Lorsque l'on pose le problème du mal aux croyants (Je rapelle l'énoncé : Si Dieu existe, le mal existe. Si Dieu ne peut et/ou ne veut le supprimer, il est respectivement impuissant et/ou cruel. Si il veut et peut le supprimer pourquoi ne le fait il pas?) ils font une pirouette qui consiste à prétendre que le mal viendrait uniquement de l'Homme et du libre-arbitre que Dieu lui aurait laissé.
Cette "pirouette" n'est pas toute la réponse.
Tout d'abord, je pense qu'il convient de rappeler que le mal constitue un des mystères de la foi, c'est à dire qu'il est une donnée qui ne peut cesser de nous remettre en question, dans quelle direction que ce soit:
Participé-je au mal?
Comment je situe ma foi par rapport à ce mal?
Comment je réagis vis à vis de ce mal?
Ensuite, la réponse principale est à mes yeux, le thème de débats qui ont été souvent abordés dans ce forum, à savoir le thème du dieu "super policier". On ne peut traiter de l'intervention de Dieu par rapport au mal sans parler de ce qu'Il est.
A ce sujet je vous renvoie ce sujet de débat, initié par un athée, et qui est très intéressant et très révélateur:
http://www.forum-religion.org/topic17077.html (sujet "God is back")
Nous exigeons de la part d'un dieu qui existe(rait) une toute-puissance qui le ferait empêcher toute souffrance.
Autrement dit, nous voudrions vivre dans un paradis, contrôlé par un super flic, Dieu.
Et puis tant qu'à faire, puisqu'il nous faudrait éliminer toute peine aussi, alors, évidemment, nous voudrions aussi être immortels.
Ce qui revient à dire que nous voudrions être des dieux.
Autrement dit, et je pense ne pas faire de raccourci sauvage, lorsque nous ne croyons pas en Dieu puisque nous connaissons le mal, cela revient à dire que nous ne croyons pas en lui parce que nous mêmes, nous ne sommes pas des dieux.
La réponse, ici, du croyant, est celle-ci: C'est par orgueil que nous refusons de croire . Nous refusons notre condition, nous voudrions nous mêmes, au fond, être des dieux, pas moins.
Je ne dis pas ici que "c'est mal de penser ainsi". A la limite, c'est plutôt logique, en fait. Mais nier Dieu dans ce sens là (il y a d'autres manières de nier Dieu), c'est nier ce que nous sommes, c'est ne pas accepter de relever le défi de notre existence, et ne pas accepter de nous ouvrir à l'inconnu, Dieu étant, pour le croyant, le summum de l'Inconnu, qui vient à nous pour se faire connaître en respectant, Lui, ce que nous sommes, c'est à dire des êtres libres.
D'autre part, ce sont parfois ces même croyants qui prétendent ensuite que les moments difficiles que l'on rencontre dans une vie sont des "épreuves" infligées par Dieu à ses ouailles pour tester leur fidélité.
Non, ça, çe n'est pas la réponse de tous les croyants.
Ne les mettez pas tous dans le même panier.
Le thème central du mythe de la Genèse est d'afirmer la conviction profonde, justement, que Dieu n'est pas à l'origine du Mal, et que l'Homme, même s'il participe au mal, n'en est pas non plus le seul acteur.
Dieu n'inflige pas des souffrances pour tester l'Homme, c'est un non-sens. Par ailleurs, je sais que je ne partage pas le même point de vue à ce sujet que les Musulmans. Bon. C'est ainsi... Rendez-vous sur le forum islamo-chrétien!
Le mal est une épreuve pour la foi, quoi qu'il en soit.
Imaginer un dieu qui punirait quelqu'un pour l'avoir renier à cause de ses souffrances, c'est digne d'une religion barbare. Les seules épreuves que dieu pourrait nous donner sont celles que nous sommes capables de surmonter, afin, justement, de purifier la vie spirituelle. Rien de commun avec des catastrophes ou toutes sortes d'horreurs qu'il faudrait mettre sur le compte d'une campagne de sanctification des croyants.
Comment concilier ces deux visions? L'une consiste à dire que le mal est uniquement de notre faute et l'autre que Dieu nous l'imposerait en certaines circonstances pour nous éprouver.
C'est qu'il ne s'agit pas non plus du même mal. Il y a celui que nous commettons, et celui qui nous arrive. Les deux ne sont pas systématiquement liés entre eux.
A moins de faire de la notion de "mal" une notion métaphysique selon laquelle la connaissance de ce qui est bon ou mauvais nous serait inaccessible, auquel cas je pose la question suivante : quelle est la réalité supposée du mal? Le savoir passant par l'experience, comment pourrions nous savoir que le mal existe (et donc parler du mal), si nous ne pouvons pas savoir en quoi il consiste?
Je crois qu'il n'y a pas besoin de se faire de longs discours pour comprendre ce que c'est que le mal. Nuire à quelqu'un est une notion assez simple, il me semble. Qui se décline sous de nombreux aspects: souffrance, douleur, violence, meurtre, etc, notions qui se déclinent ells-mêmes aisément.
La voilà, la réalité du mal : c'est celui que nous rencontrons et que nous vivons. Il ne s'agit pas d'une construction métaphysique.