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La spiritualité selon Pyrrhon

Sujet d'actualité Au Québec l'accommodement raisonnable, un sujet d'actualité.
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J'm'interroge

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Re: La spiritualité selon Pyrrhon

Ecrit le 19 déc.25, 14:46

Message par J'm'interroge »

J'm'interroge a écrit : 19 déc.25, 12:19 La logique n'est pas un point de vue subjectif. Si tu parles d'un infini comme de quelque chose qui ne relève pas de la spéculation ou de la construction intellectuelle, tu parles soit d'un concept que tu ne maîtrises pas, soit d'un objet imaginaire qui n'a rien à voir avec le concept.
ronronladouceur a écrit : 19 déc.25, 13:32 Je ne nie pas la logique, mais je lui vois une limite... Et je ne la vois pas non plus comme critère suffisant pour juger des divers concepts, etc.
La logique a ses limites, mais ça ne l'empêche pas d'être suffisante pour établir objectivement l'incohérence d'un concept lorsqu'il est auto-contradictoire ou implique des contradictions.

Ce que tu vois ou estimes hors de toute logique par contre, ne s'avère pas du tout être un critère pertinent.

ronronladouceur a écrit : 19 déc.25, 13:32 Parler ensuite de l'infini comme d'un concept que je ne maîtriserais pas, comment en toute logique soutenir cette affirmation sans même m'avoir entendu (biais de préjugement).
Je t'ai suffisamment entendu pour le savoir.

ronronladouceur a écrit : 19 déc.25, 13:32 Mais je vous dirais que pour appréhenser l'infini, la condition est d'être hors champ mental...
Voilà, je m'attendais à ce genre de réponse. Et c'est précisément l'une des raisons qui m'ont amenée à te répondre que :

« La logique n'est pas un point de vue subjectif. Si tu parles d'un infini comme de quelque chose qui ne relève pas de la spéculation ou de la construction intellectuelle, tu parles soit d'un concept que tu ne maîtrises pas, soit d'un objet imaginaire qui n'a rien à voir avec le concept ... »

Mais j'aurais dû compléter en ajoutant : « ... soit les deux. »

J'm'interroge a écrit : 19 déc.25, 12:19 Elle est naturaliste mais non limitée au cadre. C'est juste qu'elle est compatible avec une position strictement naturaliste. Encore une fois, tu conclus beaucoup trop vite.
ronronladouceur a écrit : 19 déc.25, 13:32 Faudrait expliquer en quoi, pour vous, elle est non limitée au cadre...
Pas besoin d'expliquer en quoi, car bien que ma définition est compatible avec une position naturaliste et qu'elle est d'esprit naturaliste, elle est claire : elle n'implique pas nécessairement qu'elle se limite à ce cadre conceptuel. Donc tu ne peux pas en conclure qu'elle impliquerait de s'y limiter.

J'm'interroge a écrit : 19 déc.25, 12:19 (Tu devrais bosser la logique ronron, tu enchainerais moins les âneries.)
ronronladouceur a écrit : 19 déc.25, 13:32 Ah, un ad hominem...
Non. C'était un conseil amical.

ronronladouceur a écrit : 19 déc.25, 13:32 Paraîtrait que le reconnu l'est par le semblable...
Cette phrase se veut mystérieuse et mêle confusément des idées philosophiques ou psychologiques très certainement non maîtrisées. Faussement profonde, son allure d'aphorisme mystique dissimule mal une pensée circulaire et stérile. Empruntant un jargon pseudo-philosophique, elle flatte le lecteur en le faisant déchiffreur d'un secret qui n'existe pas. C'est le sophisme parfait : impénétrable donc irréfutable, confondant hermétisme et profondeur. Une coquille vide qui sonne bien, satisfaisant plus le désir de paraître savant que l'exigence de penser véritablement.

« Langage Barnum comme te répondrait Didjey. »


.....................


Puisque nous parlions de la philosophie de Pyrrhon et de sa spiritualité, et que c'est le sujet, j'invite à y revenir.


Rappel :


« La spiritualité est le mode de relation ou le rapport par lequel l’esprit se situe en la Vie, qui préserve l’intégrité et la singularité de l’individu tout en l’inscrivant en tant que participant dans un ordre plus large. »


C’est une définition générale : elle ne repose sur aucune tradition religieuse spécifique, aucun dogme, ni concept de surnaturel. Elle est ouverte, naturaliste, et applicable à diverses philosophies ou visions du monde.
.
- La réalité est toujours beaucoup plus riche et complexe que ce que l'on peut percevoir, se représenter, concevoir, croire ou comprendre.
- Nous ne savons pas ce que nous ne savons pas.
Humilité !
- Toute expérience vécue résulte de choix. Et tout choix produit son lot d'expériences vécues.
Sagesse !

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Re: La spiritualité selon Pyrrhon

Ecrit le 20 déc.25, 07:19

Message par ronronladouceur »

J'm'interroge a écrit : 19 déc.25, 14:46 La logique a ses limites, mais ça ne l'empêche pas d'être suffisante pour établir objectivement l'incohérence d'un concept lorsqu'il est auto-contradictoire ou implique des contradictions.
Ça dépend de quoi on parle. Et la logique peut se tromper ou montrer elle-même sa propre limite...

Et attention, je ne dis pas que la logique est inutile, mais simplement qu’elle n’est pas suffisante pour juger de tous les concepts...
Ce que tu vois ou estimes hors de toute logique par contre, ne s'avère pas du tout être un critère pertinent.
C’est une affirmation d’autorité, pas un argument...
Je t'ai suffisamment entendu pour le savoir.
Une autre affirmation d’autorité, pas un argument.

Je ne sais même pas à quoi au juste ou à quel élément de ma pensée auquel vous faites référence.
« La logique n'est pas un point de vue subjectif. Si tu parles d'un infini comme de quelque chose qui ne relève pas de la spéculation ou de la construction intellectuelle, tu parles soit d'un concept que tu ne maîtrises pas, soit d'un objet imaginaire qui n'a rien à voir avec le concept ... »
Vous ne faites que vous répéter, sans argumenter...

Il faudrait que vous expliquiez pourquoi une perspective non purement conceptuelle de l’infini serait nécessairement incohérente ou imaginaire. N’avez-vous rien dans votre vécu qui viendrait contrer votre affirmation ici?
Pas besoin d'expliquer en quoi, car bien que ma définition est compatible avec une position naturaliste et qu'elle est d'esprit naturaliste, elle est claire : elle n'implique pas nécessairement qu'elle se limite à ce cadre conceptuel. Donc tu ne peux pas en conclure qu'elle impliquerait de s'y limiter.
Je ne conclus rien... Je demande ce que signifie non limitée au cadre. Je veux juste voir ce que mettez au-delà du cadre...
Non. C'était un conseil amical.
Plutôt qu’une remarque de type ad hominem, un vrai conseil amical aurait été de m’indiquer l’erreur logique que je commettais...
Cette phrase se veut mystérieuse et mêle confusément des idées philosophiques ou psychologiques très certainement non maîtrisées. Faussement profonde, son allure d'aphorisme mystique dissimule mal une pensée circulaire et stérile. Empruntant un jargon pseudo-philosophique, elle flatte le lecteur en le faisant déchiffreur d'un secret qui n'existe pas. C'est le sophisme parfait : impénétrable donc irréfutable, confondant hermétisme et profondeur. Une coquille vide qui sonne bien, satisfaisant plus le désir de paraître savant que l'exigence de penser véritablement.
La formule était pourtant assez classique... Mais vous la caricaturez...

Quant au désir de paraître savant, nous sommes dans de la lecture psychique...

J'm'interroge

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Re: La spiritualité selon Pyrrhon

Ecrit le 23 déc.25, 03:07

Message par J'm'interroge »

J'm'interroge a écrit : 19 déc.25, 14:46 La logique a ses limites, mais ça ne l'empêche pas d'être suffisante pour établir objectivement l'incohérence d'un concept lorsqu'il est auto-contradictoire ou implique des contradictions.
ronronladouceur a écrit : 20 déc.25, 07:19 Ça dépend de quoi on parle. Et la logique peut se tromper ou montrer elle-même sa propre limite...

Et attention, je ne dis pas que la logique est inutile, mais simplement qu’elle n’est pas suffisante pour juger de tous les concepts...
La logique ne dit pas ce qui existe.
Elle ne décide pas du réel.
Mais elle suffit pour établir qu’un concept est incohérent, auto-contradictoire ou mal formé.

Autrement dit : la logique est un critère négatif de validité conceptuelle, pas un critère ontologique.

C’est exactement ce que faisaient déjà Aristote, Kant ou Frege : un concept peut être invalide logiquement sans qu’on ait besoin de regarder le monde.

Quand tu dis que « la logique peut se tromper ou montrer sa propre limite », tu introduis un glissement.
Si tu veux dire que la logique ne suffit pas pour dire ce qui est réel, c’est vrai.
Mais si tu veux dire qu’elle ne suffit pas pour juger des concepts, c’est faux.

Un concept qui se contredit est incohérent indépendamment de toute expérience. Aucun vécu ne peut sauver une contradiction.

J'm'interroge a écrit : 19 déc.25, 14:46 Ce que tu vois ou estimes hors de toute logique par contre, ne s'avère pas du tout être un critère pertinent.
ronronladouceur a écrit : 20 déc.25, 07:19 C’est une affirmation d’autorité, pas un argument...
Quand il est dit que ce qui est estimé hors de toute logique ne constitue pas un critère pertinent, ce n’est pas une affirmation d’autorité.

C’est un rappel méthodologique simple : ce qui sert à juger un concept doit être du même ordre que lui.

Un concept — par exemple l’infini, l’absolu, l’illimité — se définit par des propriétés formelles. Il ne peut pas être validé par un ressenti, une intuition ou une impression.

Un vécu peut motiver une croyance, mais il ne peut pas fonder la cohérence d’un concept.

Parler ici d’« autorité » est donc un contresens : il s’agit d’un critère rationnel de pertinence.

J'm'interroge a écrit : 19 déc.25, 14:46 « La logique n'est pas un point de vue subjectif. Si tu parles d'un infini comme de quelque chose qui ne relève pas de la spéculation ou de la construction intellectuelle, tu parles soit d'un concept que tu ne maîtrises pas, soit d'un objet imaginaire qui n'a rien à voir avec le concept ... »
ronronladouceur a écrit : 20 déc.25, 07:19 Vous ne faites que vous répéter, sans argumenter...

Il faudrait que vous expliquiez pourquoi une perspective non purement conceptuelle de l’infini serait nécessairement incohérente ou imaginaire.
Quand tu demandes pourquoi une perspective non purement conceptuelle de l’infini serait incohérente ou imaginaire, le problème est le suivant :

- Soit l’infini est un concept, et alors il relève de la logique et des définitions.
- Soit il n’est pas conceptuel, et alors il n’est rien de déterminable, donc rien de discutable.

Dire qu’il y aurait « quelque chose de l’infini dans le vécu » sans préciser :

- ce qui est vécu,
- en quoi cela correspond à l’infini,
- selon quels critères,

revient à utiliser un mot sans contenu déterminé.

Si tu parles d’un infini qui ne relève pas de la construction conceptuelle, tu ne parles plus d’un concept, mais d’un objet imaginaire ou indéterminé.

Ta demande de « mettre quelque chose au-delà du cadre » est recevable en apparence, mais elle devient problématique tant que rien de précis n’est fourni.

ronronladouceur a écrit : 20 déc.25, 07:19 N’avez-vous rien dans votre vécu qui viendrait contrer votre affirmation ici?
Non. Et surtout, la question n’est pas pertinente.

Aucun vécu — aussi intense ou marquant soit-il — ne peut confirmer ou infirmer une affirmation portant sur la cohérence d’un concept. Tu changes ici de registre : tu demandes au vécu de jouer le rôle d’un contre-argument conceptuel, ce qu’il ne peut pas faire.

Un vécu peut susciter une intuition, donner une impression de totalité ou de dépassement, motiver une recherche. Mais il ne peut ni définir un concept, ni en garantir la cohérence, ni invalider une analyse logique. Confondre ces plans, c’est confondre le phénoménal et le conceptuel.

J’ai évidemment des vécus. Mais je ne les interprète pas au-delà de ce qu’ils montrent. Par exemple, ce qu’on appelle un « sentiment d’infini » est un vécu déterminé ; le qualifier d’« infini » est déjà une interprétation conceptuelle vague, souvent mal maîtrisée. Le vécu, à lui seul, ne tranche rien à ce niveau.

C’est là le point aveugle de ta question : tu demandes au vécu ce qu’il n’a jamais le pouvoir de donner.
Le vécu oblige à vivre, pas à conclure.
La logique oblige à conclure, pas à vivre.

Un vécu peut motiver, résister, interroger. Mais il ne peut jamais sauver une contradiction, une incohérence interne ou un concept mal formé. Sinon, toute confusion pourrait se réfugier dans l’indicible.

C’est précisément ce glissement que refuse le scepticisme rigoureux.

J'm'interroge a écrit : 19 déc.25, 14:46 Pas besoin d'expliquer en quoi, car bien que ma définition est compatible avec une position naturaliste et qu'elle est d'esprit naturaliste, elle est claire : elle n'implique pas nécessairement qu'elle se limite à ce cadre conceptuel. Donc tu ne peux pas en conclure qu'elle impliquerait de s'y limiter.
ronronladouceur a écrit : 20 déc.25, 07:19 Je ne conclus rien... Je demande ce que signifie non limitée au cadre. Je veux juste voir ce que mettez au-delà du cadre...
Non limitée par définition au cadre naturaliste qui est le mien. Faut préciser. J'avais été clair.

Je ne mets rien "au-delà". Je m'exprime à l'intérieur de ce cadre, c'est juste que je suis bien conscient qu'il ne s'agit que d'un cadre conceptuel et par conséquent : je ne limite pas la lucidité ouverte à ce cadre, forcément.
- Quand je dis que « ma définition n’implique pas nécessairement qu’elle se limite à ce cadre conceptuel », c'est parce la définition est ouverte.
- Quand je dis qu'elle est « non limitée au cadre conceptuel [du naturalisme] » est une affirmation négative, pas une position positive.
J'indique simplement que ma définition n’exclut pas d'autres approches qui lui seraient compatibles. Alors, le fais que je ne dise pas ce qu’elle inclut "au-delà", n'est pas un problème, puisque je n'affirme rien à ce sujet contrairement à toi qui le fais, tu affirmes ou suggères des choses (infini, vécu transcendant, absolu, etc..), sans préciser dans quel cadre tu le fais.

Je n'affirme pas qu’il y a quelque chose hors de du cadre naturaliste, je ne fais que préciser mon ouverture à cette possibilité hypothétique.
Il ne s'agit pas d'une argumentation sur ce qu'il y aurait au-delà du cadre naturaliste dans lequel j'aborde la lucidité ouverte et dans lequel je m'exprime et argumente.


Mais détaillons un peu plus :

Dire « X n’est pas limité à Y » n’implique rien par soi-même concernant ce qu'il y aurait en dehors de Y.
Ça peut vouloir dire : « il y a autre chose que Y à déterminer éventuellement ».
Il s'agit de ne pas fermer la porte, sans rien affirmer pour autant au-delà de ce que je le peux en bonne logique.

Tant que je ne précises pas :
- ce qu’est ce « au-delà »,
- s’il relève du vécu, du symbolique, du métaphorique, du conceptuel élargi, de l’indicible assumé,
Il est impossible d’en discuter rationnellement.
Et surtout :
On ne peut ni l’accepter, ni le réfuter, ni même le comprendre tant que ce cadre autre n'est pas défini clairement et de manière cohérente et justifiée.


Différences entre nos positions :

Ma position est :
« je n’affirme rien au-delà, je dis juste que je ne ferme pas la porte »
« je reste dans la pièce, je regarde la porte, mais je n’invente pas ce qu’il y a derrière ».
→ Je n’avances aucune thèse positive à ce sujet.
>>>>>> (Mon attitude)

Ma position n'est pas :
« il y a effectivement quelque chose qui excède le cadre conceptuel »
→ Car alors, il faudrait que j'accepte la charge minimale : dire quoi, même de façon négative ou limitée, sans se réfugier dans l’indétermination totale* comme tu le fais.
>>>>>> *(Ton attitude).


Ton approche n'est pas sceptique au sens philosophique :

Il y a une différence fondamentale entre suspendre son jugement et suggérer un au-delà sans jamais en répondre.

Le pyrrhonien :

- dit « je ne sais pas »,
- ne laisse rien entendre de plus,
- n’utilise pas l’indétermination comme argument.

Quant à toi :

- tu dis « la logique ne suffit pas »,
- évoques un vécu qui contredirait la logique,
- mais refuse de le décrire ou de le situer,
- tout en laissant entendre qu’il aurait une portée décisive.

C’est un demi-geste mystique, pas une suspension :

- rien n’est clairement affirmé,
- quelque chose est confusément suggéré,
- sans jamais être assumé comme objet de discours logiquement critiquable.

Ce n’est ni du scepticisme, ni de la rigueur, mais une stratégie d’immunisation asymétrique.

Pourquoi ?

Parce que ce qui est affirmé est trop vague pour être critiqué, ce qui est refusé (la logique, le cadre conceptuel) est précis, donc la charge critique est unilatérale.

_


Tu évoques un au-delà du cadre logique et conceptuel, tu parles d’infini, de vécu qui excéderait les concepts. Très bien. Mais tant que tu refuses de dire de quoi il s’agit, dans quel registre cela se situe, et comment cela peut être discuté, tu ne proposes pas une position philosophique : tu produis une suggestion immunisée contre toute critique.

>>>>> Le scepticisme suspend ; il ne suggère pas sans assumer.

J'm'interroge a écrit : 19 déc.25, 14:46 Cette phrase se veut mystérieuse et mêle confusément des idées philosophiques ou psychologiques très certainement non maîtrisées. Faussement profonde, son allure d'aphorisme mystique dissimule mal une pensée circulaire et stérile. Empruntant un jargon pseudo-philosophique, elle flatte le lecteur en le faisant déchiffreur d'un secret qui n'existe pas. C'est le sophisme parfait : impénétrable donc irréfutable, confondant hermétisme et profondeur. Une coquille vide qui sonne bien, satisfaisant plus le désir de paraître savant que l'exigence de penser véritablement.
ronronladouceur a écrit : 20 déc.25, 07:19 La formule était pourtant assez classique... Mais vous la caricaturez...

Quant au désir de paraître savant, nous sommes dans de la lecture psychique...
La critique formulée n’est pas une attaque psychologique, mais une analyse du discours.

Elle vise un type de formulation qui :

- suggère une profondeur,
- refuse toute explicitation,
- se protège par son flou,
- devient irréfutable parce qu’indéterminée.

C’est une critique classique, qu’on trouve chez Kant, Carnap ou Wittgenstein, contre le pseudo-profond.

Quand tu réponds en parlant de « lecture psychique », tu déplaces la question.
Le problème n’est pas l’intention de celui qui parle, mais la structure du discours.

Un discours peut être vide indépendamment des intentions de celui qui l’emploie.



Conclusion :


Tu suggères quelque chose sans jamais l’assumer comme objet de discours.

Les indices sont nets :

- invocation de notions lourdes (infini, au-delà du cadre, non purement conceptuel),
- refus répété de dire ce que c’est, comment ça se donne, dans quel registre ça se situe,
- appel au vécu comme contre-poids à la logique, sans décrire ce vécu,
- déplacement constant vers l’idée que « la logique a ses limites », sans montrer ce qui échappe ni comment.

Ce n’est pas une thèse, ce n’est pas une réfutation, ce n’est même pas une position sceptique au sens rigoureux. C’est de l'ordre d'une suggestion non assumée.


Le désaccord réel est simple :

- D’un côté, l’exigence que tout concept soit logiquement cohérent, et que le vécu ne serve pas à sauver une incohérence.
- De l’autre, l’intuition que quelque chose d’essentiel échappe aux concepts et à la logique, mais sans accepter de préciser ce que c’est ni comment l'établir, tout en y injectant tes notions et croyances vagues en un absolu, un infini, etc..

C’est exactement la frontière entre exigence philosophique et une forme de pensée suggestive pseudo-mystique que je qualifie de délirante, dans le sens qu'elle est irrationnelle.


Bref,

- La logique n’est pas toute la philosophie, mais elle est incontournable pour juger des concepts.
- Le vécu est réel, mais il ne fonde pas la cohérence conceptuelle.
- Refuser d’expliciter ce qu’on place « au-delà du cadre » revient à se placer hors discussion rationnelle.
- Un discours qui ne peut être ni clarifié ni critiqué n’est pas profond : il est indéterminé.

Si l'on reste dans une exigence philosophique rigoureuse, ce que tu avances sur les limites de la logique est juste en partie, mais devient problématique dès que l'évocation de ces limites servent à soustraire un discours à toute clarification ou critique.

C’est là que se joue la différence entre lucidité et flou artistique.
.
- La réalité est toujours beaucoup plus riche et complexe que ce que l'on peut percevoir, se représenter, concevoir, croire ou comprendre.
- Nous ne savons pas ce que nous ne savons pas.
Humilité !
- Toute expérience vécue résulte de choix. Et tout choix produit son lot d'expériences vécues.
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Re: La spiritualité selon Pyrrhon

Ecrit le 23 déc.25, 03:43

Message par ronronladouceur »

J'm'interroge a écrit : 23 déc.25, 03:07 La logique ne dit pas ce qui existe.
Elle ne décide pas du réel.
Mais elle suffit pour établir qu’un concept est incohérent, auto-contradictoire ou mal formé.
Etc.
Saisie de l'enjeu après lecture:

Donc la logique ne peut statuer qu'à l'intérieur de son cadre et ne peut que se taire devant ce qui lui apparaît comme hors son propre cadre. Tout au plus peut-elle dire que l'élément hors cadre n'est pas sous sa juridiction.

J'm'interroge

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Re: La spiritualité selon Pyrrhon

Ecrit le 23 déc.25, 04:27

Message par J'm'interroge »

J'm'interroge a écrit : 23 déc.25, 03:07 La logique ne dit pas ce qui existe.
Elle ne décide pas du réel.
Mais elle suffit pour établir qu’un concept est incohérent, auto-contradictoire ou mal formé.
Etc.
ronronladouceur a écrit : 23 déc.25, 03:43 Saisie de l'enjeu après lecture:

Donc la logique ne peut statuer qu'à l'intérieur de son cadre et ne peut que se taire devant ce qui lui apparaît comme hors son propre cadre. Tout au plus peut-elle dire que l'élément hors cadre n'est pas sous sa juridiction.
Ta formulation est globalement juste, mais ta réponse glisse subtilement vers une thèse plus forte que ce qui était dit. Il faut donc distinguer clairement plusieurs niveaux.


1. Ce qui est réellement affirmé :

Dire que la logique ne dit pas ce qui existe ni ne décide du réel est banal et admis. En revanche, elle est pleinement compétente pour juger la cohérence interne des concepts, des définitions et des discours. Autrement dit, la logique est normative pour le pensable, pas ontologique pour l’être. Là-dessus, il n’y a rien de discutable.


2. Le déplacement que tu opères :

Quand tu dis que la logique ne peut statuer qu’à l’intérieur de son cadre et qu’elle doit se taire devant ce qui serait “hors cadre”, tu introduis deux choses supplémentaires :

- tu supposes qu’il existe effectivement un “hors cadre” de la logique ;
- tu suggères que la logique n’aurait rien à dire à son sujet.

Or cela ne découle pas de la position initiale. C’est un ajout.


3. Ce que la logique peut dire d’un prétendu “hors cadre” :

Même si la logique ne décide pas de l’existence, elle peut toujours examiner un discours qui invoque un au-delà d’elle-même. Elle peut dire si ce “hors cadre” est défini de manière cohérente, s’il est pensable sans contradiction, ou s’il n’est qu’un flou conceptuel. Elle ne se contente pas de déclarer forfait. Elle peut pointer une indétermination, une incohérence ou une immunisation rhétorique.

On ne peut pas invoquer un “au-delà de la logique” sans passer par la logique pour le dire. Dès que tu en parles, tu entres dans son champ.


4. Le point décisif :

Si tu dis qu’il y a quelque chose hors du cadre logique, tu engages déjà un discours conceptuel. Et la logique est alors en droit de te demander : quoi exactement ? dans quel registre ? sans contradiction ? avec quels critères minimaux ? Refuser de répondre à ces questions tout en laissant entendre qu’il y aurait “autre chose”, ce n’est pas dépasser le cadre, c’est rester dans l’indétermination.


5. La différence avec le scepticisme :

Le sceptique ne dit pas qu’il y a un au-delà, ni qu’il n’y en a pas. Il ne suggère rien. Il suspend. Ce que tu fais, en revanche, c’est suggérer un excès* tout en refusant d’en répondre conceptuellement. Ce n’est pas une suspension, c’est un demi-geste mystique.


En résumé :

la logique ne gouverne pas l’être, mais elle gouverne le discours. On ne sort pas de son cadre en parlant : on y entre.


.................


* Je vais développer car cela s'impose :


L’« excès » dont je parle n’est pas un excès ontologique explicitement affirmé, mais un excès suggéré. Il est précis, identifiable, et il se situe exactement ici.


1. De quel excès s’agit-il ?

Il s’agit de l’idée — implicite mais récurrente — qu’il existerait quelque chose de pertinent :

- qui ne relèverait pas du cadre logique ou conceptuel,
- qui ne serait pas réductible à une analyse rationnelle,
- mais qui aurait malgré tout une portée critique vis-à-vis de la logique (par exemple pour en montrer l’insuffisance).

Autrement dit : un reste qui compterait philosophiquement sans être dicible conceptuellement.

C’est cela l’excès.


2. Où apparaît-il concrètement ?

Il apparaît chaque fois que tu dis, ou laisses entendre des choses comme :

- « la logique ne suffit pas »,
- « quelque chose échappe aux concepts »,
- « le vécu pourrait contrer une exigence purement logique »,
- « l’infini ne se laisse pas enfermer dans les concepts »,

tout en refusant de dire ce que serait ce quelque chose, en le définissant même minimalement.

Tu n’affirmes pas positivement cet excès, en tout cas pas de manière explicite, mais tu lui donnes un statut rhétorique : il sert à relativiser la logique, sans jamais être exposé à son examen.


3. Pourquoi ce n’est pas une simple suspension ?

La suspension sceptique consiste à dire : « Je ne sais pas, et je n’ai aucune raison de pencher d’un côté plutôt que de l’autre. »

Ici, ce n’est pas ce qui se passe. Il y a une asymétrie :

- la logique est explicitement limitée, critiquée, relativisée ;
- l’“au-delà” reste protégé par l’indétermination.

Donc le geste n’est pas neutre. Il oriente sans assumer.


4. En quoi est-ce un excès et non un simple flou ?

Parce que cet indéterminé n’est pas neutre :

il est mobilisé pour faire quelque chose dans l’argumentation — affaiblir une exigence logique — sans jamais être mis en jeu comme objet discutable.

C’est un excès parce qu’il dépasse ce que tu acceptes de formuler, tout en pesant sur la conclusion.


5. Pourquoi la logique est en droit d’intervenir ?

Dès que tu dis :

« il y a quelque chose que la logique ne peut pas juger »,

tu as déjà fait un pas conceptuel. La logique peut alors te demander :

- ce “quelque chose” est-il seulement pensable ?
- est-il cohérent de dire qu’il a une portée critique sans être formulable ?
- est-il autre chose qu’un nom donné à une limite subjective ?

Refuser ces questions tout en maintenant l’allusion, c’est précisément l’excès non assumé.


En résumé :

- L’excès, ce n’est pas de dire « je ne sais pas ».
- L’excès, c’est de dire implicitement : « Il y a plus que ce que la logique peut saisir — et ce plus compte » sans jamais accepter d’en répondre conceptuellement.

Or, là où le sceptique suspend, le pseudo-mystique affirme.

Ici, c’est l’entre-deux : une suggestion sans responsabilité conceptuelle.

C’est cela, exactement, l’excès.
.
- La réalité est toujours beaucoup plus riche et complexe que ce que l'on peut percevoir, se représenter, concevoir, croire ou comprendre.
- Nous ne savons pas ce que nous ne savons pas.
Humilité !
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Re: La spiritualité selon Pyrrhon

Ecrit le 26 déc.25, 01:37

Message par J'm'interroge »

.
Voici mes différentes propositions, ordonnées et regroupées par thèmes, de façon à en faciliter une vision d'ensemble.


1. Sur l'Apparaître (Phainomena) et l'Expérience

• Accueille la vie telle qu’elle se présente, sans présupposé.
• Il y a ce qui apparaît et ce qui en est conclu, interprété, extrapolé.
• Les apparaîtres ne montrent que ce qu'ils montrent, non ce que l'on en infère.
• L’apparence seule est concrète, tout le reste est discours.
• L’apparence n’est ni vraie ni fausse : elle est telle qu'elle se présente.
• L’apparence n’est pas un voile : elle est notre mode d’accès au monde.
• L’apparence n’est ni un voile ni une déclaration de vérité : elle est notre mode d’accès au monde.
• L’apparence se montre, elle ne déclare rien.
• Pour vivre et agir, nul besoin de croire quoi que ce soit.
• Nous vivons selon l’apparence (kata ta phainomena), non selon une vérité quelle qu'elle soit.
• Les apparences sont les vécus tels qu'ils se présentent, tout le reste n’est que théories et croyances.
• Les vécus sont indubitables, les interprétations et conclusions que l’on en tire sont fragiles.
• Le vécu brut est descriptible.
• Vois ce qui est comme il se présente.
• Observer : accueillir l’apparence.
• Constater : reconnaître le donné.
• Distinguer phénomènes et interprétation des phénomènes.
• Le sage ne cherche rien qui serait caché derrière les apparences.
• Il ne s’agit ni de nier l’expérience, ni de la corriger par une théorie, mais de s’y adapter. C’est le cœur du « vivre selon les apparences » (kata ta phainomena).
• Ajuster son attitude aux phénomènes tels qu’ils se manifestent.
• Distinguer les apparitions successives, sans leur attribuer une identité substantielle ou une continuité ontologique.


2. Distinction Fondamentale : Vécu vs Interprétation/Croyance

• Il y a ce qui nous apparaît et ce que nous inférons à partir des apparences ou croyons par la force des mots.
• Distinguons ce qui apparaît — nos vécus — de ce que l’on en infère ou croit savoir. Beaucoup refusent cette distinction et confondent croyances et vécus.
• Confondre croyance et vécu est le plus sûr moyen de s’égarer.
• Un vécu qui vient confirmer une croyance n'en prouve pas la vérité, ni n'en fait un vécu.
• Constater suffit, croire est superflu.
• Si ce n’est pas descriptible c’est théorique.
• Si c’est interprétatif, de l’ordre de la conclusion ou formulé comme un raisonnement, il ne s’agit pas d’un vécu.
• Confondre description et théorie est une erreur.
• Distingue clairement entre le phénomène (fiable) et la théorie (tenue pour outil, jamais pour vérité).
• Nous constatons les phénomènes, y référons, mais nous n’assentons pas à une vérité définitive ou absolue sur eux.
• Distinguer d’une part – 1) les interprétations, conclusions, extrapolations tirées de l’expérience et jugements de valeurs, et d’autre part : – 2) les raisonnements et conclusions logiques basés sur des propos.
• Distinguer entre interprétations de vécus et conclusions logiques sur un discours tenu.


3. La Suspension du Jugement (Épochè)

• Abstiens toi de conclure sur la vérité ou la fausseté de ce que la raison ou l’expérience ne permettent de trancher.
• L’absence de trouble résulte de l’épochè, non d’une doctrine indécidable prétendue vraie, juste ou bonne.
• L’absence de trouble suit le refus de juger vrai ou faux, ce que ni la raison ni l’expérience ne permettent de trancher.
• L’absence de trouble suit le refus de croire.
• L’épochè, la suspension du jugement, apporte tranquillité et clarté, là où les certitudes échouent.
• La suspension du jugement est la seule réponse adéquate à l’incertitude.
• L’épochè — s’abstenir de trancher quand rien ne permet de trancher — libère.
• Elle libère de la fièvre de croire, de l’angoisse de savoir, de la compulsion d’expliquer.
• L’épochè n’est pas un refus de penser, mais l’aboutissement réfléchi d’une pensée qui refuse de conclure là où rien ne permet de le faire.
• Suspendre le jugement, c’est tout l’inverse d’affirmer n’importe quoi sans répondre de sa cohérence.
• La suspension pyrrhonienne est précisément ce qui interdit de faire dire à l’expérience plus que ce que l’on peut justifier.
• L’épochè suppose un examen effectif des thèses en présence et exclut précisément l’attitude dogmatique consistant à affirmer, sans raison décisive, que tout énoncé ou toute interprétation serait indécidable par principe.
• Suspendre le jugement ne signifie pas cesser d’interpréter, d’analyser ou de raisonner. Cela signifie refuser d’accorder un assentiment définitif là où ni la raison ni l’expérience ne permettent de trancher.
• Le cœur de l’épochè : l’assentiment, pas l’activité mentale.
• Ce que le pyrrhonien suspend, ce n’est ni la pensée, ni l’analyse, ni même le jugement au sens large, mais l’assentiment. Il ne dit pas « je ne juge jamais », mais « je n’affirme pas lorsque rien ne permet de décider ».
• L’épochè porte sur le tenir-pour-vrai, pas sur le penser.
• L’épochè est bien une suspension de l’assentiment, non une paralysie intellectuelle ni une inactivité de la raison.
• La suspension du jugement n'oblige pas à une absence d'interprétation. Quand on parle de suspension du jugement, en réalité, il n'est pas question de ne pas juger du tout, mais ne pas donner son assentiment lorsque ni la raison ni l'expérience ne permettent de trancher.
• L’absence d’assentiment dogmatique ne signifie pas absence d’assentiment en général, ni suspension indifférenciée à tout propos.
• Pyrrhon ne rejette pas les énoncés en tant que tels, ni toute forme de discours. Il refuse seulement de leur accorder un statut décisif ou normatif lorsque la raison ne peut pas trancher.
• La suspension du jugement porte uniquement sur les énoncés dogmatiques : ceux qui ne peuvent pas être tranchés.


4. Critique des Croyances, Dogmes et Opinions

• Ne crois pas comprendre l’apparaître. Mais ne crois pas non plus qu’il n’y ait rien à en comprendre.
• N’accorde pas aux opinions plus que ce que les apparences autorisent et montrent.
• Ne prend rien pour certain qui ne relève que de l’opinion.
• L’opinion gonfle l’ignorance, l’apparence montre ce qu'elle montre.
• Méfie-toi de ce qui est présenté comme vrai, juste ou bon.
• Face à l’opinion adopte le doute.
• Attribue ton trouble à tes croyances, non aux événements ni aux situations.
• Attribue ton trouble à tes croyances, non à la vie comme elle se présente.
• Ne cherche pas à rendre compte des apparences par des croyances.
• Pour vivre et agir, nul besoin de croire quoi que ce soit.
• Vivre n’exige aucune croyance.
• Toute croyance est source de trouble et d’erreurs.
• Aucune croyance n’est nécessaire pour agir ni pour vivre.
• Imaginer au-delà de ce que l’apparence montre est source d’illusion.
• Même les vérités philosophiques ne valent qu'en tant que constructions théoriques.
• Croire que sa théorie est l’ultime vérité, ferme l’esprit et empêche toute meilleure explication.
• Exerce-toi à la pensée logique, analytique et critique, mais surtout à ne rien croire.
• Une croyance ne constitue jamais un savoir.
• Appeler “savoir” une croyance indémontrable, invérifiable ou non-justifiable ne la transforme pas en savoir.
• La peur vient de la croyance, pas de l’inconnu.
• C’est parce qu’on veut des certitudes que l’incertitude devient angoissante.
• La peur de l’inconnu est ce qui pousse au dogme.
• Pour Pyrrhon, la croyance dogmatique est précisément ce qui enferme : elle transforme une apparence en vérité, une hypothèse en certitude, un point de vue en nécessité.
• La pensée dogmatique surgit dès que l’on prétend aller au delà des phénomènes, le sage s’en tient aux apparences et à la logique.


5. Théories, Savoirs et Limites de la Connaissance

• Observe, constate, analyse, mais ne crois pas savoir ce que la raison ou l’expérience ne te permettent de trancher.
• N’affirme rien sur des questions qui échappent à tes moyens et capacités de savoir.
• Sur ce qu’il ne peut pas savoir, le sage se tait.
• Dès que tu t’appuies sur autre chose que l’apparence, tu ne t’appuies au mieux que sur des concepts et des théories.
• Les vécus sont indubitables, les interprétations sont fragiles. Ce que l’on en dit, comprend ou conclut, sont des constructions théoriques.
• Même les vérités philosophiques sont théoriques. Les croyances et les spéculations que, ni la raison ni l’expérience ne permettent de trancher, s’ajoutent encore.
• Une théorie peut être pertinente selon le contexte, mais elle reste toujours une interprétation.
• Une théorie construite sur les vécus est souvent ce que l’on a trouvé de mieux pour s’orienter dans sa vie.
• Le problème surgit lorsqu’on la considère comme la vérité absolue.
• Alors, on se ferme à toute autre compréhension, possiblement plus juste, plus simple, plus adaptée.
• Une théorie peut être vraie ou fausse. Mais elle ne peut être vraie que dans son cadre de validité, autrement dit : elle ne peut jamais être absolument vraie. Aucune théorie ne peut prétendre être La Vérité, Laquelle n'existe pas.
• Soutenir une théorie n'implique pas nécessairement de la tenir pour vraie ou conforme.
• Aucune théorie ne dépasse a priori son cadre de validité.
• Une compréhension n'est pas forcément théorique alors qu'une théorie est toujours relative à une compréhension.
• Il y a des certitudes. Mais ce ne sont en rien des certitudes ultimes.
• Il y a des compréhensions vraies qui sont des savoirs, mais il ne s'agit pas d'y croire.
• Une théorie est un outil explicatif, une croyance est un assentiment.
• Ne pas confondre : soutenir une théorie et croire en une théorie.
• On peut soutenir sans croire.
• Soutenir une théorie n’est pas nécessairement la même chose que la tenir pour vraie.
• Plus une personne croit en sa théorie, plus elle s’y enferme.
• Il n'y a pas de vérité hors cadre. Toute vérité est relative.
• Ce qui n’est pas défini n’a aucun statut logique : ni vrai, ni faux, ni connaissable.
• Reconnais ton ignorance.
• La raison humaine ne peut trancher les questions qui portent au-delà de l’expérience ou de la pure logique.
• Ne pas faire comme si son ignorance constituait un savoir supérieur.
• La nature réelle des choses au-delà de l’apparaître est adiaphoros, astathmêta, anepikrita : indifférenciée, indécidable, insaisissable.
• Il ne s’agit pas de nier le réel, mais de reconnaître notre capacité à le saisir tel qu’il serait indépendamment ou hors de l’apparence.
• Nous ne pouvons rien affirmer avec certitude [sur le réel hors de l’apparaître].
• Pyrrhon ne propose pas une théorie du réel, mais une manière d’être au réel tel qu’il apparaît.
• Pyrrhon ne dit pas « rien n’existe » ou « rien n’a de valeur » ; il dit : nous ne pouvons rien affirmer avec certitude [sur le réel hors de l’apparaître].
• La clarté pyrrhonienne est celle du refus de la fausse évidence. Elle dissipe l’illusion de savoir, non l’expérience elle-même.
• La clarté pyrrhonienne est celle de l’apparaître qui se montre tel qu’il se montre.
• Reconnaître qu’il existe une part d’inconnaissable ne justifie pas d’introduire des concepts qui contredisent la logique ou se dissolvent dès qu’on les définit.
• Les constructions conceptuelles ne doivent pas être confondues avec le réel lui-même.


6. Conduite de Vie, Usages et Tranquillité

• Les habitudes et les réflexes répondent à nos besoins, mieux que n’importe quelle croyance.
• La coutume est meilleure guide que n’importe quelle prétendue vérité dogmatique.
• Agis selon les usages, non selon des vérités supposées.
• Pour la vie pratique, il n'y a pas d'autre guide que l'expérience.
• Dans la vie pratique, nous suivons naturellement les usages, sans avoir besoin croire quoi que ce soit sur leur bien fondé.
• Les usages, la coutume et les réflexes suffisent à guider la vie, nul besoin de fondements ultimes.
• Tout le reste n’est que théorie ou croyance — utiles parfois, délétères souvent, jamais nécessaires.
• Et cela suffit, l’apparence suffit pour vivre.
• Va au plus simple, sans excès.
• Assume ta condition et clarifie-la.
• Cherche l’harmonie plutôt qu’une vérité absolue.
• Souviens-toi que tu es une part du vivant, non un être à part.
• Accueille l’inconnu sans le mythifier.
• Ne fige aucune pensée dans des certitudes.
• Garde la curiosité, mais sans naïveté.
• La tranquillité vient précisément de l’acceptation de ce qui ne peut être tranché.
• Le scepticisme pyrrhonien vise une vie simple, dégagée des surcharges théoriques inutiles.
• Pyrrhon adopte les usages sans leur prêter un fondement ultime : même logique.
• Il ne s’agit pas de dépasser la condition humaine par une vérité transcendante.
• Le sceptique assume la finitude sans pessimisme ni fatalisme.
• S’adapter : vivre sans métaphysique.
• La lucidité ouverte assume l’inconnu comme horizon naturel, non comme déficit à combler.
• Chez Pyrrhon, l’inconnu n’est pas un manque à combler, mais un espace à respecter.


7. Méthode, Examen et Raisonnement

• Questionner : ne pas figer le sens.
• Le pyrrhonien examine sans conclure, compare sans hiérarchiser, ajuste son rapport aux phénomènes sans produire de doctrine.
• La suspension du jugement n’est ni une posture mystique ni un retrait de la pensée : c’est une démarche philosophique, donc rationnelle.
• Assimiler l’épochè à une suspension de toute activité analytique est un contresens.
• Mais l’examen n’implique pas l’assentiment, et l’absence d’assentiment n’implique en rien l’absence d’examen.
• Le scepticisme pyrrhonien ne consiste pas en une abdication générale du jugement, encore moins en une passivité mentale.
• Pyrrhon vit, agit, parle et suit les usages : cela suppose une relation effective au monde, non un retrait contemplatif absolu.
• Il ne s’agit pas de suspendre son jugement sur toute chose indistinctement.
• Le pyrrhonien pense, examine, interprète — mais il ne croit pas.
• L’interprétation peut exister, être explorée, comparée, testée — sans être crue.
• On peut raisonner avec une parfaite rigueur sur des propositions conditionnelles. La validité du raisonnement peut être certaine, tout en laissant indécidable la vérité des conclusions, faute de statut établi pour les prémisses. La certitude porte alors sur la cohérence logique, non sur l’état du réel.
• On peut très bien, comme j'ai appris à le faire : raisonner sur des propositions conditionnelles. On peut parvenir à une certitude dans les raisonnements mais pas nécessairement sur les conclusions, les conclusions d'un raisonnement qui contient des propositions conditionnelles n'étant pas décidables en l'état. Leur vérité ou non dépend du statut de vérité des propositions dont le statut de vérité est incertain.
• Dire qu’une chose n’est pas plus ceci que cela suppose qu’on ait envisagé des déterminations opposées et constaté qu’aucune ne l’emporte — ce qui implique comparaison, examen, mise en balance, même si cela ne débouche sur aucune conclusion dogmatique.
• Cela correspond à l’attitude sceptique telle que décrite par Sextus Empiricus : le sceptique observe, compare, met en balance, examine les arguments opposés. Il ne s’arrête pas à une position figée ; il reste mobile, révisable, attentif. La rectification continue est l’inverse du dogme.


8. Définition de la Lucidité Ouverte (Vision d'Ensemble)

La lucidité ouverte est une façon de voir et d'accueillir la vie telle qu’elle se présente, sans s'enfermer dans des croyances ni dans un scepticisme réducteur. Elle observe, constate, questionne et s’adapte, tout en admettant qu'une part du réel nous échappe toujours et qu’il ne se réduit ni à ce que l’on comprend, ni à ce que l’on imagine. Simple, précise et consciente de ses limites et de celles des modèles et normes proposés, elle assume la finitude humaine sans s’y enfermer. C’est une clarté qui ne prétend pas tout éclairer, une raison sans crainte de l’inconnu, une vigilance qui évite illusion et arrogance.

• La lucidité ouverte est une intelligence pratique.
• La lucidité ouverte maintient cette distinction : comprendre n’est pas posséder, expliquer n’est pas épuiser.
• Reconnaître ces limites n’est pas une faiblesse, mais une forme de lucidité.
• En reconnaissant son ignorance, on évite la crispation dogmatique.
• La lucidité ouverte ne sacralise ni l’ignorance ni la connaissance : elle embrasse les deux.
• Une fonction thérapeutique du scepticisme pyrrhonien : désamorcer l’hubris intellectuelle, la prétention à dire ce qui est « vraiment ».
• La lucidité ouverte est, en termes modernes, une spiritualité pyrrhonienne sans métaphysique : attentive aux apparences, prudente face aux croyances, consciente de ses limites, souple dans la pratique, paisible dans l’incertitude.
• Elle ne cherche pas à remplacer les dogmes par un autre dogme, mais à habiter lucidement l’absence de fondement ultime. C’est exactement là que se tient Pyrrhon.
• Ne pas confondre lucidité ouverte et confuse clarté ou ouverture confuse.
• Une lucidité ouverte implique une absence de confusion et une approche non dogmatique.
• La lucidité ouverte, respecte dans tous ses principes, ceux du pyrrhonisme.
• La lucidité ouverte, respecte dans tous ses principes, ceux du pyrrhonisme. Elle n’ajoute rien d’étranger, elle en traduit l’esprit dans un langage contemporain.
• C’est précisément la position pyrrhonienne : le scepticisme n’est ni une négation du réel ni un relativisme pseudo-philosophique, mais une retenue. Pyrrhon ne dit pas « rien n’existe » ni « tout est faux », il suspend son jugement là où il n’y a pas de critère décisif.
• L’idée qu’ « une part du réel nous échappe toujours » est strictement pyrrhonienne. Pyrrhon ne nie pas l’existence d’un réel, mais affirme que nous n’avons aucun moyen sûr d’en dire quoi que ce soit au-delà de ce qui apparaît. Cette reconnaissance n’est pas un échec, mais une lucidité.
• Une clarté qui ne prétend pas tout éclairer » correspond exactement à l’épochè.
• Le sceptique ne cherche pas une lumière totale, ultime ou absolue qui n’existe pas.
• Il évite au contraire ce genre d’illusion source de dogmatisme et de trouble.
• La finalité pyrrhonienne : éviter l’illusion intellectuelle et l’arrogance dogmatique.
• Le sceptique ne cherche pas à avoir raison, mais à ne pas se tromper sur ce qu’il peut réellement savoir.
• La « lucidité ouverte » est une reformulation moderne, existentielle et non technique du scepticisme pyrrhonien. Elle reprend : la primauté des apparences, la suspension du jugement, l’humilité intellectuelle, le refus du dogme, l’orientation vers une absence de trouble plutôt que vers une vérité absolue.


9. Mises en Garde contre les Contresens et Extrapolations

• Ne prête aucun fondement ultime à quoi que ce soit.
• Ce que tu ne peux pas vérifier ou démontrer, ne l’affirme pas.
• L’erreur de beaucoup est de faire de Pyrrhon une figure d’indifférence mentale ou de pure passivité contemplative.
• C’est une erreur de confondre l’attitude du sceptique pyrrhonien avec un état de passivité ou de retrait mental pathologique, alors qu’il s’agit d’une authentique démarche philosophique ancrée dans l’expérience.
• L’absence d’assentiment pyrrhonienne porte donc sur un certain type d’énoncés — les dogmatiques — et non sur toute parole ou toute prise en compte du réel. En conclure qu’elle porterait sur tout énoncé est une erreur.
• Dire que « l’indifférence précède même l’examen » revient à transformer l’épochè en état psychologique pathologique originaire. Or, dans le scepticisme pyrrhonien tel que nous pouvons le reconstituer prudemment, l’épochè n’est jamais décrite comme un point de départ, mais comme un effet : elle survient lorsque l’examen ne permet pas de trancher. La déplacer en amont, c’est modifier en profondeur la structure même du scepticisme, c'est en faire une approche qui n'a plus rien de philosophique.
• Le pyrrhonisme n’est pas une psychologie fictionnelle, c’est une démarche philosophique identifiable par ce qu’elle autorise et ce qu’elle interdit d’affirmer.
• Lorsqu’aucune interprétation n’est décisive, la seule posture cohérente est de ne pas en affirmer une positivement.
• Un retrait avant examen, une absence d’activité discursive. Ce n’est pas une suspension du jugement, c’est une prise de position.
• Ne pas faire dire plus que ce qui peut être justifié.
• et projeter positivement une posture spirituelle déterminée là où les textes sont silencieux ou ambigus.
• Il est question d’une indécidabilité rationnelle, non une indifférence mystique.
• Le scepticisme pyrrhonien n’est pas une attitude existentielle vague, mais une position philosophique identifiable par ce qu’elle refuse d’affirmer.
• On ne peut pas raisonnablement mettre sur le même plan une retenue interprétative et une projection positive.
• Dire que toute lecture est interprétative ne signifie pas que toutes les interprétations se valent, ni qu’elles obéissent aux mêmes contraintes.
• Le pyrrhonisme n’abolit pas les exigences minimales de cohérence, de justification et de retenue : il les renforce.
• Rien, dans les données disponibles, n’autorise positivement l’idée d’une indifférence préalable à tout examen.
• Ce que la posture implique logiquement : refuser l’assentiment dogmatique n’implique pas refuser l’examen. Suspendre le jugement n’implique pas une indifférence antérieure à toute prise en compte.
.
- La réalité est toujours beaucoup plus riche et complexe que ce que l'on peut percevoir, se représenter, concevoir, croire ou comprendre.
- Nous ne savons pas ce que nous ne savons pas.
Humilité !
- Toute expérience vécue résulte de choix. Et tout choix produit son lot d'expériences vécues.
Sagesse !

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