant la visée œcuménique qui est celle de toute l'œuvre du Réformateur de Strasbourg.

La première Institution paraît le 23 août 1535 : elle est précédée d'une « Epître au Roi », dans laquelle le jeune théologien de 24 ans explique que son propos, en rédigeant ce gros catéchisme de 516 pages petit format (commode pour être diffusé clandestinement), est d'abord d'informer exactement le roi sur la doctrine de ceux que l'on calomnie sans cesse devant lui et qui sont, de ce fait, traités comme la lie de l'humanité. Il affirme ensuite que cette doctrine est de Dieu et appuyée par sa souveraine autorité, et qu'elle n'est pas nouvelle, étant tout entière fondée sur l'Écriture sainte et concentrée dans l'affirmation que l'amour de Dieu est la vie et la joie de ceux qui reconnaissent Christ comme frère et médiateur. Comme Melanchthon l'affirmait dans la Confession d'Augsbourg, il ne s'agit pas là de fantaisies sectaires, comme celles des illuminés anabaptistes et enthousiastes, mais de la vraie foi de l'Église catholique, retrouvée et reformulée dans son originelle pureté. Prétention permanente de la Réforme : ne pas avoir l'intention de diviser, mais d'unir la famille chrétienne autour du véritable Évangile, message de libération temporelle et éternelle communiqué et accompli par la prédication, la vie, la passion et la résurrection du Christ Jésus.

Suivant l'adresse au roi de France et le premier texte de 1535, l'édition complète, parue en mars 1536, est enlevée en quelques mois par tout ce que l'Europe compte d'évangéliques plus axés sur le latin et le français que sur le rude allemand des luthériens.

Dans les années suivantes, Calvin, transformant ce « sommaire en somme » (A.-M. Schmidt), va parfaire et étendre sa géniale synthèse d'éléments pris au fur et à mesure des rencontres et lectures chez tous ses aînés. L'édifice devient une construction puissante où apparaissent les qualités françaises et latines : « besoin d'ordre, esprit logique, sens de l'action et de la moralité » (Pierre Imbart de La Tour, historien catholique).

À ce moment critique de l'histoire de la Réforme, où les acquisitions théologiques et les avancées ecclésiales étaient remises en cause par de redoutables forces centrifuges, « le génie de Calvin fut de comprendre que si la foi nouvelle voulait remplacer l'ancienne Église, il lui fallait retrouver le secret de sa force, c'est-à-dire son unité et son caractère universel… Discerner entre les aspirations contraires de la révolution religieuse, unir la Réforme elle-même en un corps de doctrine assez large pour s'adapter à tous les esprits, en une société assez forte pour se libérer de l'État et se perpétuer, donner à cette Église l'armature solide d'un dogme défini, d'une morale rigide, d'une discipline rigoureuse, opposer cette orthodoxie, cette morale et cette Église à la fois à l'individualisme religieux, à l'indépendance des mœurs, aux égoïsmes nationaux, pour tout dire, reconstituer en dehors du catholicisme et contre lui un nouveau catholicisme, uniquement fondé sur la Parole de Dieu… voilà ce que sera son œuvre. » (Imbart de La Tour.)

La dernière Institution est donc un énorme ouvrage qui, contrairement à la première, suit le plan non d'un catéchisme, mais du Credo, et les quatre livres traitent successivement : de la connaissance et de la doctrine de Dieu, de la personne et de l'œuvre du Médiateur ; de l'œuvre du Saint-Esprit, foi et vie nouvelle de l'homme justifié ; de l'ecclésiologie, des sacrements et des relations entre la communauté chrétienne et la société civile.

« Toute la somme de nostre sagesse, laquelle mérite d'être appelée certaine […] est quasi comprise en deux parties, à savoir la cognoissance de Dieu et de nous mêmes. » Il s'agit donc pour l'homme de « s'enquérir de la vérité et y adhérer ».

Les points clés de cette doctrine bien architecturée sont multiples, et l'on ne peut qu'admirer la force du penseur et le souffle de l'écrivain.

Soulignons, entre autres, la définition des rapports entre l'Écriture, le Saint-Esprit et la tradition : « Sans l'Esprit, la Parole est lettre morte, de nulle efficace ; sans la Parole, l'Esprit voltige comme une illusion. L'Esprit scelle en nous et explique le contenu de la Parole. Mais il n'opère lui-même que dans les limites que la Parole lui assigne. » Ce double verrou étant tiré contre le littéralisme et l'illuminisme, Calvin n'hésite pas à reconnaître dans la tradition le document de l'élaboration doctrinale de l'Église à travers les siècles ; mais elle est subordonnée à l'Écriture, c'est d'elle seule qu'elle tire son autorité ; ce n'est que dans sa conformité à l'Écriture qu'elle en est confirmation.

Contrairement à Luther, qui, avec une intuition très juste, va directement au Christ, et secondairement par lui à Dieu, Calvin rétablit une doctrine de Dieu, celle du nominalisme : Dieu est avant tout volonté libre, puissance souveraine, seule cause efficace, y compris et surtout dans l'homme régénéré. Cette volonté de ne mettre aucune borne à la majesté et à la liberté divines le conduit, par la voie d'un raisonnement plus logique et philosophique qu'exégétique, à affirmer la double prédestination, seule garantie, à ses yeux, d'une anthropologie excluant tout optimisme à l'égard des possibilités spirituelles de l'homme, radicalement corrompu par le péché, et d'une théodicée où c'est la totale liberté de la grâce qui doit avoir le premier et le dernier mot. Préoccupation spirituelle et pastorale : il faut que la gloire du salut soit attribuée à Dieu et à Dieu seul et que, de ce fait, l'homme ne puisse douter qu'il soit vraiment élu ; l'initiative de la vocation, la naissance de la foi saisissant l'Évangile de la justification, et le progrès sur la voie de la sanctification étant exclusivement l'œuvre du Dieu vivant, Père, Fils et Saint-Esprit, l'homme ne peut vivre que dans une humble et reconnaissante obéissance.

Ailleurs, Calvin a parlé moins systématiquement et plus évangéliquement de la prédestination. C'est Jésus-Christ, dit-il, qui est le seul vrai et fidèle miroir de notre élection ; qui le confesse comme son Seigneur et Sauveur et vit dans l'écoute active de sa Parole peut être pleinement assuré de son élection. Il faudra attendre Karl Barth pour avoir un développement conséquent de cette intuition fondamentale.

On a déjà marqué l'importance de l'ecclésiologie calvinienne. Signalons ici que le réformateur croit avoir trouvé dans l'Écriture le fondement d'une structure permanente et universelle : le sacerdoce universel des croyants, base de la théologie luthérienne de l'Église, est coordonné et animé par l'existence des quatre ministères de docteur, pasteur, ancien et diacre, les deux premiers ayant une prééminence sur les autres, car il leur est confié la tâche capitale d'expliquer et d'enseigner l'Écriture, donc d'être les artisans de la communication de la Parole.

Disons enfin qu'il y a dans l'Institution une théologie politique très élaborée : l'État a un rôle éminent dans le plan de Dieu et l'action de sa Providence ; dans un monde encore marqué du signe de la révolte, il a pour fonction de faire régner la justice conformément à la loi de Dieu, qui a une valeur universelle et à laquelle doivent être mesurés les actes des gouvernements, ce qui, à la limite, implique le droit à la résistance et à la désobéissance contre un pouvoir inique ou tyrannique.

On le voit, l'œuvre est complète et complexe ; aujourd'hui encore, des milliers de chrétiens la lisent et s'en inspirent, compte tenu des inévitables et indispensables corrections herméneutiques qu'elle requiert. Le type de chrétien qu'elle définit a un triple enracinement : dans l'élection souveraine, qui le délivre de tout souci à l'égard de son sort éternel ; dans l'Église, qui le nourrit de la Parole, confirmée par les sacrements, et l'envoie dans le monde comme serviteur missionnaire ; dans la société, où il est responsable, comme citoyen, de l'édification d'une communauté humaine fondée sur la justice.

Source: http://www.larousse.fr/encyclopedie/per ... vin/110935

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