Réponse à Raphael-Rodolphe.
Je suis d'accord avec vous sur le fait de représenter Un, car effectivement, c'est Le déterminer, Le qualifier, Le limiter dans l'espace, le temps, dans Son action, Ses actions
Ce n'est pas du tout ce que j'ai dit !
C'est le zéro qu'on ne peut pas qualifier ou déterminer même par un nom, sans le dénaturer. Au risque de me répéter, Elohim est Tohu et Bohu, car en lui, il n'y a pas de terre, ni de cieux. Il est le Non-Existant total et infini.
Pour donner un exemple, en mathématique, le seul nombre qui ne soit pas rattaché à une quantité est le 0. on pourrait presque dire que c'est un non-nombre. Mais sans lui, il n'y a plus de mathématique !
Le vide et le néant, voilà la source de l'existence. Je sais que cela est difficile à imaginer et à se représenter, et en réalité, on ne peut pas se représenter cela, et pourtant, les scientifiques ont largement démontré cette réalité. Lorsque le NT parle de Theos, il évoque le dieu du chapitre 1 de la genèse.
mais il faut bien pour notre entendement terrestre, le dimensionner, le déterminer, et aussi le nommer, afin de référencer et mettre en notre mémoire de façon compréhensive, affective...
Absolument ! C'est pour cela qu'Elohim génère IHWH, le point limité, et infime, à partir duquel, on peut construire. Se représenter le Vide absolu d'Elohim, c'est ne pas être capable de distinguer un point parmi tous les autres. Tous ces points vides sont identiquement vides.
Mais avec IHWH, il y a un point particulier, qui se distingue des autres, bien qu'il soit vide aussi, mais ce point reçoit la pointe du compas (le souffle) qui tournoie dans l'espace, dans le but de tracer un cercle de matière. IHWH, est ce point que l'Esprit prend comme point d'appui de la construction. C'est ce point qui est la lumière, parce que sans lui, aucun cercle ne pourrait être tracé. Cela, l'homme peut très bien se le représenter, même si l'image du compas n'est qu'une image.
Comme l'entendement des créatures ne peut pas démarrer par l'excellence, Elohim a voulu que IHWH soit le plus limité possible, pour que le cercle soit le plus parfait possible. Il aurait pu faire d'emblée un IHWH complexe. mais il a fait un IHWH tout simple, facile à cerner. Maintenant, je ne suis pas sûr que les méthodes affectives parviennent à saisir ce mystère. Je pense que l'être humain est destiné à comprendre ce geste d'abaissement d'Elohim, qui consiste à, créer par un appauvrissement de lui-même. Cet abaissement de Dieu à l'homme doit donner place à une élévation de l'homme à Dieu, et cela, c'est la voie du Christ.
Mais cette élévation de l'homme à Dieu, ne peut se faire que par un abaissement réciproque, et donc, par l'anéantissement de soi, l'homme doit recréer Dieu en lui. C'est la somme des deux anéantissements, qui peut être représentée comme l'amour, lorsqu'il y a unisson et entente.
Dieu se limite pour créer la vie et les phénomènes, et les phénomènes et la vie doivent s'amortir (dans amortir, il y a mort) pour créer Dieu. L'homme a besoin de Dieu pour vivre, et Dieu a besoin de l'homme pour vivre dans l'homme.
Lorsqu'ils se rencontrent, il y a mariage du zéro et du multiple, et c'est là le UN. IHWH conçu dans le principe doit objectiver le multiple, par la division, jusqu'au moment où cette division est renversée et que le multiple se rallie au zéro. le Un est alors l'intermédiaire entre le 0 et le multiple.
Pour un individu, le Un c'est lorsqu'il ne se voit plus comme différent des autres, mais en synergie, et pour y parvenir, il faut tuer en soi la faute originelle, s'exercer à ne plus juger les choses selon un mode de séparation, mais bien de complémentarité.
Les mystiques approchent cette esprit de complémentarité en devenant indifférent à bien des choses du monde. Et c'est là que le niveau émotionnel apparaît plus comme parasite que comme un facteur de détachement. Le discours moderne de l'amour est vrai métaphysiquement, mais faux émotionnellement. Or notre époque est celle de la sentimentalité la plus libre et aussi la plus folle. La preuve en est des réactions sur ce site, qui révèlent un attachement encore très fort de certains à leurs émotions ou à leur groupe. Par la différenciation que les gens peuvent faire de leur religion à celle des autres, ils sont dans le monde, et non dans la perspective du UN. Le chrétien voit tout le monde comme chrétien. Il ne se distingue de personne. Il est passe-partout, et pour lui, il n'y a plus de murailles culturelles. Voilà le UN. Mais c'est aussi en soi, que l'être doit en conscience se faire UN, et là, dans toutes les voies mystiques, il y a une rencontre avec le zéro. C'est la voie. Et elle est difficile, croyez-moi. C'est pas évident de rencontrer le zéro sur son chemin, alors qu'intellectuellement, on ne doute pas de sa réalité, mais être conscient de RIEN, c'est comme mourir, c'est un amortissement réussi, comme un silence qui fait suite à la voie qui crie dans le désert. On ne peut faire vraiment le Un que par le zéro !