Voir 50 messages Voir 100 messages Voir tout le sujet

Où est passé le Coran originel?

Forum Chrétien / Musulman / Judaisme (charte du forum religion)
Règles du forum
Le dialogue interreligieux est une forme organisée de dialogue entre des religions ou spiritualités différentes. Ultérieurement, la religion a considéré l'autre comme n'étant pas la vérité révélée. C'est ainsi que les premiers contacts entre l'islam et le christianisme furent souvent difficiles, et donnèrent lieu à des guerres impitoyables comme les croisades.
Répondre
Roque

Christianisme [Catholique]
Christianisme [Catholique]
Messages : 913
Enregistré le : 19 oct.09, 08:13
Réponses : 0

Re: Où est passé le Coran originel?

Ecrit le 02 mai10, 10:16

Message par Roque »

2. UN APPORT A LA COMPREHENSION DE LA TRADITION ORALE : LA CULTURE JUIVE AU TEMPS DE JESUS

La culture orale juive au temps de Jésus est maintenant connue. Dans cette culture de tradition orale, c’est la récitation qui sert de support à l’écrit et non le contraire. Cela peut paraître farfelu à un esprit formé à l’écrit (culture gréco-romaine, « occidentale », peut être chinoise … ), mais il semble que ce soit une « réalité historique » bien documentée |Sources 2 et 3].

Voici comment ce fait est connu et documenté. La culture hébraïque contemporaine de Jésus est une culture de tradition orale – en opposition avec la culture gréco-romaine environnante. Ceci signifie que la « lecture » de l’Ancien Testament à la synagogue se déroulait de la façon suivante. Le récitant récitait par cœur le passage de l’Ancien Testament du jour. En face de lui se tenait avec le rouleau en main le « paraqlita » qui se chargeait de corriger le récitant quand il faisait une erreur ou bredouillait un mot. Ce « paraqlita » est donc un souffleur-aide-mémoire qui n’intervient qu’en cas d’erreur ou d’oubli. La récitation est d’abord orale. Toute la formation des jeunes garçons juifs de l’époque (à trois niveaux d’apprentissage) combinée à la liturgie du Temple, aux pèlerinages multi-annuels au Temple et d’autres événements familiaux ritualisés étaient coordonnés pour renforcer et garantir cette transmission orale.

Le mot « paraqlita » se trouve dans le dictionnaire araméen-latin de Cambridge. Ce mot se retrouve également dans le Targum et le Talmud de Babylone (Source 1 et 2). C’est pourquoi Jésus a repris ce mot pour désigner l’action de l’Esprit Saint après son départ : le Paraclet. Il faut ajouter que parmi les récitants de l’Ancien Testament (70.000 versets environ), tous n’arrivaient pas à la perfection. Ceux qui récitaient « sans faute » recevaient une appellation spéciale en araméen (j’ai oublié ce mot, c’est dans Pierre Perrier). Dans l’Evangile en Jean 1.47 : « Jésus regarde Nathanaël qui venait à lui et il dit à son propos: " Voici un véritable Israélite en qui il n'est point d'artifice. " Pour Pierre Perrier, le texte araméen d’origine (« re-traduction » du grec vers l’araméen) aurait signifié que Nathanaël aurait été un « récitateur sans faute », plutôt que « sans artifice ». Nathanaël était le plus vieux des apôtres. Le paradoxe n’est qu’apparent : le véritable Israélite est invité à manger la parole et à en faire sa vie toute entière, ce qui assure une compréhension profonde, « instinctive » en plus d’une mémorisation parfaite.

Il y a depuis une cinquantaine d’années tout un groupe de gens qui travaillent à établir que Jésus a simplement utilisé les techniques rabbiniques de mémorisation de son époque avec un enseignement, également à trois degrés qui ont pu être identifiés. D’après cette école, Jésus aurait structuré son enseignement itinérant pour en faciliter la mémorisation : par des « banquets de la Parole », par la construction des récits, par l’utilisation de paraboles, de proverbes, de mots-clés, de gestes accompagnant la récitation, lors des pèlerinages et des voyages de prédication. Il y aurait donc dans les quatre Evangiles une couche de tradition orale structurée en « colliers » de récitation, avant la fixation en hébreux ou araméen, puis en grec.

Ce long paragraphe signifie ceci : tous ces travaux confirment ce qui a pu être dit de la tradition orale autour du Coran. Au VIIème siècle rien n’a encore changé que ce soit dans la culture juive ou arabe. Pour le Coran, la performance est d’ailleurs « moindre » puisqu’il ne fait que 6.600 versets environ. Cependant, il ne faut pas prêter un crédit illimité à la transmission orale : elle est fiable, disons, sur 20 ou 30 ans, soit une « génération ». Mais les ethnologues ne lui accordent pas un crédit illimité, par exemple sur une centaine d’année. Il ne s’agit en aucun cas de l’équivalent d’un enregistrement sur CD, au mot près. Et la notion de « fidélité à l’enseignement d’origine » n’avait pas nécessairement la même signification à l’époque que pour nous aujourd’hui. Par hypothèse, j’accepte donc l’idée que la tradition orale a été capable de transmettre les versets coraniques de façon exacte sur une génération après Muhammad.

Roque

Christianisme [Catholique]
Christianisme [Catholique]
Messages : 913
Enregistré le : 19 oct.09, 08:13
Réponses : 0

Re: Où est passé le Coran originel?

Ecrit le 02 mai10, 10:23

Message par Roque »

3. MES QUESTIONS CONCERNANT LA TRANSMISSION ORALE DU CORAN

Dès Muhammad il est évident que la lecture du Coran est difficile même pour des arabophones et ne pouvait s’apprendre correctement que par l’enseignement oral. Nous savons par la tradition musulmane que Muhammad envoya, de son vivant, deux hommes pour enseigner la lecture du Coran à Médine, puis Maadh, fils de Djabal à la Mecque après le conquête de cette ville. [4] Nous savons également par la tradition musulmane que Zaïd ibn Thabit recueillit le Coran avec toutes ses variantes jusqu’à ce qu’il le trouva entièrement complet, conformément aux sept éditions primitives, c'est-à-dire, suivant quelques docteurs, en sept dialectes arabes [4]. Ces sept dialectes arabes seraient-ils les sept « modes de révélation » du Coran ou s’agirait-il plutôt de plusieurs types de prononciation ? [5] Dans le premier cas, on serait en contradiction avec l’affirmation que la révélation a été donnée en arabe qurayshite. On sait également que dès avant Uthman plusieurs maîtres récitateurs étaient connus : Al-Miqdâd Ibn Al-Aswad pour la Syrie et aux Hims, Ibn Mas`ûd pour Coufa et Abû Musâ Al-Ash`arî pour Bassora. La même source précise que le mushaf de Bassora était appelé : lubâb al-qulûb et de que nombreux habitants de la Syrie récitaient à la façon de Ubayy Ibn Ka`b. [6]

Ainsi dès l’avènement d’Uthman (644) ont se serait trouvé en présence de variantes de récitation ayant plusieurs causes : le « mode de révélation » ou la prononciation ou le dialecte et la version apprise par les maîtres récitateurs eux-mêmes : « Ainsi, Ibn Abî Dâwûd rapporte dans Al-Masâhif qu’après l’avènement du caliphat de `Uthmân, tel instituteur enseignait la récitation de tel maître et tel autre instituteur enseignait la récitation de tel autre maître, si bien que les enfants se rencontraient et se disputaient » [6]. Il pourrait y avoir eu également une confusion entre le texte du Coran et les commentaires donnés par Muhammad, lui-même [7].

Nous allons voir plus bas que tout le problème est celui de la fiabilité de la tradition musulmane, mais faisons immédiatement deux remarques de bon sens :

1. Etant donné que la version définitive du Coran a été fixée par Muhammad lors de la « Dernière Exposition » et étant donné que la transmission orale du Coran était assurée par des maîtres et des instituteurs, tous récitateurs qualifiés du Coran, il nous semble difficile à comprendre comment on a pu arriver à un tel « désordre » en seulement 21 années après la mort de Muhammad (623 à 644). Cette explication pourrait n’être qu’une justification de l’intervention d’Uthman.

2. Il ne nous parait pas crédible que le Coran ait pu être récité (voire traduit et édité !) dans un autre dialecte ou une autre langue que l’arabe qurayshite de la révélation, contrairement à ce que suggère ce qui suit : « A l’aube de l’islam, il était permis de réciter le Coran dans divers dialectes arabes par facilité » [8]. A bien y réfléchir, cette explication par une diversité de dialectes arabes ou des variantes de prononciation parait confuse. Cette explication pourrait simplement renvoyer à la difficulté de lecture de l’écriture hédjazienne (défective) du temps de Muhammad, à l’instabilité de la langue arabe parlée, voire au recours dans le Coran à des morts adaptés à partir de la langue véhiculaire environnante : arabo-araméenne [9] ou encore de l’hébreu biblique (voir plus bas). Dans ce dernier cas, il y a effectivement un problème de « traduction » des mots du Coran vers ses récitants et auditeurs.

Maintenant il y a le gros problème de la fiabilité de la tradition musulmane
. La plus ancienne biographie de Muhammad dont le texte nous soit parvenu est celle d’Ibn Hicham (mort en 828 ou 833) [10] – donc environ 2 siècles après la mort de Muhammad. Il est vrai : cette biographie reposerait sur une source écrite antérieure : celle Ibn Ishaq (mort vers 768), environ 130 ans après la mort de Muhammad. Quel crédit accorderait-on à un historien qui viendrait en 2010 nous présenter une biographie de Napoléon Bonaparte s’appuyant sur une autre biographie, malheureusement perdue, rédigée entre 1930 et 1940 ? La réponse est simple : si c’est la seule biographie on sera bien obligé d’en tenir compte, mais toujours avec une certaine circonspection. Mais si on découvre une troisième biographie de source indépendante, elle risque de peser plus lourd que les deux premières. Rien ne permet pas d’écarter les questions suivantes : sur quelle tradition orale (130 ans) a reposé la première biographie, qu’est ce qui a été modifié et ajouté/retranché dans la seconde biographie, quelle a été l’influence de l’élaboration des recueils de hadiths et de l’historiographie officielle – donc de convenance- sur cette seconde biographie (encore 70 ans après) ? Même la description la plus méticuleuse de la « chaîne de transmission » ne peut annuler ces questions. L’essentiel de la tradition musulmane a été fixée au courant du IXème siècle : biographie de Mohammad, définition de la langue et de l’écriture et même certains préceptes religieux … et tout cela pour justifier le texte coranique. Il y a donc un cercle vicieux qui s’est formé, certains passages coraniques ne pouvant être expliqués que par la biographie de Muhammad ou des hadiths – fixés par écrit, pour l’essentiel, près de deux siècles après la disparition du Prophète. « La seule autorité dont se réclame le dogme de l’immuabilité du Coran reste les grands commentateurs de la Tradition. Or, ces derniers ont écrit près de deux siècles après la disparition du Prophète. Ils se trouvent tellement éloignés des évènements qu’ils racontent qu’on peut légitimement douter de leurs récits, qu’ils reprennent souvent les uns aux autres. C’est par cet effet de répétition que se constitue d’ailleurs une orthodoxie. L’attitude critique de tous les savants sérieux envers ces textes (comme Régis Blachère, Christoph Luxenberg, Joseph Schacht ou Patricia Crone) est largement justifiée quand on voit les quantités de contradictions, de récits invraisemblables ou de mythes qu’ils rapportent. » [11].

Pour conclure ce paragraphe, nous reprendrons la question d’un musulman : « En l’état actuel des connaissances humaines, quelles sont les chances scientifiques de l’authenticité du texte coranique que les musulmans récitent dans chacune de leurs prières » ? [12] Pour ceux qui acceptent de se poser cette question, il est évident qu’il n’y a pas de réponse satisfaisante si on se limite à la tradition musulmane. Le même auteur – que je trouve très courageux – a été jusqu’à se déplacer deux fois à Topkapi où il a négocié - à une heure creuse - une photo du « Coran d’Uthman ». Finalement de retour à Paris, il a convenu avec plusieurs spécialistes que ce manuscrit était de la fin du VIIIème siècle. Il a en outre été voir le manuscrit du Ma’il à la British Library (OR 2165 ) de la fin du VIIème siècle comme celui de Paris (Arabe 328) et a organisé un interview de François Déroche [12] maintenant décédé. A lire absolument : passionnant et chapeau !

Roque

Christianisme [Catholique]
Christianisme [Catholique]
Messages : 913
Enregistré le : 19 oct.09, 08:13
Réponses : 0

Re: Où est passé le Coran originel?

Ecrit le 02 mai10, 10:28

Message par Roque »

4. MES QUESTIONS SUR LA RAISON D’ETRE ET LA TECHNIQUE DES RECENSIONS

Nous n’allons pas reprendre ce qui a été déjà dit dans un post précédent. Résumons ce que dit la tradition musulmane :
Première recension : sous Abou Bakr (632 à 634), effectuée par Zaïd ibn Thabit, scribe.
Seconde recension : sous ‘Uthman (644 à 656), effectuée par Zaïd ibn Thabit, scribe.
Troisième recension : sous Abd-al-Malik ibn Marwan (685 à 705) effectuée par Al Hajjaj ibn Yüsuf, gouverneur.
Auraient été successivement détruits : les copies du Coran d’Abu Bakr par ‘Uthman, les supports matériels du Coran laissés par Muhammad sur ordre d’Uthman également [12], le Coran d’Hafsa par Marwan et les copies d’Uthman sur ordre Al Hajjaj ibn Yüsuf.
Par ailleurs un nombre significatifs de copies « privées » du Coran auraient été détruite – jusqu’au Xème siècle d’après le Kitâb al Masaif d’Ibn Abi Dawaud [13]. Ledétail de ces six corans détruits est dans un post précédent).

Quelques questions après ce bref rappel qui soulignent tous les risques de manipulation du texte coranique au cours de la collecte, voire de son élaboration « humaine » après Muhammad :

1. Pourquoi Zaïd ibn Thabit a-t-il dû réunir un groupe de gens s’il connaissait la Coran par cœur ? Pourquoi à deux reprises à seulement 20 ans d’intervalle alors que nous pensons que sur cette période la mémoire des récitateurs reste fidèle et exacte ? Pourquoi faire chaque fois appel à de nouveaux récitateurs ? Si on convoque un conseil, cela laisse penser qu’il y a eu des divergences et que le texte sacré a été dés les premiers temps objet de consensus entre les compagnons ? La répétition de ces réunions encore renforce cette impression [13]. La sollicitation répétée de la mémoire des récitateurs ne risque-t-elle pas de créer des souvenirs induits ?
2. Pourquoi ne s’est on pas contenté d’officialiser l’exemplaire d’Hafsa (et d’Abu Bakr) ?
3. Une source indique : « Il y eu des dissensions au sujet des variantes du Coran. Othman ayant réuni les musulmans leur proposa de réduire les sept éditions primitives à une seule. Cet avis fut généralement approuvé, et Othman chargea Zeïd, fils de Thabit, de faire ce nouveau travail, en lui adjoignant toutefois trois Coraischites, parce que l’intention d’Othman était de ne conserver que les leçons conformes au dialecte de la tribu de Coreisch » [4] Quelle a été finalement la technique de recension ? S’il y a eu effectivement « traduction » en plusieurs dialectes arabes, voire « sept éditions primitives », il se pose une question technique très difficile : comment reconstituer le Coran « originel » après une double traduction (c’est probablement impossible). Inversement si la technique de recension s’est limitée à sélectionner uniquement le dialecte quraychite, il y aura eu automatiquement perte d’une partie importante du Coran originel ;
4. Pourquoi avoir détruit les reliques précieuses laissées par Muhammad (pierres plates, tessons, omoplates de mouton ou de chameau ou des pétioles de palme) ou la copie unique d’Hafsa ? Bien que n’étant pas musulman, je perçois cet action comme un sacrilèges. Cela me fait douter de l’intention authentiquement religieuse de leurs auteurs.
5. Pourquoi, comme par hasard, tout ce qui n’est pas officiel (recension d’Uthman) serait détruit ? Les fragments de 926 Corans découvert à Sanaa [14] attestent de deux choses : que les ordres d’Uthman, comme ceux d’Al Hajjaj ibn Yüsuf n’ont pas été d’application universelle et que l’utilisation des « puits de papiers » (équivalent des génizah juives [18]) était connus dès l’origine de l’Islam. Il nous semble douteux que des hommes authentiquement religieux ne s’y soient pas conformé et il me semble que l’une ou l’autre de ces histoires de « destruction » correspond au fait qu’on a perdu « la mémoire de ce qui s’est réellement passé ».

La conclusion de ce paragraphe, pour moi est double : d’une part la motivation authentiquement religieuse de ces califes destructeurs de reliques me semble douteuse et d’autre par ce que transmet la tradition musulmane des différentes opérations lors des multiples recensions laisse planer des doutes sur l’intégrité du Coran « originel ». Pour certains, la foi musulmane peut effacer les questions raisonnables, mais comme je ne suis musulman, les questions demeurent.

Yass

[ Aucun rang ]
[ Aucun rang ]
Messages : 1925
Enregistré le : 28 mars10, 07:44
Réponses : 0

Re: Où est passé le Coran originel?

Ecrit le 02 mai10, 10:33

Message par Yass »

Roque a écrit :1. Etant donné que la version définitive du Coran a été fixée par Muhammad lors de la « Dernière Exposition » et étant donné que la transmission orale du Coran était assurée par des maîtres et des instituteurs, tous récitateurs qualifiés du Coran, il nous semble difficile à comprendre comment on a pu arriver à un tel « désordre » en seulement 21 années après la mort de Muhammad (623 à 644). Cette explication pourrait n’être qu’une justification de l’intervention d’Uthman.
Tu peux nous developper juste ce que tu as écris ici ?
A bien y réfléchir, cette explication par une diversité de dialectes arabes ou des variantes de prononciation parait confuse. Cette explication pourrait simplement renvoyer à la difficulté de lecture de l’écriture hédjazienne (défective) du temps de Muhammad, à l’instabilité de la langue arabe parlée, voire au recours dans le Coran à des morts adaptés à partir de la langue véhiculaire environnante : arabo-araméenne [9] ou encore de l’hébreu biblique (voir plus bas). Dans ce dernier cas, il y a effectivement un problème de « traduction » des mots du Coran vers ses récitants et auditeurs.
Il y a aussi une autre éventualité : que les arabes ne savait parler aucune langue, tu n'as pas pensé à ça ?

Roque

Christianisme [Catholique]
Christianisme [Catholique]
Messages : 913
Enregistré le : 19 oct.09, 08:13
Réponses : 0

Re: Où est passé le Coran originel?

Ecrit le 02 mai10, 10:37

Message par Roque »

5. MES QUESTIONS SUR LA TRANSMISSION ECRITE DU CORAN

Pour clarifier l’exposé, je précise que scientifiquement que le style d’écriture hédjazien est actuellement la première écriture arabe connue. On peut voir plusieurs exemplaires de cette écriture hédjazienne avec les manuscrits de Sanaa, le manuscrit « OR 2165 » à Londres ou le manuscrit « Arabe 328 » à Paris. Tous ces manuscrits sont datés de la fin du VIIème siècle, donc 50 ans ou plus après la mort de Muhammad. Les rares photos qu’on en trouve sur internet montrent que tous ces manuscrits – globalement de même style hédjazien – sont cependant écrits dans des styles différents assez faciles à distinguer même pour un profane.

François Déroche note plusieurs choses à propos du style héjazien (Higazi) d’écriture arabe de la fin du VIIème siècle [15]

- A cette époque, la calligraphie héjazienne n’est pas encore stabilisée. Sur un même manuscrit on distingue nettement la main des scribes différents qui alternent, jusqu’à trois scribes sur un même manuscrit ; [15]
- La grande variation de la méthode de fabrication des cahiers de même que l’absence de norme technique unique d’écriture héjazienne rend improbable l’existence d’un scriptorium unique du premier siècle (par exemple à Médine sous la direction de Zaïd ibn Thabit), c'est-à-dire un grand atelier de copie du Coran chargé de diffuser les mushafs vers les différentes régions [15] ;
- Il y a même une instabilité de l’orthographe héjazienne au sein d’un même manuscrit, voire sur la même page. Par exemple : l’usage du « alif » peut varier pour le même mot sur la même page. L’avis de François Déroche est que « OR 2165 » est qu’il s’agit d’un manuscrit du premier siècle. Interrogé sur sa proximité du « Arabe 328 » avec l’orthographe officielle actuelle du Coran du Roi Fouad d’Egypte de 1919, il est prudent, car il considère que si la « reponctuation » est intéressante d’un point de vue esthétique, mais il est, scientifiquement, préférable de rester fidèle à l’original [15].

Par ailleurs, François Déroche signale également que le style coufique d’écriture arabe présente de grandes variations aisément repérables. Le rattachement de ce style d’écriture à la ville de Couffa ne repose pas sur la découverte d’un manuscrit écrit par un scribe identifié « de Couffa ». Sans nier l’existence du style coufique, François Déroche pense que c’est une terminologie un peu « fourre-tout » et que dire que le style coufique est celui de la plus ancienne écriture du monde musulman est une aberration, d’un point de vue historique. Cette dénomination n’implique donc pas de relation chronologique avec la ville de Coufa, créée en l’an 17 de l’Hégire. [15]

Première question : l’autorité d’Uthman est-elle une garantie d’intégrité du Coran « originel » ? A priori la réponse est plutôt : non. On aurait plutôt spontanément confiance en Zaïd ibn Thabit, scribe expert, plutôt qu’en ‘Uthman, calife majestueux et violent. Vu de ce point de vue, on peut supposer que si Zaïd ibn Thabit avait été le seul commanditaire de cette recension du Coran, il ne l’aurait faite qu’une seule bonne fois - et non deux fois à vingt ans d’intervalle.

Seconde question
: la justification d’Uthman est qu’il aurait voulu réduire les divergentes entre les récitateurs et les discordes qui en résultaient. « Or l'écriture hedjazienne, trop imparfaite, ne permet pas d'empêcher ces divergences. Au mieux, elle offre un support minimal, un texte consensuel acceptable par les différents lecteurs." [16] En clair : les hagiographes d’Uthman ont oublié que l’écriture hédjazienne est non pertinente pour réduire les divergences de récitations. Cette écriture défective (« alif » parfois absent et absence complète de points diacritiques) ne maîtrise par la vocalisation syllabe par syllabe. C’est d’ailleurs pourquoi on note la coexistence de 7 écoles de récitation (qhi'rat) du Coran à Bagdad jusqu’au IXème siècle. C’est un faux prétexte … encore un mauvais point pout Uthman.

Troisième question : « Comment est-il possible par exemple que ces premiers commentateurs [IXème siècle] se contredisent sur (ou ignorent carrément) le sens à donner à des mots ou expressions du Coran comme jizya ‘an yad (9 :29), îlâf, kalâla, abâbîl, sijjîl, hanîf, etc. ? Seule réponse possible : les termes usités dans le Coran et datant de l’époque du Prophète sont devenus obsolètes à l’époque des commentateurs, du fait de l’évolution linguistique de l’arabe. Ce qui revient à dire qu’ils n’en connaissent pas plus que nous à ce qu’ils racontent… » [17] Cette méconnaissance d’un partie du vocabulaire du Coran – après 2 siècles – laisse planter un doute sur la pertinence de la finalisation du texte du Coran : notamment l’ajout des points diacritique. Ceux-ci ont été inventés au VIIIème siècle et sont devenus systématiques entre le IXème et le Xème siècle. [19]

Roque

Christianisme [Catholique]
Christianisme [Catholique]
Messages : 913
Enregistré le : 19 oct.09, 08:13
Réponses : 0

Re: Où est passé le Coran originel?

Ecrit le 02 mai10, 10:42

Message par Roque »

6. SANS DOCUMENTS OU APPROCHES NOUVELLES PAS DE REPONSE A MES QUESTIONS

Ce qui suit n’intéresse pas ceux qui croient avoir toutes les réponses.

PREMIERE PISTE : LES NOUVELLES DECOUVERTES DE L’ARCHEOLOGIE :

Les manuscrits de Sanaa découvert en 1972 est la première découverte à laquelle on peut penser. On est obligé de reconnaître que le démarrage fracassant de cette affaire – quelqu’en soit le responsable - risque de bloquer pour longtemps le débat scientifique sur ce sujet. Il aurait été préférable de commencer par la restauration puis de mettre ces documents à disposition de la communauté scientifique. Notre impression est que les informations sur ces manuscrits de Sanaa sont peu développées, contradictoires et dispersées [13, 16, 20, 21,22, 23]. Même si le Dr Gerd-Rüdiger Puin est un homme de bien, ce dont je n’ai aucune raison de douter, il aura du mal à faire une publication de qualité scientifique. D’un part, ses 35.000 microfilms (15.000 feuillets) seraient voilés, mais lisibles - ce qui complique leur publication et d’autre part la consultation de ses documents par d’autres chercheurs pourrait être gelée pour longtemps. Sans comparaison des points de vue, sans accès direct aux documents : pas de connaissance scientifique possible.

Le second document auquel nous pensons serait une découverte des dernières années. Ce livre ancien réputé disparu est le Kitâb al Masahif (livre des codex coraniques) d’Ibn Abi Dawûd [11, 24, 25]. Un groupe de chercheurs a également récemment de rédigé un dictionnaire du Coran reprenant les recherches les plus récentes dans le domaine. {11] Il est à souhaiter que l’archéologie découvre de nouveau documents qui « patinent » depuis des siècles sur les mêmes arguments et contre-arguments. Nous pensons notamment à de vieux codex, encore inconnus, ou aux « puits de papier » -semblable à celui de Sanaa - qui semblent exister à Foustat (le vieux Caire), à Kairouan, à Damas et éventuellement à Machdad, d’après François Déroche [15]. Bien entendu, nous parlons uniquement de découvertes confirmées et datées non seulement par les autorités musulmanes, mais également par des sources scientifiques indépendantes.

Il faut signaler que l’exploitation du manuscrit « OR 2165 » est restée confidentielle. La source que nous avons trouvée, indique qu’il n’existerait qu’une seule étude de 2001 … non référencée à la British Library, c'est-à-dire conservée « sous le manteau ». Pourquoi cette discrétion étant donné l’importance de premier plan de ce manuscrit auquel il ne semble manquer que 5% et qui serait d’une grande conformité avec le Coran actuel ? [25]

SECONDE PISTE : LE RENOUVELLEMENT DE L’EXEGESE CORANIQUE

Le premier à ouvrir cette piste au niveau universitaire semble être Christoph Luxenberg
[26] qui a soutenu sa thèse en 2000. L’idée est que le Coran est survenu dans un milieu pluriethnique et pluriconfessionnel, la langue véhiculaire étant arabo-araméenne. Sa thèse permet d’éclairer un certain nombre de passages obscurs du Coran. Ces interprétations tendent à restituer un sens qui rapproche le Coran de textes parallèles bibliques.

Le père Bruno Bonnet Eymard a entrepris une Traduction systématique et commentée du Coran sur les mêmes principes depuis 1997 [26]. Les positions condamnés par l’Eglise catholique du mouvement auquel il appartient : la contre réforme catholique et de leur fondateur : l’abbé de Georges de Nantes n’enlèvent rien à l’intérêt de ces travaux, pourvu qu’ils se cantonnent à une exégèse scientifique stricte.

Roque

Christianisme [Catholique]
Christianisme [Catholique]
Messages : 913
Enregistré le : 19 oct.09, 08:13
Réponses : 0

Re: Où est passé le Coran originel?

Ecrit le 02 mai10, 10:45

Message par Roque »

7. PEUT-ON CONCLURE AUJOURD’HUI ?

Je ne pense pas qu’on puisse actuellement conclure aujourd’hui sans ressasser des arguments vieux de 1.400 ans. C’est totalement intéressant à mon gré. C’est le futur qui nous éclairera.

Cependant la doctrine musulmane « de la Parole incréée, directement dictée à Muhammad dans un arabe pur et transmise sans une rature jusqu’à nos jours » se heurte à quelques preuves de l’évolution textuelle du Coran au moins au niveau de l’écriture, de l’orthographe et au constat historique d’une multiplicité de recensions pas nécessairement totalement identiques. Ce texte a une histoire.

Nous rappelons qu’il existe plusieurs hadiths suggérant une recension partielle, voire des altérations du Coran originel. « Ne laisse personne te dire qu’il détient la totalité du Coran. Comment peut-on savoir ce qu’est la totalité du Coran ? Beaucoup de choses du Coran ont disparu à jamais [laqad dhahaba minhou qurânun kathîrun] » (Ainsi s’adressait ‘Abdallah, fils pieux de ‘Umar ibn al Khattab et récitant expert du Coran, au calife ‘Uthmân) ». [13]

Citons enfin un musulman qui a changé d’avis sans renier sa foi : « Et après avoir longtemps pensé comme Ibn Hazm et Abu-l-Walîd al-Bâjî (qui sont d'avis que toutes les variantes enseignées par le Prophète ont été inclues dans les copies uthmaniennes – Ulûm ul-qur'ân, pp. 128-129), je penche maintenant pour l'avis de Ibn ul-Jazarî et al-Baghawî (qui disent que certaines variantes n'y ont pas été inclues, ce qui paraît d'ailleurs plus juste par rapport à ce qu'a rapporté al-Bukhârî etc. comme variantes rapportées par Ibn Mas'ûd) ». [22]

Liste des références

Lien 1 : http://oumma.com/Voyages-aux-sources-du-Saint-Coran
Source 2 : La transmission des Evangiles. Pierre Perrier. Ed. du Sarment. ISBN 2-866-79422-2.
Source 3 : Pierre Perrier. Communication personnelle.
Lien 4 : http://books.google.fr/books?id=c0DD17f ... el&f=false
Lien 5 : http://oumma.com/article.php3?id_article=1237
Lien 6 : http://www.islamophile.org/spip/Le-Cora ... thman.html
Lien 7 : http://www.maison-islam.com/articles/?p=183
Lien 8 : http://www.islamophile.org/spip/Le-Cora ... thman.html
Lien 9 : http://anglesdevue.canalblog.com/archiv ... index.html
Lien 10 : http://fr.wikipedia.org/wiki/Sira
Lien 11 :http://www.paperblog.fr/546383/le-coran ... coranique/
Lien 12 : http://stehly.perso.infonie.fr/histoire1.htm
Lien 13 : http://www.paperblog.fr/546383/le-coran ... coranique/
Lien 14 : http://oumma.com/Voyages-aux-sources-du-Saint-Coran
Lien 15 : http://oumma.com/Voyages-aux-sources-du ... Coran,1289
Lien 16 : http://www.denistouret.fr/constitalien/ ... stion.html
Lien 17 : http://anglesdevue.canalblog.com/archiv ... 99933.html
Lien 18 : http://www.denistouret.fr/constitalien/ ... stion.html
Lien 19 : http://anglesdevue.canalblog.com/archiv ... index.html
Lien 20 : http://anglesdevue.canalblog.com/archiv ... 43511.html
Lien 21 : http://oumma.com/article.php3?id_article=501
Lien 22 : http://www.maison-islam.com/articles/?p=183
Lien 23 : http://www.charlatans.info/coran.shtml
Lien 24 : http://www.mquran.org/content/view/6238/16/
Lien 25 : http://answering-islam.org/Books/kam/index.htm
Lien 25 : http://oumma.com/Voyages-aux-sources-du ... Coran,1265
Lien 26 : http://anglesdevue.canalblog.com/archiv ... index.html
Lien 27 : http://www.come4news.com/de-lexegese-sc ... ard-459842

Yass

[ Aucun rang ]
[ Aucun rang ]
Messages : 1925
Enregistré le : 28 mars10, 07:44
Réponses : 0

Re: Où est passé le Coran originel?

Ecrit le 02 mai10, 10:47

Message par Yass »

C'est fini ?

Roque

Christianisme [Catholique]
Christianisme [Catholique]
Messages : 913
Enregistré le : 19 oct.09, 08:13
Réponses : 0

Re: Où est passé le Coran originel?

Ecrit le 02 mai10, 10:51

Message par Roque »

Oui c'est tout !

Jesus seigneur

[ Aucun rang ]
Avatar du membre
[ Aucun rang ]
Messages : 1472
Enregistré le : 27 avr.10, 22:48
Réponses : 0

Re: Où est passé le Coran originel?

Ecrit le 02 mai10, 10:54

Message par Jesus seigneur »

Yass a écrit :C'est fini ?
t'as rien a dire de plus que ces deux mots à la place d'argumenter ??

Yass

[ Aucun rang ]
[ Aucun rang ]
Messages : 1925
Enregistré le : 28 mars10, 07:44
Réponses : 0

Re: Où est passé le Coran originel?

Ecrit le 02 mai10, 10:56

Message par Yass »

Roque a écrit :Oui c'est tout !
Da la pure masturbation intellectuelle, le Coran s'est transmis et se transmet encore à l'orale même chez les lettrés.
Il est facilement mémorisable est c'est pas de la faute des musulmans.

Mais sinon je cherche encore quelques élucidations plus haut pour commencer.

Jesus seigneur

[ Aucun rang ]
Avatar du membre
[ Aucun rang ]
Messages : 1472
Enregistré le : 27 avr.10, 22:48
Réponses : 0

Re: Où est passé le Coran originel?

Ecrit le 02 mai10, 10:58

Message par Jesus seigneur »

Yass a écrit : Da la pure masturbation intellectuelle, le Coran s'est transmis et se transmet encore à l'orale même chez les lettrés.
Il est facilement mémorisable est c'est pas de la faute des musulmans.

Mais sinon je cherche encore quelques élucidations plus haut pour commencer.
alors pourquoi on a bruler les originaux à l'époque de Othman n'etait pas raisonable pourqioi les avoir detruit ?

Roque

Christianisme [Catholique]
Christianisme [Catholique]
Messages : 913
Enregistré le : 19 oct.09, 08:13
Réponses : 0

Re: Où est passé le Coran originel?

Ecrit le 02 mai10, 11:01

Message par Roque »

Yass, tu es autorisé à utiliser toute l'argumentation musulmane traditionnelle + les habituels tactiques de disqualification de l'interlocuteur ... amis reste poli ! e pense que j'ai trente ans ou plus que toi, tu me dois un peu de respect et moi aussi d'ailleurs en retour :)

Yass

[ Aucun rang ]
[ Aucun rang ]
Messages : 1925
Enregistré le : 28 mars10, 07:44
Réponses : 0

Re: Où est passé le Coran originel?

Ecrit le 02 mai10, 11:04

Message par Yass »

Ok c'est pas grave, le respect des gens aux ages de nos pères ça reste une obligation.

Mais répond moi à ça ?
Yass a écrit : Tu peux nous developper juste ce que tu as écris ici ?
Il y a aussi une autre éventualité : que les arabes ne savait parler aucune langue, tu n'as pas pensé à ça ?

pyrhamid

[ Aucun rang ]
[ Aucun rang ]
Messages : 216
Enregistré le : 25 avr.09, 02:48
Réponses : 0

Re: Où est passé le Coran originel?

Ecrit le 02 mai10, 11:05

Message par pyrhamid »

peut etre mais nous n'avons qu'une seule copie hors vous combien de copies differentes avez vous ?? 10 ? 20 ? 30 ? 40 ? je donne ma langue au chat

Répondre
  • Sujets similaires
    Réponses
    Vues
    Dernier message

Retourner vers « Dialogue islamo-chrétien »

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : openai et 28 invités