LE MONDE | 30.01.06 | 13h55 • Mis à jour le 30.01.06 | 13h55
Argenteuil est célèbre pour ses asperges, ses peintres et sa tunique. Pour parler comme un animateur de jeux télévisés, vous appréciez ou non ces délicates plantes potagères appartenant à la famille des liliacées, vous saviez ou vous ignoriez que Monet, Manet et Degas avaient séjourné dans ce chef-lieu d'arrondissement du Val-d'Oise, mais si vous avez regardé "Sept à huit", dimanche 29 janvier sur TF 1, vous ne pouvez plus ignorer que la tunique revient en force.
C'était le reportage le plus insolite du week-end. Pas de quoi en faire une chronique ? Il y avait bien Monaco-Lyon annoncé sur Canal+, mais les intempéries en ont décidé autrement. Faute de foot, il ne restait que la tunique.
Elle est censée avoir été portée par le Christ sur son chemin de croix, elle repose depuis la nuit des temps dans une chapelle latérale de la basilique d'Argenteuil. C'est la gloire d'Argenteuil, en quelque sorte, d'un niveau d'élévation mystique nettement supérieur aux asperges. Il y a bien aussi Héloïse, qui se réfugia à Argenteuil après qu'Abélard fut châtré et puis moine à cause d'elle, comme le chantent Villon et Brassens, mais c'est encore une autre histoire. On revient à la tunique ?
Elle dormait donc tranquille, comme Baptiste disons, dans sa châsse d'argent, quand des chercheurs assez branquignols, bien que fort sympathiques et savants, sont allés la déranger. Ils sont deux : un grand maigre chauve et un petit gros à moustache. Le premier est un ingénieur retraité, le second un généticien. Ils ont demandé et obtenu un fragment de la tunique, l'ont examiné dans leurs appareils à malices, ont trouvé une goutte de sang et sont parvenus à en déchiffrer le code génétique.
L'analyse indique que l'homme qui portait cette tunique était blanc de peau, brun et mesurait environ 1,80 mètre. Son sang appartient au groupe rare AB. Il venait de se raser, à moins qu'on (un soldat romain, par exemple) ne l'ait fait pour lui. D'après ses chromosomes, il avait un père et une mère appartenant à l'espèce humaine, comme tout le monde, en quelque sorte. On comprend que le Vatican, dans sa sagesse, maintienne prudemment ses distances avec cette relique textile. Il y va de la divinité du Christ, non ? Mais le plus étonnant est dû à l'écrivain Didier van Cauwelaert, qui s'est intéressé aux deux compères et à la tunique. Il a écrit un essai intitulé Cloner le Christ ?, publié au printemps dernier chez Albin Michel. Vous imaginez la scène.
Article paru dans l'édition du 31.01.06
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0 ... 010,0.html
Je n'ai pas encore lu le livre de van cauwelaert car il n'est pas encore sorti en poche mais avec le talent du bonhomme et un sujet pareil, je pense que c'est un bon moment assuré

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Mais quand même, en y réflechissant.....Cloner le christ? Pourquoi faire?