Hegel , Encyclopédie des sciences philosophiques, p. 584 :
« Dieu est bien en vérité assurément la nécessité ou, comme on peut le dire aussi, la Chose absolue, mais aussi en même temps la personne absolue, et c’est là le point auquel Spinoza n’est pas parvenu et eu égard auquel il faut accorder que la philosophie spinoziste est restée en arrière du vrai concept de Dieu (…) »
« Personne absolue ». IL faut rappeler cependant que chez Hegel, les mots ont souvent un sens spécialisé, propre à son système.
On peut dire aussi, à ma connaissance, qu'il y a une nette parenté entre Hegel et Spinoza.
G.F.W. Hegel (+1831): Un Dieu à la fois panenthéiste et personnel.
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L’athéisme peut être considéré comme une attitude ou une doctrine qui ne conçoit pas l’existence ou affirme l’inexistence de quelque dieu, divinité ou entité surnaturelle que ce soit. C'est une position philosophique qui peut être formulée ainsi : il n'existe rien dans l'Univers qui ressemble de près ou de loin à ce que les croyants appellent un « dieu », ou « Dieu ».
L’athéisme peut être considéré comme une attitude ou une doctrine qui ne conçoit pas l’existence ou affirme l’inexistence de quelque dieu, divinité ou entité surnaturelle que ce soit. C'est une position philosophique qui peut être formulée ainsi : il n'existe rien dans l'Univers qui ressemble de près ou de loin à ce que les croyants appellent un « dieu », ou « Dieu ».
- ChristianK
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G.F.W. Hegel (+1831): Un Dieu à la fois panenthéiste et personnel.
Ecrit le 17 juil.25, 13:23《10,000 difficultés ne font pas un seul doute》(Newman)
《J’ai toujours regardé l’athéisme comme le plus grand égarement de la raison》 (Voltaire , 1766)
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Re: G.F.W. Hegel (+1831): Un Dieu à la fois panenthéiste et personnel.
Ecrit le 23 juil.25, 07:49Ce qui me ramène à l'idée que c’est par le processus dialectique, le développement concret du Tout à travers l’Histoire, lent et parfois douloureux, que l’Absolu se constitue réellement peu à peu, et non dans une formule abstraite contenue dans un livre de philosophie. Je cite donc un extrait tiré du livre la Phénoménologie de l'esprit.
Merci de l'ouverture de ce topic. Il m'a permis de survoler quelque peu la philosophie d'Hegel autrement que par un bref survol qui nous renvoie à la pensée circulaire que le réel est rationnel. Car, même en s'élevant au-dessus de la phénoménalité, l'homme ne pourra jamais embrasser toute la réalité, ni la comprendre. Par conséquent, la nouvelle notion de la réalité qui émerge se distingue quelque peu des notions d'intelligibilité et de rationalité des siècles derniers. Bref, il s'agit d'une réalité en soi indépendante de l'observation que nous aurions intérêt à mieux cerner et assimiler.a écrit :... Hegel oppose son approche à celle de Schelling sur un point fondamental : le Tout, l’absolu qui se constitue peu à peu dans l’Histoire, n’est pas seulement substance, mais sujet, c’est-à-dire esprit : "Dans ma façon de voir […],tout dépend de ce qu’on appréhende le vrai non comme substance, mais tout aussi bien comme sujet."
En cela, il se distingue également de tout spinozisme. C’est important car la doctrine de Spinoza fait encore scandale à l’époque où Hegel écrit ces lignes, auprès de nombreux penseurs et théologiens. En effet, en définissant Dieu (ou le Tout) comme une substance infinie avec une infinité d’attributs, Spinoza assimile Dieu et Nature ; mais si Dieu n’est autre chose que la Nature, il n’y a pas en fait de Dieu, et ce panthéisme devient une sorte d’athéisme.
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Re: G.F.W. Hegel (+1831): Un Dieu à la fois panenthéiste et personnel.
Ecrit le 23 juil.25, 08:19Si Dieu est l’unité du bien et du mal,
s’il est la guerre et la paix,
s’il est l’amour et la haine,
alors il ne privilégie rien, ne choisit rien, ne rejette rien.
Et donc :
Il n’est rien de déterminé, rien de spécifique, rien de saisissable . En un mot : rien de spécial.
Bref, pas un dieu personnel .
Au revoir Hegel , t'a perdu mon gars , pas logique ta théorie panthéïste avec un dieu personnel .
s’il est la guerre et la paix,
s’il est l’amour et la haine,
alors il ne privilégie rien, ne choisit rien, ne rejette rien.
Et donc :
Il n’est rien de déterminé, rien de spécifique, rien de saisissable . En un mot : rien de spécial.
Bref, pas un dieu personnel .
Au revoir Hegel , t'a perdu mon gars , pas logique ta théorie panthéïste avec un dieu personnel .

Modifié en dernier par vic le 23 juil.25, 08:37, modifié 2 fois.
Seul le présent est “réel”, précisément parce qu’il ne peut être saisi, ni retenu.
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Re: G.F.W. Hegel (+1831): Un Dieu à la fois panenthéiste et personnel.
Ecrit le 23 juil.25, 08:20non, par la causalité, il n'est pas question que tout soit déjà là.vic a écrit : 23 juil.25, 08:19 Dans la notion de panthéïsme , il ne peut exister de dieu créateur , puisque si dieu est la causalité elle , alors il ne peut y avoir création puisque tout est déjà là .
Unir l'humanité. Un seul Dieu. Les grandes religions de Dieu. Femmes, hommes sont égaux. Tous les préjugés sont destructeurs et doivent être abandonnés. Chercher la vérité par nous-mêmes. La science et la religion en harmonie. Nos problèmes économiques sont liés à des problèmes spirituels. La famille et son unité sont très importantes.
Re: G.F.W. Hegel (+1831): Un Dieu à la fois panenthéiste et personnel.
Ecrit le 23 juil.25, 08:22Impossible de cerner indépendamment de l'observation.Oiseau du paradis a écrit : 23 juil.25, 07:49indépendante de l'observation que nous aurions intérêt à mieux cerner
Par contre, on peut se laisser cerner par la réalité indépendamment de ses observations.
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Re: G.F.W. Hegel (+1831): Un Dieu à la fois panenthéiste et personnel.
Ecrit le 24 juil.25, 05:33En effet mais uniquement si nous considérons que la réalité comprend également l'évolution concrète du Tout à travers l’Histoire. De là l'importance prendre en compte l'Esprit qui forge notre propre Absolu. Toujours selon Hegel :gadou_bis a écrit : 23 juil.25, 08:22 Impossible de cerner indépendamment de l'observation.
Par contre, on peut se laisser cerner par la réalité indépendamment de ses observations.
Amitiés virtuelles.a écrit :Seule l’identité qui se reconstitue ou la réflexion dans l’être-autre en soi-même – et non une unité originelle ou immédiate est le vrai.
Ajouté 24 minutes 53 secondes après :
Bien évidemment. Autrement ce serait nier que l'évolution est le résultat de l'action d'une force non observable.indian a écrit : 23 juil.25, 08:20 non, par la causalité, il n'est pas question que tout soit déjà là.
Re: G.F.W. Hegel (+1831): Un Dieu à la fois panenthéiste et personnel.
Ecrit le 24 juil.25, 08:01Oui.Oiseau du paradis a écrit : 24 juil.25, 05:58 En effet mais uniquement si nous considérons que la réalité comprend également l'évolution concrète du Tout à travers l’Histoire. De là l'importance prendre en compte l'Esprit qui forge notre propre Absolu.
Le souffle qui nous fait vivre n'est jamais indépendant de l'air qui nous entoure.
L'expansion de l'univers n'est que l'image d'une réalité toujours plus grande.
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Re: G.F.W. Hegel (+1831): Un Dieu à la fois panenthéiste et personnel.
Ecrit le 24 juil.25, 09:40Là tu viens de me ramener à ma réflexion du jour dont l'idée se résume à l'expansion de notre conscience. L'Esprit de vie qui souffle dans le corps de l'humanité afin que le Soleil de vérité se lève au-dessus de nos horizons terrestres.gadou_bis a écrit : 24 juil.25, 08:01 Oui.
Le souffle qui nous fait vivre n'est jamais indépendant de l'air qui nous entoure.
L'expansion de l'univers n'est que l'image d'une réalité toujours plus grande.
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Re: G.F.W. Hegel (+1831): Un Dieu à la fois panenthéiste et personnel.
Ecrit le 08 août25, 14:35vic a écrit : Il n’est rien de déterminé, rien de spécifique, rien de saisissable . En un mot : rien de spécial.
Bref, pas un dieu personnel .
Au revoir Hegel
Ceux qui connaissent Hegel jugeront de la superficialité et de l’incompétence de cette réponse.
L’esprit absolu hégélien se précise et se détermine dans son devenir. Et la personnalité est affirmée par Hegel. Et personnalité et détermination ne sont pas la même chose.
De toute facon l’important n’est pas le panethéisme mais l’idée qu’il n’y a aucun rapport nécessaire entre le Dieu des philos et l’impersonnalité ou la réduction à un symbole. Une autre erreur de Dawkins.
Ce qui est vrai c’est que les propriétés religieuses ajoutées accentuent l’aspect personnel, ou plus précisément l’accès plus direct (par des prophètes) à cet aspect
《10,000 difficultés ne font pas un seul doute》(Newman)
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Re: G.F.W. Hegel (+1831): Un Dieu à la fois panenthéiste et personnel.
Ecrit le 07 oct.25, 03:16Un article assez savant:
Hegel est resté luthérien convaincu:
-------------------------------
"Dans son ouvrage La Pensée protestante de Rousseau à Ritschl, le grand théologien protestant Karl Barth qualifie le philosophe allemand G.W.F. Hegel de « Thomas d’Aquin protestant ». Barth signale que, tout en ayant des réserves sur certaines positions théologiques du philosophe, il se demande pourquoi Hegel n’est pas devenu pour le monde protestant l’équivalent de la figure de Thomas d’Aquin pour le monde catholique.
La question est pertinente. Hegel et Thomas d’Aquin sont certainement comparables dans la mesure où ils ont traité une grande variété de sujets de philosophie et de théologie et les ont unifiés et structurés. Une autre ressemblance tient à la place dominante de la théologie dans leurs écrits – à cette remarque près : si dans la méthode scolastique adoptée par Thomas d’Aquin, la philosophie (aristotélicienne, platonicienne, stoïcienne etc) est « la servante de la théologie », chez Hegel, c’est l’inverse : la théologie y devient la servante de la philosophie.
Hegel était un luthérien convaincu. Ayant reçu une formation de pasteur luthérien, il trouva cependant sa véritable vocation dans l’enseignement de la philosophie et acquit une grande réputation et la célébrité, même de son temps – fait rare chez les philosophes.
Hegel critiquait parfois le catholicisme dans ses écrits et ses leçons. Par exemple, il fit un jour une remarque virulente à propos de la doctrine catholique de l’Eucharistie, amenant l’un de ses étudiants catholiques à se plaindre aux autorités, puisque en Allemagne les professeurs étaient des fonctionnaires. Hegel se borna à répondre qu’il était un chrétien luthérien, le serait toujours et qu’on ne devrait pas attendre de sa part qu’il s’exprime sur les doctrines du catholicisme dans son enseignement.
Mais Hegel a également adressé des compliments équivoques aux catholiques. Par exemple, dans ses Leçons sur l’histoire de la philosophie, sa comparaison entre théologiens protestants et catholiques tourne à l’avantage de ces derniers :
L’élément philosophique ou spéculatif est beaucoup plus important chez les théologiens catholiques… Dans les systèmes de doctrine protestants ou la dogmatique protestante … le contenu est, au contraire, de type plus historique ou davantage énoncé sous une forme historique, si bien que la doctrine devient aride. Dans l’Eglise catholique le rapport entre théologie et philosophie a toujours été en substance préservé.
Dans ses leçons très étendues sur l’histoire de la philosophie, pour la période du Moyen Age il ne s’arrête guère sur Thomas d’Aquin, mais trouve saint Anselme et William d’Ockam plus intéressants du point de vue philosophique.
Néanmoins, comme je l’ai soutenu dans un certain nombre de mes ouvrages sur Hegel, il est difficile dans son cas, comme dans celui de Thomas d’Aquin, de le classer parmi les philosophes plutôt que parmi les théologiens. Des bases théologiques se rencontrent dans tout le corpus hégélien. La plupart des philosophes modernes se flattent d’évacuer la théologie de leur pensée, mais pour Hegel ce n’est pas une vertu. « La théologie », dit-il, « continue à être complètement identique à la philosophie, et ne saurait se séparer de la philosophie ».
Cette position est exposée dans toutes ses œuvres majeures. Il présente l’ouvrage de ses débuts La Phénoménologie de l’esprit comme une reconstitution de la tragédie du Golgotha par l’esprit humain cherchant à concilier les dichotomies du moi et de l’autre, de l’être et de la pensée, de la conscience et du monde. Vers la fin de la Phénoménologie, le chemin vers « l’Esprit absolu » doit passer par la religion naturelle des anciens et la religion de l’art des Grecs pour arriver jusqu’au christianisme, dans lequel Hegel analyse le récit dans la Genèse de la création et de la Chute, l’émergence de la connaissance du bien et du mal, la naissance virginale, la Rédemption par l’homme-Dieu et le développement de l’esprit d’amour dans la communauté chrétienne.
Les œuvres ultérieures de Hegel démontrent la poursuite du même projet philosophico-théologique. Sa Science de la logique n’est pas une logique au sens habituel, mais une étude du Logos divin et une enquête spéculative sur la « vie de Dieu avant la création du monde ».
Dans sa Philosophie de la nature, Dieu s’externalise phénoménalement dans la création d’une nature culminant avec l’Incarnation (« le Fils de Dieu, non pas cependant en tant qu’un tel Fils, mais en tant que la persistance dans l’être-autre – l’Idée divine en tant que fixée pour un instant hors de l’Amour »). La philosophie politique est l’étude de la « marche de Dieu » dans le développement progressif de la société humaine. L’Eglise est le royaume de Dieu sur terre qui assure les fondations indispensables d’une société libre et éthique. Et au début de ses Leçons sur la philosophie de l’histoire, il reproche aux théologiens de se borner à de pieuses affirmations de la divine Providence sans essayer de démontrer ses effets : « Notre méthodologie », dit-il, « est en cette mesure une théodicée – une justification de l’action de Dieu ».
Les preuves « ontologiques » de l’existence de Dieu avancées par Saint Anselme, Descartes etc. ont été sévèrement critiquées par Kant et d’autres philosophes ; mais Hegel a exposé ce qu’il considérait comme une version trinitaire inattaquable de la preuve dans ses Leçons sur la philosophie de la religion.
Hegel met sans cesse l’accent sur la « spéculation » (terme qui n’est pas péjoratif pour lui) où il voit le meilleur moyen de porter les vérités du christianisme à leur pleine réalisation conceptuelle :
La philosophie nourrit nos esprits du même contenu [que la religion] et parvient de ce fait à cette adoration spirituelle dans laquelle la pensée fait siens et connaît conceptuellement des éléments qui autrement ne sont que le contenu du sentiment subjectif ou de la pensée picturale.
La religion chrétienne (la « religion absolue ») a, selon Hegel, réalisé l’union des fondamentaux opposés intéressant la philosophie – la matière et l’esprit, l’être et la pensée, le divin et l’humain ; et il appartient désormais à la philosophie de porter cette unification au niveau conceptuel.
Des philosophes du XIXe siècle, comme Karl Marx et Ludwig Feuerbach ont critiqué la trop grande spiritualité de Hegel. Mais la tendance au siècle dernier, chez Leo Strauss, Eric Voegelin, Karl Löwith et d’autres, est plutôt de l’accuser d’amputer le christianisme de la « transcendance ». Ce qu’ils ne voient pas, c’est que le but de Hegel, qu’il l’ait atteint ou non, était de coordonner les aspects transcendants et immanents au moyen d’une «élévation » philosophique systématique des croyances chrétiennes à un niveau rationnel ou conceptuel.
Hegel n’était pas un « Thomas d’Aquin protestant », si l’on entend par là un conseiller guidant les Luthériens dans les doctrines traditionnelles, l’ecclésiologie et les normes morales – ce qui aurait été de toute manière difficile puisqu’ils n’ont pas de magistère. Mais comme Thomas d’Aquin, il vise à coordonner la philosophie et les vérités du christianisme selon une méthode unique et digne d’étude."
— –
Source : http://www.thecatholicthing.org/columns ... uinas.html
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Howard Hainz est professeur émérite de philosophie à l’Université Marquette (Wis.)
Hegel est resté luthérien convaincu:
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"Dans son ouvrage La Pensée protestante de Rousseau à Ritschl, le grand théologien protestant Karl Barth qualifie le philosophe allemand G.W.F. Hegel de « Thomas d’Aquin protestant ». Barth signale que, tout en ayant des réserves sur certaines positions théologiques du philosophe, il se demande pourquoi Hegel n’est pas devenu pour le monde protestant l’équivalent de la figure de Thomas d’Aquin pour le monde catholique.
La question est pertinente. Hegel et Thomas d’Aquin sont certainement comparables dans la mesure où ils ont traité une grande variété de sujets de philosophie et de théologie et les ont unifiés et structurés. Une autre ressemblance tient à la place dominante de la théologie dans leurs écrits – à cette remarque près : si dans la méthode scolastique adoptée par Thomas d’Aquin, la philosophie (aristotélicienne, platonicienne, stoïcienne etc) est « la servante de la théologie », chez Hegel, c’est l’inverse : la théologie y devient la servante de la philosophie.
Hegel était un luthérien convaincu. Ayant reçu une formation de pasteur luthérien, il trouva cependant sa véritable vocation dans l’enseignement de la philosophie et acquit une grande réputation et la célébrité, même de son temps – fait rare chez les philosophes.
Hegel critiquait parfois le catholicisme dans ses écrits et ses leçons. Par exemple, il fit un jour une remarque virulente à propos de la doctrine catholique de l’Eucharistie, amenant l’un de ses étudiants catholiques à se plaindre aux autorités, puisque en Allemagne les professeurs étaient des fonctionnaires. Hegel se borna à répondre qu’il était un chrétien luthérien, le serait toujours et qu’on ne devrait pas attendre de sa part qu’il s’exprime sur les doctrines du catholicisme dans son enseignement.
Mais Hegel a également adressé des compliments équivoques aux catholiques. Par exemple, dans ses Leçons sur l’histoire de la philosophie, sa comparaison entre théologiens protestants et catholiques tourne à l’avantage de ces derniers :
L’élément philosophique ou spéculatif est beaucoup plus important chez les théologiens catholiques… Dans les systèmes de doctrine protestants ou la dogmatique protestante … le contenu est, au contraire, de type plus historique ou davantage énoncé sous une forme historique, si bien que la doctrine devient aride. Dans l’Eglise catholique le rapport entre théologie et philosophie a toujours été en substance préservé.
Dans ses leçons très étendues sur l’histoire de la philosophie, pour la période du Moyen Age il ne s’arrête guère sur Thomas d’Aquin, mais trouve saint Anselme et William d’Ockam plus intéressants du point de vue philosophique.
Néanmoins, comme je l’ai soutenu dans un certain nombre de mes ouvrages sur Hegel, il est difficile dans son cas, comme dans celui de Thomas d’Aquin, de le classer parmi les philosophes plutôt que parmi les théologiens. Des bases théologiques se rencontrent dans tout le corpus hégélien. La plupart des philosophes modernes se flattent d’évacuer la théologie de leur pensée, mais pour Hegel ce n’est pas une vertu. « La théologie », dit-il, « continue à être complètement identique à la philosophie, et ne saurait se séparer de la philosophie ».
Cette position est exposée dans toutes ses œuvres majeures. Il présente l’ouvrage de ses débuts La Phénoménologie de l’esprit comme une reconstitution de la tragédie du Golgotha par l’esprit humain cherchant à concilier les dichotomies du moi et de l’autre, de l’être et de la pensée, de la conscience et du monde. Vers la fin de la Phénoménologie, le chemin vers « l’Esprit absolu » doit passer par la religion naturelle des anciens et la religion de l’art des Grecs pour arriver jusqu’au christianisme, dans lequel Hegel analyse le récit dans la Genèse de la création et de la Chute, l’émergence de la connaissance du bien et du mal, la naissance virginale, la Rédemption par l’homme-Dieu et le développement de l’esprit d’amour dans la communauté chrétienne.
Les œuvres ultérieures de Hegel démontrent la poursuite du même projet philosophico-théologique. Sa Science de la logique n’est pas une logique au sens habituel, mais une étude du Logos divin et une enquête spéculative sur la « vie de Dieu avant la création du monde ».
Dans sa Philosophie de la nature, Dieu s’externalise phénoménalement dans la création d’une nature culminant avec l’Incarnation (« le Fils de Dieu, non pas cependant en tant qu’un tel Fils, mais en tant que la persistance dans l’être-autre – l’Idée divine en tant que fixée pour un instant hors de l’Amour »). La philosophie politique est l’étude de la « marche de Dieu » dans le développement progressif de la société humaine. L’Eglise est le royaume de Dieu sur terre qui assure les fondations indispensables d’une société libre et éthique. Et au début de ses Leçons sur la philosophie de l’histoire, il reproche aux théologiens de se borner à de pieuses affirmations de la divine Providence sans essayer de démontrer ses effets : « Notre méthodologie », dit-il, « est en cette mesure une théodicée – une justification de l’action de Dieu ».
Les preuves « ontologiques » de l’existence de Dieu avancées par Saint Anselme, Descartes etc. ont été sévèrement critiquées par Kant et d’autres philosophes ; mais Hegel a exposé ce qu’il considérait comme une version trinitaire inattaquable de la preuve dans ses Leçons sur la philosophie de la religion.
Hegel met sans cesse l’accent sur la « spéculation » (terme qui n’est pas péjoratif pour lui) où il voit le meilleur moyen de porter les vérités du christianisme à leur pleine réalisation conceptuelle :
La philosophie nourrit nos esprits du même contenu [que la religion] et parvient de ce fait à cette adoration spirituelle dans laquelle la pensée fait siens et connaît conceptuellement des éléments qui autrement ne sont que le contenu du sentiment subjectif ou de la pensée picturale.
La religion chrétienne (la « religion absolue ») a, selon Hegel, réalisé l’union des fondamentaux opposés intéressant la philosophie – la matière et l’esprit, l’être et la pensée, le divin et l’humain ; et il appartient désormais à la philosophie de porter cette unification au niveau conceptuel.
Des philosophes du XIXe siècle, comme Karl Marx et Ludwig Feuerbach ont critiqué la trop grande spiritualité de Hegel. Mais la tendance au siècle dernier, chez Leo Strauss, Eric Voegelin, Karl Löwith et d’autres, est plutôt de l’accuser d’amputer le christianisme de la « transcendance ». Ce qu’ils ne voient pas, c’est que le but de Hegel, qu’il l’ait atteint ou non, était de coordonner les aspects transcendants et immanents au moyen d’une «élévation » philosophique systématique des croyances chrétiennes à un niveau rationnel ou conceptuel.
Hegel n’était pas un « Thomas d’Aquin protestant », si l’on entend par là un conseiller guidant les Luthériens dans les doctrines traditionnelles, l’ecclésiologie et les normes morales – ce qui aurait été de toute manière difficile puisqu’ils n’ont pas de magistère. Mais comme Thomas d’Aquin, il vise à coordonner la philosophie et les vérités du christianisme selon une méthode unique et digne d’étude."
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Source : http://www.thecatholicthing.org/columns ... uinas.html
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