On peut être prof de religion kto ou diacre et s'emmêler les nougats dans la théologie. Il y a des braves curés qui répètent, sans trop réfléchir, des choses qu'ils ont entendues autrefois et qui négligent leur formation permanente, ce qui les met en décalage avec ce qui est enseigné de nos jours dans les facultés de théologie catholiques.
Pour ma part, à l'époque où cette rencontre s'est déroulée, j'étais encore catholique, religieuse en repos dans un monastère où se tenait une retraite oecuménique.
Thérèse de Lisieux tranche sur son époque très pélagienne, parce qu'elle ne veut pas "amasser des mérites" pour gagner son ciel. (Mais il faut reconnaître qu'elle a voulu en amasser pour en faire profiter d'autres!

)Elle veut se présenter devant Dieu "les mains vides" ne comptant que sur sa miséricorde. Cependant elle veille très fort sur sa conduite et cherche à "faire plaisir à Jésus" mais cela gratuitement, sans vouloir gagner "une perle à sa couronne" (qu'on promettait à ceux qui irait au ciel

)
Voici ce qu'elle écrit quelques mois avant de mourir:
Je n’ai qu’à jeter les yeux dans le Saint Evangile, aussitôt je respire les parfums de la vie de Jésus et je sais de quel côté courir... Ce n’est pas à la première place, mais à la dernière que je m’élance ; au lieu de m’avancer avec le pharisien, (Lc 14,10) je répète, remplie de confiance, l’humble prière du publicain ; (Lc 18,13) mais surtout j’imite la conduite de Madeleine, son étonnante ou plutôt son amoureuse audace (Lc 7,36-38) qui charme le Coeur de Jésus, séduit le mien. Oui je le sens, quand même j’aurais sur la conscience tous les péchés qui se peuvent commettre, j’irais, le coeur brisé de repentir, me jeter dans les bras de Jésus, car je sais combien Il chérit l’enfant prodigue qui revient à Lui (Lc 15,20-24) Ce n’est pas parce que le bon Dieu, dans sa prévenante miséricorde, a préservé mon âme du péché mortel que je m’élève à Lui par la confiance et l’amour.
Les références bibliques ne figurent pas dans l'original.
(
ses oeuvres en ligne)
Le langage est celui de son époque! En fait, elle n'innove rien, les mystiques ont expérimenté qu'on escalade pas le ciel par la force des poignets, ça se retrouve aussi bien chez Thérèse d'Avila (libro de la vida) que chez Jean de la Croix (la noche oscura). Si je résume ce qu'on trouve en substance dans les trois docteurs carmélitains: au début de la vie spirituelle on essaie de faire de son mieux pour vivre en vrai chrétien, on se plante royalement et on se découvre toute sorte de défauts, on se heurte à ses limites. On reconnaît sa misère devant Dieu et on le supplie de nous aider. Si l'on persévère dans la prière, la grâce vient faire dans nos vies ce qu'on n'a pas obtenu par nos propres efforts. On n'a plus qu'en rendre grâce au Seigneur.
Quand j'ai expliqué cela à cette pasteure, elle était évidemment d'accord. Mais à ce moment-là, je n'étais pas encore mûre pour faire le pas et devenir protestante, c'est venu bien après

Il y avait d'autre points qui me posaient problème et cela ne s'est éclairé que plus tard. Ça nous entrainerait en dehors du sujet
