Vous prenez les choses tellement à la légère que je doute que vous ayez réellement médité un jour l'affaire du serpent d'airain dans la Bible!... Il n'y a pas de dégoût pour ce qui serait une image tridimensionnelle: ainsi au sommet d'une iconostase peut-on trouver une croix qui l'a surplombe, c'est possible, mais ce ne va pas au-delà d'un simple décorum, au même titre que ce que vous avez décrit pour l'Arche. Il y a plutôt une méfiance diffuse sur la vénération que l'on peut porter à une image tridimensionnelle, que ce soit à titre de support ou non, car l'anthropomorphisme qu'elle peut dégager favorise sinon encourage beaucoup plus aisément qu'une icône une idolâtrie qui ne s'avoue pas. La recommandation des Écritures, l'héritage de la Tradition ainsi que l'expérience de la crise iconoclaste (qui, je le rappelle, a été beaucoup plus forte et conséquente en Orient qu'en Occident puisque c'est là-bas qu'elle s'est dans l'essentiel manifestée) font qu'au contraire, un chrétien orthodoxe ne peut se détourner de l'essentiel grâce à l'icône.Nicolianor a écrit : Non, pas vraiment. L'humain peut s'attaché à une icône autant qu'avec une sculture et ainsi se détourner de Dieu.
Vous êtes tellement attaché aux icônes qu'elle vous détourne de l'essentiel. Une sculture serait plus profitable pour vous qu'une icône car le dégoût que vous avez pour les images tridimensionnelles vous mortifirait l'esprit et vous cultiverait une sainte indifférence pour les choses de la terre ce qui vous permettrait de vous unir plus profondément avec Dieu.
Ce que les statues dans le christianisme occidental me rappellent, c'est qu'à l'origine la culture antique n’avait pas encore été totalement transfigurée par la foi chrétienne et il était assez normal que l’on représentât alors le divin en utilisant les critères de l'art païen, à savoir sculptures et statuaires. L'Occident chrétien n'ayant pas réellement vécu directement tous les soubresauts de la crise iconoclaste, ne tira pas en tant que tel les conséquences d'une telle épreuve, et conserva le goût pour la statuaire au contraire du monde byzantin et oriental, qui mit l'accent quasi exclusif sur l'iconologie. Et par là même sur une expérience spirituelle proprement chrétienne: car franchement, où trouvera-t-on l’équivalence entre la parfaite cohérence de la démarche spirituelle canonique d’un iconographe au travail et le travail d'un sculpteur pour une église? Où sont les équivalents chez ce sculpteur de la préparation spirituelle de l'iconographe et de ses prières préliminaires? Du respect d'une technique accréditée par la Tradition ou de l’ascèse à laquelle est tenu ce même iconographe?
Pour vous aider également à comprendre; il existe une légende rapportée par Eusèbe de Césarée dans son Histoire Ecclésiastique du IVe siècle, donc bien avant la crise iconoclaste: par gratitude envers le Seigneur son Guérisseur, Sainte Véronique commanda que lui soit faite une statue du Seigneur Jésus, devant laquelle elle priait Dieu. D'après la tradition, cette statue fut préservée jusqu'au règne de l'empereur Julien l'Apostat, qui fit défigurer la statue pour en faire une idole de Zeus. Or défigurer une icône pour lui faire adopter des traits païens est beaucoup moins aisé, d'autant qu'elle respecte un processus d'élaboration validée par la Tradition qui la détache pleinement des critères de représentation païens classiques... Je précise que les (très rares) cas d'images tridimensionnelles intégrés à la foi orthodoxe sont pratiquement toujours des traces d'influences occidentales, donc catholiques (par exemple dans le nord de la Russie, je crois): cherchez l'erreur!...