Ali Belhadj
Imam, co-fondateur du Front Islamique du Salut (FIS) avec Abbassi Madani
Co-fondateur avec Abbassi Madani du Front Islamique du Salut (FIS), premier parti islamiste algérien, Ali Belhadj était considéré comme le représentant de la tendance salafiste à l'intérieur du mouvement. Né en 1956 en Tunisie, d'un père vétéran de la guerre d'Algérie, Ali Belhadj est diplômé de l'Université de la Zitouna, à Tunis, l'un des plus anciens établissements d'enseignement du monde arabe.
Ali Belhadj séjourne pour la première fois en prison en 1983: il est condamné à dix ans de réclusion pour avoir soutenu le maquis islamiste de Musapha Bouyali. Mais quatre ans plus tard, il est grâcié par Chadli Bendjedid, le président algérien de l'époque. Parmi les autres détenus islamistes libérés cette année-là se trouve également Abdelkader Chebouti, futur chef du MIA (le Mouvement Islamique Armé) dans les années quatre-vingt dix.
Après la création du FIS, Ali Belhadj multiplie les provocations contre le pouvoir en place. En février 1991, pendant la guerre du Golfe, il marche sur le ministère de la Défense pour réclamer des camps d'entrâinement pour ses paritsans. En mai de la même année, il lance un appel à la grève générale. Un mois plus tard, il est arrêté avec Abbassi Madani et condamné à douze ans de réclusion pour avoir marché sur le siège de la télévision algérienne et exigé une interruption des programmes: il souhaitait faire passer un "message à la nation". Après la dissolution du FIS, en 1992, Ali Benhadj saluera la création du GIA (Groupe Islamique Armé), qui mène la lutte armée contre le gouvernement. Il envoie même? depuis sa prison, en 1994, une lettre à l'émir du GIA, Chérif Gousmi, dans laquelle il lui fait officiellement allégeance. La même année, Liamine Zeroual, futur président avant son assassinat, vient lui demander, en vain, de lancer un appel aux groupes terroristes armés.
A sa libération en 2003, après avoir purgé sa peine, Ali Benhadj refuse de signer l'interdiction de tout prêche et activité politique pendant cinq ans, contrairement à Abbassi Madani. Toujours sous étroite surveillance policière, il est régulièrement arrêté pour avoir tenté d'y échapper. Ses prêches ne soulèvent cependant plus les foules: ses compatriotes lui tiennent encore rigueur de son soutien au GIA en plein coeur de la lutte armée dans les années quatre-vingt dix.
Ali Belhadj est reconnu pour ses qualités de prêcheur charismatique.
Après la fondation du FIS en 1989, il devient l'adjoint d'Abbassi Madani, le chef du parti, et tranche par ses discours radicaux.
Il déclare notamment :
"La démocratie est apostasie car la souveraineté du peuple ne saurait être opposée à celle de Dieu". Des années après la fin de la "décennie noire", cause de 150 000 morts et disparus en Algérie, il a cependant exprimé des remords par ces mots: "Si j'avais su que le pluralisme allait être écrasé par le pouvoir"
Ali Belhadj revendique sa filiation avec Ibn Taymiya, principale figure du salafisme combattant ( la "djihadiya"), dont il loue " la plume intègre et et le sable brandi". Parmi les autres figures tutélaires, on compte notamment Mohamed Abldelwahhab, le père du "wahhabisme" en Arabie Saoudite, ou des personnalités de l'Islam algérien: Abdelatif Soltani, le premier opposant islamiste de l'Algérie indépendante, ou Ahmed Sahnoun, fondateur, dans les années soixante-dix, de la Ligue islamique.