1. Helvidius, le premier hérétique à affirmer que Marie eut d'autres enfants, utilisait le verset suivant :
<< Or telle fut la genèse de Jésus Christ. Marie, sa mère, était fiancée à
Joseph : or, AVANT QU'ILS EUSSENT MENE VIE COMMUNE, elle se trouva enceinte par le fait de l'Esprit Saint. >>
Sous-entendu : "par la suite, ils ont mené vie commune".
Saint-Jérôme, (libellus adversus Helvidius) lui répondait avec humour et raison :
<< Si j'écrivais "Helvidius fut surpris par la mort avant de faire
pénitence", s'ensuivrait-il qu'il a fait pénitence après son trépas ? >> Il n'y a pas grand-chose à rajouter.
2) Angelrat a avancé un argument quasi identique :
<< "Mais il ne la connut pas (1) jusqu'à ce qu'elle enfantât son fils,
auquel
il donna le nom de Jésus." Matthieu 1:25 (versions Oecuménique, de Jérusalem, Crampon et Osty)
(...)
Notons: "Mais il ne la connut pas jusqu'à ce qu'elle..." Ce passage affirme avec force que Marie devint après la naissance miraculeuse de Jésus, l'épouse de Joseph, dont elle a eu plusieurs enfants. >>
Comme on le voit, les arguments des adversaires de l'Eglise ne sont pas très variés, ni très nouveaux, ni très fondés. Je pourrais plagier la réponse de Jérôme, mais je préfère répondre sur le fond : le souci de Matthieu, dans ce passage, est de montrer que Jésus est celui qu'Isaïe avait annoncé comme fils de la vierge. Il rappelle la prophétie deux versets plus haut :
<< et il ne la connut pas jusqu'au jour où elle enfanta un fils, et il
l'appela du nom de Jésus. >> (Mt 1,23)
Par conséquent, ce qui l'intéresse, c'est de dire que Marie, depuis sa propre naissance jusqu'à celle de Jésus, est resté vierge. Ce qui s'est passé ensuite n'a aucun intérêt pour lui, dans le cadre de ce qu'il entend prouver.
Un peut d'historique avant l'apparition de la pensé Helvidius
Saint Ignace d’Antioche (mort en 107)
Saint Ignace d’Antioche, martyrisé à Rome en 107, “Le prince de ce monde (Satan) a ignoré la virginité de Marie et son enfantement, de même que la mort de Notre Seigneur: trois mystères retentissants qui s’accomplirent dans le silence de Dieu.”
Mémoire d’Egésippe, écrit autour de l’an 180) où il est écrit que Siméon est un « fils de Cléophas, un oncle du Seigneur » . Jacques le mineur est lui aussi un cousin du Seigneur : fils de cette Marie (Mc 15,40; Mt 27,56), qui devait être la femme d’Alphée (cfr. Mt 10,3; At 1,13) et la sœur de Marie, la mère du Seigneur.
Saint Irénée (130-203 ?)
Saint Irénée a, au moins, cité quatorze fois Saint Joseph. Contre des hérésiarques qui niaient la virginité de Marie et la chasteté de Joseph, il s’appuie vigoureusement sur les textes canoniques des Évangiles de Luc et de Matthieu, et rappelle que la maternité virginale de Marie avait été annoncée par le prophète Isaïe.
Saint Irénée allait encore plus loin, en affirmant, à la suite de Saint Paul, que Jésus était le “nouvel Adam, c’est-à-dire le Verbe Incarné, venu pour restaurer l’humanité déchue dans le premier Adam.”
Saint Irénée précise: “Si le premier Adam avait eu lui-même un autre père que Dieu même, on pourrait prétendre que le second Adam a été engendré par Joseph. Mais si le premier Adam a été pris de la terre et formé par le Verbe de Dieu, il importait que le Verbe lui-même, récapitulant en lui la formation d’Adam, fût formé aussi d’une manière semblable. Mais alors, pourquoi Dieu n’a-t-il pas pris une seconde fois du limon, mais a voulu former le corps du Christ, de Marie? Pour que la chair qui devait naître d’elle ne fût pas différente de la chair qui devait être sauvée, mais que la chair du Christ fût la même chair, reprise en conservant la ressemblance d’origine.”
Le premier Adam a été un commencement, le second Adam devait être un recommencement.
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Saint Irénée qui glorifie Joseph d’avoir cru aux prophètes, et qui a parfaitement compris son rôle providentiel, écrit encore: “De même que le genre humain a été soumis à la mort par une vierge, de même il est sauvé par une vierge, dans l’opposition symétrique de la désobéissance d’une vierge, à l’obéissance d’une autre vierge. De cette façon, le péché du premier père était effacé par la réparation du premier-né (de Marie), et la prudence du serpent vaincue par la simplicité de la colombe et ces liens furent rompus, par lesquels nous étions attachés à la mort.”
Tertullien (155-223 ?)
Tertullien parlant de Joseph dans son traité De carne Christe, écrit vers 212, pour lutter, lui aussi, contre les gnostiques:“Il ne convenait pas que le Fils de Dieu naquît d’un germe humain, car s’il avait été entièrement fils d’un homme, il n’aurait pas été spécialement Fils de Dieu et n’aurait rien eu de plus que Salomon et Jonas..” [4]
Origène (185 ?-255?)[5]
Parlant de Saint Joseph et de Marie cherchant Jésus dans le Temple et le trouvant au milieu des docteurs, Origène écrit: “Non pas dans le Temple tout simplement, mais au milieu des docteurs, à les écouter et à les interroger. Et toi aussi, il te faut chercher Jésus dans le Temple de Dieu, le chercher dans l’Église, parmi les docteurs qui sont dans le Temple et qui n’en sortent pas. Car si tu le cherches ainsi, tu le trouveras.”
Origène écrit encore, parlant de Jésus: “... Le plus grand se soumet au plus petit. Jésus, en effet, voyant Joseph plus avancé que lui en âge le traita comme un père, lui accordant l’honneur qu’on accorde à ses parents, donnant ainsi à tous les enfants un exemple de soumission à leurs parents... Joseph comprenait bien , je pense, la supériorité de Jésus malgré sa soumission, et c’est en tremblant qu’il lui commandait.... Il arrive parfois que le sujet dépasse son supérieur en mérite. S’il arrive qu’un personnage placé à un rang supérieur se rende compte d’une telle situation, qu’il ne s’élève pas d’orgueil à cause de sa dignité officielle, mais qu’il reconnaisse l’avantage de son sujet, comme cela arriva lorsque Jésus fut soumis à Joseph.”
Saint Éphrem (306?-372)
Saint Éphrem, né en Syrie vers 306, mourut en 372. Docteur de l’Église, orateur et poète, ce fut un grand mystique. Parlant de Saint Joseph, Saint Éphrem écrit: “Fils de David, Joseph prit pour épouse une fille de sa race. D’elle, il eut un enfant, sans avoir cependant posé l’acte de mariage. Évidemment c’eût été une honte que le Christ fût procréé par un homme. Et cependant, il ne convenait pas qu’il naquît d’une femme en dehors du mariage. Marie enfanta un fils qui fut inscrit non pas sous son nom, mais sous le nom de Joseph, encore qu’il ne fût pas de lui.
Le fils de Joseph naquit sans Joseph... Joseph embrassait tendrement le Fils de Dieu qui se manifestait sous les apparences d’un petit enfant. Il l’entourait de respect, sachant bien que cet enfant était Dieu. Pour un tel bienfait dont il était gratifié, il rendait grâces. C’est aussi avec un grand respect qu’il vénérait en lui le Juste qui observait ses gestes... Il restait comme saisi entre ces deux sentiments (la joie et la crainte). Et qui donc, s’écriait-il, me jugerait digne d’un tel honneur? Voici que le Fils du Très-Haut est devenu mon fils!...”
Saint Hilaire (315?-368) évêque de Poitiers
Saint Hilaire jette un double éclairage sur le rôle de Saint Joseph:
– d’une part, il montre Joseph type des apôtres porteurs du Christ aux païens, car il avait entouré Jésus de ses soins,
– d’autre part, il établit un parallèle entre Dieu, artisan céleste, et Joseph artisan terrestre, Jésus étant le fils de deux artisans.
Saint Hilaire explique: “Joseph représente les apôtres à qui la protection et la diffusion du Christ est confiée. Ceux-ci, en face du peuple juif, perdu et comme mort lors de la Passion du Seigneur (situation symbolisée par la mort d’Hérode) reçoivent l’ordre de prêcher aux juifs; ils étaient envoyés aux brebis perdues de la maison d’Israël, mais devant la persistance de leur infidélité héréditaire, ils craignent et se retirent. Avertis en songe, c’est-à-dire voyant l’effusion de l’Esprit sur les gentils, c’est à ces derniers qu’ils passent le Christ, d’abord envoyé à la Judée, mais destiné à être la vie et le salut des gentils.” [6]
Ou encore, après que Jésus eût prononcé ses paraboles: “Le Seigneur ne sera pas honoré par les siens... leur infidélité fait obstacle à un sain jugement de vérité; ils ne voient pas Dieu à l’origine de ces prodiges dans un homme et s’arrêtent à rappeler les noms de son père, de sa mère, de ses frères, et tiennent pour un opprobre le métier de son père. En vérité, Jésus était bien le fils d’un artisan, forgeant le fer dans le feu, épurant par la force de son jugement toutes les puissances du siècle, façonnant la matière à l’usage de l’homme, disposant la substance informe de nos corps à travers la diversité de nos membres, pour les rendre utiles à toute oeuvre de vie éternelle.”
Saint Ambroise (333-397) [7]
Saint Ambroise explique pourquoi Jésus voulut avoir pour père un artisan: “Par cette figure, en effet, il démontre que son vrai Père n’est autre que l’Artisan de toutes choses, celui qui a fondé le monde selon ce qui est écrit: au commencement Dieu fit le ciel et la terre (Gn, 1,1). Car, s’il ne faut pas trop rapprocher les choses humaines et divines, on peut quand même admettre la justesse de cette figure en ce que le Père du Christ opère par le feu de l’Esprit-Saint, et comme bon artisan de l’âme il circoncit nos vices, employant la hache avec zèle pour couper les arbres inféconds, habile à trancher les branches improductives, à ménager les rameaux élevés pour le faîte, à assouplir ce que l’âme a de trop rigide par le feu de l’Esprit, et à former à différentes fonctions toutes les classes du genre humain par des ministres de qualités diverses.”
Saint Ambroise se penche aussi sur la généalogie de Jésus, donc de Joseph, pour expliquer les différences existant entre les généalogies selon Saint Matthieu et selon Saint Luc. Selon Saint Matthieu, Joseph était le fils de Jacob, lui-même fils de Mathan. Selon Saint Luc, il était le fils d’Héli, lui-même fils de Melchi. Comment Saint Joseph peut-il avoir eu deux pères: Jacob et Héli?
C’est en réfléchissant sur certaines particularités de la Loi juive que Saint Ambroise trouve la solution: “Suivant la prescription de la Loi, les deux frères Mathan et Melchi engendrèrent des fils utérins de la même épouse. Selon la tradition, Mathan, dont l’ascendance remonte à Salomon, a engendré Jacob, et il mourut laissant son épouse à Melchi, son frère, qui la maria et engendra ainsi Héli. Le même Héli ayant un frère décédé sans enfant, s’unit à sa veuve et engendra Joseph, lequel selon la Loi était appelé fils de Jacob: car c’est ainsi que suivant la Loi, le frère survivant suscitait une postérité au frère défunt.
Joseph est ainsi le fils de deux hommes différents et non pas engendré par les deux. Il est fils de l’un par la génération, et fils de l’autre légalement...”
Saint Jean Chrysostome (344-mort en 398 ou 407)
On estime qu’avec Saint Jean Chrysostome la théologie de Saint Joseph ou Joséphologie, est déjà complète.[8] Faisant l’exégèse du mot “juste” appliqué à Saint Joseph, il montre que “juste” veut dire ici: possédant toutes les vertus: “La justice est la vertu complète.” C’est spécialement dans ce sens que l’Écriture emploie ce mot quand elle dit notamment de Job: “un homme juste et sincère.”
Parce qu’il est juste, Joseph est un parfait observateur de la Loi.
“Ce coeur généreux est tellement exempt de passions qu’il ne veut pas, même sous le coup des apparences les moins équivoques, livrer sa femme au châtiment. Aurait-il méconnu les prescriptions légales sous l’impulsion de la volupté? Par sa sagesse, il s’élevait plus haut que la Loi: car renvoyer sa femme en secret, c’était montrer une sagesse que la loi ne prescrivait pas..”
Et Saint Jean Chrysostome ajoute: “Vous n’ignorez pas en effet ce que c’est que la jalousie. Quelqu’un qui la connaissait bien a pu dire: “L’homme jaloux est un être furieux: il ne pardonnera pas au jour de la vengeance.” (Proverbes, VI, 34) et encore: “La jalousie est implacable comme l’Enfer.” (Cant VIII, 6) Et nous-mêmes assurément, nous avons connu beaucoup de personnes qui eussent mieux aimé perdre la vie que subir les soupçons de la jalousie.”
“Joseph est si pur et si exempt de passion qu’il ne veut même pas affliger Marie dans la moindre chose. Comme, d’une part, il aurait cru violer la Loi en la retenant chez lui, et que, de l’autre, la déshonorer et l’appeler en jugement, c’était l’exposer à la mort, il ne fait ni l’un ni l’autre, mais il tient une conduite qui est déjà bien supérieure à la Loi ancienne. Il convenait qu’aux approches de la grâce du Seigneur parussent déjà beaucoup de preuves d’une perfection plus haute.”
Joseph ne pouvait pas garder Marie chez lui; il ne pouvait pas non plus la dénoncer, et, par-là même, la livrer à la lapidation. Il fut “juste” dans toute la force du terme. Il dépasse de loin en sa justice, l’Ancien Testament, et il annonce l’ère du Christ.“Voilà pourquoi, dit Jean Chrysostome, les prophètes tressaillaient de bonheur avant sa naissance (celle du Christ), les femmes prédisaient l’avenir, Jean se mouvait dans le sein de sa mère. Joseph montra donc une grande perfection, puisqu’il n’accusa pas sa femme, ne lui reprocha rien et ne songeait qu’à la renvoyer. Dans de telles conjonctures, un ange survint et résolut toutes les difficultés... L’Ange vint quand Joseph était dans le trouble; car il avait différé jusque-là, et pour les motifs que nous avons signalés et pour que la philosophie du Juste brillât d’un plus vif éclat... Retiens, dit l’Ange, cette épouse que tu voulais renvoyer, car Dieu même te la donne, et non ses parents. Il te la donne non pour l’union charnelle, mais seulement pour demeurer avec toi; il l’unit à toi par moi qui te parle.”
Ainsi, comme le Christ confiera plus tard sa Mère au disciple bien-aimé, l’Ange la confie maintenant à son époux afin qu’elle soit consolée par ce mariage. Ainsi l’Ange,“en exposant à Joseph, avec respect et grande dignité, la cause de la maternité de Marie, il éteint directement en lui toute suspicion.” L’Ange ajoute: “Marie est pure de tout commerce illicite, mais sa fécondité est au-dessus des lois de la nature. N’éprouve donc aucune tristesse de la conception si heureuse de ton épouse, mais livre-toi à une grande allégresse, car ce qui a été engendré en elle est de l’Esprit-Saint.”
Pourtant Joseph ne sera pas dispensé des charges qu’implique toute paternité. Bien qu’il ne soit pas le père de l’Enfant et que Marie soit toujours vierge, Joseph reçoit la qualité de père et aura le pouvoir de lui donner son nom. “C’est toi qui lui donnera son nom; bien qu’il ne soit pas ton fils, tu ne laisseras pas d’avoir pour lui l’affection et le soin d’un père. C’est pour cette raison que je te permets de le nommer toi-même, afin de t’unir très étroitement avec cet Enfant.” [9]
Comme les pères qui l’avaient précédé, Saint Jean Chrysostome montre pourquoi il fallait un époux à Marie, bien que la naissance du Christ dût être virginale, et pourquoi il fallait un père légal à Jésus: “Quelle est cette disposition admirable? dit-il. “Elle consistait à protéger la Vierge en la mettant à l’abri de tout odieux soupçon. En effet, si les juifs avaient su tout cela, nul doute qu’ils ne l’eussent mal interprété, pour se donner le droit de condamner et de lapider la Vierge comme adultère. S’ils avaient montré tant de fureur, dans de nombreuses scènes qui nous sont rapportées par l’Ancien Testament; s’ils traitaient le Christ de démoniaque, quand il chassait les démons, et le déclaraient l’ennemi de Dieu parce qu’il guérissait un malade le jour du sabbat, bien que le repos de ce jour eût été plus d’une fois violé, que n’auraient-ils pas dit en apprenant une telle chose? L’histoire entière du genre humain aurait milité pour eux, vu qu’il n’était jamais arrivé rien de semblable. Ils s’obstinaient à l’appeler fils de Joseph, alors même qu’il avait accompli tant de miracles: comment auraient-ils cru qu’il était né d’une Vierge, avant que ces miracles fussent accomplis?...”
C’est pourquoi le rôle dévolu à Joseph était moralement nécessaire. Encore fallait-il remplir ce rôle avec une loyauté, une droiture, une “justice” inflexibles! Et c’est ce qui fait la grandeur de l’homme. On peut admirer aussi l’esprit de foi, l’obéissance et la promptitude de Joseph. “Il est évident, affirme Jean Chrysostome, que le Juste n’osa jamais approcher de celle qui était devenue mère par un prodige si glorieux et dont l’enfantement était sans exemple dans les générations humaines. ..”
Saint Jean Chrysostome fait dire à l’Ange: “... Parce que l’Enfant vient de l’Esprit-Saint, tu ne dois pas te persuader que tu n’as aucun concours à donner à l’oeuvre providentielle. Étranger à la génération, en face d’une Vierge Immaculée, tu dois remplir les devoirs du père. Je te charge de donner un nom à l’Enfant, tout en respectant l’honneur de la mère. Oui, c’est toi qui donneras ce nom, bien qu’il ne soit pas ton fils. Tu t’acquitteras envers lui des devoirs de père. Tu te regarderas comme tel, je te l’ordonne, et déjà quand il faudra lui donner un nom.”
Je te suggères ceci _ lorsque la Lectio Divina te dévoile que Marie aies la Mère de Ton Seigneur tel que Élisabeth affirmes sous l’inspiration du Saint-Esprit ? Quel enseignement l’esprit saint.. veux t’il te faire découvrir sur Marie ?