Les Premiers Chapitres de la Genèse

Au fil des siècles issu de la Réforme et connue comme l'Adventiste, le Pentecôtisme, le Baptisme, ou différentes communautés.
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francis

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Les Premiers Chapitres de la Genèse

Ecrit le 21 déc.03, 07:05

Message par francis »

Les Premiers Chapitres de la Genèse




L’Ancien Testament est une révélation donnée de Dieu pour son peuple terrestre Israël. Il était essentiel que leur soit annoncé avec autorité que le seul vrai Dieu est le créateur de tout. Des ténèbres couvraient la terre, de profondes ténèbres couvraient les peuples. Comme plus tard en Canaan, Israël en Égypte était fort enclin à oublier cette vérité, et à s’abandonner aux illusions des hommes. Déchus comme les autres, ils souhaitaient avoir leur organisation et leur religion, comme toutes les nations. D’où l’importance qu’ils connussent et reconnussent la création dans tous les sens de sa réalité ; elle fait ressortir l’unité du Dieu vivant et y est étroitement liée.
On a soulevé la difficulté suivante : si Dieu a créé, pourquoi ne l’a-t-il pas toujours fait ? La réponse est aussi simple que complète. Une création éternelle, une matière éternelle cela n’est ni vrai ni possible ; c’est une contradiction pour l’esprit, même si nous n’avions pas la parole de Dieu pour nous éclairer. S’il Lui plait, le Dieu éternel crée : cela seul est vrai. Dire que Celui qui existe en lui-même ne peut pas créer, c’est nier qu’Il est l’Absolu, nier qu’Il est Dieu. Mais que Dieu omnipotent, omniscient, souverain et bon, puisse créer quand Il le veut, cela découle nécessairement de ce qu’Il est. S’Il ne pouvait pas se manifester de cette manière, ou d’une manière encore plus glorieuse, Il ne serait pas Dieu. Si l’on voyait se perpétuer l’acte créateur ou toute autre chose, Dieu ne serait pas libre et absolu. Sa souveraineté fait partie de Lui-même (Éph. 1:11). Supposez qu’une manifestation soit nécessaire, et voilà que dans votre pensée, vous détruisez Son essence et Sa volonté divines. La nécessité est fondamentalement un instrument athéiste pour se débarrasser du vrai Dieu. Dieu était parfaitement libre de créer ou de ne pas créer ; c’était comme et quand il Lui plaisait. Il Lui a plu de créer, c’est pourquoi la création existe.
Rien de plus simple, de plus sublime et de plus vaste que ces quelque mots commençant la révélation divine : «Au commencement Dieu créa les cieux et la terre». C’est le commencement absolu de la création, et en contraste des plus marqués avec les sept jours. Ce point se déduit seulement du sens vrai et naturel de la parole écrite de Dieu, et il ne s’agit pas de l’avis de rabbins ni de toute autre personne qu’on s’est choisi. Quel est le contenu du texte inspiré, et quel est son message ? Il y a quelque intérêt à savoir ce que Philon ou Josèphe en ont compris, ou comment les Septante l’ont traduit en grec longtemps avant Jésus Christ. On peut aussi peser le texte massorétique, le Targum de Jérusalem, ou les commentaires de Jarchi, Aben Ezra, les deux Kimchi, Levi ben Guerson, Saadias Haggaon, Abarbanel, ou tout autre savant juif, sans parler des autres. Mais on a ici la parole de Dieu donnée pour être lue et comprise, mais non pas sans la foi de Christ, ni sans les directions de Celui qui l’a communiquée à l’origine. Elle n’a pas été donnée pour enseigner la science, et sa compréhension est complètement indépendante de la philosophie. Les géologues, les botanistes, les zoologues, les astronomes, les historiens et autres, ont devant eux le compte-rendu, bref et clair, donné de Dieu. La compréhension qu’a l’homme de ce qui est communiqué peut être affectée par son degré de connaissance, et encore bien plus par sa foi. Mais il s’agit là de notre compréhension et de la façon dont nous l’exposons ; mais n’oublions jamais que l’Auteur est Dieu, les écrivains n’étant que des instruments. La Bible est un livre moral, mais son unité n’en est que plus frappante car elle comprend tant d’écrits de tant d’auteurs, s’étalant sur plus de mille ans de circonstances les plus variées, si on s’en tient à l’Ancien Testament. Le lecteur peut voir juste ou se tromper, sur le sens qu’il attribue à ce que nous appelons «firmament» ou «planète», ou autre ; mais la vérité demeure pure et inchangée dans l’Écriture ; c’est à nous de la lire et la relire, et de mieux apprendre.
C’est ceci qui constitue sa valeur caractéristique et permanente. Ce n’est pas seulement une source d’instruction complète et certaine, qui s’accorde avec des buts moraux encore plus élevés ayant en vue la gloire de Dieu ; c’est la seule norme de vérité, et nous sommes tenus de tester d’après elle tout ce qui fait profession d’être divin. Cherchons, toujours comme à nouveau, à approfondir la foi, et croissons toujours dans une connaissance plus profonde de la pensée révélée de Dieu.
Les philosophies de l’antiquité, aussi bien que les religions, ignoraient tout de la création. Elles ne savaient rien ni de Dieu ni du «commencement». Des rêves d’évolution furent la première folie, et parmi l’école Ionique, Anaximander et Anaximenès ont suivi Thalès, tout en différant les uns des autres, et tous aveugles. Anaxagore ajouta l’idée d’esprit comme une simple matière, mais pas de créateur. Inutile de nommer les autres : même Platon et Aristote, bien que rivaux, n’avaient aucune lumière réelle. Plus ou moins ouvertement, ils tenaient tous fondamentalement la matière pour éternelle ; et bien que les philosophes se vantaient, alors comme aujourd’hui, de leur connaissance et de leur logique, ils n’arrivaient pas à voir ce qu’ils ne pouvaient pas prouver, et encore moins ce qui est impensable pour l’esprit. Pour le croyant il y a cette vérité, simple et pourtant profonde, que tout ce qui existe a eu un commencement : si Dieu le dit, le croyant réalise que rien d’autre ne peut être vrai. Car il est impossible d’admettre un effet sans cause ; mais le raisonnement ne peut, au mieux, dépasser la notion qu’il faut une Cause Première ; il ne peut jamais arriver à dire : il y a. C’est ce que Dieu seul peut affirmer, et Il le fait : «Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre». Dieu a amené à l’existence tout ce système ordonné. La forme, la nature et le but ne sont pas expliqués ici : de tels détails ne seraient pas ici à leur place. Le fait qu’Il a tout créé est une vérité première et importante.
Mais pas un seul mot de l’Écriture ne justifie la supposition étrange et hâtive que l’univers a été amené à l’existence durant les six jours de Gen. 1:3-31 dont il est si souvent fait mention tout le long de la Bible. Arrangez les six jours comme les hommes le voudront, il n’en reste pas moins que personne ne peut avoir des principes justes d’interprétation, et en même temps nier que le premier jour commence par la lumière, et que les deux premiers versets sont distingués de l’oeuvre des six jours tant quant à leur nature que quant à leur expression. Rien en effet, hormis des préjugés, ne peut justifier l’erreur que le texte lui-même corrige. L’expression «Au commencement» a sa signification qui lui est entièrement propre, et n’est en aucune manière reliée avec «les jours», sauf que c’est le point de départ révélé de la création divine, qui aboutit en son temps (mais probablement après un immense intervalle) là où le temps est ainsi mesuré au moyen de jours, mais seulement après que les choses soient mises en place pour Adam et sa race.
L’ancienneté de la terre peut aller aussi loin que les schémas mouvant des géologues les plus enthousiastes l’ont jamais imaginé : ni ici ni nulle part ailleurs dans l’Écriture il n’y a la moindre suggestion s’opposant à l’existence d’immenses périodes avant la création de l’homme, ou affirmant que l’homme soit à peu près contemporain de la création originale. C’est ignorer l’Écriture que soutenir que Moïse détermine une époque ou une date à la formation initiale de la terre, comme les pères et les commentateurs l’ont imaginé et l’ont banalisé dans la chrétienté (même s’ils y ont ajouté des remarques valables). Les philosophes qui ont passé leur temps à étudier la géologie et les sciences connexes, agiront avec sagesse s’ils lisent avec plus de soin qu’à l’ordinaire le commencement de Genèse 1. Ils y apprendront qu’ils ont été trop précipités à conclure que l’Écriture inspirée est tant soit peu restreinte aux interprétations erronées qu’on en a fait, tant de la part des scientifiques que des théologiens. Aussi vastes soient les périodes qu’ils prétendent, même pour les strates les plus superficielles, l’Écriture est le seul récit qui, à la fois révèle Dieu comme Créateur de tout, et en même temps laisse la place pour tout ce qui a été opéré avant la terre adamique. «Le Dieu d’éternité, l’Éternel, créateur des bouts de la terre, ne se lasse pas et ne se fatigue pas. On ne sonde pas son intelligence» (Ésaïe 40:28). Tandis que la géologie attend l’apparition du Newton de son domaine, les adeptes de cette discipline gagneraient beaucoup à se soumettre à l’Écriture en attendant ; tout le monde y gagnerait.
Dans le cours infini de l’éternité, il y a eu une période où Dieu a créé l’univers. Ceci est déclaré ici avec la plus grande exactitude — «au commencement». Le Pentateuque a été écrit en vue de l’homme, et même premièrement en vue d’Israël, — le Second Homme, le dernier Adam, étant cependant l’objet caché des conseils de Dieu, avec l’église unie à Lui. Il n’est pas parlé des anges, bien que nous sachions par une autre livre inspiré ancien qu’ils ont exprimé leur joie quand les bases de la terre étaient assises (Job 38:6, 7). Ainsi, «au commencement» est distingué de toute mesure du temps en rapport avec l’existence de l’homme. Il n’est pas besoin de souligner ici davantage, combien la durée de temps antérieure à l’homme, illimitée selon notre appréciation ordinaire, correspond admirablement bien aux immenses changements reconnus des géologues.
«Dieu», dans notre version, correspond à l’hébreu «Elohim» qui a la particularité d’être un substantif pluriel lié à un verbe au singulier. Seul le christianisme, en son temps, a donné la clef de l’énigme, alors qu’elle reste une obscurité impénétrable pour les Juifs, aussi bien que pour les autres hommes qui ne connaissent pas la vraie Lumière en Christ.
Encore une fois, il ne devrait y avoir aucun doute parmi les érudits que, dans notre langue, c’est le mot «créa» qui correspond mieux que tout autre au mot de l’original. Pour nous comme pour Israël, ce mot peut s’appliquer pour désigner l’appel à l’existence à partir de matière préexistante, comme en Genèse 1: 21, 27, mais il ne peut en être ainsi que s’il y a une base pour le dire et une insistance particulière sur ce point. Ce mot n’est appliqué à personne d’autre qu’à Dieu. Mais s’il s’agit de parler de création dans le sens le plus pur, le plus élevé et le plus stricte, les Hébreux comme nous-mêmes n’ont pas de mot plus approprié. Ici c’est le contexte qui en décide : «Dieu créa les cieux et la terre» là où rien de la sorte n’existait auparavant. Ils ont été créés à partir de rien, comme les gens disent, peut-être par abus de langage, mais selon une expression qui se comprend. Les païens pouvaient adorer les cieux (tous le faisaient) ou même la terre ; les Juifs ont péché contre la parole écrite lorsque Satan les a piégés pour suivre ce triste exemple. Les premiers mots de la loi de Dieu leur disaient que tout cela n’était que des créatures ; Israël était tenu d’écouter, même si les autres étaient sourds, et ils devaient reconnaître, servir et adorer le Dieu unique, le Créateur. Le peuple élu a été aussi prompt que tous les autres à adorer la créature, comme le prouve toute leur histoire jusqu’à la captivité de Babylone ; mais aucun doute n’est permis quant à ce que la Bible implique, déclare et revendique dès le tout premier de ses versets. C’est Dieu qui a créé l’univers.
En outre, il ne s’agit pas de matière créée, d’une matière créée à l’état grossier, et destinée à être ultérieurement façonnée dans le bel univers bien mis en forme, avec les cieux et la terre. Ce n’a pas été d’abord le chaos, comme les poètes grecs et latins l’ont dépeint, selon une tradition païenne jamais entièrement juste, mais souvent mêlée de vrai. Ce n’a pas été une nébuleuse, telle que conçue par La Place, ce qui n’est qu’une variante du même rationalisme, quoique un peu plus raffiné. Lord Rosse, avec ses observations jointes à une profonde réflexion, a bien démoli cette hypothèse incrédule : il a prouvé que beaucoup de nébuleuses, considérées par les Herschel eux-mêmes comme des objets irrésolubles, n’étaient en fait qu’un conglomérat d’étoiles. La seule présomption correcte est donc que toutes les nébuleuses ne sont rien de plus, et il suffit d’appareils plus puissants pour découvrir leur vraie nature. Dieu seul a donné la vérité simplement et sommairement, d’une manière divine par sa transparence et sa majesté simple et incomparable : «Au commencement Dieu créa les cieux et la terre».
Vous les savants, comment se fait-il qu’on ne trouve qu’ici cette grande vérité dans sa splendeur primitive, s’élevant bien haut au-dessus de vos Hésiode, vos Homère, Ovide et Virgile, vos vestiges égyptiens ou mexicains, ou vos fable indoues ou chinoises ? Comment se fait-il que de nos jours, les Lyell et Darwin, pour ne rien dire d’hommes encore plus profanes, butent dans le noir dans un bourbier d’hypothèses douteuses et non prouvées, pour ne pas dire plus ? La raison en est qu’on ne croit pas la Parole de Dieu telle qu’Il l’a écrite ; et il en est ainsi parce que les hommes n’aiment pas le vrai Dieu qui juge le péché, et qui ne sauve que par le moyen de Son Fils, le Seigneur Jésus. C’est ainsi que les hommes, ayant connu Dieu, ne le glorifièrent point comme Dieu, ni ne lui rendirent grâces, mais ils devinrent vain dans leur raisonnement, et leur coeur destitué d’intelligence a été rempli de ténèbres (Rom. 1:21). Une telle attitude est d’autant plus coupable aujourd’hui, que le Fils de Dieu est venu et a accompli la rédemption, et que les ténèbres s’en vont et que la vraie lumière luit déjà (1 Jean 2:8). Hélas ! on reçoit tout volontiers, sauf un Dieu vivant, et encore moins que tout, un univers créé par et pour Son Fils qui était avant toutes choses et par qui toutes choses subsistent (Col. 1:16, 17). «Par la foi, nous comprenons que les mondes ont été formés par la parole de Dieu, de sorte que ce qui se voit n’a pas été fait de choses qui paraissent» (Héb. 11:3).
2. 1.2 Chapitre 1 v. 2
Bible Treasury vol. 18 p. 209-211 (1891)
La création du v. 1 est donc le premier grand fait de la révélation. C’est un point d’autant plus fort que le texte hébreu n’a pas d’article, pas plus que le grec n’en a en Jean 1:1. C’est donc une forme indéfinie. Comparer Proverbes 8:23. Mais il ressort du contexte que le 4° évangile s’élève au-delà du premier livre de Moïse ; car il remonte à ce qui existait divinement et éternellement (non pas , mais ) et non pas simplement à ce qui est d’origine divine, et qui n’est apparu que plus tard (selon Jean 1:3), sous une forme embrassant tout et exclusive. «Toutes choses furent faites par Lui [= elle = la Parole], et sans Lui pas une seule chose ne fut faite de ce qui a été fait».
«Au commencement» n’est pas un point fixe et connu dans le temps, mais c’est une formule indéfinie dépendant du contexte ; ici elle signifie que «autrefois» ou «dans une période antérieure» (expressément indéfinie), Dieu a créé l’univers. Sans aucun doute, il n’est rien dit des ères immenses dont les géologues parlent si librement ; mais le langage du verset 1 laisse la porte ouverte à tout ce qui peut être prouvé par la recherche, ou même aux plus immenses durées que le plus extravagant des théoriciens pourrait jamais demander.
Les mots utilisés affirment qu’il y a eu un «commencement» de l’univers, et cela sous l’effet de la Parole de Dieu, aussi bien selon l’Ancien que selon le Nouveau Testament (voir Ps. 33:6-9 et Héb. 11:3). Ceci constituait tout ce qui était nécessaire pour accomplir son dessein, et Son dessein était de créer les cieux et la terre, là où il n’y avait rien. Quelques soient les prétentions des athées et des panthéistes, la science reconnaît finalement qu’il y a eu un «commencement» en sorte que le mot «créa» figure ici dans toute la force de son sens propre, selon que le contexte l’exige.
«Il y a eu un commencement pour l’homme, dit la géologie ; et en remontant en arrière, un commencement pour les mammifères, pour les oiseaux, et pour les reptiles, pour les poissons, et pour tous les êtres inférieurs, et pour les plantes ; un commencement pour la vie : un commencement, dit-elle aussi, pour les chaînes de montagnes et les vallées, pour les plaines et les mers, pour les rochers. De là, la science recule encore, et admet ou revendique un commencement pour la terre, un commencement pour toutes les planètes et les soleils, et un commencement pour l’univers. La science et le récit de la Genèse ne font qu’un. Ce n’est pas une réconciliation, c’est un plein accord». C’est ainsi que s’exprimait le Dr. J. D. Dana, l’éminent professeur américain dans «L’étudiant de l’Ancien et du Nouveau Testament», juillet 1890.
Le récit biblique déclare que Dieu créa non pas un «terre sans forme», mais «les cieux» (dont il n’est jamais dit qu’ils aient été en désordre) «et la terre». Mais même pour «la terre» qui est une scène où il va y avoir du changement, il nous est expressément dit, par une autorité non moins inspirée, et ayant donc une autorité égale à celle de Moïse, qu’un tel désordre n’était pas l’état original. «Car ainsi dit l’Éternel qui a créé les cieux, le Dieu qui a formé la terre et qui l’a faite, celui qui l’a établie, qui ne l’a pas créée (*) vide, qui l’a formée pour être habitée» (És. 45:18). La version du Roi Jacques Révisée est citée à dessein car il est admis que c’est elle qui rend le mieux le prophète. C’est donc ici qu’on a la justification la plus certaine pour dissocier le verset 2 du verset 1 (sauf, bien sûr, que c’est un fait ultérieur) : ils peuvent être séparés l’un de l’autre par une succession d’ères géologiques et par une catastrophe, au moins en ce qui concerne la terre. En effet, il serait étrange d’entendre parler de cieux en ordre en même temps que d’une «terre informe» comme étant les premier fruits de l’activité créatrice de Dieu. Mais nous ne trouvons rien en faveur d’une telle anomalie. L’univers venant de sortir de la volonté et de la puissance de Dieu, comprend «les cieux et la terre». Le silence est gardé quant à sa condition depuis ce moment-là et jusqu’au cataclysme du verset 2 ; et cela est très convenable, sauf si le propos de Dieu dans la Bible était tout différent de ce but moral qui l’imprègne d’un bout à l’autre. Qu’est-ce que cette histoire des changements physiques préliminaires a à faire avec Son peuple et avec les relations entre ce peuple et Lui-même ? Ne doutons pas que chaque état de choses de ce que Dieu faisait était un système parfaitement en accord avec le but qu’Il se proposait. Pourtant, il ne s’agissait pas de matière seulement, mais du ciel et de la terre.
(*) note Bibliquest : La version J.N. Darby donne «qui ne l’a pas créée [pour être] vide», mais les crochets indiquent que les deux mots qui s’y trouvent ne figurent pas dans l’original, ce que confirme le texte donné par W.K.
«Et la terre était [ou devint] désolation (*) et vide, et les ténèbres [étaient] sur la face de l’abîme ; et l’Esprit de Dieu planait sur la face des eaux» (1:2).
(*) «Sans forme» [traduction KJV, version autorisée anglaise] n’est pas exact, car toute matière doit avoir une forme, aussi désolée et désordonnée qu’elle devienne ensuite. «Devint» (et non pas «était») est la force du verbe environ 20 fois dans ce chapitre.
Le verset, dans son texte hébreu, est introduit par une particule flexible bien-connue. Habituellement elle n’a qu’un sens de liaison, mais ce sens est souvent modifié par la considération du contexte, comme cela arrive pour tous les mots de toutes les langues. C’est pourquoi l’érudit Dathe, en 1781, l’a rendue ici par «posthaec vero» (*) dans le but exprès de distinguer l’état de choses du verset 2 d’avec celui du verset 1, et il nous renvoie à des exemples tels que ceux de Nombres 5:23 et Deut. 1:19. Or il n’est pas douteux que la conjonction hébraïque permet un intervalle aussi souvent que de besoin, selon les faits, mais ici il n’est point besoin de s’écarter de sa force première : «et» (bien que notre conjonction ne soit pas aussi souple) ; cette conjonction hébraïque peut aussi comporter une connotation d’opposition ou de contraste, comme on le voit dans la version des Septante. Le choix convenable se base sur ce qui suit. Car l’usage du verbe au temps passé, employé comme on le voit ici, sert à désigner une état de choses postérieur à ce qui précède et non relié avec ce qui est simplement antérieur. Idiomatiquement, l’hébreu n’utilise pas ce verbe pour faire une liaison, comme on peut le voir deux fois dans ce verset, et presque partout ailleurs ; sinon, il met le verbe avant le nom. La conclusion correcte, est donc que Moïse a été conduit à indiquer la désolation dans laquelle la terre a été jetée à une époque qui n’est pas révélée, postérieure à la création, mais antérieure aux «jours» dans lesquelles elle a été formée pour être l’habitation d’Adam et de sa race.
(*) Latin pour «et après ces choses»
Ceci est en accord avec les autres passages où on trouve l’expression remarquable «désolation et vide» : il n’en est que deux : — Ésaïe 34:11 «le cordeau de la désolation et les plombs [litt. pierres] du vide» et Jérémie 4:23 : «J’ai regardé la terre, et voici, elle était désolation et vide». Dans les deux cas, c’est une désolation infligée, non pas une condition première. Il en est de même en Genèse 1:2. C’est d’autant plus à noter, qu’en Jérémie, il est dit des cieux, à ce moment-là, que «leur lumière n’était pas». Chacun de ces deux passages confirme donc la conviction que notre texte de Gen. 1:2 décrit un état qui a affecté la terre, peut-être longtemps après la création originale du verset précédent. C’est à cet intervalle que s’applique la succession des ères géologiques. Il y a des faits indéniables, pleins d’intérêt, d’où il ressort que la création a existé puis s’est éteinte. La confiance qu’on met dans ces hypothèses peut être vaine ou enthousiaste ; mais le sens exact des paroles de Moïse dans ces versets laisse toute la place qu’on veut pour ces vastes processus qu’on peut comprendre à partir de l’observation des phénomènes touchant la croûte terrestre. Rien dans l’Écriture n’exclut une succession de créatures s’élevant depuis les moins organisées aux plus organisées (c’est même la règle, avec quelques exceptions frappantes ici ou là) ; depuis les Eozoon des rochers du Laurentin au Canada jusqu’à des mammifères ressemblant beaucoup aux actuels (*). Mais toute l’ingéniosité brillante de Sir C. Lyell, et d’autres du même genre, n’arrive pas à expliquer, ou évite les preuves du changement qui a eu lieu à cette période-là, changement immense et incomparablement plus vaste et plus rapide que ce qui a eu lieu depuis l’apparition de l’homme. Sans doute, le déluge a une signification morale très profonde, et est donc unique en son genre, parce que la race humaine a alors été balayée de la terre, sauf ceux qui étaient entré dans l’arche. Mais physiquement, les traces du déluge n’ont été que superficielle en comparaison avec les convulsions bien plus anciennes, et si manifestes pour tous, sauf pour ceux qui sont des adorateurs du Temps et du Conformisme.
(*) note ultérieure de l’auteur (Bible Treasury, vol. 18 p. 368) :
L’auteur de l’article sur Genèse 1 a reçu une observation selon laquelle le paragraphe précédent enseigne l’évolution. Cette idée est complètement fausse. Aucun évolutionniste ne peut parler de «créatures» s’il veut être cohérent avec lui-même. Aucun croyant ne peut nier que les plantes ont précédé les poissons et les oiseaux, ceux-ci étant suivis des animaux terrestres inférieurs et supérieurs, et en dernier lieu, par l’homme créé séparément, et avec des marques spéciales qui le distinguent. On trouve donc bien, dans la semaine adamique, «une succession de créatures s’élevant depuis les moins organisées aux plus organisées». Une pareille analogie a marqué l’énergie créatrice de Dieu dans les ères géologiques précédentes, sauf que l’homme et certaines créatures supérieures n’y ont pas été mis. Tout ceci déracine l’évolution, en réalité. L’objecteur n’a compris ni la vérité de la création ni l’erreur de l’évolution.
«Nous affirmons simplement [dit avec précaution Sir R. I. Murchison], au vu de preuves innombrables de fractures, dislocations, métamorphismes, inversions de strates, et de vastes désertifications, que de tels dérangements ont nécessité beaucoup plus d’énergie que ce qu’on voit se développer dans la nature existante, — autrement dit, les métamorphismes et mouvements de la croûte terrestre, y compris le soulèvement des fonds marins et le dégagement des débris, ont été des vrais paroxysmes dans les ères passées par rapport aux mouvements de notre ère. Nous maintenons qu’aucune durée de temps (et pourtant les géologues n’ont pas lésiné en faisant l’histoire des accumulations de sédiments, et des divers animaux fossiles qui y sont inclus) ne permet d’expliquer les signes des grandes fractures et convulsions, visibles dans toutes les chaînes montagneuses, et rencontrés par les mineurs au travail… La question se présente de la manière suivante : Des terrasses visibles, pleines de galets et de coquillages, sont des signes d’un soulèvement soudain à certaines époques ; la théorie moderne de soulèvements ou d’effondrements graduels ne peut fournir aucune preuve valable de telles structures, sauf en des zones très limitées. Il faudrait disposer d’observations de durées beaucoup plus longues pour arriver à une conclusion sûre pouvant être cohérente avec la vitesse de soulèvement ou d’effondrement du dernier millénaire, mais on en sait assez pour affirmer que les changements récents (au cours de l’histoire de l’homme) touchant tant la terre que les eaux sont infinitésimaux par rapport à ceux de la plupart des ères géologiques antérieures» (Siluria, p. 490-491, 5° Éd. 1872).
D’un côté les faits font voir des changements de la terre et de la mer, répétés aussi avec l’eau douce ; des roches ignées, stratifiées et métamorphosées, et finalement les règnes organisés, végétal et animal, soit des ordres inférieurs soit des ordres supérieurs (il y avait donc alors, l’environnement, la température et la compositions nécessaires à de tels changements) ; mais on n’y voit pas l’homme ni les animaux accompagnant son apparition sur la terre ; on voit l’extinction de groupes entiers de certains organismes pourtant extrêmement abondants ; d’autres groupes complètement différents leur succédant, puis s’éteignant à leur tour. Ce serait une supposition grossière que de prétendre que Dieu aurait mis les fossiles comme une simple apparence de vie ancienne ; ces créatures pétrifiées n’auraient jamais eu d’existence vivante ici-bas ? Autant le principe et le fait de la création sont pleinement révélés au verset 1, autant la dislocation l’est également au verset 2 ; et tous les deux précèdent la préparation de la terre pour Adam pendant les six jours.
La création est annoncée en quelques mots d’une noble simplicité au v. 1. Elle est la première intervention de Dieu, et la plus importante sur le plan de ce qui a été généré. De la même manière, la catastrophe rapportée ici brièvement, semble être la dernière perturbation du globe, et la plus grande, la 27° étape ou étape sub-apennine selon la conclusions de Mr Alcide d’Orbigny (Paléontologie Strat. Tome II, p. 800-824), qui était un naturaliste très compétent. Les Alpes et les Andes chiliennes ont alors atteint leur hauteur actuelle avec beaucoup d’autres changements aux conséquences énormes, largement suffisante pour rendre compte d’une confusion universelle, avec destruction de la vie terrestre et apparition de l’abîme partout, les ténèbres complètes recouvrant tout. Mais cet état généralisé peut ne pas avoir duré longtemps. Les animaux inclus dans des roches antérieurement, avaient des yeux. On en déduit qu’il y avait de la lumière ; et en effet certains des plus anciens restes organiques avaient une vision remarquablement adaptée à leurs circonstances, comme les trilobites du Silurien ou d’autres couches, qui avaient des yeux ayant jusqu’à 6000 facettes (Owen, Pal. p. 48, 49, 2° Éd.). Le langage du verset 2 de la Genèse est parfaitement compatible avec ceci, si on le compare au verset 1, et on peut naturellement supposer que les ténèbres étaient le résultat de l’état de désordre du v. 2. Confondre les deux versets est à la fois contraire à une interprétation solide du récit biblique, et aux faits que la science enregistre et explique. On peut être tout à fait certain que l’Écriture échappe à toute erreur, et reste toujours cohérente avec ce qui est démontré de manière irréfutable ; pourtant elle ne quitte jamais son domaine spirituel pour aller occuper le lecteur avec de la physique. Veut-on réduire à la lenteur de la nature de la terre adamique les opérations gigantesques des ères géologiques, avec leur destruction et leur reconstruction et leurs nouvelles espèces et genres biologiques ? C’est la folie moderne à la mode, c’est «faire un monde à sa propre image», mais ce n’est que des préjugés, et des préjugés mal informés. Il est absurde de nier que les organismes inclus dans les strates ont été, en leur temps, des animaux réels et des plantes réelles, et il est également absurde d’attribuer leur origine à une force plastique dans la terre, ou à l’influence du ciel ; mais ça ne vaut pas mieux d’occulter les preuves de convulsions extrêmement violentes et rapides avant l’apparition de l’homme ; ces convulsions terminaient une ère géologique et en inaugurait une autre, avec sa flore et sa faune se succédant et adaptées à la nouvelle ère selon la sagesse, la puissance et la bonté de Dieu.
Ni le v. 1, ni le v. 2 ne sont un sommaire de la terre adamique ; celle-ci ne commence sa préparation qu’au v. 3. Il y a donc trois états bien distincts : la création originale de l’univers ; la terre devenue désolation et vide ; le renouvellement de la terre pour l’homme, son nouvel habitant et son dominateur. Comment ces trois événements sont-ils arrivés alors que le moindre d’entre eux est prodigieux ? La science est muette à cet égard, à cause de sa complète ignorance. Elle peut seulement parler, et encore en hésitant, sur les effets de ces événements et, beaucoup moins hardiment, sur la création dans le plein sens du terme, mais il est bien vrai que quelques uns reconnaissent ce point ouvertement et de bon coeur. Quelle différence avec le langage incomparable de l’Écriture, qui a révélé ces choses aux petits enfants, mais les a cachées aux sages et aux intelligents, ou les leur a laissées incertaines ! C’est de la Bible, et sur la base de son autorité infaillible, qu’on devrait trouver la connaissance de ces choses : elles figurent dans les premiers mots écrits que Dieu a donnés à l’homme ; Rome et Athènes n’étaient pas encore sorties de l’état barbare, si tant est même qu’elles existassent déjà.
Notre v. 2 montre donc l’état de confusion de la terre, différent tant de l’ordre de la création première, que de la terre d’Adam et de ses descendants ; il nous est dit de cet état que l’Esprit de Dieu «planait sur la face des eaux». Par son Esprit, le ciel est beau (Job 26:13) ; quant aux créatures en général, il est écrit : «Tu envoies ton Esprit ; ils sont créés, et Tu renouvelles la face de la terre» (Ps. 104:30). Ce verset parle de la terre qui allait être celle de l’homme, et il montre le passage d’un état à l’autre. Tout est appelé à l’existence par la Parole de Dieu (1 Tim. 6:13). La sagesse se réjouit dans la partie «habitable» de la terre (Prov. 8:31). Un vent puissant peut faire rage sur l’abîme. Mais ce qui «plane», c’est l’Esprit de Dieu, non pas le vent. Que de merveilles nouvelles étaient en route !


3. 1.3 Chapitre 1 v. 3 à 5
Bible Treasury vol. 18, p. 225-228 (1891)
Nous entrons maintenant en contact direct avec la terre habitable et son environnement. Au verset 1, nous avions la création des cieux et de la terre, en dehors de toute date ou temps défini ; au verset 2 nous avons une condition de confusion amenée par l’extérieur, mais l’Esprit de Dieu planant sur la surface des eaux. Ce qu’on trouve dans ces deux versets n’a rien à faire avec la terre de l’homme sauf que la terre a traversé successivement l’une et l’autre de ces différentes conditions. Celui qui connaît Dieu ne peut nullement douter qu’un but de haute valeur et rempli de sagesse marque la seconde condition (chaos du verset 2) autant que la première (création du verset 1), bien que ce soit plus évident pour la première. Pourtant, aucune de ces deux phases n’est en relation immédiate avec l’homme, bien que tout y soit fait pour la gloire de Dieu et en vue de l’homme, par dessus tout en vue du Second homme (c’est le Nouveau Testament qui permet de l’affirmer sans hésiter). Les observations géologiques et les déductions qu’on en tire se situent avant tout dans le cadre défini par ces deux versets préliminaires. Ces versets s’expriment en peu de mots et en termes généraux ; une large place est laissée à la recherche. Le croyant sait d’avance que les conclusions théoriques aussi fondées soient-elles, doivent cadrer avec les phrases inspirées. L’oeuvre des six jours n’a que peu, ou même rien à faire avec la géologie. Il peut y avoir des analogies dans une certaine mesure entre les oeuvres des 3°, 5° et 6° jours et certaines périodes géologiques antérieures telles qu’on les suppose, mais la Bible passe par-dessus sans mot dire, comme des choses en dehors de son domaine et de son objet, tout en leur laissant toute la place qu’on veut dans les versets 1 et 2. L’effort fait pour étayer par l’autorité de l’Écriture une correspondance directe entre les jours du ch. 1 (que ce soit trois ou six d’entre eux) et les ères géologiques n’est qu’une pure illusion. Si seulement un tel usage de la géologie était sans conséquence, mais ce n’est que du manque de respect pour la parole de Dieu et c’est n’y rien comprendre. Y a-t-il des discordances entre le récit biblique et certains faits totalement avérés ? Rien ne l’a prouvé, ni dans la géologie, ni dans aucune autre science, même plus certaine et plus mûrie. Celui qui est affermi dans la vérité révélée peut se permettre d’écouter toutes les affirmations des experts même lorsqu’ils se basent, comme souvent, sur un raisonnement partiellement inductif quant aux faits. En dehors de l’Écriture, il n’y a rien pour lequel le croyant ait à se battre ; si l’Écriture parle, il croit, sans se troubler de ce que la science peut prétendre de contraire ; si la science confirme l’Écriture, tant mieux pour la science. La parole de Dieu n’a certes pas besoin de l’imprimatur des hommes.
Si on fait appel à une quelconque des branches des sciences physiques au sujet du premier jour, on n’aura pas de réponse claire. La géologie n’en dit rien, on le reconnaît. L’astronomie et l’optique ne font pas mieux. La science comme telle, laisse Dieu de côté — je dis la science, non pas les scientifiques, car beaucoup parmi les plus grands d’entre eux, ont été de vrais croyants. La science en elle-même ne sait rien de la puissance qui a été à l’origine, elle ignore la Cause Première, et habituellement, elle esquive même les causes finales pouvant faire appel à l’intervention d’une cause première. Elle s’occupe d’un ordre établi dans le monde, et des causes secondes, spécialement celles qui opèrent sous les yeux des hommes ou qu’on peut déduire de façon probable par l’expérience. Pour celui qui manque de réflexion, le danger est évident, réel et notoire. Ce serait moins le cas si la science était assez honnête pour reconnaître son ignorance dans ce qui dépasse sa sphère. Mais souvent elle interprète et dit : «il n’y a pas» là où, en toute logique et selon la morale, elle devrait dire : «je ne sais pas». Ce n’est pas seulement de l’audace sans fondement, mais un péché de la pire espèce. L’insensé a dit en son coeur : «il n’y a point de Dieu» (Ps. 14 et 53). Là où la science se reconnaît arrêtée par un mur opaque, c’est justement là où l’Écriture proclame la vérité de Dieu. Ce que Dieu connaît, Il le révèle pour autant qu’Il l’estime convenable dans Sa sagesse et Sa bonté. «Et Dieu dit : Que la lumière soit. Et la lumière fut. Et Dieu vit la lumière, qu’elle était bonne ; et Dieu sépara la lumière d’avec les ténèbres. Et Dieu appela la lumière Jour ; et les ténèbres, il les appela Nuit. Et il y eut soir, et il y eut matin : — premier jour» (1:3-5).
Qui aurait écrit ceci si ce n’est un homme inspiré ? Si vous dépréciez Israël en le qualifiant de peuple illettré, voire grossier et barbare, ce sera un miracle d’autant plus merveilleux. Trouve-t-on pareil enseignement en Égypte, à Babylone, en Grèce ou à Rome ? Comment Moïse en est-il arrivé à déclarer les faits comme il les a écrits ? Je ne parle pas de ce qu’il y a de sublime et que Longinus a si justement vanté, mais de ce que l’expérience humaine n’aurait jamais pu suggérer ; car un homme vivant, jugeant selon les phénomènes universellement connus, aurait toujours regardé le soleil comme la grande source de lumière ; et s’il avait dû faire le récit par écrit, il aurait commencé naturellement par cet astre brillant. Autrement dit, l’oeuvre du quatrième jour aurait dû plutôt prendre place au premier jour. C’est ce que les philosophes ont enseigné ensuite pendant des siècles. Mais telle n’est pas la vérité ; quelle que soit la difficulté apparente et évidente de compréhension, surtout en ce temps-là, c’est la vérité qu’il a été donné à Moïse d’écrire. Comme l’apôtre l’exprime environ 15 siècles après, Dieu a dit que, du sein des ténèbres, la lumière resplendit (2 Cor. 4:6). Il n’est pas dit que les ténèbres étaient partout, mais «sur la face de l’abîme», et maintenant qu’il était question d’une terre pour la race humaine, Dieu a commandé à la lumière d’y briller. Il n’est pas dit qu’elle fût «créée» à ce moment-là ; il y a d’abondantes raisons pour conclure que la lumière pré-existait déjà, durant les diverses ères géologiques, et à différentes phases de la terre, et même pendant de fort longues durées pour les règnes végétal et animal. Mais ceci est de la science, non pas de la foi, bien que le récit de l’Écriture soit la seule cosmogonie laissant le champ libre pour cela.
Ce qui est affirmé ici (après la confusion complète ayant régné sur la terre, et après les ténèbres sur la face de l’abîme, l’Esprit de Dieu planant sur la face des eaux), c’est que Dieu s’est interposé et a dit : «Que la lumière soit» ; et la lumière fut. Pour ce qui concerne la terre adamique, les luminaires n’étaient pas encore entrés en fonction comme maintenant : c’est là l’oeuvre du quatrième jour. L’expression : «Que la lumière soit ; et la lumière fut» est un langage s’accordant avec les vues sur la lumière qui prévalent dans les temps relativement modernes, non pas celles de la théorie de Sir Isaac Newton qui voyait dans la lumière une émanation du soleil. Si on admet généralement que les phénomènes de lumière sont le résultat d’une action moléculaire, et s’ils dépendent des qualités fondamentales de la matière dans sa constitution présente, de sorte qu’il n’y a pas eu création d’un élément ayant son existence propre et autonome (c’est ainsi que la science pense maintenant), n’est-il pas d’autant plus remarquable que les paroles de Moïse échappent à toute erreur, sans pourtant devancer les découvertes scientifiques ? Elles n’expriment rien d’autre que la vérité en termes très clairs. C’est à la parole de Dieu qu’est apparue une activité immédiate de la lumière, jusqu’alors sans activité.
Mais la science dépasse facilement sa mesure, elle généralise hâtivement. Elle contredit ainsi le récit inspiré quand elle s’aventure à dire que ce «que la lumière soit» du premier jour doit avoir précédé l’existence de l’eau et de la terre, et des composés solides, liquides ou gazeux de toute sorte. On est d’accord que la lumière intervient dans la fabrication de tels composés. Mais les versets 1 et 2 donnent un témoignage certain que la «terre» et «les eaux» existaient déjà, non pas avant la lumière, mais avant cette parole particulière de Dieu disant «que la lumière soit» ; et c’est cette parole qui a déclanché l’action de la lumière sur la terre de maintenant, après le temps de confusion et de ténèbres précédent.
C’est donc une erreur, en conflit positif avec le contexte, d’admettre qu’il n’y avait pas de «lumière» dans l’état de chose décrit au verset 1. On peut tenir pour admis que même la «terre» et «les eaux» du verset 2, quels que soient alors l’état de ruine et de ténèbres, avaient déjà eu préalablement de la «lumière», ne serait-ce que pour les former. Le verset 3 n’est donc pas réellement le signal du commencement de l’action créatrice, mais l’indication d’un renouveau de l’activité de Dieu, s’occupant de détails, bien longtemps après la création de l’univers, et de ses galaxies, soleils, planètes et satellites. Prenons le récit simplement en face : après l’oeuvre puissante de l’univers, et la désolation tombée sur la terre et ses immenses conséquences, Dieu parle, et sa parole forme la terre Adamique avec tout ce qui l’accompagne. Nous pouvons d’ailleurs noter, en anticipant sur le quatrième jour, qu’il n’y a là aucune suggestion de création des masses physiques du soleil, de la lune ou des étoiles. En ce quatrième jour, on n’a rien d’autre que leur mise en place en tant que luminaires en relation positive et déclarée avec la terre. Leur création dans le temps relève de 1:1 ; mais pour le reste, les détails sont ailleurs, à leur place. Il est exact qu’au premier jour la lumière a dissipé les ténèbres qui prévalaient, et il est du plus profond intérêt de voir que tel est l’objet de la première parole de Dieu et de Sa première action pour la terre de l’homme. Mais ceci ne dit rien sur la création des cieux et de la terre à l’origine. On ne comprend pas non plus pourquoi «les eaux» du verset 2 ne devraient pas être littéralement des eaux, au motif que de profondes ténèbres voilaient l’abîme. C’est ce type d’incohérence qui découle nécessairement de fausses prémisses, lorsqu’on confond le «au commencement» du verset 1 avec le «premier jour» des versets 3 à 5 et suivants ; et cette confusion contient aussi l’erreur extraordinaire de prendre le verset 2 pour l’état originel de la terre du verset 1, lorsque Dieu la fit venir à l’existence.
L’hypothèse selon laquelle la terre à sa création était un chaos glacial ou un globe gelé est certes étrange, mais on ne peut guère y échapper si l’on nie des états successifs depuis la création selon la volonté de Dieu, ou, et selon une pensée dans la même ligne, si on affirme que la «création» du soleil etc… n’a eu lieu qu’au quatrième jour. On argument en effet, qu’en admettant ces états successifs et cette «création» du soleil seulement au quatrième jour, la terre aurait du être presque sans nuage, bien illuminée et bien réchauffée au préalable — autrement dit une impossibilité. Mais c’est un raisonnement fallacieux que de partir de l’état de choses telles qu’elles sont, et de l’appliquer à une condition si éloignée (selon le récit biblique lui-même) de ce que Dieu a formé ultérieurement pour l’homme. La question qui se pose réellement est simplement de savoir ce que Dieu nous dit de cet état anormal du verset 2. Aucun mot n’implique que ce fût glacial, sauf que les ténèbres étaient sur la face de l’abîme, ce qui pourrait plutôt avoir été l’effet de la chaleur agissant sur la terre et les eaux, un état transitoire, postérieur à l’ordre initial, mais antérieur à ce qui a été préparé pour Adam (*). Le récit n’identifie en aucune manière le désordre du v. 2 avec la terre lors de sa création au verset 1 ; mais il distingue certainement la dislocation ténébreuse du verset 2 d’avec l’oeuvre du quatrième jour quand la terre, le soleil et les étoiles devinrent un système global comme aujourd’hui. En bref, le dilemme paraît être sans fondement. La vraie portée du verset 2 n’est pas du tout que la création originelle était une scène de ténèbres, même pour la terre, mais que les ténèbres étaient sur la face de l’abîme quand la terre — non pas les cieux — a été jetée dans la confusion bien longtemps après sa création. La lumière n’est pas un élément pouvant être réduit à néant (ce qui serait absurde), mais c’est un état découlant de l’activité moléculaire que Dieu peut arrêter, et il l’a arrêtée ici, en ce qui concerne «l’abîme». La lumière a agi absolument de la même manière en d’autres circonstances, et elle a agi depuis, sur la terre, durant la formation des couches des ères Primaire, Secondaire et Tertiaire, sans parler de ce qui précédait ; les hommes pourront découvrir et interpréter les détails selon leurs possibilités scientifiques, mais ces détails sont étrangers à l’Écriture, aussi bien que ceux des cieux étoilés, avec leurs merveilles et leurs mouvements.
(*) Sans vouloir dogmatiser sur la science, il est curieux de voir comment les auteurs divergent. La théorie de la nébuleuse de La Place («Exposition du système du monde», le sujet d’orgueil si vanté de la science moderne à l’encontre de Genèse 1) suppose que toutes les planètes existaient avant que le soleil n’arrive à son état actuel. Arago, Humboldt et d’autres, prétendent que le soleil était, et est encore, un globe sombre simplement pourvu d’une atmosphère lumineuse ! Le Dr A. Mc Caul se réfère aux découvertes de Kirchhoff pour prouver que la terre existait avant le soleil et avait sa lumière propre. Quelle valeur peut avoir une spéculation quelconque sur le système solaire avant la préparation de la terre pour la race humaine ? Le domaine propre de la science n’est pas ce qui s’est passé il y a longtemps, mais le classement correct des faits groupés sous des lois générales résistant à l’épreuve des tests.
La «création» de la lumière, en premier ou au second rang dans l’univers, n’est donc qu’un faux pas de philosophes. L’Écriture est plus exacte que ses commentateurs modernes, même quand ils s’efforcent de montrer que la science s’accorde avec la Bible. Dans l’obscurité recouvrant la terre jetée dans la désolation, Dieu a fait agir la lumière : c’est là Son action caractéristique du premier jour de la semaine, ce bref cycle qui s’achève avec la création de l’homme, le nouveau maître de la terre et le représentant de Dieu ici-bas. «Et Dieu vit la lumière, qu’elle était bonne ; et Dieu sépara la lumière d’avec les ténèbres ; et Dieu appela la lumière Jour, et les ténèbres Il les appela Nuit» (1:4-5). Ceci nous présente Dieu réfléchissant, et considérant avec grâce la race qu’Il allait créer sur la terre, et exprimant ces considérations, et fixant ses pensées sur les réalités qui allaient se déployer en rapport avec l’homme, des réalités bien plus solennelles que la lumière et les ténèbres, le jour et la nuit, pris au sens littéral. Pourtant la lumière des yeux réjouit le coeur, dit le Prédicateur (Prov. 15:30) et elle est douce (Eccl. 11:7) ; Dieu l’a qualifiée de «bonne». «Et il y eut soir et il y eut matin, premier jour (ou un jour)». Gardons-nous de prendre les ténèbres précédentes comme étant le soir. Il paraît plutôt que la lumière a brillé, puis qu’elle a disparu dans la nuit, et a brillé à nouveau pour le jour, constituant ainsi le premier jour. Que la terre ait commencé à tourner sur son axe avant l’apparition du soleil en tant que luminaire, et qu’on ait ainsi eu le phénomène du soir et de matin, cela est facile à comprendre. Le fait est certain ; le «comment» n’était pas difficile pour Celui qui parla et ce fut fait. Notre place est de L’honorer en croyant sa Parole, car sans cette foi, rien n’est comme il faut. Un autre premier jour allait être témoin d’une meilleure lumière : là aussi, Celui qui est la Vraie Lumière a brillé, de façon encore plus éclatante, alors que des ténèbres plus profondes régnaient partout, et Lui aussi existait avant les ténèbres.
Si l’exposé qui précède est exact, le jour de la première semaine est bien un jour de 24 heures. Personne ne nie que dans l’Écriture, comme dans le langage commun, on utilise le mot «jour» au sens général ou figuré, selon ce qui est utile ; ce mot peut donc couvrir une période très longue. Ce n’est pas une source d’embarras pour un lecteur attentif : comme toujours, la clef est dans le contexte. Dans ce chapitre, comme dans le suivant, le mot est appliqué de plusieurs manières selon les exigences particulières du cas ; nulle part il y a doute. Ici ce sont les expressions «soir» et «matin» qui tranchent. Cela ne peut signifier qu’un jour de 24 heures, à cause de ces bornes. La Parole prend soin d’utiliser la même phrase (il y eut soir, il y eut matin, premier jour… deuxième jour… troisième jour… quatrième jour… ) sans qu’il y ait de différence de durée du jour, même implicite, entre avant ou après que le soleil ait été mis en route (1:16-18) pour réguler le jour — de 12 heures — (non pas entre avant ou après qu’il y ait un soleil). On n’aurait pas toléré un sens de durée prolongée pour cette semaine bien délimitée, s’il n’y avait pas eu ces erreurs de mêler le «commencement» avec le premier jour et les jours suivants, et de qualifier de chaos le premier état des cieux et de la terre, et par là de gommer leur création à tous les deux. Car où est réellement le «créa» dans un tel schéma ?
Ceci sera encore plus convaincant quand on va s’attaquer aux six jours vus comme embrassant les immenses ères géologiques. Cela ne serait pas aussi lumineux si on prenait la parole comme une rêverie poétique. Mais quand on revendique le caractère de simple dignité du vrai père de l’histoire pour la prose incomparable de Moïse, l’effort tendant à faire correspondre tout ou partie des six jours avec les ères géologiques de formation de la croûte terrestre, cet effort, dis-je, se révèle être un échec d’autant plus cuisant et brutal. Prenez le premier jour et faites le test : allons-nous imaginer une ère tout entière occupée par la lumière brillant pour dissiper les ténèbres précédents ? Et si c’est incohérent pour le premier, le deuxième et le quatrième jour, combien bien plus incohérent de le vouloir pour le troisième, le cinquième et le sixième jour ? Et le septième jour, ou sabbat, devrait honnêtement mettre encore plus en déroute une pareille construction. En tout cas, le sens figuré n’est ici, ni pertinent ni adapté. Nous verrons en son temps, à partir de l’Écriture, qu’allonger le sabbat pour en faire une durée immense, est tout autant sans fondement.
Dans le livre «Sermons dans des pierres», il a été tenté ingénieusement de montrer que l’Esprit planant à la surface des eaux au verset 2, signifiait la création des animaux sous-marins (zoophytes et mollusques bivalves sans organes visuels) avant la lumière ; ensuite, avec la lumière, au second jour viendraient des animaux d’une classe supérieure pourvus d’organes de vision ; et finalement les poissons vertébrés arriveraient en troisième. Mais tout cela n’est qu’une erreur contredite par le récit biblique : celui-ci n’admet une nature animée pour le monde de l’homme qu’après le quatrième jour. Toute cette confusion est due à la mauvaise interprétation qui transforme les «jours» en ères. Selon le récit biblique, le fait que l’Esprit planait sur la face des eaux est quelque chose de très général, qu’on ne peut préciser, comme ce qui est avant le premier jour. Et si les jours sont simplement des jours de la semaine où Adam fut créé, la géologie ne peut ni l’affirmer ni le contredire. Son rôle principal est de faire des investigations sur les preuves des ères successives de la croûte terrestre avant la race humaine. On est bien d’accord que le langage de la Genèse utilisé par l’inspiration divine est celui d’une description de phénomènes ; mais cela n’appuie pas l’hypothèse d’une vision de Moïse. C’était une communication divine à et par Moïse ; comment elle a été donnée, nous ne savons pas ; ne spéculons pas sous peine d’errer. Une vision pourrait lui avoir montré des animaux sous-marins dans des conditions au-delà du naturel ; mais l’hypothèse est inventée pour insérer la création d’animaux non mentionnés dans le récit.
Enfin il faut bannir la notion d’un voile noir d’une nuit ininterrompue comme étant la condition initiale : c’est une idée païenne, non pas biblique. Il n’en était pas ainsi avant le verset 2, qui décrit un état ultérieur et transitoire. Le premier verset suppose un univers en ordre ; le second une interruption de grande importance pour l’homme ; puis au verset 3 la semaine commence au cours de laquelle la terre a été préparée comme demeure de l’homme, lui-même étant fait au sixième jour de la semaine. Les ères géologiques ont passé avant que commencent les mesures humaines du temps. Si le récit avait été lu correctement, l’Inquisition aurait pu s’éviter son jugement suicidaire et inintelligent contre Galilée ; car la comparaison du premier et du quatrième jour est en faveur des théories de Copernic et condamne l’ancienne philosophie de Ptolémée. Le récit biblique s’accorde avec la terre tournant autour de son axe en rapport avec le soir et le matin, indépendamment du fonctionnement du soleil formé peu après. Notons simplement que la dissipation des ténèbres profondes n’a été ni primordiale ni universelle comme beaucoup d’hommes de sciences l’ont hâtivement supposé. Cette dissipation n’a rien à voir avec les cieux, pas plus que le désordre qui est tombé sur la terre, aussi long que soit le temps alors écoulé.

4. 1.4 Chapitre 1 v. 6 à 8
BT 18 p. 241-242
Heureusement l’oeuvre du second jour nécessite des remarques d’autant plus courtes que les celles sur les versets précédents ont été assez complètes. Dans ces premiers versets, on a vu l’état originel de la création «au commencement», puis l’état de confusion introduit de l’extérieur ; enfin l’oeuvre du «premier jour» qui introduit la semaine de préparation de la terre en vue de la race humaine.
La proximité directe de l’oeuvre du premier jour avec celle du deuxième, s’applique aussi à chacun des jours suivants. Quelles que soient les raisons des scientifiques pour étayer des processus s’étalant sur de vastes intervalles de temps avant les sept «jours» de Genèse 1, il y a toutes les raisons, non pas pour douter de l’Écriture, mais pour la croire : elle dit clairement et positivement que l’oeuvre de six jours n’a pas duré de longues ères, mais a été réellement comprise dans l’intervalle défini par un soir et un matin. Il n’est vraiment pas naturel de supposer l’existence de toute une ère pour que la lumière se mette à agir le premier jour ! et pourquoi supposer autre chose pour le deuxième jour et les jours suivants ? Après le «commencement» et avant les sept «jours», il y a place pour une succession d’ères ; par contre, prendre les «jours» dans leur portée naturelle est, de manière frappante, en harmonie morale avec l’homme, la dernière des oeuvres de l’oeuvre de Dieu en création durant cette semaine-là.
Il n’y a ainsi pas lieu de se disputer pour savoir s’il y a eu des périodes longues à caractère progressif, ou bien des actes successifs brefs. D’un côté le récit est écrit de manière à laisser, avant que l’homme existe, tout l’espace voulu pour les recherches et découvertes scientifiques ; d’un autre côté, ce n’est que peu avant la création de l’homme qu’apparaissent les autres détails sous l’effet des «fiat» (*) divins. Ces deux manières de voir ont chacune leur part de vérité, et l’erreur est de vouloir les opposer. On peut comprendre que, si Dieu l’a voulu, il y a eu des temps immenses laissés pour des actions physiques, avec des causes secondaires opérant avant l’apparition de l’homme ; on a trouvé des preuves de convulsions allant bien au-delà des volcans, ou du déluge ; tout cela les géologues nationaux ou étrangers l’admettent, même si d’autres élaborent d’autres spéculations. Certains sentent la beauté de la condescendance de Dieu — cela ne L’amoindrit pas — daignant opérer en six jours et se reposer le septième après avoir apprêter la terre pour recevoir, non seulement l’homme sous Son gouvernement moral divin, mais aussi le Second Homme : c’est Lui qui allait glorifier Dieu entièrement, donner la vie éternelle à ceux qui croient, et démontrer l’indignité de tous ceux qui rejettent Sa grâce, ne se repentant pas de leurs péchés — voilà la véritable raison, intelligible et bénie, pour laquelle cette terre, de taille si insignifiante par rapport au vaste univers de Dieu, a une position incomparable dans Sa faveur, bien au-dessus de toutes les autres planètes, soleils ou galaxies. Si l’homme fait une telle différence quant à ce qu’est la terre, Christ en fait une encore bien plus grande : et pourtant Il n’a pas encore montré Son royaume glorieux sur la terre, ni comment l’homme et la terre — sans parler des cieux — y seront selon Sa grâce et les conseils de Dieu.
(*) Note Bibliquest : Fiat, mot latin signifiant «qu’il soit fait», «qu’il y ait». «Que la lumière soit» est traduit en latin par «Fiat lux».
Mais parlons un peu du second jour. Voici ce que dit l’Écriture : «Et Dieu dit : Qu’il y ait une étendue entre les eaux, et qu’elle sépare les eaux d’avec les eaux. Et Dieu fit l’étendue, et sépara les eaux qui sont au-dessous de l’étendue d’avec les eaux qui sont au-dessus de l’étendue. Et il fut ainsi. Et Dieu appela l’étendue Cieux. Et il y eut soir, et il y eut matin : — second jour» (Gen. 1:6-8).
Il n’y a pas plus de raison d’imaginer qu’il s’agisse là de la première création des cieux atmosphériques, que nous n’en avions pour voir la première existence de la lumière lors du «premier jour». Le langage absolu utilisant le mot «créer» est évité dans les deux cas [ce mot «créer» n’est utilisé qu’aux v. 1, 2 et 27]. Il y avait eu la lumière pendant les longues ères géologiques précédentes, lorsque les plantes et les animaux terrestres et marins abondaient, — cette lumière convenaient pour les systèmes destinés à les abriter ; de la même manière ils avaient alors besoin d’atmosphère et, sans aucun doute, Dieu l’a mise en place avec tout le nécessaire pour leur maintien jusqu’à ce que, par la puissance de Dieu, une nouvelle condition succède à la première.
Ce qui constitue maintenant une ceinture pour la terre, peut ne pas avoir été toujours identique globalement au cours des diverses variations d’état des végétaux et animaux, avant l’existence de l’homme, sans parler de ce qui était avant l’existence de la vie. Le Créateur de tout a mis en place un environnement adapté à chaque état. Les restes de strates successives indiquent une admirable adéquation à la flore et à la faune de l’époque, toutes différentes de celles de la terre adamique et de ses habitants ; dans certaines de ces conditions antérieures, on peut douter que l’homme ait pu vivre, et de toute façon il n’y a pas vécu.
La grande difficulté pour les géologues, spécialement à cause du développement de la pensée incrédule est de pouvoir accepter l’idée d’une révolution telle que celle du verset 2. Même ceux d’entre eux qui sont chrétiens, ont peur d’être dirigés par des déclarations positives, et ils reculent devant la moquerie ignorante de ceux qui nient hardiment l’existence d’une discontinuité entre la création originale et les jours de l’homme sur la terre. Or, d’un côté il est certain que le récit biblique appuie l’existence d’une telle discontinuité (pour la terre entière, non pas pour une partie comme l’a imaginé le Dr Pye Smith dans un esprit de compromis), — cette discontinuité a nécessité de tout remettre en ordre — tout comme ce récit supporte la création de l’homme, le vice-gérant de Dieu, fait premièrement pour dominer sur toutes choses ici-bas. D’un autre côté il est inacceptable de supposer qu’aucune convulsion n’ait été capable de produire des changements tels que la désactivation de la lumière, ou la destruction des conditions atmosphériques. Ce ne serait qu’une incrédulité bornée. «Vous errez ne connaissant pas les Écritures, ni la puissance de Dieu» (Matt. 22:29). Combien la science explique peu, même sur la vie existante et son environnement ! Et combien il est indécent de voir la géologie se mettre à dogmatiser, alors qu’elle n’est qu’une science jeune ayant tant à explorer et à évaluer ; elle est si loin de la précision de la chimie par exemple, bien que là aussi il y ait tant d’inconnu.
Il faudra bien trouver un moment pour examiner brièvement la question de la co-existence des mammouths avec le boeuf musqué et d’autres quadrupèdes survivants. Mais on peut dire d’emblée qu’il n’est pas plus difficile de concevoir qu’en vue de la terre adamique, Dieu ait renouvelé des plantes ou animaux existant précédemment, que de Le concevoir réactivant la lumière au premier jour et l’atmosphère au deuxième jour. Le travail du premier jour consistait dans l’exercice instantané et parfait, voire exclusif, de la volonté divine ; il illustre et confirme celui du deuxième jour. L’Écriture place la description du verset 2 quelques temps avant que les jours ne commencent. Après le désordre, c’est la lumière qui a agi en premier, selon une révolution de la terre sur son axe. Le jour suivant, les cieux atmosphériques si essentiels à la lumière, au son, à l’électricité, à la végétation et à la vie animale, ont été appelés, ou plutôt ré-appelés, à exercer leurs fonctions après la confusion qui les a détruites dans des conditions dépassant nos connaissances.
Assurément ce renouvellement n’a pas nécessité une longue ère selon un processus graduel, mais une oeuvre pour laquelle Dieu a fixé un jour spécial, même si un instant lui eut suffit en principe. Dans le récit tel qu’il est, l’attention de l’homme est fortement attirée par Sa bonté pleine d’égards et toute puissante : Il a alors séparé «les eaux d’avec les eaux», sinon elles auraient rempli l’espace au-dessus de la terre avec une vapeur continue et auraient pris la place du mélange convenable de gaz qui constitue l’air nécessaire à toute vie. C’est comme la mise en place d’une machinerie fonctionnant avec la formation des nuages, la chute de la pluie, et l’évaporation ; et il s’y ajoute les pouvoirs réfléchissants et réfractants de ces eaux qui modifient la lumière et ajoute énormément à la beauté et à l’utilité de la création : le ciel aurait, sinon, couvert la terre d’un manteau noir. S’il n’y avait pas eu l’atmosphère ambiante, fluide et élastique, même si Dieu avait, par ailleurs, séparé les eaux de la terre sèche, il n’y aurait pas eu les vapeurs d’eau absorbées ou tombant en pluie ; il n’y aurait pas eu la rosée ; les sources et les rivières, fussent-elles formées, auraient tout entraîné ; l’eau l’aurait emporté ; et si la terre sèche avait subsisté quelque part, elle aurait été une masse sèche et aride, sans vie animale ni brin d’herbe. Mais arrêtons là. Je n’écris pas ces pages pour rechercher des processus physiques d’accès aux bienfaits de la création.
Il est maintenant bien connu, et les Hébraïstes compétents l’ont souligné bien avant que n’existe la science moderne, que le vrai sens du mot est «étendue» et non pas «firmament» qui nous est venu de la vulgate latine, et semble-t-il des Septante en grec. Il est possible que ces traducteurs juifs aux jours de Ptolémée Philadelphe aient cédé, ici et ailleurs, aux idées ou au moins à la phraséologie gentiles. Un grand rabbin savant et un professeur chrétien, ont émis l’opinion que la version grecque emploie le mot () dans le sens d’une troisième sphère, éthérée ou subtile, et non pas d’une voûte solide et permanente comme se plaisent à le soutenir les rationalistes, en se basant sur l’étymologie et sur un langage figuré. Le but est évident et le désir engendre la pensée. Déjà qu’on exclut Dieu de l’Écriture autant que de la création, et qu’on déifie la nature, qu’on exalte l’homme déchu (spécialement à partir du dix-neuvième siècle), on est ensuite tout content de dévaluer le texte, en citant des «fenêtres», des «portes», des «colonnes» et des «fondements», comme s’il s’agissait de cela littéralement. L’usage de ce mot «étendue» dans ce même chapitre (v. 15, 17, 20, 28) prouve suffisamment que le mot comprend l’idée de ciel transparent et ouvert, quelles que soient les mauvaises compréhensions du lecteur à toute époque. C’est pourquoi les versions anglaises autorisée et révisée traduisent par oiseaux de l’air au verset 28, l’estimant équivalent d’oiseaux des cieux. Il s’agit de l’étendue, incluant les cieux atmosphériques où les oiseaux volent, tout au moins dans la zone la plus basse. L’idée qu’il y ait une voûte solide est hors de question. Le mot original paraît plutôt dériver d’un mot exprimant l’élévation, comme la racine du mot «cieux» en certaines langues ; mais même si on dérive ce mot de l’idée de battre ou de forger, ne sait-on pas que même les mots ayant une origine matérielle s’appliquent à l’occasion dans le domaine éthéré (spirituel) selon le contexte ? L’Écriture présente réellement les cieux comme non localisés, et la terre comme suspendue à rien ; on n’y trouve rien nulle part pour étayer l’idée grossière d’étoiles fixes comme des clous plantés sur une voûte métallique. Seul un scepticisme de mauvaise volonté le prétend, mais c’est une calomnie indigne. Dathe a pris la liberté de

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