Bonjour Ronronladouceur
Veuillez, je vous prie, ne pas trop m’en vouloir du délai entre votre contribution et ma réponse.
J'espère ne pas trop vous casser les pieds avec mon embrouillamini.
ronronladouceur a écrit :
Vous soutenez la thèse de Dawkins?
Je ne peux pas dire car je ne connais pas bien son opinion sur ce sujet précis.
Plus largement,
je suis évolutionniste mais pas dans le sens où le moteur seraient l’adaptation et la sélection naturelle.
Dès lors, je n’ai aucun souci pour étendre l’Évolution d’abord à l’inanimé qui démontre une belle tendance à l’organisation, et ensuite au néant dont on peut penser qu'il peut faire surgir un embryon de cosmos de ses entrailles.
ronronladouceur a écrit :
De l'extérieur?
Je la vois plutôt en tant que principe intrinsèque...
Pourquoi pas ?
Cette pression vers l’organisation, vers la structure, vers la vie peut très bien être naturelle au même titre que la force électrofaible.
De même que la force gravitationnelle est organisatrice et structurante, on peut imaginer une force cosmogonique de plus : la force d’évolution qui souffle et organise.
Tant que l’on est en interne, le rasoir d’Ockham suggèrerait que l’on s’arrêtât là et que l’on ne s'encombre pas de notions abstraites et englobantes du genre de l’Absolu, ou du Grand Tout, ou du Un, qui semblent superfétatoires...
Si c’est intrinsèque, l’idée de «
Nature » est suffisante et il
suffit de croire que : «
Il est dans la nature des choses que s’agrègent des isolats où l’organisation prévalera sur le chaos malgré le principe de thermodynamique. »
Mais cette grosse nature évolutive et orientée, quelles que soient les principes intrinsèques dont on la remplit, quels que soient les concepts globalisants dont elle se parerait, nous pose toujours la même question «
Suis-je toute seule, nécessaire et auto-suffisante ? Ou au contraire, suis-je contingente à un Autre ? »
ronronladouceur a écrit :
Je pressens une lueur m'indiquant que l'élimination du concept temps pourrait nous aider à mieux voir ce qu'il en retourne. Ainsi je lis votre phrase en éliminant le mot : préalable. Enlevons également le besoin qui fausserait peut-être la perspective... Le cosmos donc apparaîtrait maintenant...
Je sais, je spécule...
Vous faites bien, car nous sommes ici pour spéculer.
À toutes fins utiles, je note que l’intérêt pour l’idée de
préalable vient de vous «
J'ose poser que tout scientifiquement considéré, l'idée de l'apparition du cosmos sans préalable est antiscientifique... »
Personnellement je ne crois pas que le concept de temps ait une grande importance, c’est au plan logique que le
préalable nous interpelle.
Pour Stephan Hawking le cosmos n’a pas d’origine car elle se perd quantiquement dans la confusion originelle de l’espace et du temps. Pour autant, cela n’élude pas la question : «
le cosmos est-il nécessaire ou contingent ? »
De même un cosmos éternel laisserait sa propre question en suspens : «
Le cosmos éternel est-il second, au regard de la causalité ? »
Ou bien encore : dans un hyper collisionneur à hyper hautes énergies un petit plaisantin réussit à réitérer le Big Bang, juste pour voir si ses calculs sont exacts.
Comme vous le prévoyiez plus haut «
Le cosmos donc apparaîtrait maintenant »
mais c’est à notre détriment…
Une nouvelle histoire commence et dans quelques autres milliards d’années dans un autre espace-temps, un autre petit plaisantin procédera à un nouvel accouchement.
Mais avant d’appuyer sur le bouton, il se dira peut-être «
Il n'y a aucune raison que je sois le premier à faire ça ! » et alors il ne manquera pas de se demander, lui aussi, «
Y a-t-il eu une première fois ? ou pas ?»
ronronladouceur a écrit :
Je dirais qu'il en est ainsi pour l'exigence logique. En même temps, je crois que la fractale se déploie sans cesse... En un sens, l'infini étant, rien donc n'empêche qu'on l'explore indéfiniment... Peut-il en être autrement?
1 ) La structure d’une fractale est homothétique, c’est-à-dire que l’on retrouve toujours le même paysage quand on change d’échelle, d’où une certaine inanité de l’exploration.
2 ) Scientifiquement je peine à donner foi en l’actualité de l’infini. L’infiniment petit semble bloqué par la constante de Planck et l’infiniment grand par l’horizon de la relativité.
Par conséquent, à mes yeux du moins :
Si un truc infini existe alors il est trop gros pour tenir dans la Nature.
Mais un truc infini est problématique puisqu’il n’est que ce truc, il est donc fini et défini, il n’est infini que d’un certain point de vue.
Alors on pourrait en profiter pour dire «
eh bien non, il existe un truc qui est tous les trucs possibles ! » mais si tous les trucs possibles sont en nombre fini, cela ne marche toujours pas.
Alors, je reprends votre idée de fractale : tout se passe comme si pour éviter de reconnaître que la Nature se suffit à elle-même on entreprenait le dessin d’un truc qui est tous les trucs qui sont déjà tous les trucs qui sont déjà tous les trucs… et ce, indéfiniment pour ne gâcher en rien l’impression d’infini.
L'abstraction de cette limite mathématique m'instille le venin du doute...
ronronladouceur a écrit :
<Tout autre : que l'absolu>
Vous nous en dites un mot?
Je me lance : En amont, je vois l'infini, le sans-fond...
Ce qui m’ennuie dans l’Absolu ou dans l'Infini c’est précisément qu’ils ressemblent plus à une limite mathématique qu’au Tout Autre.
Comme j’ai eu l’occasion de la dire ici, si on veut interrompre la chaîne de la causalité il faut poser que la Cause première est libre de toute détermination, autrement parfaitement LIBRE, et cet attribut de liberté n’est pas anodin.
Ce peut donc être un très beau HASARD ontologique, très beau mais assez difficile à dessiner.
Ce peut être aussi une VOLONTÉ (ou ce qui ressemble à une volonté - il faut se contenter de l'analogie).
Ce peut être… je n’ai pas d’autres idées.
Ce qui est amusant dans l’idée d’une Volonté Libre c’est que l’histoire du Cosmos suggère que le cosmos pourrait s’être organisé dans le but qu’une volonté libre apparaisse… (... et pas nécessairement celle du petit plaisantin décrit plus haut)
Que vous dotiez cette Volonté Libre de l’épithète d’Absolue ou d'Infinie ne me dérange pas tant que l’on préserve la perspective.
Très cordialement
Votre sœur
pauline