Charles Kimball
Pasteur de l'Église baptiste
Professeur de religion à l'université de Wake Forest
Président du conseil d'Églises du Middle East, Etats-Unis.
19 juillet 2003
L'auteur remarque que toutes les religions qui enseignent la présence d'un Dieu transcendant et encouragent à une relation de compassion et fraternité avec le prochain, peuvent néanmoins se trouver perverties et maléfiques et justifier des conduites violentes et destructrices. Toutes les grandes religions ont succombé à cette tentation à un moment ou un autre de leur passé.
Le livre analyse dans l'histoire du judaïsme, du christianisme et de l'islam, cinq signes ayant rendu possible une telle perversion.
1er signe. « Prétention de la Vérité absolue ». Le professeur Kimball écrit : « Lorsque les fidèles considèrent dans leur zèle et leur ferveur que leur foi et leur doctrine incarnent la Vérité absolue, ils engagent leur religion sur la voie de la perversion. »
Il en est ainsi par exemple lorsque leurs autorités investissent leurs textes sacrés d'une Vérité absolue et enseignent qu'ils doivent être lus et interprétés littéralement.
Ou lorsque l'activité missionnaire n'est pas effectuée de manière positive et tolérante mais prétend proclamer la Vérité absolue et devient agressive et dominatrice à l'égard de la population cible.
Une telle religion fait alors du mal.
2e signe. « Obéissance aveugle ». Dans certaines religions la liberté de parole et de publication est limitée à une pensée unique. Dans d'autres les fidèles ont abdiqué tout esprit de responsabilité personnelle et s'en remettent à un leader charismatique. Ailleurs encore ils se trouvent emprisonnés par des enseignements et des traditions qu'ils ne peuvent songer à remettre en question.
Une telle religion fait alors du mal.
3e signe. « Age d'or futur ». Toutes les religions enseignent d'une manière ou d'une autre que la condition humaine n'est pas parfaite et que l'« Age d'or » viendra avec le rétablissement de toutes choses. Une telle vision peut inviter à lutter pour un tel avènement ou au moins pour demeurer fidèle dans l'attente.
Néanmoins le danger est grand, écrit Kimball, que devant l'irruption imminente du monde nouveau, et convaincus de connaître la volonté de Dieu, les fidèles se livrent à des excès désastreux pour eux-mêmes et pour le monde.
Une telle religion fait alors du mal.
4e signe. « La fin justifie les moyens ». Un des composants de la religion, par exemple la « Bible », acquiert une importance absolue. Dans leur zèle, les fidèles le défendent par n'importe quel moyen aveuglément envers et contre tout et oublient tout le reste.
Une telle religion fait alors du mal.
5e signe. « La guerre sainte ». Kimball discerne dans la tradition de l'Église, trois approches de la guerre et de la paix : le pacifisme, la guerre juste, les croisades. Il étudie également la conception du jihad dans l'islam. C'est lorsque la guerre est justifiée par la religion déclarée « sainte » que la religion fait alors du mal.
Kimball pense que la religion demeurera, dans la fidélité à ses origines, une authentique force de renouveau à condition qu'elle évite ces cinq signes dans une recherche incessante de pluralisme et de respect des hommes, dans l'active présence salvatrice de Dieu telle que Jésus nous l'a révélée
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