Élevé dans les années 60 dans une famille catholique de tradition mais peu pratiquante j'ai fait mon "caté" en ayant à la fin l’honnêteté de dire à ma dame catéchiste que je ne croyais pas à ses "bêtises"... Que voulez-vous c'était dans l'air du temps et dans l'impression d'être forcé à faire comme tout le monde sans se poser de question, le caté s'était pire que l'école: il n'y avait avait rien à comprendre juste à savoir, quant à le mettre en pratique ça ne me venait, à moi comme à beaucoup d'autres, même pas à l'idée. La société française était affairée au détricoctage de sa morale et de son mode de vie. Il faut dire qu'au tournant des années 60/70 que la morale de droite "catho" "réac" et conservatrice on en avait soupé, le monde s'ouvrait devant nous et la science alliée au matérialisme était notre viatique et au diable l'autoritarisme de nos pères et l'autorité de nos paires... Mais pas tout à fait, de vagues lectures new âge fortement teintée de boudhisme tibétain à la mode de Lobsang Rampa comblait les trous métaphysiques de mon niveau de réflexion, je ne cherchais pas Dieu mais moi-même.
Et puis plus rien, les études paramédicales de la fin des années 70 étaient totalement matérialistes au sens le plus littéral du terme le corps humain était une machine et par extension la personnalité qu'il contenait, personnalité dont on avait que faire ou si peu.... Empathie, relation d'aide, compassion pfft! rien ou si peu, à peine cela émergeait dans quelques têtes. Il faut dire que, à tort et à raison, le modèle de la nonne infirmière était rejetée par la quasi-totalité de notre génération... bref, nous avions jeté le bébé avec l'eau du bain et avions joyeusement tiré la chasse, si vous me pardonnez l'expression.
Un mariage religieux sous la pression de nos famille respectives, il fallait bien garder les convenances, un jeune prêtre inquisiteur pas vraiment méchant mais suspicieux .. l'impression de passer un examen et de l'avoir réussi au rattrapage... un vieux curé plein de bonhommie qui, plutôt de charger la barque, nous a vu et reconnu comme des gens de bien et a pris soin de garder la porte de l'Eglise entrouverte en nous offrant un évangile (que nous gardons précieusement).
Et puis la vie avec ses bonheurs et ses difficultés puis, à 30 ans des insatisfactions profondes qui faisaient resurgir des interrogations un peu trop vite enterrées, la rencontre d'un ami qui me montre qu'un autre mode pensée est possible, ce qui renforce mes interrogations qui finalement se transforme en véritable soif... l'impression d'être passé à coté de quelque chose ou peut être et plutôt de quelqu'un et de le trouver caché au fond de l'évangile avec une parole qui me correspondait et qui m'était adressé:
Matthieu 11
28Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. 29Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de coeur; et vous trouverez du repos pour vos âmes.…
Mais Dieu ne s'est pas contenté d'une parole pour apaiser mon banal vague à l'âme de père de famille et de cadre trentenaire, il voulait toucher aussi mon cœur pour l'ouvrir à l'Amour qui englobe Tout, l'Un comme l'Autre, en une même relation.
Cet amour Il me l'a donné par le geste de paix de la liturgie catholique, par la main tendue d'une jeune femme dont les traits de visage presque angéliques restent flous dans ma mémoire tant l'émotion a submergé ma conscience, tant la clarté de l'Esprit en ce jour de Pentecôte dépassait mon esprit.