Libremax a écrit :Estimez-vous que le christianisme a pris l'essor qu'on lui connaît uniquement parce qu'il confesse la naissance virginale du christ et sa multiplication des pains (par exemple)?
En quoi ce genre de choses le différencient-il de la mythologie grecque, pour ne citer qu'elle?
Je ne dis pas que ces éléments de la foi chrétienne ont moins de valeur aujourd'hui: je prétends qu'ils ne sont pas le coeur la religion chrétienne.
Encore une fois il me semble clairement que vous détournez l'interrogation que je vous adresse pour vous éviter de vous y confronter sérieusement.
Je vais vous répondre clairement : bien sûr que non l'essor du christianisme n'est pas dû uniquement à la naissance virginale ou à la multiplication des pains, il me semble avoir déjà précisé cela. Il y a bien d'autres raisons, sans doute plus profondes, car bien entendu le message de Jésus ne se résume pas à multiplier les pains (sinon il serait le saint patron des boulangers et c'est tout..).
Je vais même être plus clair pour que vous compreniez bien le problème : même si l'on suppose que les éléments merveilleux du christianisme n'ont été pour rien dans son essort, le problème reste entier. En effet la question n'est pas non plus (nouvelle manière que vous trouvez d'éviter de regarder le sujet bien en face) de savoir si ce merveilleux est le coeur ou non de la doctrine chrétienne.
Admettons qu'il ne soit pas du tout l'essentiel du message et admettons donc également qu'il ne soit pour rien dans l'essor du christianisme.
Il reste que ce merveilleux est constitutif du christianisme. Il en fait intrinsèquement parti de sorte que supprimer la naissance virginale ou la multiplication des pains ou la marche sur l'eau c'est sortir du christianisme (ou inventer une nouvelle secte mais en tous les cas rompre avec la tradition des églises, au premier chef celle de l'église catholique).
Maintenant j'espère que vous comprenez mieux le problème.
Peu importe que ce merveilleux soit l'essentiel du message ou pas du tout il montre par lui-même le caractère historiquement daté de cette croyance.
Imaginons qu'aujourd'hui quelqu'un prêche de très belles choses, fasse preuve d'une sagesse remarquable, etc, que toute cette sagesse soit le coeur de son message, et que cet homme se prétende un prophète capital voire Dieu lui-même. On peut imaginer que des gens adhèrent, pourquoi pas en masse, à cet homme. Mais si cet homme prétend également, de manière tout à fait subsidiaire et sans que cela ait une incidence sur ses maximes de sagesse, marcher sur les eaux ou voler dans les airs une fois par an tous les 15 avril, ça change tout!
Nous ne sommes plus du tout à une époque où la plupart des gens (je parle en occident) considéreront que c'est un phénomène certes remarquable mais après tout pas plus invraisemblable que ça!!!
On peut dire de manière claire que si l'on accorde que le christianisme n'a pas dû son essor à son aspect merveilleux en tous les cas, à notre époque, la mention quelconque, même à titre subsidiaire d'un tel merveilleux serait un frein sérieux à ce que toute personne un peu sensé adhère réellement à un tel personnage.
Comme je vous l'ai dit la connaissance des lois de la physique (dont on ne peut pas dire que les contemporains de Jésus en savaient grand chose scientifiquement parlant) empêche totalement aujourd'hui de considérer ces éléments comme anodins, quelle que soit la place qu'ils occupent dans la doctrine et l'histoire d'un mouvement religieux.
C'est cette diffusion de l'esprit scientifique dans la population qui fait que, très étrangement, on recense beaucoup moins de gens aujourd'hui que dans le passé (pas si lointain, rappelez-vous les sorcières) qui confessent avoir vu des phénomènes défiant allègrement les lois de la nature, et encore moins de gens disposés à les croire sur paroles, après un bref examen.
Le christianisme, à côté de son message de sagesse, aussi profond que l'on veut, est dans sa nature même, dans ses articles de foi eux-mêmes, la création d'une époque où il n'est pas plus invraisemblable que cela de confesser à son voisin, de manière souvent sincère, avoir été témoin d'un phénomène impossible (ange apparaissant au coin du bois, sage ayant multiplié les pains, changé l'eau en vin, ou ayant disparu enlevé dans un nuage, etc, etc.) et où il n'est pas rare, pour dire le moins, de trouver une oreille, même chez les gens réputés les plus sages et les plus savants, disposée à y adhérer sans faire plus de difficultés que ça...