J'm'interroge a écrit :Tu fais bien de parler de croyance. On peut aussi parler de concept. Dans la méditation bouddhique tout n'est que perceptions-émotions-représentations (Monde II).
vic a écrit :je suis en désaccord avec ça , le bouddhisme ne reconnait pas la perception , ou les émotions ou les représentations comme la réalité , mais comme phénomènes relatifs .
La chose est simple les perceptions et les sensations non pas d'en soi ou d'existence propre dans le bouddhisme donc ....
Dire qu'il existe un absolu bouddhiste qui serait la perception -émotion - représentation est faux désolé .
Où vois-tu que je parlerais d'absolu ou de l'existence d'un absolu?
Où vois-tu que je dirais que perceptions-émotions-représentations ne seraient pas des phénomènes entièrement relatifs, donc sans existence intrinsèque?
Au contraire, j'ai bien dit plus haut que ce qui est certain c'est que
- Tout n'existe qu'en relation à tout le reste.
J'm'interroge a écrit :La notion même de non-soi est philosophique et uniquement philosophique. Autrement dit: elle ressort du Monde III car elle est abstraite.
vic a écrit :Est ce que le fait que je respire parce que mon corps dépend de l'oxygène pour respirer est abstrait ?
En quoi est ce un concept philosophique de le penser ?
Dès que tu parles d'existence, de dépendance, d'oxygène nécessaire à la respiration, de soi ou de non-soi, tu sors du monde II (autrement dit de la pure expérience), pour pénétrer dans le Monde III. L'objectivité de ces choses est d'ordre III.
vic a écrit :Le non soi vient tout simplement d'un constat , je n'ai pas d'existence autonome , je n'existe que "relativement à" comme l'arbre n'existe que "relativement à" l'oxygène , à la terre , à l'eau . L'arbre n'a pas d'existence autonome , il n'a pas d'en soi .L'en soi est une illusion de notre esprit qui isole les évênements pour les penser comme ayant une existence autonome , nous identifions alors l'arbre comme un arbre , mais ceci n'est qu'une vision relative .D'un point de vue absolu , l'arbre existe et n'existe pas .
Mais il n'y a pas de point de vue absolu vic. Et si le concept de 'soi' est abstrait et irréel, celui de 'non-soi' qui se construit sur la négation du premier l'est tout autant.
Qu'il n'y ait pas de soi dans le Monde II, ni dans aucun Monde, je te l'accorde, mais ce n'est vrai que par rapport à une erreur, celle consistant à considérer un 'soi' (ou un 'Soi') absolu. Le soi et le Soi dont je parlais plus haut son relatifs, donc ne correspondent pas au concept erroné que critique à juste titre la PHILOSOPHIE bouddhiste qui est d'ordre III et appartient par conséquent aussi à mon Monde III.
J'minterroge a dit :Tout est relatif, sans 'soi' donc, mais il y un Soi réel dans les Mondes I et III, un objectivable et un abstrait objectif.
Et je persiste.
'Réel' ne signifie pas nécessairement 'absolu' vic.
Pour moi, je l'ai dit:
- Tout est réel bien que relatif. Tout, puisque même l'erreur est réelle.
vic a écrit :Monde 1, 2 ou 3 ce sont des trucs relatifs des cloisonnements relatifs et arbitraires que tu crées voyons..
Ce ne sont pas des cloisonnements, ce sont des domaines de réalités (ou de vérité) distincts, relatifs certes mais absolument pas arbitraires, ce ne sont pas plus des inventions que le théorème de Pythagore ou la suite des nombres premiers.
vic a écrit :..dans l'absolu tout est relatif , rien n'a d'en soi .
Dans l'absolu dis-tu?
Je croyais que tout était relatif?
Il n'y a d'absolues ou d'universelles que certaines vérités du Monde III. (Intelligibles pures - Platon)
vic a écrit :Les mondes 1, 2 ou 3 que tu crées par ton imaginaire créatif sont t'il cloisonnés les uns les autres , ont il une existence propre , j'en doute fort chacun de ces mondes imaginaires sont en fait relatifs , existant les uns en rapport aux autres .Bref, rien de neuf à l'horizon .Du reste on voit bien que tu n'arrives pas à dissocier tes monde 1,2 ou 3 tellement ces mondes que tu prônes sont interdépendants les uns des autres .
De toute évidence aucun de tes mondes 1, 2 ,3 n'ont d'en soi .
Je n'ai jamais dit le contraire, mais il ne sont pas pour autant des créations imaginaires et arbitraires.
Ne vois-tu pas par exemple: que toi même tu sors continuellement de la pure expérience méditative pour conceptualiser?
Le théorème de Pythagore ne correspond-il à rien de réel selon toi? Et les axiomes d'Euclide, sont'ils d'aucune utilité? Et la notion de Bien et de mal, doit-on les rejeter?
Au sujet de la suite des nombres premiers, n'a t-elle pas une réalité objective bien que non sensible?
Est-elle arbitraire?
J'm'iterroge a écrit :De mon point de vue: tout absolument tout est réel y compris l'erreur (en un sens).
vic a écrit :Purement hypothétique , tu poses un référenciel arbitraire ( du restes tu dis "en un sens" ) pour ensuite en faire un absolu en terme de vérité .
Réponds aux questions plus haut.
vic a écrit :Là on est dans la religion pour le coup, tu poses tes incantations comme vraies d'autorité .
On pourrait très bien postuler que tout est illusion , même l'illusion elle même , on aurait exactement la même vérité que tu exprimes en donnant l'impression que tout est illusion en terme d'absolu .Tout ça ce sont des tours de passe passe de vocabulaire, pas des vérités absolues .
Réponds aux question plus haut.
Mais non, dire que tout est illusion n'a aucun sens, car parler d'illusion n'a de sens que par rapport à quelque chose de réel.
--------> C'est l'argument de Shankara auquel aucun bouddhiste n'a pu répondre.
vic a écrit :Le réel et l'irréel sont des idées relatives à la façon dont on pose les choses .
Ça c'est juste, donc tu reconnais bien que tout n'est pas que perceptions-émotions-représentations.
On avance.
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J'm'interroge a écrit :Le Moi pourrait être désigné par ce qui est parfois appelé l' "âme" et le Soi comme ce qui est parfois appelé le "souffle de vie".
anon a écrit :avec ce que tu dis là du Moi et du Soi, mon expérience est donc la conscience du Soi par mon Moi.
J'm'interroge a écrit :Oui cela me semble être quelque chose du genre.
J'm'interroge a écrit :Nous n'avons jamais conscience du Soi (Monde I) mais seulement de ses "reflets" (Monde II). Nous sommes conscients et avant tout conscients du moi, représentation du Moi (Monde II).
Le Soi n'est pour nous qu'un concept abstrait (Monde III), relatif à une réalité causale non-objectivable (Monde I)
J'm'interroge répondant à vic a écrit :Tout est relatif, sans 'soi' donc, mais il y un Soi réel dans les Mondes I et III, un objectivable et un abstrait objectif.
anon a écrit :le Soi, selon toi, est donc bien réel, mais hors de notre portée autrement que comme concept purement abstrait.
Qu'est-ce que tu veux dire alors quand tu m'accordes que mon expérience puisse être quelque chose du genre "conscience du Soi par mon Moi" ? un "reflet" du Soi qui ne soit pas le Moi, ça voudrait dire quoi précisément ?
Je parlais du Mythe, du soi comme Mythe. Il n'y a pas que l'intellect rationnel qui permette d'accéder au sens.
Les Mythes sont des processus et développements psychiques, ils trouvent leur origine dans la perception et l'expérience, exactement de la même manière que les connaissances que nous avons acquises au sujet de la nature physique. Ils témoignent de l'activité spontanée des archétypes - auxquels ils doivent leur numinosité - et de la pertinence de la pensée qui se manifeste sous une forme non conceptuelle dans l'imagination créatrice inconsciente. On a satisfait au besoin de l'expression mythique quand on possède une représentation qui explique suffisamment le sens de l'existence humaine dans le cosmos, représentation qui provient de la réalité totale de l'âme, autrement dit de la coopération du conscient et de l'inconscient. Le mythe n'est donc pas une simple fiction. Même si un Mythe n'est pas "vrai" au sens d'un théorème mathématique ou d'une expérience de la physique, il renferme sa "vérité" à un niveau psychique.
--------Extraits du "Dictionnaire de Jung", Aimé Agnel, ed. Ellipses
Les Mythes sont des représentations, mentales il va sans dire (Monde II), de significations (Monde III) qui échappent à la représentation.
anon a écrit :J'ai l'impression qu'on tourne en rond !
Il y a une chose que tu m'avais dite il y a quelques posts au sujet de mon expérience, tu supposais qu'elle m'apportait :
J'm'interroge a écrit: Une continuité dans ta conscience
Pourtant il ne me semble pas que le Moi ait une impression de discontinuité dans sa conscience (sauf cas pathologiques)...
Franchement, de ce point de vue, c'est mon expérience du Soi qui apporterait plutôt une discontinuité : "le Souffle souffle où il veut, et tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d'où il vient, ni où il va". Continuité pour le Soi, sans doute, on le suppose, c'est en tout cas comme ça qu'on le ressent ; mais pour mon Moi ?
J'aurais du dire un "sens" ou une "notion" de continuité. Mais tu as raison, c'est le Moi qui est la vérité du Monde II.
Tes "expériences du Soi" discontinues ne sont que des reflets vacillants.
Concernant le souffle, ce lien que je faisais entre le Soi et le souffle de vie est à prendre avec des pincettes.
Le Soi comme souffle de vie c'est le Soi comme élément du monde I en ce que le Monde I à en commun avec le Monde II et par conséquent avec le Monde III. Là ça devient compliqué pour nos petites têtes..
Le souffle quand il souffle cela se traduit par de profondes modifications en termes d'images associées et d'émotions modulées, parfois incommensurablement plus riches que celles ordinaires (monde II) et en terme donc de profondeur de compréhension (Monde III).
anon a écrit :Cette phrase de Jean (3, 8 — mais je suppose que tu sais ça par cœur) parle très bien de mon expérience : ce n'est pas mon Moi qui décide qu'à tel moment je vais "entendre la voix" du Soi. Je ne saurais même pas dire, au cas où je me remettrais à avoir des temps réguliers de méditation-prière-recueillement-etc., si le Soi serait alors au rendez-vous ou pas. C'est plutôt dans des moments de paix qu'il se manifeste, mais c'est aussi sa manifestation qui me procure la paix (pas comme le monde la donne), et il est bien difficile de dire dans quel sens ça fonctionne.
Nous parlons bien là d'une influence psychique extérieure au Moi n'est-ce pas?
Quelque soit la façon dont on retourne le problème cela nous ramène à un lien avec de l'inconscient personnel voire transpersonnel... Il nous incombe donc de bien définir cet inconscient afin de nous mettre d'accord sur ce dont on parle exactement.
Cet inconscient est-il en lien uniquement avec le fonctionnement de notre petit cerveau ou à quelque chose de plus vaste?
anon a écrit :Ce qui est certain, c'est que lorsque je "l'entends", c'est qu'il est déjà parti. En ce sens, il est vrai, mon Moi ne prend pas à strictement parler conscience du Soi : il prend conscience que le Soi a été là, qu'il a "parlé". Ceci est quand même à relativiser : l'expérience se fait dans une sorte de traîne du passage qui en porte encore la marque. Il vaudrait alors mieux dire que le Moi ne prend jamais conscience du Soi dans toute sa pureté. Mais l'expérience peut devenir parfois plus ou moins continue, avec des instants où la prise de conscience (toujours avec effet de retard) se fait très proche de la source, et d'autres où elle se fait à plus de distance, le tout donnant un sentiment plus ou moins suivi de conscience plus ou moins intense du Soi.
Et puis, dire que la conscience du Soi n'est pas vraiment une conscience du Soi parce qu'elle se fait avec un temps de retard, c'est abusif : il en va de même de tout ce dont nous prenons conscience, c'est toujours une conscience de quelque chose qui est déjà passé au moment où nous en prenons conscience. Et dire que la conscience du Soi n'est pas vraiment une conscience du Soi parce qu'elle ne prend pas conscience du Soi dans toute sa pureté, c'est aussi abusif : il en va de même de tout ce dont nous prenons conscience, c'est toujours une conscience partielle, parcellaire, de l'objet en question.
Serait-ce une conscience de quelque chose de passé ou plutôt en réalité une 'représentation-conceptualisation' d'un vécu qui est quant à lui: 'perception-émotions-représentation' ? Car dans ce cas l'on en revient à ce que j'ai expliqué.
anon a écrit :Dire donc qu'on ne peut pas avoir conscience du Soi me semble tout-à-fait excessif. Si j'exprimais mon expérience en termes religieux, je dirais que j'ai conscience de Dieu : personne n'irait pour autant imaginer que j'aie une conscience pleine et entière de Dieu ! Il me semble qu'il en va bien exactement de même si on parle de conscience de Soi (lequel, entre parenthèses, m'a alors tout l'air d'être une manière de parler de Dieu sans le nommer ainsi ; mais ça me va bien comme ça, moi aussi). On ne peut avoir qu'une conscience imparfaite du Soi, mais conscience quand même.
En un certain sens oui. Mais il n'en demeure pas moins vrai que notre conscience du Soi-Dieu, n'est jamais que dans notre 'perception-émotion-représentation', la nôtre, et donc que ce qui la cause (Monde I) n'est à jamais accessible qu'indirectement par le discours (monde II) qui nous fait pénétrer le concept (Monde III) ou le Mythe monde II qui nous ouvre au sens (Monde III).
anon a écrit :On doit pouvoir affiner la comparaison Soi/Dieu. Le Soi "en soi" dont il est impossible d'avoir conscience peut être comparé à la transcendance de Dieu. Mais il est évident qu'un Dieu qui ne serait que transcendance pure ne pourrait avoir aucun rapport avec l'univers manifesté, et donc on s'en fout complètement...
La notion d' 'en soi' est extrêmement critiquable, mieux c'est une notion qui ne s'applique à rien. ------> Autrement dit c'est une notion gratuite, par essence métaphysique.
anon a écrit :Après, il y a un autre attribut classique de Dieu, c'est son immanence.
Dans ce cas Dieu c'est le Moi.
anon a écrit :Mais ça, à mon avis, c'est plutôt l'objet de tes expériences à toi.
Pas exactement. Bien que l'on puisse développer la notion d'un sens qui serait immanent, ce serait encore ne pas voir en quoi le Monde III est distinct du Monde II et en quoi il n'en est pas qu'un simple produit.
Le Monde II est nécessairement tourné vers une transcendance.
Même dans le chamanisme c'est le cas.. Quoiqu'on en dise c'est le cas.
anon a écrit :En-dehors de la transcendance et de l'immanence, je ne vois guère qu'un troisième concept, celui de Fils de Dieu (ou de Christ, ou de Verbe, à condition de ne pas les réserver à Jésus seul) dans le christianisme, ou d'Atman en tant que Brahman individuel dans l'hindouisme (ou, bien sûr, de Soi jungien). Ce serait quelque chose comme ça, le "reflet du Soi" qui ne soit pas le Moi ?
Oui, c'est le discours objectif ou le Mythe.
Le thème du Fils (Monde III) est connecté à un Mythe puissant (Monde II), autrement dit: le thème est très, très loin de recouvrir le Mythe.
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vic a écrit :Ce soi n'est pas absolu , il n'a pas d'existence propre ou autonome , il va toujours de pair avec le moi .
Cela n'empêche pas qu'il y ait du sens à parler de 'soi' ou de 'Soi', bien qu'effectivement:
- Tout n'existe qu'en relation à tout le reste.
Tout est réel bien que relatif. Tout, puisque même l'erreur est réelle.
anon a écrit :l'expérience se fait dans une sorte de traîne du passage qui en porte encore la marque.
vic a écrit :Tout est relatif , il n'y a pas d'en soi aux choses ou aux phénomènes, il n'y a pas de trace de passage de l'expérience sauf dans ta mémoire qui elle même est relative .En réalité il n'existe pas de trace d'un soi, un soi ne peut pas laisser de trace au sens absolu du terme puisqu'il n'existe pas d'en soi aux choses .
La suite nombres premiers n'existerait-elle donc pas selon toi?
Par rapport à quoi une chose existerait ou n'existerait pas?
C'est quoi 'exister' selon toi?
Pourquoi emploies-tu ce mot?
- La réalité est toujours beaucoup plus riche et complexe que ce que l'on peut percevoir, se représenter, concevoir, croire ou comprendre.
- Nous ne savons pas ce que nous ne savons pas.
Humilité !
- Toute expérience vécue résulte de choix. Et tout choix produit son lot d'expériences vécues.
Sagesse !